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Dictionnaire mytho-hermétique

Antoine-Joseph Pernéty
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C



Cab. Or philosophique.

Cabalatar et Cabalatur. Sel nitre des Sages.

Cabebi et Cabeh. Mâchefer.

Cabel. Excrément humain.

Cabet. Ecailles du fer.

Cabiria. Surnom de Cérès. Voyez Cérès.

Cachymia. Ecume ou scorie d'argent.

Cacus, fils de Vulcain selon la Fable, est, suivant, l'explication des Alchimistes, le feu commun. Cacus représenté comme un monstre terrible, demi homme, et vomissant toujours du feu, ce sont les fourneaux des Chymistes ordinaires et des Fondeurs, qui vomissent sans cesse un feu contre nature, qui ravage tout ce qu'on lui présente, qui le détruit, et en change toute la nature. Ce Cacus est vaincu par Hercule, le symbole du mercure des Philosophes, qui dans la transmutation corrige ce que Cacus avait gâté, en enlevant les troupeaux d'Hercule, c'est-à-dire en rendant les métaux ordinaires sans vie, et en leur ôtant cette qualité générative que l'on trouve dans la matière métallique qui sert de base à toutes les opérations du grand œuvre. Quelques Alchymistes donnent à leur soufre le nom de Cacus, et celui d'Hercule à leur sel. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 5, chap. 20.

Cadegi. Voyez Malabathron.

Cadima Auri. Litharge d'or.

Cadmie est un des noms que les Philosophes ont donné à la matière de leur pierre. Quelques-uns ont aussi nommé Cadmie les parties hétérogènes de cette matière, qu'il ne faut point faire entrer dans l'œuvre. C'est proprement la pierre au rouge.

Cadmus, fils d'Agénor, roi de Phénicie, fut envoyé par son père à la poursuite d'Europe sa sœur, enlevée par Jupiter, métamorphosé en taureau blanc. Il bâtit la ville de Thèbes, épousa Hermione ou Harmonie, fille de Mars, et furent l'un et l'autre changés en serpents. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 1, sect. 4.

Caducée. Les Philosophes Chimiques ont donné à leur dissolvant le nom de Caducée de Mercure, parce qu'ils prétendent que les inventeurs de la Fable avaient intention d'indiquer ce dissolvant par le Caducée. C'est pourquoi Abraham Juif met dans sa première figure hiéroglyphique un Mercure tenant son caducée, et Saturne avec sa faux qui semble vouloir couper les jambes et les ailes à Mercure. Voyez son origine, ses propriétés et son usage dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, article de Mercure, livre 3, chap. 14, par. 1. On a aussi donné le caducée à Bacchus.
      Le caducée était composé de trois parties, de la tige d'or surmontée d'une pomme de fer, et de deux serpents, qui semblent vouloir se dévorer. L'un de ces serpents représente la partie volatile de la matière philosophique, l'autre signifie la partie fixe, qui se combattent dans le vase ; l'or philosophique dont la tige est le symbole, les met d'accord en les fixant l'un et l'autre, et en les réunissant en un seul corps inséparablement.

Caffa. Camphre.

Cagastrum. Terme que Paracelse a inventé pour signifier l'image de quelque chose de réel, ou une chose qui n'est telle qu'en apparence. C'est le contraire d'yliastrum. Il dit que cagastrum est ce que le sel nitre est à la première matière de tout, ou comme la chair de l'homme à sa première matière. La chair d'Adam, après le péché, devint cagastrique. Il y a de même deux sortes de vie, l'une est yliastrique ou celle de l'esprit, et l'autre cagastrique ou celle de la partie animale. Paracelse, de Azoth.

Cagastrique. Ce qui n'est pas nécessaire dans le corps de l'homme, et ce qui n'y est quasi mis par la Nature que comme un ornement ; tels sont les cheveux, la barbe, le poil, les mamelles, etc., au contraire de ce qui y est yliastrique, comme le cœur, les parties nobles, etc.

Cahos et Tombeau d'où doit sortir l'Esprit. Les Physiciens Chymistes entendent par ces termes la matière de la pierre pendant le temps de la putréfaction, lorsqu'elle est noire, et que les éléments semblent alors confondus ensemble.

Caillé. Matière des Sages coagulée.

Caïn. Nom que les Philosophes ont donné à leur matière en putréfaction et parvenue au noir, peut-être à cause de la malédiction que Dieu prononça contre lui, au sujet du meurtre qu'il avait commis envers son frère Abel, ou parce que les désordres de ses descendants furent la cause du déluge, qui fit périr presque tout le genre humain. Ce déluge est figuré par la dissolution de la matière, et ses effets par la putréfaction.

Cal. Arsenic philosophique ou la matière des Chymistes Hermétiques, tant pendant la dissolution, parce qu'alors elle est un grand poison, que lorsqu'elle est parvenue au blanc. Voyez Arsenic.

Calais. Fils de Borée, et l'un des plus célèbres Argonautes, poursuivit, avec son frère Zethès, les Harpies qui désolaient le bon homme Phinée. On les représentait avec des ailes et des cheveux azurés. Hercule les fit périr. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 2, chap. 1.

Calambac. Aloès.

Calcadin. Colcotar, ou matière des Philosophes parvenue au rouge.

Calcadis. Vitriol. Quelques Chymistes ont donné ce nom au sel alkali.

Calcaton. Trochisque d'arsenic. Johnson.

Calchas. Devin fameux de l'armée des Grecs, qui, aidés de ses conseils, firent de grands exploits contre les Troyens. Il indiqua aux premiers le moyen d'apaiser le courroux de Diane, et prédit que la ville de Troie ne pourrait être prise qu'après la neuvième année du siège, sur ce qu'un dragon avait dévoré en leur présence neuf petits moineaux et leur mère. Calchas mourut de chagrin pour avoir trouvé un certain Mopse plus habile que lui dans l'art de deviner. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 6.

Calcination. Purification et pulvérisation des corps par le moyen du feu extérieur qui en désunit les parties en séparant ou évaporant l'humide qui les liait, et en faisait un corps solide. Les Philosophes Spagyriques se servent quelquefois indifféremment des termes de calcination, corruption, et putréfaction, pour signifier la même chose. Ils entendent cependant plus souvent par le terme de calcination, l'opération qui suit celle de la rubification de la pierre. Il y a encore une autre calcination proprement dite, et telle qu'on l'entend communément, qui est requise dans la préparation de la matière. C'est une purification ou mondification de cette même matière, que quelques-uns appellent rectification, d'autres ablution, d'autres séparation, dont voyez les articles.
La calcination philosophique se fait avec le feu humide, ou eau pontique des Sages, qui réduit les corps à leurs premiers principes, sans détruire leurs vertus séminales et germinatives ; au lieu que la calcination faite par le feu vulgaire, détruit les semences des corps, ce qui lui a fait donner le nom de Tyran de la Nature.
Il y a deux sortes de calcinations vulgaires; l'une qui se fait à feu ouvert, telle que celle de la cendre; et celle qui se fait dans des vases fermés. Dans la première, les parties sulfureuses volatiles s'envolent en partie, et privent par-là les sels d'une force et d'une vertu qu'ils conservent dans la seconde espèce de calcination. Tous les sels tirés des cendres de celles-ci se cristallisent, et il n'en est pas de même des autres, qu'on ne peut avoir que par l'évaporation de l'humidité poussée au sec.
Il y a diverses sortes de calcinations, Les unes qu'on appelle sèches, les autres humides, les unes corrosives, les autres qui ne le sont point.
Les calcinations humides sont vaporeuses ou immersives.
Les vaporeuses se font en exposant des corps métalliques ou autres, à la fumée ou à l'exhalaison de quelque matière. Les immersives se font en mettant le corps qu'on veut calciner dans des liqueurs corrosives, comme eaux-fortes ou esprits ardents, de manière qu'elles y soient submergées.
Les calcinations sèches sont proprement ce qu'on appelle Cémentations, dont voyez l'article.
On appelle aussi calcination sèche, celle qui se fait par le feu, telle que celle de la chaux à bâtir, de la soude, des sels qu'on blanchit dans des creusets, des cendres qui viennent du bois brûlé ou d'autres matières.
Dans ces calcinations sèches, on distingue encore celles qui se font à feu ouvert, à feu clos, et à feu de réverbère. Voyez Feu, Réverbère.
Quelquefois calciner la matière, c'est la blanchir et la purger de sa noirceur par l'Art, le feu philosophique, et l'azoth. Le signe de la parfaite calcination est la blancheur.

