Dom Antoine-Joseph Pernéty Action du
feu, qui produit sur les
corps un effet plus ou moins vif, selon que les parties
ignées sont en plus grande ou moindre quantité, et plus ou moins agitées. Lorsque cette action du
feu est modérée, elle est proprement dite
chaleur lorsqu'elle est violente jusqu'à causer la séparation des parties des
corps sur lesquels elle agit, on doit l'appeler
adustion, ignition.
Nous ne jugeons des degrés de
chaleur que par les sens, et par ses effets. On distingue plusieurs sortes de
chaleurs, la naturelle
et l'artificielle, l'interne et l'externe.
La naturelle est l'effet du
feu inné dans tous les Etres, qui fut implanté et communiqué à la matière dès la création, lorsque l'
esprit de
Dieu était porté sur les
eaux. Cette
chaleur donne la vie à tout, parce qu'elle est une émanation du principe de la vie par
essence. Dès que cette portioncule de vie abandonne un sujet, la
dissolution des parties succède à cet abandon, parce qu'elle en
était le lien.
Deux causes contraires produisent cet effet ; le froid son
ennemi lorsqu'il domine, et l'action même de ce
feu poussée à un degré trop violent.
Par le premier, cette
chaleur naturelle surmontée, abandonne la
circonférence et se retire au centre ; alors les parties éloignées, privées du lien qui les unissait, se séparent de proche en proche, changent de conformation organique ; et cette
chaleur ne trouvant plus la même matière disposée comme elle doit l'être pour être animée, agit sur elle différemment. Elle fait comme un effort dans le centre ; les parties voisines trop violemment agitées, communiquent leur mouvement
immodéré à celles qui les touchent, celles-ci aux autres, d'où naît la
fermentation ; à celle-ci succède la corruption ; enfin, une nouvelle
génération.
Le froid n'est pas toujours nécessaire pour causer la
dissolution des parties des mixtes : la
chaleur innée augmentée au-delà du degré requis pour l'entretien de la vie du
corps qu'elle vivifie, en cause aussi la
destruction.
Les parties fatiguées par trop de mouvement, se détachent, se dérangent, et ouvrent un passage libre à ce
feu, qui s'évanouit pour ainsi dire, et laisse après lui des marques funestes de son action et de son absence. Cette
chaleur naturelle est proprement celle que nous
appelons interne.
Il y a une autre
chaleur naturelle, celle du
soleil. L'interne, dont nous venons de parler, semble n'être
qu'une
chaleur en puissance, qui n'agirait point, si elle n'était
excitée par la
chaleur naturelle externe, ou par la
chaleur artificielle.
On l'appelle artificielle, parce que l'Art la manifeste, l'augmente ou la diminue, et la dirige à son gré. Les Artistes lui donnent plusieurs noms pris des matières qu'ils emploient, ou des opérations qu'ils font par son moyen. On trouvera tous ces noms expliqués dans l'article.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.