Pourquoi le nom de Rose-Croix donné à ce grade
Rose-Croix ayant signifié
faiseur d'or, les
Jésuites, pour s'attirer des partisans, à une époque où
l'
alchimie était en vogue, donnèrent ce nom à leur maçonnerie
chrétienne, et ils crurent le justifier au moyen de cette
fable inscrite
dans leur historique sur le
Temple et dans le rituel des
Chevaliers bienfaisants
de la Cité sainte, en voici les termes : « Hugues de Paganis
et les premiers
templiers, travaillant à réparer la maison que leur
avait donné Baudoin II, roi de Jérusalem, fouillèrent dans
les ruines pour en tirer des matériaux, et rencontrèrent un coffre
de fer, contenant, entre autres choses très précieuses, le
procédé pour parvenir au grand-uvre [Note de l'auteur : Un sage a dit : « Le secret de faire de l'or est de vivre exempt de besoin ; l'art de prolonger sa vie est de bien employer chacun des instants dont elle dispose. »], science que Salomon et ses confidents possédaient unaniment et qui leur avait été apprise par Hiram-Abif, qu'
Hiram, roi de
Tyr, ami et allié de Salomon, leur avait envoyé. » Ce thème leur servit aussi à expliquer d'où dérivent les
Splendeurs (imaginaires) du temple de Jérusalem,
la
Splendide magnificence de Salomon, dont aucun vestige n'a jamais prouvé
l'existence, les richesses immenses des
Templiers et la fin tragique de l'infortuné
Jacques Molai et de ses
compagnons, que leur fit subir
Philippe le Bel, qui espérait, par d'atroces tortures, leur arracher cet important secret.
On
lit aussi, dans le grade
jésuitique intitulé
:
Le Chevalier sublime de Dieu et de son temple, ce passage remarquable.
Le grand prieur, après avoir raconté au
néophyte, dans les
mêmes termes que ci-dessus, la découverte du secret, ajoute : «
Vous savez que nous avons deux buts :
le moral et
les ouvrages philosophiques (les travaux philosophaux). Le but moral est celui de rentrer un
jour dans nos biens et de faire jouir l'ordre de toutes les possessions d'honneur et de gloire
que l'injustice leur a arrachées, et, par là, venger nos ancêtres.
On prépare cet événement depuis deux siècles, avec
une sagesse qui en rend le secret impénétrable aux yeux des mortels.
Treize de nos membres, répandus sur la terre, composent le
grand conseil,
et, seuls, en sont dépositaires. Nous accumulons des richesses, de très
gros négociants travaillent avec nos fonds sans le savoir. De grands souverains
nous soutiennent ; quelques-uns sont nos
frères de ce grade
[Note de l'auteur : Ce plan était vaste ; il n'est qu'indiqué dans les
statuts de la Stricte Observance. Il fut détruit pour jamais par
la révolution de 1789, qui est venue éclairer les peuples et affranchir
les industries. Une telle société qui, par la captation dont elle
usait si lucrativement, aurait journellement absorbé des legs en capitaux
et immeubles que l'intérêt et le rapport auraient doublées
en peu d'années, et qui, sans cesse accumulées dans une progression
effrayante, auraient fini, dans un laps de temps moins long qu'on le pense, après
s'être emparé par ses établissements immenses, ses principes
accrédités dans un enseignement uniforme et général,
par envahir toutes les possessions du monde matériel, en vrais Tubalcains,
s'emparant, en outre, de l'existence des ouvriers, comme gérants de l'industrie
universelle, sur les deux hémisphères. Alors, cette société
serait devenue maîtresse de l'âme, du corps et du bien des hommes
; et le rêve de la domination universelle et absolue se réaliserait,
ce qui lui irait mieux que la prétendue récupération des
richesses templières, mise en avant comme moyen de séduction, ainsi
que le fameux secret de faire de l'or, dont elle se déclare possesseur
dans son grade de Rose-Croix.].
Il est bon de vous instruire que notre ordre a touché,
dans ce siècle, à l'instant de reparaître avec tout son lustre.
Cette époque est reculée par un événement (
la révolution française de 1789), que la prudence et la sagesse n'ont pu prévoir ni parer. Je vous en instruirai verbalement. L'
histoire du roi Théodore, en Corse, n'était que l'établissement, dans cette île, du chef-lieu de notre ordre
[Note de l'auteur : Le baron THEODORE DE NEUHOF, célèbre aventurier, né à Metz en 1690,
parvint, après une vie d'intrigues, à se faire, en 1736, proclamer
roi de Corse, sous le nom de THEODORE 1er. Obligé de s'enfuir bientôt
après, il fit, pour recouvrer son trône, en 1738 et 1742, de nouvelles
tentatives qui échouèrent. Arrêté à Londres
par ses créanciers, il subit une détention de sept ans, et mourut
dans l'indigence en 1755. Voilà ce que ne dit pas le f:.
grand Prieur à son néophyte]. »