Calcinatoire. Le vaisseau Calcinatoire des Philosophes Hermétiques n'est autre que l'8uf des Sages.

Calcinatum Majus. Tout ce qui est adouci par l'Art chymique, et qui n'a pas cette douceur de sa nature, comme le mercure doux, l'âme du plomb, le sel et autres semblables préparations. Planiscampi.

Calcinatum minus. Tout ce qui est doux naturellement.

Calciner. En termes de Philosophie chymique. Voyez Calcination.

Calcitari. C'est l'alkali en général.

Calcitea. Tragacanthe.

Calcitheos. Litharge, ou laiton blanchi des Philosophes.

Calcitis. Voyez Calcadin.

Calcocos. Cuivre brûlé, ou Aes-ustum.

Calcokeumenos. Aes-ustum.

Calcota. Colcotar philosophique.

Calcutium. Cuivre brûlé.

Galdar. Etain, ou Jupiter.

Calgfur. Terme arabe, dont quelques Chymistes se sont servis pour dire du girofle.

Calide. Trochisque d'arsenic.

Calidité. Qualité de la matière fixe des Philosophes. Ils ont donné ce nom de calidité à leur mâle, ou fixe. Le premier est appelé calidité et siccité, ou soufre; le dernier, argent-vif, ou frigidité et humidité. Flamel.

Caliette. Champignon du genévrier.

Calix Chymicus. Verre d'antimoine.

Callecamenon. Cuivre brûlé.

Callena. Salpêtre.

Callirhoé. Fille de l'Océan, et femme de Chrysaor. Voyez l'article de ce dernier.

Cahnet. Antimoine des Philosophes.

Calpé. Montagne élevée sur les confins de l'Espagne du côté de l'Afrique, vers le détroit de Gibraltar. Les Poètes ont feint qu'Hercule la sépara d'une autre qui est vis-à-vis en Afrique, et nommée Abyla. Ces deux avant cette séparation n'en faisaient qu'une. Ce sont ce qu'ils ont aussi appelé les Colonnes d'Hercule. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv 5, chap. 12.

Calticis. Voyez Calcadin.

Calufal. C'est l'huile des Indes.

Calusa-Cyptas. Cristal.

Cambar. Matière des Sages parvenue à la blancheur.

Cambic-Suc. C'est la gomme Guttagamba.

Cambill. Terre rouge des Philosophes.

Cambyse. Roi de Perse, s'étant emparé de l'Egypte, tua le bœf Apis, se moqua des Dieux de l'Egypte comme fabuleux, et envoya son armée pour détruire le temple de Jupiter Ammon. Il retourna dans son pays avec des richesses immenses. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 1, sect. 2.

Camereth. Mercure des Philosophes fixé au rouge, ou le soufre des Sages.

Cames et Carnet. Argent, ou matière philosophique poussée au blanc.

Cancinpericon. Fumier ou ventre de cheval, échauffé.

Cancre ou Cancer. La pierre des Philosophes fixée au rouge, ainsi nommée à cause de sa complexion chaude et sèche, et de sa vertu ignée, qui l'a fait nommer Pierre de feu, Minière de feu céleste.

Canicule (Feu de). Quelques Philosophes Hermétiques ont ainsi appelé leur troisième feu, ou degré de feu, par comparaison à la chaleur de la Canicule, qui est la plus forte de toute l'année. Ce n'est pas qu'il faille augmenter le feu extérieur au troisième degré, puisqu'ils disent qu'il doit être égal et continu pendant tout le cours de l'œuvre : cette augmentation doit s'entendre du feu intérieur. Cette équivoque a induit beaucoup de gens en erreur.

Canope. L'un des Dieux adorés en Egypte. Il était représenté sous la figure d'un vase ovale posé sur une de ses pointes ; l'autre opposée portait une tête d'homme; et sur le vase étaient figurés plusieurs hiéroglyphes. Voyez ce qu'on doit entendre par Canope, dans le livre 1, chap. 9 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Cantacon. Safran des Philosophes. Quelques Chymistes l'ont interprété du safran commun.

Canze, Canna, Garnit. Vase chymique. Johnson.

Cape. Terre minérale qui fait corps et compose les pierres métalliques avec le métal, et qui n'est point métal elle-même. C'est cette matière pierreuse qui occasionne les opérations qu'il faut nécessairement faire pour tirer l'aloi des métaux, afin de les en séparer, et de les avoir purs. On tire les métaux de leurs capes, au moyen de repassement.

Capricorne. Manget dit que quelques Chymistes ont donné ce nom au plomb. Il aurait dit vrai s'il l'avait expliqué du plomb ou Saturne des Philosophes ; et ils l'ont ainsi appelé, parce que le Capricorne désigne le solstice d'hiver, comme la matière de l'œuvre parvenue au noir, ou Saturne des Philosophes, indique leur hiver.

Carab. Gousse des légumes.

Caraha. Nom que les Alchymistes ont donné à un de leurs vaisseaux philosophiques ; c'est le premier : le second se nomme Aludel, dont voyez l'article.

Cardel. Moutarde.

Cardir. Jupiter, ou l'étain.

Cardis. Mars, ou le fer.

Caréna. La vingt-quatrième partie d'une goutte. Johnson.

Carmiti. La pesanteur d'une obole ou d'une maille. Johnson.

Carumfel. Girofle.

Carsuflé. Voyez Corsuflé.

Casibo. Cyprès.

Casmet. Antimoine.

Caspa. La matière philosophique au blanc.

Cassibor et Cassidbott. Coriandre.

Cassiopée. Femme de Céphée Roi d'Ethiopie, s'étant vantée d'être plus belle que les Néréïdes, en fut punie par l'obligation où elle se trouva d'exposer sa fille Andromède pour être dévorée par un Monstre marin. Persée tua ce Monstre, et la délivra. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 14, par. 3.

Castor et Pollux. Frères jumeaux, fils de Jupiter et de Léda, femme de Tyndare. Jupiter changé en cyne ayant eu commerce avec Léda, elle accoucha de deux œufs, chacun desquels renfermait deux jumeaux ; de l'un sortirent Pollux et Hélène, de l'autre Castor et Clytemnestre.
      Castor et Pollux accompagneront Jason dans son expédition de Colchos pour la conquête de la toison d'or, où Pollux tua Amycus. Castor ayant été tué par Lyncée, Pollux obtint de Jupiter de pouvoir communiquer son immortalité à Castor, et ils en jouissaient alternativement. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 2, chap. 1, livre 3, ch. 14, par. 4 et livre 6, chap. 3.

Cathochites. Substance gommeuse et glutineuse, qui se trouve dans l'île de Corse, selon Solinus et Pline. Johnson dit qu'elle a la propriété d'attirer la chair et les mains, auxquelles elle s'attache fortement, comme l'aimant attire le fer, l'ambre des pailles, etc.

Catillia ou Cartilia. Poids de neuf onces.

Catma. Nom que quelques Chymistes ont donné à l'or en limaille. Johnson.

