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Les précurseurs de la Franc-Maçonnerie

au XVIème et au XVIIème siècle
Claudio Jannet
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XVIII – Le rôle des Juifs dans la Maçonnerie au XVIIIème siècle

C'est une grande erreur de croire que les Juifs aient été exclus des loges jusqu'à ces derniers temps. Ils l'ont été, en effet, à partir du milieu du XVIIIème siècle, quand la maçonnerie s'étendit tellement que l'on fonda partout des loges au caractère aristocratique. Ainsi, en 1750, les loges de Bordeaux décidèrent de ne plus recevoir comme visiteurs les Juifs, même les maçons réguliers. Cela prouve bien qu'il y avait antérieurement des Juifs francs-maçons. Il en fut de même en Allemagne, quand, à la fin du siècle dernier, l'apostat Fessler reprit et sauva l'œuvre des Illuminés en inventant la Maçonnerie chrétienne. Mais cette exclusion n'a jamais porté que sur les loges symboliques ou quelques rites de parade. Au XVIIIème siècle, un des plus grands propagateurs des hauts grades maçonniques fut le Juif portugais Martinez-Paschalis, le fondateur des Illuminés français que l'on voit à l'œuvre dès 1744. Avant cette époque, les Juifs étaient reçus dans les loges symboliques et notamment dans celles de Londres. Nous en avons donné la preuve dans le tome III de l'ouvrage du P. Deschamps, Les Sociétés secrètes et la Société, pp. 35-36, et depuis lors nous avons recueilli de nouvelles preuves de ce fait (107).

      Quelques années plus tard, ce sont deux Juifs, Stephen Morin et Franken, qui, de 1761 à 1767, établissent solidement en Amérique le rite écossais ancien accepté, qui est, de toutes les organisations maçonniques, celle qui conserve le mieux les traditions de la secte et qui maintient inébranlablement le caractère international de l'ordre. Dans les trente-trois degrés qui le composent, il y a jusqu'à onze grades à la forme israélite et biblique. Or, ce sont précisément ceux où la secte enseigne comment elle entend la propriété, le travail, la liberté, la représentation nationale, la constitution politique dans une civilisation maçonnique. Ce sont aussi ceux où se formule expressément la substitution des droits de l'homme ou du Naturalisme au droit supérieur de la Révélation (108).

      Les interprètes de ces grades au XVIIIème siècle et dans la première moitié de celui-ci travestissent l'histoire de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge et des principaux personnages évangéliques par des contes odieux et burlesques. Or, ces interprétations blasphématoires ne sont pas autre chose que les légendes rabbiniques contenues dans les livres du Talmud et qui soulevèrent d'horreur le monde chrétien, quand au XIIIème siècle, on découvrit la doctrine secrète des Juifs.

      Au milieu du XVIIIème siècle, en Allemagne, Lessing, le grand propagateur de la franc-maçonnerie, tend la main aux Juifs. Dohm, en 1781, écrit son livre De l'amélioration de l'état civil des Juifs, dont on a pu dire qu'il avait été pour l'Allemagne ce que Le Contrat social de Rousseau avait été pour la France. C'est dans un salon juif, à Berlin celui des Mendelshon, que Mirabeau se lie avec les Illuminés, et, pour préluder à son rôle révolutionnaire, il donne un gage décisif en se faisant à son retour en France l'avocat de l'émancipation des Juifs (109), dans son livre Sur la Réforme politique des Juifs (Londres 1787).

      Ce n'était pas sans raison qu'en 1790, la municipalité de Paris, composée presqu'exclusivement de francs-maçons, prenait une délibération pour faire obtenir aux Juifs l'égalité des droits civils et politiques et indiquait comme motifs à l'appui que, « dans cette révolution surtout, ils ont donné les preuves les plus méritoires de patriotisme » ; et votait une motion dont l'article premier est ainsi conçu :

      « A arrêté 1° qu'il serait donné aux Juifs de Paris un témoignage public et authenthique de la bonne conduite qu'ils ont toujours montrée, du patriotisme dont ils ont donné des preuves et des vertus qu'on a su qu'ils pratiquaient en secret par le témoignage du district des Carmélites, dans l'enceinte duquel le plus grand nombre vit (110). »

      Avant que la franc-maçonnerie n'enserrât l'Europe chrétienne de son réseau et ne prêparât l'explosion de 1789, de loin d'abord par une propagande doctrinale, puis par des complots noués dans les convents de Willemsbaden et de Paris, divers groupes, animés d'une haine profonde contre le christianisme, vivaient disséminés et cachés sous un voile épais d'hypocrisie et se transmettaient les traditions des anciennes hérésies. Les loges donnèrent à ces forces hostiles une organisation appropriée à l'esprit du temps et à la corruption des hautes classes, en même temps que, dans leurs rituels, variés à l'infini, elles recueillirent et amalgamèrent toutes les erreurs du passé et les unirent dans cette grande négation, du gouvernement de Dieu et de ses droits, qui est le Naturalisme.

      Nous n'avons pas la prétention d'avoir, dans cette étude, indiqué tous les précurseurs de la maçonnerie aux XVIème et XVIIème siècles. Il est plus d'une personnalité et même plus d'un groupe qui a agi sur les événements, sans que l'histoire ait conservé sa trace. Cependant de nouvelles recherches peuvent amener des découvertes et nous estimons que les érudits qui travailleront à compléter et rectifier les aperçus de notre étude rendront un véritable service aux études historiques.


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(107)  Voyez notamment Le Miroir de la Vérité, par le F:. Ant. Abraham, 3 vol. in-8°, Paris, 1800 à 1802, t. II, p. 6. En 1763, son père fit à la Grande Loge d'Angleterre à Londres un discours sur le rite Ecossais de Ramsay.

(108)  Maçonnerie pratique, Cours d'enseignement supérieur de la Franc-Maçonnerie, par le très puissant souverain, grand commandeur d'un des suprêmes conseils confédérés à Lausanne. (Paris, Baltenweck, édit. 1885-86.) T. I, pp. 43-45 et 393-394.

(109)  Voyez sur cette phase de la préparation de la Révolution le beau livre de l'abbé Lebmann, L'Entrée des Israélites dans la Société française, Paris, 1886, chapitre VII.

(110)  Voyez le Moniteur, du 09 février 1790.




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