Discours de l'Orateur
DISCOURS HISTORIQUE. Les Maçons, depuis la réédification
du temple, ayant négligé leurs travaux, abandonnés aux rigueurs
et aux vicissitudes des temps ; leurs ouvrages n'étant plus que des ouvrages
de corruption, la sagesse de l'ouvrier, la solidité des matériaux
et la beauté de l'Architecture firent place au désordre, à
la confusion et au vice ; ce fut alors que le G
:. A
:. abandonna
l'édification des temples matériels à l'
ignorance et à
la témérité des mortels, pour en construire, par la subl
:.
et supr
:. intelligence, de
spirituels, dont l'existence ne cessera
jamais. ce fut alors que la véritable Maç
:. fut presque anéantie
parmi les humains : les autels furent brisés, la lumière s'oscurcit,
l'étoile flamboyante disparut et la parole fut perdue.
Cependant la volonté de celui qui dirige toutes choses
mit un terme à cet événement malheureux, la lumière
fut rendue, les outils brisés reprirent leur forme, l'étoile flamboyante
reparut dans un plus grand éclat, la parole fut recouvrée.
Cette importante révolution ne fut appréciée
à sa juste valeur que par les vrais maçons : eux seuls conçurent
les trois col
:. fondamentales. tenant à leurs principes, ils continuèrent
à couvrir du voile de l'
emblème les connaissances qu'ils ne devaient
point prodiguer au commun des hommes ; ce sont ces
emblèmes et ces connaissances
dont la Maç
:. est dépositaire, qu'elle transmet, d'âge
en âge, dans ses cérémonies, dans ses paroles et ses caractères
aux sujets qui s'en rendent dignes.
Les maçons imparfaits, c'est-à-dire les prétendus
philosophes modernes, ayant perdu de
vue les vrais principes constitutifs de l'univers,
ou plutôt n'ayant jamais été
initiés aux augustes mystères
de la nature, ont établi des systèmes
faux, contradictoires aux
vrais principes.
Zoroastre, Trismégiste, Moïse, Salomon, Pythagore,
Platon et tant d'autres sont pour eux des
énigmes.
Les vrais
disciples de ces hommes célèbres
regarderont toujours en pitié cette troupe d'aveugles errant autour du
temple de la vérité, sans en découvrir l'entrée. Puissent-ils,
changeant de système céder à cette voix inérieure
et secrète qui leur annonce en nous trois partie bien distinctes, la matérielle,
la spirituelle et la céleste, et, comparant leur être à l'univers
entier, y reconnaître l'union et la ombinaison de ces trois principes !
Trois buts principaux déterminent l'immensité des connaissances
maçonniques, de la réunion de ces buts naît ce que tout vrai
maçon cherche... la vérité.
Ces buts sont la métaphysique, la morale et la physique.
Les
éléments de ces connaissances sublimes sont renfermés
dans nos trois premiers grades, dénommés, pour cette raison, gr
:. symboliques.
Dans le premier grade, tout s'opère par treois, parce
que tout a rapport à trois principes, la naissance, l'existence et la mort
: l'
agent, le patient et le produit. Dans le second, on commence à détailler
les premiers produits, les premières conséquences des trois principes,
sous l'
emblème cinq, parce que tout y a rapport avec cinq sciences ou connaissances
: la métaphysique, la morale, l'astronomie, l'agriculture et l'architecture
; ces trois dernières sciences sont une avec la physique, dont l'étendue
des propriétés des diverses productions de la nature et du mystère
de ses
générations détermine la connaissance.
L'ordre
immuable du mouvement des
corps célestes,
aussi admirable qu'inconcevable, fut l'échelle qui porta l'
esprit humain
jusqu'à l'intelligence suprême, en élevant l'
âme des
observateurs de toute chose créée ; ainsi naquit la
métaphysique.
L'aspect de ces merveilles qui semblent suspendues sur nos
têtes, détermina les observations d'un petit nombre. La série
des observations, transmise d'âge en âge, forma l'
Astronomie.
Un heureux génie, inspiré par le G
:. A
:. et déterminé
par la nécessité, développa ce sentiment inné de cultiver
le sol que l'on habite et découvrit le trésor inépuisable
de l'
Agriculture.
L'agriculture perfectionnée et assurée par
l'astronomie, devint la base et le principe fécond des sociétés
politiques, dont l'existence nécessite les lois et le développement
de la morale.
L'intempérance des saisons, la voracité des
animaux, la nécessité de mettre à l'abri le
fruit des labeurs
de l'homme, força son génie à élever des observations
du génie et du
goût, donna lieu à la théorie des lignes
et des surfaces de l'architecture.
Ces connaissances diverses appartinrent nécessairement
à un petit nombre d'individus qui, pendant bien des siècles, s'en
assurèrent la possession exclusive, en se servant d'un voile impénétrable
; c'est ce qui donna lieu à ces institutions célèbres dont
les
sabéens et les
brahmes, les mages, les
hiérophantes, les
druides
furent autant de branches de ces mêmes
initiés, que l'
amour et l'étude
des sciences et des lettres avaient réunis et que la
faux meurtrière
du temps a anéantis. On ne peut mettre en doute que les
hiérophantes
aient porté au plus haut degré ces différentes sciences.
C'est par eux, par ces célèbres philosophes, que nous ont été
transmis, par une tradition morale e constante, les
symboles de nos mystères.