Catrobil. Terre commune chez les Chymistes vulgaires, et terre des Philosophes chez les Adeptes.

Caucase. Montagne d'Asie, sur laquelle la Fable dit que Jupiter fit attacher Prométhée, et lui faisait dévorer le foie par une aigle, en punition de ce qu'il avait dérobé le feu du Ciel. Suivant le sens des Chymistes Hermétiques, le mont Caucase n'est autre que le mont Philosophique, ou le vase de l'Art et de la Nature, parce qu'à ce dernier est attaché et lié le feu des Philosophes, que d'Espagnet et plusieurs autres appellent Minière de feu céleste. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 5, ch. 17.

Cauda Vulpis Rubicurdi. Minium du plomb.

Cécrops, fondateur du Royaume d'Athènes, était originaire d'Egypte, d'où il porta le culte des Dieux dans la Grèce. La Fable dit qu'il était moitié homme et moitié serpent. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 1, sect. 4.

Cédue. L'air.

Ceinture de Vénus, appelée Ceste. Elle avait, selon la Fable, la propriété non seulement de rendre aimable celle qui la portait, mais encore de rallumer les feux d'une passion éteinte ; c'est pourquoi Junon, brouillée avec Jupiter, emprunta de Vénus cette ceinture, pour captiver la bienveillance de ce Dieu. Mercure étant encore enfant, joignit à ses autres friponneries, le vol de cette mystérieuse ceinture. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 14, § 1 et livre 6.
      Les Philosophes Hermétiques expliquent cette ceinture du petit cercle de couleurs différentes qui se forme autour de la matière à chaque fois qu'elle commence à changer de couleur.

Céléno. La Fable en admet deux, l'une fille d'Atlas, laquelle eut commerce avec Jupiter ; l'autre était une des Harpies, fille de Jupiter et de la Terre. Les Poètes, et ceux qui ont dit après eux que les sept filles d'Arias ont formé les sept Pléiades, et que chacune d'elles a un rapport avec une des planètes, donnent Céléno à Saturne. On dirait qu'ils ont consulté les Adeptes pour donner cette explication ; elle ne pouvait en effet y mieux convenir, puisque Céléno vient d'un mot grec qui signifie obscurité, noirceur, et le Saturne des Philosophes n'est autre que la matière de l'œuvre parvenue au noir pendant qu'elle est en putréfaction. On peut voir dans l'article Harpie ce qu'elle signifie de plus. Voyez aussi les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 2, chap. 1.

Célopa ou Chélopa. Jalap.

Cendre. Les Sectateurs de la science Hermétique appellent souvent cendre la matière de la pierre putréfiée dans l'aludel, parce que la chaleur extérieure agissant sur le mixte du vaisseau, en sépare l'humide qui en liait les parties, et après l'avoir desséché, laisse le mixte comme une poudre, ou cendre, et la matière dans cet état est en putréfaction ou corruption ; car l'un et l'autre terme se prennent indifféremment pour signifier la même chose.
      Les Philosophes Hermétiques disent qu'il ne faut pas mépriser la cendre, et Morien dit qu'elle est le diadème du Roi. Il faut entendre ces termes de la matière après qu'elle a été en putréfaction ; parce qu'alors elle semble de la cendre, et que de cette cendre doit sortir le soufre philosophique, qui est le diadème du Roi.

Cendre de tartre. Soufre des Philosophes parfait au rouge.

Ceniotemium. Mercure préparé pour la vérole.

Centaures (Les). Etaient fils d'Ixion et d'une nuée, excepté le Centaure Chiron, qui fut fils de Saturne et Philivre. Ils avaient la partie supérieure du corps de forme humaine, et depuis la ceinture jusqu'au bas, de la forme d'un cheval. Ayant été invités aux noces de Pyrithoüs, il y cherchèrent querelle aux Lapithes, et il y eut un sanglant combat entre eux, où les derniers restèrent vainqueurs. Hercule vint après, et acheva de les détruire.
      Le mariage de Pyrithoüs avec Déiadamie est celui des Philosophes, qui se fait dans le vase avec le fixe igné et le volatil mercuriel. Avant la parfaite réunion des deux, il se fait un combat de l'un et de l'autre, qui produit la dissolution et la volatilisation indiquées par les Lapithes, dont le nom signifie s'élever avec arrogance. Voyez l'explication plus étendue dans le livre 5, ch. 6 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Centre du Monde. C'est la matière de la pierre des Philosophes, et la pierre même quand elle est dans sa perfection. Les Philosophes l'ont ainsi nommée, parce qu'ils disent que toutes les propriétés de l'Univers y sont comme réunies.

Centre de l'œuf. C'est le jaune.

Cépini. C'est le vinaigre.

Cération. Temps où la matière passe de la couleur noire à la grise et puis à la blanche ; ce qui se fait par la seule digestion et cuisson continuées sans addition de quoi que ce soit.

Cerauno-Cryson. Or fulminant.

Cerbère. Dans le sens des Chymistes vulgaires, c'est le nitre ; mais les Philosophes entendent bien autre chose par le Cerbère de la Fable. Les Poètes Philosophes ont imaginé qu'un chien à trois têtes, la gueule béante, gardait la porte des Enfers, et qu'il y était enchaîné par une chaîne triple. Les Alchymistes prétendent que toutes les fables des anciens Poètes ne sont que des énigmes, dont ils se sont servis pour cacher les opérations de la pierre philosophale. Ils disent en conséquence qu'il faut entendre par Cerbère ce chien à trois têtes, ou la matière de la pierre philosophale composée de sel, de soufre et de mercure, renfermée dans le triple vase des Philosophes, qui sont les trois chaînes qui lient Cerbère; ou que la matière est elle-même le palais de Pluton, Dieu des Enfers, et que le triple vaisseau est le chien à trois têtes qui garde la porte du palais et en empêche l'entrée. Cette dernière explication me paraît plus vraisemblable; car il est dit que Cerbère vomissait du feu ; ce qui est le propre des fourneaux. On ne doit pas cependant entendre par là que les fourneaux des Alchymistes vomissent du feu comme ceux des Chymistes ordinaires ; car le feu de la Philosophie Spagyrique n'est pas le feu vulgaire, mais le feu de la nature, un feu qui échauffe sans brûler. Et qui connaîtra ce feu, et la manière de le graduer, est bien avancé dans la science Hermétique. Que celui qui veut étudier cette science ait donc Hercule, et sache le marier à propos avec Thésée son compagnon inséparable, il aura bientôt le secret des trois règnes.

Cercle. En termes de science Hermétique, signifie circulation de la matière dans l'œuf des Philosophes. C'est dans ce sens qu'ils appellent leur opération le mouvement des cieux, les révolutions circulaires des éléments, et qu'ils nomment aussi le grand œuvre la Quadrature du cercle physique. Michel Maïer a fait un petit traité sur ce sujet, qui a pour titre : De Circulo quadrato Physico, sive de Auro.
      Ils divisent aussi la pratique de la pierre philosophale en sept cercles ou opérations ; et tout consiste cependant à dissoudre et à coaguler. Le premier cercle est la réduction de la matière en eau. Le second est de coaguler cette eau en terre fixe. Le troisième est la digestion de la matière, qui se fait très lentement ; c'est pourquoi les Philosophes disent que les révolutions de ce cercle se font dans le fourneau secret. Elle cuit la nourriture de l'enfant des Sages, et la convertit en parties homogènes, comme l'estomac prépare les aliments pour les tourner en la substance du corps. D'Espagnet n'admet que trois cercles, par la répétition desquels on parvient, dit-il, à réduire l'eau en terre, et à concilier les ennemis, c'est-à-dire, le volatil avec le fixe, l'humide avec le sec, le froid avec le chaud, l'eau avec le feu.

Cerdac. Mercure.

