OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES
Préoccupéde mettre par écrit quelques remarques sur la station thermale de
Rennes-les-Bains, où
Dieu nous avait appelé à exercer le ministère
paroissial, désireux de faire revivre d'antiques souvenirs, nous pensions, à tort ou à raison, que le nom de
Rennes, renfermant sans doute en lui-même l'
histoire du pays dans les temps
celtiques, nous découvrirait, par une interprétation exacte, bien des choses intéressantes au sujet des rochesaiguës qui couronnent nos
montagnes. Deux
pierres branlantes, placées sur unearête de colline, nous invitaient aussi à interroger avec persévérance un passé, d'ailleurs, fort ténébreux. Mais comment [II] pénétrer le secret d'une
histoire locale par l'interprétation d'un nom
composé dans une langue inconnue, lorsque l'
histoire de la Gaule ancienne est encore plongée dans une obscurité désolante ?
La plupart des peuples de l'antiquité ont laissé des écrits : ils ont eu des
historiens, des poëtes, et de leurs récits, ou
fabuleux ou fortement empreints de ce
patriotisme orgueilleux qui les exagère, défaut commun à toutes les nations, on peut dégager les certitudes de leur origine et les phases diverses de leur développement.
Chez les
Celtes, rien de pareil : de toutes parts une nuit profonde. Des chercheurs intrépides, des
historiens illustres ont poussé le plus loin possible leurs investigations passionnées. Tous les écrivains de l'antiquité ont été interrogés. La somme des connaissances acquises reste toujours fort incomplète. Où trouver le flambeau qui dissipera ces ténèbres ? N'est-ce pas dans le vieux langage que nos pères nous ont légué ?
« Les dialectes , dit J. de Maistre, les noms propres d'hommes et de lieux me semblent des [III] mines presque intactes et dont il est possible de tirer de grandes richesses historiques et philosophiques. »
(1).
Le dialecte
languedocien parlé dans nos contrées, ne paraît pas une voie bien sûre pour que l'on puisse en la suivant, conserver l'espoir d'arriver à un résultat important. Néanmoins, cette voie, nous l'avons parcourue avec patience, dans la ferme persuasion que la Providence Divine dirigerait nos pas et nous permettrait d'atteindre au but de nos efforts.
Lorsque le flambeau que nous cherchions avec anxiété, s'est montré à nos yeux, son premier rayon est tombé sur le nom des
Tectosages, et ce rayon nous a ébloui. Il était nécessaire toutefois de ne pas se livrer pleinement à l'imagination, et dans l'intention de nous convaincre nous-même de la réalité de cette lumière, propre à éclairer les temps
gaulois, nous avons tenté de la faire réfléchir par les miroirs des langues hébraïque, punique, basque et
celtique. Le résultat nous a paru sérieux, et avant de nous servir du langage des
Tectosages pour expliquer la signification
des monuments mégalithiques de Rennes-les-Bains, objet premier de nos recherches, nous l'avons appliqué à l'interprétation des noms propres pris dans ces langues diverses. C'est pourquoi on trouvera, en premier lieu, dans ce travail ces essais d'interprétation; car ils sont destinés à servir de preuve décisive.
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(1) Soirées de Saint-Pétersbourg, 2ème entretien.