L'architecture, portée chez les Egyptiens à
un degré de sublimité qui étonne encore l'univers, appartenait
à leurs
prêtres, les
hiérophantes.
La nécessité d'étendre, plus ou moins,
leurs connaissances, suivant le mérite des sujets, déterminait la
division des classes d'enseignement ; leur
initiation comprenait trois parties
: la
purification du
corps qui consistait en des austérités
; la purification de l'
âme qui consistait en deux parties, l'invocation
et l'instruction : l'une obligeait à aller aux sacrifices, l'autre aux
conférences, et la manifestation qui était moins un exercice que
la récompense des précédents.
Pythagore, à l'exemple des Egyptiens, chez qui il
avait puisé ses connaissances et sa doctrine, n'admettait à ses
travaux que ceux dont il s'assurait par des épreuves au-dessus des
forces
ordinaires. il donna à ses
disciples les règles des
prêtres
égyptiens. Les philosophes juifs, appelés
Esséniens,
se conduisaient, à peu près, par les mêmes règles.
Pythagore assujettissait ses
disciples à un silence de cinq ans, pendant
lesquels ils ne devaient qu'écouter sans jamais oser faire la moindre question
: on les appelait
écoutants. Au bout de ce temps, s'ils en étaient
jugés dignes, ils avaient la faculté de parler et de proposer leurs
doutes : on les nommait
initiés aux sciences. C'étaient les
seuls qu'il reonnaissait pour
disciples ; il les faisait entrer avec lui dans
le secret de ses raisons ; il leur expliquait les causes de tout ce qu'il enseignait,
donnant lenom de chaque chose, ses propriétés et son emploi. Il
formait leur cur à la vertu. Les noms et les propriétés
des matériaux devenaient, pour ces philosophes, autant d'
emblèmes
propres à leur rappeler continuellement les leçons du maître.
Tout était
allégorique.
De la première classe, on passait dans la seconde,
où l'on avait les
éléments de la science du calcul, des lignes
et des surfaces. On y joignait, discrètement, la communication des découvertes
et des pratiques secrètes. Cela dépendait du génie et du
mérite du sujet, dont le caractère était l'objet de l'étude
et de l'observation continuelle des maîtres.
La certitude des résultats géométriques
et des calculs devint le principe riche et fécond de l'
allégorie
sublime par laquelle on élevait les
âmes au-dessus d'elles-mêmes,
en leur faisant prendre l'essor vers leur véritable patrie, et en les transportant
du sein du vrai absolu au sein de la vérité.
La troisième classe était la réunion
des connaissances des deux premières, avec la faculté d'en faire
l'application. Le maître est celui qui peut enseigner. Il n'est de maître
que celui qui connaît parfaitement le
Delta et toutes ses propriétés,
qui connaît la création, l'accroissement, la perfection, l'unité
d'
essence, de substance, de nature, dont le produit est le
Delta, principe de
toutes vérités, de toutes les connaissances maçonniques,
etc.
L'application qu'on peut en faire est donc renfermée
dans les trois grades appelés
symboliques ; mais il a été
nécessaire, pour faciliter le travail de ceux qui aspirent à la
découverte de la vérité, d'établir des classes dans
lesquelles on peut donner une espèce de développement aux
emblèmes
qui s'offrent de toutes parts dans les premiers grades, sans cependant tirer le
voile tout entier.
Le grade de R
:. C
:., tel qu'on le confère
généralement, en est une preuve convaincante. Dans ce degré,
tout est sensible, ton parle aux yeux, tout paraît à découvert.
Hé bien ! ose-t-on se figurer que l'
emblème cesse d'exister ? Non,
les anciens maçons soit par prudence, soit par d'autres raisons, nous ont
fait cacher le point le plus important sous des types hiéroglyphiques sui
semblent n'annoncer aujourd'hui que des
énigmes. Celui qui, par son travail
et ses recherches, découvrira le secret des sublimes vérités
qu'il renferme, sera parfaitement satisfait ;
il sera assuré d'avoir
trouvé la félicité où tout mortel aspire : ses jours
seront heureux, ses mains seront pures, l'indigence et les infirmités auront
peu d'empire sur lui [Note de l'auteur : Ce passage et ce qui le suit font allusion au grand-uvre.] Prenons donc courage, redoublons d'efforts et travaillons avec zèle, constance et patience. Il existe une classe privilégiée de maçons philosophes, dignes de ce titre par l'étendue et la sublimité de leurs connaissances.
Soyons convaincus que ce n'est pas sans motif que les professeurs de l'art des Sages, les vrais maîtres, adoptèrent pouyr chef celui qui, doué d'un
don céleste, eut le silence et la sagesse en partage ; et que ce n'est pas aussi sans raison que les philosophes établirent leurs travaux sur le plan du temple célèbre élevé à la gloire du Très-Haut, par le plus sage des mortels...
Salomon. Cette persuasion doit soutenir le zèle de tous les maç
:., en songeant que l'art qu'ils professent doit les conduire dans le
sanctuaire de la vérité par la pratique des vertus, et une étude constante et suivie de la nature et des merveilles du Grand Architecte de l'Univers.
Le T
:. S
:. fait applaudir au discours du F
:.
orateur. Il remercie ; on couvre sa batterie.
Le T
:. S
:. invite le nouveau chevalier à
prêter toute son attention à l'
Instruction qui va suivre.