Cérès. Fille de Saturne et d'Ops, et sœur de Jupiter et de Neptune, de Pluton et de Junon. Cérès fut regardée comme mère de Plutus et de Proserpine ; Pluton enleva celle-ci et la constitua Reine des Enfers. Voyez cette fable et son explication Chymique dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 4, chap. 2 et 3.

Cerveau ou Cœur de cerf. Terme de Chymie. C'est la matière des Philosophes ; quand elle est convertie en air, on l'appelle Cerveau ; lorsqu'elle est devenue feu, on lui donne le nom de Cœur de cerf. Quelques Alchymistes disent qu'alors le cerf est livré aux chiens, pour être dévoré ; c'est-à-dire qu'on l'expose à l'action du feu pour y être digérée et fixée.

Cervelle de bœuf. C'est, en termes de Chymie, du tartre brûlé. Johnson.

Céruse. (Science Hermétique) Quelques Chymistes se sont imaginé que la céruse était la matière des Philosophes, parce qu'elle est faite du plomb, et que les Adeptes disent que leur Mercure est fils de Saturne ; mais, si l'on s'en rapporte à Philalèthe, ils entendent par Céruse le magistère au blanc ; comme on peut le voir dans son traité qui a pour titre : Enarratio methodica trium medicinarum Gebri.

Ceste de Vénus. Voyez Ceinture.

Cexim. Vinaigre.

Chaia. Matière des Philosophes parvenue à la couleur blanche.

Chacef. Vase de terre. Johnson.

Chalcos. Cuivre.

Chalcute. Aes-ustum, ou cuivre brûlé.

Chaleur. Action du feu, qui produit sur les corps un effet plus ou moins vif, selon que les parties ignées sont en plus grande ou moindre quantité, et plus ou moins agitées. Lorsque cette action du feu est modérée, elle est proprement dite chaleur lorsqu'elle est violente jusqu'à causer la séparation des parties des corps sur lesquels elle agit, on doit l'appeler adustion, ignition.
      Nous ne jugeons des degrés de chaleur que par les sens, et par ses effets. On distingue plusieurs sortes de chaleurs, la naturelle et l'artificielle, l'interne et l'externe.
      La naturelle est l'effet du feu inné dans tous les Etres, qui fut implanté et communiqué à la matière dès la création, lorsque l'esprit de Dieu était porté sur les eaux. Cette chaleur donne la vie à tout, parce qu'elle est une émanation du principe de la vie par essence. Dès que cette portioncule de vie abandonne un sujet, la dissolution des parties succède à cet abandon, parce qu'elle en était le lien.
      Deux causes contraires produisent cet effet ; le froid son ennemi lorsqu'il domine, et l'action même de ce feu poussée à un degré trop violent.
      Par le premier, cette chaleur naturelle surmontée, abandonne la circonférence et se retire au centre ; alors les parties éloignées, privées du lien qui les unissait, se séparent de proche en proche, changent de conformation organique ; et cette chaleur ne trouvant plus la même matière disposée comme elle doit l'être pour être animée, agit sur elle différemment. Elle fait comme un effort dans le centre ; les parties voisines trop violemment agitées, communiquent leur mouvement immodéré à celles qui les touchent, celles-ci aux autres, d'où naît la fermentation ; à celle-ci succède la corruption ; enfin, une nouvelle génération.
      Le froid n'est pas toujours nécessaire pour causer la dissolution des parties des mixtes : la chaleur innée augmentée au-delà du degré requis pour l'entretien de la vie du corps qu'elle vivifie, en cause aussi la destruction.
      Les parties fatiguées par trop de mouvement, se détachent, se dérangent, et ouvrent un passage libre à ce feu, qui s'évanouit pour ainsi dire, et laisse après lui des marques funestes de son action et de son absence. Cette chaleur naturelle est proprement celle que nous appelons interne.
      Il y a une autre chaleur naturelle, celle du soleil. L'interne, dont nous venons de parler, semble n'être qu'une chaleur en puissance, qui n'agirait point, si elle n'était excitée par la chaleur naturelle externe, ou par la chaleur artificielle.
      On l'appelle artificielle, parce que l'Art la manifeste, l'augmente ou la diminue, et la dirige à son gré. Les Artistes lui donnent plusieurs noms pris des matières qu'ils emploient, ou des opérations qu'ils font par son moyen. On trouvera tous ces noms expliqués dans l'article.

Chambar. Magnésie philosophique.

Chambelech. Elixir.

Champs Elysées. Lieu de repos, où les Poètes ont feint que Mercure conduisait les âmes des Héros et des justes après leur mort. Voyez ce qu'on doit entendre par les Champs Elysées, dans l'explication de la Descente d'Enée aux Enfers, à la fin des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Chandel. Coloquinte.

Changer les natures. Voyez. Nature.

Chanque. Nitre des Philosophes.

Chaos. Veut dire confusion et mélange. C'était, selon les Anciens, la matière de l'Univers avant qu'elle eût reçu une forme déterminée. Les Philosophes ont donné par similitude le nom de Chaos à la matière de l'œuvre en putréfaction, parce qu'alors les éléments ou principes de la pierre y sont tellement en confusion, que l'on ne saurait les distinguer. Ce chaos se développe par la volatilisation; cet abîme d'eau laisse voir peu à peu la terre à mesure que l'humidité se sublime au haut du vase. C'est pourquoi les Chymistes Hermétiques ont cru pouvoir comparer leur œuvre, ou ce qui s'y passe pendant les opérations, au développement de l'Univers lors de la création.

Chapiteau. Quelques Chymistes ont ainsi appelé la lessive et l'eau de savon. Johnson.

Chapiteau d'Alambic. Les Philosophes ont donné ce nom à la matière de l'œuvre parvenue au noir.

Charbon. Presque tous les Philosophes disent que leur feu n'est point un feu de charbon ; et ils disent vrai, parce qu'ils ne regardent pas le feu de nos cuisines, ou des laboratoires chymiques, comme leur feu. Quand il s'agit du régime du feu, il faut l'entendre du régime du feu philosophique, et non du feu de charbon. Philalèthe et plusieurs autres, comme Denis Zachaire, parlent du feu de charbon comme d'un feu nécessaire à l'œuvre. Ce dernier dit, entre autres, que ses parents voyant la quantité de menus charbons dont il avait fait provision, lui disaient qu'il serait accusé de faire la fausse monnaie. Philalèthe dit que celui qui entreprend l'œuvre ne doit pas être du nombre des pauvres, à cause des dépenses de vase et de charbons dont il faut faire usage. Il réduit même la quantité qu'il en faut pour tout l'œuvre, à cent mesures pour les trois ans entiers. Voyez sur cela son ouvrage qui a pour titre : Enarratio methodica trium medicinarum Gebri. On ne doit cependant pas prendre toutes ses paroles à la lettre, car d'Espagnet que Philalèthe a suivi pas à pas, dit qu'il reste très peu de dépenses à faire à celui qui a les matières préparées et convenables à l'œuvre. Il faut du charbon, mais dans un temps seulement, qui est celui de l'épreuve.

Charbons du Ciel. Ce sont les étoiles.

Charbons humains. Excréments des hommes.

Chariot de Phaëton. C'est un des noms que les Philosophes Chimiques ont donné au grand œuvre. Phaëton est le symbole des mauvais Artistes, qui ayant tout ce qu'il faut pour faire la pierre, ignorent le feu philosophique, pu ne savent pas le conduire, et brûlent la matière, représentée par la Terre à laquelle ce fils du Soleil mit le feu pour n'avoir pas su conduire le chariot de son père.

Charon. Fils de l'Erèbe et de la Nuit, selon Hésiode, était le Nautonnier des Enfers; il passait les âmes séparées des corps par les trois fleuves, l'Achéron, le Styx et le Cocyte. Les Chymistes Hermétiques regardent Charon comme le symbole de la couleur grise qui n'est qu'un passage de la noire à la blanche; et les trois fleuves sont les putréfactions qui arrivent dans les trois opérations de l'œuvre, que Géber a nommé la Médecine du premier, du second et du troisième ordre. Dans chacune, la matière doit se dissoudre et se putréfier, et parvenir à la couleur noire, à laquelle succède la grise, qui est Charon; c'est pourquoi on le dit fils de l'Erèbe et de la Nuit. Pendants cette couleur grise la matière se volatilise, l'esprit se sépare du corps, et le laiton philosophique se blanchit : voilà le passage des âmes par les trois fleuves pour parvenir aux Champs Elysées, représentés par la blancheur. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, ch. 6.

Chartre des Philosophes. C'est la Table d'Emeraude d'Hermès, ainsi nommée parce que c'est le premier écrit connu sur la pierre philosophale. Quelques-uns ont pris ces termes dans le sens de prison, et ont entendu le fourneau et l'œuf des Philosophes.

Chat. Cet animal était un symbole hiéroglyphique chez les Egyptiens, qui l'adoraient sous le nom d'Aelurus. Il représentait la Lune ou Mercure Philosophique, parce que le Chat semble ressentir les effets des influences lunaires. On remarque en effet des vicissitudes de grandeur dans la prunelle des yeux de cet animal. Elle se conforme aux changements des phases de la Lune. Elle augmente lorsque cette planète est dans son croissant; elle diminue lorsque la Lune est dans son déclin.

Chaux. En termes de Chymie, se dit de toutes formes de corps réduits en poudres impalpables, soit par l'action du feu, soit par les eaux fortes. Quelques-uns prétendent qu'on ne doit donner le nom de Chaux qu'aux poudres des corps métalliques ou des minéraux; et que celles des autres doivent se nommer cendres. On dit Chaux de Lune ou d'argent, Chaux de Saturne ou de plomb, etc.

Chaux des Pèlerins. C'est le tartre.

Chaux-vive est aussi un terme de Science Hermétique, que les Sages ont employé pour signifier la matière, au blanc.

Chef-d'œuvre de l'Art. C'est la pierre des Philosophes, l'élixir parfait au rouge. Quelques Chymistes lui ont donné ce nom avec raison, puisque c'est la plus excellente chose que l'homme ait pu imaginer pour son bien-être.

Cheizi ou Cheiri. Paracelse le prend pour le mercure quand il parle des minéraux, et pour des fleurs lorsqu'il est question des végétaux. Ainsi lorsqu'il dit de la fleur Cheizi ou Cheiri tirée de l'argent, il faut entendre l'élixir philosophique au blanc. Quelques autres le prennent pour l'antimoine, d'autres pour l'or potable. Johnson.

Chelopa. Jalap.

Chêne creux. Fourneau des Sages. La Fable parle d'un chêne creux contre lequel Cadmus perça le dragon qui avait dévoré ses compagnons. La lance qu'employa Cadmus est le feu, le serpent signifie le mercure. Le chêne creux étant le fourneau secret des Sages, on voit pourquoi les Anciens l'avaient consacré à Rhéa, femme de Saturne.

Chesep. L'air que nous respirons ; c'est aussi celui des Philosophes. Si vous ne tirez l'eau de l'air, la terre de l'eau, et le feu de la terre, vous ne réussirez point dans l'œuvre, disent Avicenne et Aristote.

Cheval. Les Chymistes Hermétiques ont souvent pris cet animal pour le symbole des parties volatiles de leur matière, à cause de sa légèreté à la course. C'est pour cela qu'ils ont imaginé anciennement des chevaux pour traîner le char du Soleil et des Dieux. Laomédon refusa à Hercule les chevaux qu'il lui avait promis pour récompense de ce qu'il avait délivré Hésionne. Hercule fit manger Diomède à ses propres chevaux. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 5, chap. 11 et 14.

Cheveux. C'est le Rebis philosophique.

Chèvre Amalthée. Voyez Amalthée. La Chèvre était adorée en Egypte comme le Bouc, dont voyez l'article.

Chibur ou Chibut. Soufre des Sages quand il est parvenu à la couleur rouge.

Chien. Cet animal était en grande vénération chez les Egyptiens, sous le nom d'Anubis. Il était chez eux le symbole du Mercure des Sages ; aussi les Anciens l'avaient-ils consacré à ce Dieu ailé. Plusieurs ont donné le nom de Chien à la matière du grand œuvre. L'un l'appelle Chien d'Arménie, l'autre dit que le Loup et le Chien se trouvent dans cette matière, qu'ils ont une même origine, et néanmoins que le Loup vient d'Orient, et le Chien d'Occident. i>Rafis
. L'un représente le fixe et l'autre le volatil de la matière.

Chien d'Arménie  est un des noms que les Philosophes Hermétiques ont donné à leur soufre, ou au sperme mâle de leur pierre.

Chienne de Corascène. Est un des noms que les Philosophes chymiques ont donné à leur mercure, ou sperme féminin de leur pierre.

Chimère (la). Fille de Typhon et d'Echidna, était un monstre ayant la tête et la poitrine du lion, le ventre et le train de derrière d'une chèvre, et une queue de dragon. Bellérophon fut envoyé pour combattre la Chimère, et demeura vainqueur avec le secours du cheval Pégase, et les armes dont les Dieux lui avaient fait présent. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 14, par. 3.

Chiron le Centaure, fils de Saturne et de Phillyre. Chiron devint le maître d'Esculape, de Jason, d'Achille, etc. S'étant blessé par mégarde, avec une des flèches d'Hercule son disciple, la plaie s'envenima au point qu'il en mourut, après avoir obtenu cette grâce de Jupiter. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, dans les articles des Dieux et des Héros susnommés.

Chisir minérale. Soufre principe des métaux.

Chisti Pabulum. Urine d'un enfant.

Chop-China. C'est le Kina.

Chose vile. Lorsque les Philosophes ont dit que leur matière est vile, méprisée, jetée dans les rues et sur les fumiers, ils ont parié sincèrement, paraboliquement, et allégoriquement. On la jette réellement, parce qu'on en ignore le prix ; mais quand ils l'appellent une chose vile, c'est qu'on ne jette communément que les choses viles et méprisables, et que leur matière en putréfaction ressemble à tout ce qui est putréfié, que l'on jette sur le fumier à cause de sa puanteur, et qu'on regarde non seulement comme inutile, mais comme dommageable. Il ne faut donc pas s'imaginer que la matière des Sages, quoique si commune dans son principe que tout le monde peut l'avoir, se trouve toute préparée en mercure. On donne à la vérité ce soin à la Nature, mais il faut l'aider, en lui fournissant ce qui est requis, et de la manière requise.
      Ceux qui prennent le mercure vulgaire pour cette chose vile, se trompent donc bien lourdement. Paracelse dit au sujet de cette matière, que la pierre qu'une femme jette à sa vache, vaut souvent mieux que la vache même.

Chose (la) qui a les pieds noirs, le corps blanc et la tête rouge. C'est, en termes de Science Hermétique, l'ouvrage de la pierre ; parce que la matière devient d'abord noire dans la putréfaction, puis blanche dans la régénération, enfin rouge dans la fixation. Les Philosophes ne parlent guère que de ces trois couleurs, parce qu'elles sont les principales, et que les autres durent fort peu.

Chose unique. Matière des Philosophes après la conjonction de l'esprit et du corps, ou mercure animé des Sages. Cette matière est véritablement unique dans son espèce, quoique fort commune, et que personne ne puisse s'en passer ; mais elle acquiert encore mieux cette qualité d'unique après sa putréfaction. Elle contient tout, quoiqu'elle ne ressemble proprement à rien de ce qui existe dans le monde. Elle est eau, elle est terre, elle est feu, elle est air, et ne ressemble à aucun de ces éléments. Comme elle renferme les propriétés et les vertus des choses supérieures et inférieures de l'Univers, on lui donne à juste titre les noms de tous les individus, sans qu'elle soit nullement spécifiée à aucun d'eux en particulier. Cette diversité de noms a trompé et induit tous les jours en erreur un grand nombre de gens qui cherchent la pierre; mais elle n'a proprement qu'un nom connu de tout le monde, des hommes comme des femmes, des vieux comme des enfants, des savants comme des ignorants ; parce que, comme dit Morien, elle est pour le riche comme pour le pauvre, pour l'avare comme pour le prodigue, pour les vieux et les jeunes, pour ceux qui sont debout comme pour ceux qui sont assis; et, comme dit Basile Valentin, qu'elle renferme toutes choses, parce qu'elle est toutes choses.
      II faut bien distinguer la matière des Sages avant la putréfaction et après la putréfaction. Dans le premier cas, elle est telle que je l'ai décrite lorsque j'ai dit qu'elle était pour tout le monde ; dans le second, elle est proprement la matière des Sages; elle est leur mercure, et la minière de leurs métaux ; et c'est d'elle qu'ils disent que leur mercure renferme tout ce que cherchent les Philosophes. C'est leur azoth qui suffit avec le feu.

Chronos. Voyez Saturne.

Chrysaor. Fils de Neptune et de Méduse, selon quelques-uns ; et selon d'autres, né du seul sang qui coula de la blessure faite à Méduse par Persée. Chrysaor fut père de Geryon. Voyez cette fiction expliquée dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 14, par. 3.

Chryséis. Fille de Chrysès, prêtre d'Apollon, échut par le sort à Agamemnon, chef de l'armée des Grecs qui allaient faire le siège de la ville de Troye. Chrysès la demanda à Agamemnon, qui la lui refusa. Ce père désolé s'adressa à Apollon ; et ce Dieu, pour venger son Prêtre, suscita une peste effroyable dans le camp des Grecs. Calchas consulté, répondit qu'il fallait rendre Chryséis à son père, et que la peste cesserait. Agamemnon s'y détermina, quoique malgré lui, et la peste cessa. Voyez ce que signifie cette fiction dans le livre 6 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Chrysès. Voyez l'article précédent.

Chrysocalcos. Oripeau.

Chrysor. Vulcain des Phéniciens. Voyez Vulcain.

Chybur. Soufre. Paracelse dit (Lib. de Nat. rerum) qu'il n'y a point de meilleur remède que le Chybur, pour les maladies du poumon, quand il est préparé et sublimé trois fois avec des chaux minérales.

Chyle. Matière des Philosophes en putréfaction.

Cibation. Nutrition de la matière sèche des Philosophes avec son propre lait, donné modérément. Riplée. Si l'on donne ce lait en trop grande abondance, l'enfant deviendra hydropique, et la terre sera submergée par le déluge. Il faut donc l'administrer peu à peu et avec proportion.

Cibur et Chibut. Voyez Chybur.

Cicebrum. C'est l'eau des Philosophes.

Cidmia. Litharge.

Ciel. Ce terme a différents sens chez les Philosophes Hermétiques. Il se prend en général pour le vase des Sages, dans lequel font leur séjour Saturne, Jupiter et tous les autres Dieux.

Ciel végétable. C'est leur eau mercurielle, leur quintessence céleste tirée du vin philosophique. Christophe Parisien.

Ciel des Philosophes. Se prend aussi pour la quintessence ou matière plus épurée des éléments. Telle est la pierre philosophale et l'élixir parfait au rouge. Paracelse a fait un ouvrage qui porte pour titre : Cœlum Philosophorum. Il y traite de tous les métaux sous les noms des planètes, et il y dit dans l'article de Saturne, que si les Alchimistes savaient ce qu'il contient, ils ne travailleraient que sur cette matière.

Ciel. Les Philosophes Hermétiques ont aussi donné ce nom au feu céleste qui anime les corps élémentés. Les corps sont plus forts ou plus faibles, selon qu'ils contiennent plus ou moins de ce feu ; et leur longue durée dépend de la forte union de l'esprit céleste avec l'humide radical. Cette union est ce que les Philosophes appellent le Ciel et la Terre réunis et conjoints, le Frère et la Sœur, Gabritius et Beja, l'Epoux et l'Epouse qui s'embrassent très étroitement ; parce que l'esprit volatil ne sert de rien, s'il n'est rendu fixe en la nature duquel il doit passer.

Cimmériennes (Ombres). Ce sont les brouillards qui s'élèvent dans le vase philosophique pendant la putréfaction.

Cinabre. Matière métallique, de laquelle on tire le mercure vulgaire.
      Les anciens donnent aussi ce nom au sang de dragon. Pline, livre 33, chap. 7, de son Histoire Naturelle, l'appelle Cinabre des Indes, pour le distinguer du métallique; et ajoute qu'il se forme du sang des dragons qui se battent contre les éléphants, dont l'énorme poids les accable, quand l'éléphant tombe sur eux en mourant.
      On trouve aussi le nom de Cinabre dans plusieurs Auteurs, pour dire Minium.
      Plusieurs Chymistes ont mal-à-propos pris le Cinabre vulgaire et naturel pour la matière de l'œuvre des Philosophes ; on ne saurait en tirer que du mercure commun, ou argent-vif vulgaire. Le Cinabre des Sages est leur mercure sublimé, purifié, fixé au rouge, qu'ils appellent soufre. C'est alors ce serviteur rouge dont parle Trévisan.

Cinyras. Est accusé par les Poètes d'avoir commis un inceste avec sa propre fille Myrrha, et de cet inceste, disent-ils, naquit Adonis. Voyez ce que signifie cette fiction dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 4, chap. 4.

Circé. L'enchanteresse, fille du Soleil et de la Nymphe Perséis ; elle était sœur d'étés, Roi de Colchos. Jason et Médée se retirèrent chez elle, après qu'ils se furent emparés de la Toison d'or. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 2, chap. 1.

Circulation. Est un terme de Science Hermétique, qui, outre le sens chymique, signifie encore la réitération des opérations du grand œuvre pour la multiplication de la quantité et des qualités de la pierre.

Cire. Matière des Sages poussée au blanc.

Ciseaux. C'est le feu des Philosophes, de même que la lance, l'épée, etc.

Cist ou Kist. Mesure des liquides, contenant deux pintes ou quatre livres. Johnson.

Clanchedest. Acier.

Clarète. Blanc d'œuf.

Clarté. En termes de Science Hermétique, signifie la blancheur qui succède à la noirceur de la matière en putréfaction.

Clef. Terme de Science Hermétique, qui signifie tant la connaissance de la matière propre à l'œuvre, que la manière de la travailler. Il se prend aussi pour les marques de l'ouvrage bien ou mal conduit. Dans ce dernier sens, la première clef est la noirceur qui doit paraître au plus tard après le quarantième ou quarante-deuxième jour, faute de laquelle couleur l'Artiste doit croire qu'il n'a pas bien opéré, et il faut alors recommencer. Basile Valentin, Religieux bénédictin, a fait un ouvrage sur la pierre philosophale, intitulé Les Douze Clefs. Georges Riplée, Anglais, en a fait un sur le même sujet, qui a pour titre Les Douze Portes.

Clibaniquement. Suivant la proportion du fourneau. Flamel dit, d'après Calid, si ton feu n'est mesuré clibaniquement; c'est-à-dire, avec poids et mesure des matières, qui ne sont que le soufre et le mercure des Philosophes.

Clouer. Fixer la matière volatile, par la digestion que l'on en fait quand elle est mêlée avec la fixe.

Clytemnestre. Fille de Jupiter et de Léda, et femme d'Agamemnon, qu'elle fit mourir après son retour de la guerre de Troie, pour jouir plus à son aise de son amant Egysthe. Oreste, fils d'Agamemnon, vengea la mort de son père, et fit périr sa mère avec Egysthe dans le temple d'Apollon. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 14, par. 4.

Coagulation. Terme de Physique et de Chymie. C'est le lien de la composition des mixtes, qui fait le mutuel attouchement des parties. La coagulation n'est que le rudiment de la fixation. Il y a deux sortes de coagulations, comme deux sortes de solutions. L'une se fait par le froid, l'autre par le chaud, et chacune se subdivise encore en deux ; l'une est permanente, l'autre ne l'est pas. La première s'appelle fixation, et l'autre simplement coagulation. Les métaux sont un exemple de celle-là, les sels le sont de celle-ci.
      La coagulation philosophique est la réunion inséparable du fixe et du volatil en une masse si fixe qu'elle ne craint point les atteintes du feu le plus violent, et communique sa fixité aux métaux qu'elle transmue.

Coagule. Présure.

Coaguler. En termes de Chymie Hermétique, signifie donner une consistance aux choses liquides, non en en faisant un corps compacte, ou dont les parties seraient liées comme celles du lait devenu fromage, mais en les desséchant de leur humidité superflue, et en réduisant le liquide en poudre, et puis en pierre.
      Les Philosophes Chymiques appellent aussi coaguler, cuire la matière jusqu'à la perfection du blanc ou du rouge.

Cobales. Voyez Satyres.

Cobastoli. Cendre.

Cocilio. Poids de onze onces. Johnson.

Cocyte. L'un des fleuves ou marais de l'Enfer. Voyez Pluton, Enfer.

Cœlus. Voyez Ciel.

Cœur. Quelques Chymistes ont donné ce nom au feu, d'autres à l'or quand ils ont parlé des métaux. Johnson.

Cohob. Sable.

Cohobation. Digestion et circulation de la matière dans le vase, pendant lesquelles la partie volatile monte au haut du vase, et en retombant elle se mêlé, pénètre et se cohobe d'elle-même avec la partie fixe qui se trouve au fond. Telle est la cohobation philosophique; terme employé seulement par similitude, et par comparaison avec la cohobation prise dans le sens des Chymistes vulgaires.

Cohober. Est aussi un terme de Science Hermétique, qui se dit dans le même sens des Chymistes, mais cependant sans addition de nouvelle matière, et sans le secours de l'Artiste.

Cohoph. Paracelse se sert souvent de ce terme, au lieu de cohober, cohobation.

Cohos. Toutes les parties du corps renfermées sous la peau. Quelques Chymistes l'ont employé par allusion au terme de chaos, et pour faire voir le contraste de l'ordre et de l'arrangement des parties du corps humain, avec la confusion du chaos.

Colère. Les Philosophes Hermétiques disent qu'il faut bien prendre garde de ne pas trop pousser Vulcain, de peur d'irriter Mercure, dont la colère est fort à craindre pour l'Artiste, parce que se trouvant trop pressé, il briserait les portes de sa prison, et s'enfuirait sans espérance de le rattraper ; c'est-à-dire qu'il ne faut pas trop pousser le feu, afin que le mercure, ou esprits volatils de la matière, ne casse pas le vase; ce qui arriverait infailliblement sans cette attention ; ou si le vase était assez fort pour résister, le mercure se brûlerait et deviendrait inutile.
      Quelques Adeptes ont donné le nom de colère à la matière parvenue à la couleur orangée.

Colle. On trouve ce terme dans quelques Chymistes, pour signifier le fiel de taureau. Johnson.

Colle d'Or. Borax ou chrysocolle des Anciens. Colle d'or<:i>, dans le sens Hermétique, veut dire la matière des Philosophes en putréfaction après le mélange du mercure et de l'or des Sages. Cette réunion a pris chez eux le nom de Mariage.

Colombe. D'Espagnet et Philalèthe ont employé l'allégorie de la Colombe, pour désigner la partie volatile de la matière de l'œuvre des Sages. Le premier a emprunté de Virgile (Enéide, livre 6) ce qu'il dit de celle de Vénus, pour le temps de la génération du fils du Soleil ou règne de Vénus philosophique. Le second a dit que les colombes de Diane sont les seules qui soient capables d'adoucir la férocité du dragon ; c'est pour le temps de la volatilisation, où les parties de la matière sont dans un grand mouvement, qui cesse à mesure que la couleur blanche, ou la Diane Hermétique se perfectionne. Les Souffleurs doivent bien faire attention à cela, s'ils ne veulent pas perdre leur argent à faire des mélanges fous d'argent vulgaire avec d'autres matières pour parvenir au magistère des Philosophes.

Colonnes d'Hercule. Ce sont deux montagnes situées au détroit de Gibraltar ; l'une est appelée Calpé, du côté de l'Espagne ; celle qui est à l'opposite en Afrique, se nommait Abyla. Voyez ces deux articles.

Combustion. Vieux mot que l'on trouve dans les ouvrages de quelques Chymistes pour signifier l'action trop violente du feu sur la matière.

Comerisson. Est un des noms de la pierre des Sages parvenue à la blancheur.

Cometz. Une demi-goutte.

Comidi et Comisdi. Gomme arabique.

Commixtion. Quelques Philosophes ont substitué ce terme à ceux de conjonction, mariage, union. La commixtion se fait pendant la putréfaction, parce que le fixe et le volatil se mêlent alors pour ne plus se séparer.

Compagnon. Mercure philosophique animé de son soufre, et poussé au blanc.

Compar. Les Adeptes entendent par ce terme le fixe et le volatil, mercure et l'or des Sages, qui agissent successivement dans l'œuvre; le mercure ou la femelle prend d'abord la domination, jusqu'à la fin de la putréfaction ; lorsque la matière commence à se dessécher et à blanchir, l'or prend le dessus. Ils travaillent ensuite de concert à la perfection de l'œuvre.

Complexion. Temps où la matière est dans une parfaite dissolution ; ce qui est indiqué par une couleur très noire. Le terme de complexion signifie le même que putréfaction, submersion, mixtion.

Composé. Le composé des Philosophes est ce qu'ils appellent aussi leur compost, leur confection. Donc cette noirceur de couleur enseigne qu'en ce commencement la matière ou le composé commence à se pourrir, et se dissoudre en poudre plus menue que les atomes du soleil, lesquels se changent ensuite en eau permanente. Flamel.

Composition. Mélange des principes matériels de l'œuvre. Ce terme veut dire la même chose que mixtion, assemblage de plusieurs choses, mais de même nature, c'est-à-dire l'union du mercure et du soufre des Philosophes, qui, quoique deux choses différentes, sortent néanmoins de la même racine, comme les feuilles et les fleurs d'une plante.

Compost. En termes de Philosophie chymique, signifie la matière de la pierre au noir ; parce qu'alors les quatre éléments sont comme unis.

Conception. Mariage, union qui se fait du volatil et du fixe de la matière des Philosophes pendant qu'elle est en putréfaction. Les Chymistes Hermétiques disent que la conception du fils du Soleil et de leur jeune Roi se fait dans ce temps-là. Ce terme a été employé par comparaison à la naissance de l'homme et des animaux.

Concierge du Palais./b> (Sc. Herm.) Plusieurs Chymistes ont interprété ce terme de l'Artiste ; mais Bernard, Comte de la Marche Trévisanne, connu sous le nom du bon Trévisan, l'entendait du mercure ou eau philosophique, qui administre au fourneau secret la chaleur requise, parce que ce fourneau secret et le vase philosophique ne sont autre que cette eau, comme on peut le voir dans les articles >Vase
, Fourneau secret.

Conder. Encens mâle, Oliban.

Confection. Mélange de plusieurs choses, c'est-à-dire du mercure et du soufre philosophique. L'œuf des Philosophes, dit Flamel, est un matras de verre, que tu vois peint en forme d'écritoire, et qui est plein de confection de l'Art, c'est-à-dire, de l'écume de la mer rouge, et du souffle du vent mercuriel.

Confiture. Elixir des Philosophes. Qu'il soit fait confiture composée d'espèce de pierre, et qu'il en soit fait une médecine pour guérir, purger et transmuer tous corps en vraie Lune. Flamel.

Congélation. En termes de Science Hermétique, signifie la même chose que coagulation. C'est proprement un endurcissement d'une chose molle, par le dessèchement de l'humidité et la fixation du volatil. C'est dans ce sens qu'Hermès a dit que la force de la matière sera parfaite, si l'eau est réduite en terre ; parce que tout le magistère consiste à réduire la matière en eau par la solution, et à la faire retourner en terre par la coagulation. Congeler, teindre et fixer ne sont que la même opération continuée dans le même vaisseau.

Congeler. Signifie faire le mariage, réunir le volatil au fixe, joindre les natures, faire la paix entre les ennemis ; ce qui se fait d'abord par la solution, et puis par la coagulation.

Conjonction. Réunion des natures répugnantes et contraires en unité parfaite. Cette conjonction les convertit tellement l'une en l'autre, qu'elle en fait un mariage indissoluble même à la plus grande violence du feu. Les Philosophes définissent encore cette conjonction, un assemblage et une réunion des qualités séparées, ou une adéquation des principes. Riplée.
      Il y a trois espèces de conjonction. La première est appelée double. Elle se fait entre l'agent et le patient, le mâle et la femelle, la forme et la matière, le mercure et le soufre, le subtil et l'épais.
      La seconde s'appelle triple, parce qu'elle réunit trois choses, le corps, l'âme et l'esprit. Faites donc en sorte de réduire la trinité à l'unité.
      La troisième est dite quadruple, parce qu'elle réunit les quatre éléments en un seul visible, mais qui renferme les trois autres. Souvenez-vous, dit Riplée, que le mâle a cinq vaisseaux requis pour la fécondité, et la femelle quinze. Sachez donc que notre Soleil doit avoir trois parties de son eau, et notre Lune neuf.
      Conjonction signifie aussi l'union du fixe et du volatil, du frère et de la sœur, du Soleil et de la Lune. Elle se fait pendant la noirceur qui survient à la matière pendant la putréfaction. Les Philosophes l'appellent aussi Conception, Union des éléments, Commixtion.

Conjonction de l'âme avec le corps. Expression Hermétique, qui signifie le moment où la matière parvient au blanc. A l'heure de la blancheur, ou de la conjonction de l'âme avec le corps (dit Philalèthe) on verra de grands miracles ; c'est-à-dire, toutes les couleurs imaginables.

Conjonction tétraptive. Mélange intime des principes du composé des Sages.

Connexion. Voyez Composition, Mixtion.

Contrition. En termes de Philosophie chymique, signifie réduire en poudre, mais seulement en desséchant l'humidité de la matière par le régime du feu, et non pas qu'il faille la broyer dans un mortier ou autrement.

Convenance ou Adaptation. Est lorsque la projection se fait sur un métal en fusion, ou réduit en forme coulante ou mercurielle; alors on dit que ce métal a de la convenance, ou similitude de nature avec l'élixir fait du mercure des Sages. Les Philosophes recommandent aussi de choisir pour faire l'œuvre une matière qui ait de la convenance avec le métal, parce que d'un arbre on ne fait pas un bœuf, ni d'un bœuf un métal.

Conversion des éléments. (Sc. Hermét.) Ceux qui prennent à la lettre les termes des Philosophes Hermétiques, se sont imaginés que leurs éléments étaient en effet quatre choses distinctes et séparées, qu'il fallait extraire d'une matière, et qu'il fallait ensuite convertir l'une en l'autre ; c'est-à-dire, faire par exemple de l'huile de l'eau, et de la terre du feu, ou du feu faire de l'air, et de l'air faire de l'eau, et de l'eau faire de la terre. Par les opérations de la Chymie vulgaire, on extrait de chaque mixte quatre choses, un esprit, une eau flegmatique, une huile, et une terre appelée caput mortuum, ou tête morte. D'autres ont nommé ces quatre choses un sel, un soufre, un mercure, et une terre damnée, ou inutile. Ceux qui se sont imaginés parvenir au magistère des Philosophes par ces opérations de la Chymie vulgaire, ont donné le nom d'air à l'huile, que d'autres ont appelée soufre, celui de feu à l'esprit, celui d'eau à l'eau flegmatique, et enfin celui de terre, les uns au sel, les autres à la terre damnée. Mais les éléments des Philosophes sont tout-à-fait différents ; leurs opérations sont celles de la Nature et non de la Chymie vulgaire ; leur feu est renfermé dans leur terre et ne s'en sépare point, et leur air est contenu dans leur eau. Ils n'ont donc que deux éléments visibles, dont il faut faire la conversion ; c'est-à-dire que leur eau change leur terre en sa nature liquide d'eau, et qu'ensuite tout le composé qui était devenu eau, doit devenir terre ; en devenant eau, tout devient volatil, et étant réduit en terre, tout devient fixe. Ainsi quand ils parlent du froid et de l'humide, il faut entendre leur eau, et le chaud et le sec sont leur terre.

Convertir les éléments. Termes de Chymie Hermétique. Dissoudre et coaguler ; faire le corps esprit, et l'esprit corps, le volatil fixe, et le fixe volatil : tout cela ne signifie que la même chose. La Nature aidée de l'Art, le fait dans le même vase des Philosophes par la même opération continuée. Lorsque la matière est bien purifiée et scellée dans l'œuf, il s'agit seulement de conduire le feu.

Copher. Bitume ou asphalte.

Copulation. Mélange du fixe et du volatil, que les Adeptes appellent mâle et femelle.

Coq. Animal que les Anciens avaient consacré à Minerve et à Mercure. Les Chymistes Hermétiques ont comparé leur feu au Coq, à cause de sa vigueur, de son activité et de son ardeur, et ont donné en conséquence le nom de Coq a leur soufre parfait au rouge.

Corail rouge. Est un des noms que les Philosophes ont donné à leur pierre quand elle est fixée au rouge, qui est le degré de sa perfection. C'est sans doute pour cette raison que les Anciens ont feint que le corail s'était formé comme Chrysaor, du sang répandu de la blessure que Persée fit à Méduse ; puisque les Philosophes Hermétiques ont pris également Chrysaor et le corail pour symbole de leur soufre parfait.

Corbatum. Cuivre.

Corbeau. En termes de Science Hermétique, signifie la matière au noir dans le temps de la putréfaction. Alors ils l'appellent aussi la Tête du corbeau, qui est lépreuse, qu'il faut blanchir, en la lavant sept fois dans les eaux du Jourdain, comme Nahaman. Ce sont les imbibitions, sublimations, cohobations, etc. de la matière, qui se font d'elles-mêmes dans le vase par le seul régime du feu.

Corbins. Ouvrage de la pierre des Philosophes. Dictionnaire Hermétique.

Cordumeni. Cardamome.

Corne d'Amalthée. Les Philosophes Hermétiques disent que cette fable doit s'expliquer de la pierre philosophale, parce qu'outre les biens de la. fortune, elle donne tous les biens capables de satisfaire les désirs de l'homme dans ce monde. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3. chap. 4.

Corne de cerf. Bec du chapiteau des alambics, selon quelques Chymistes.

Corocrum. Ferment de la pierre.

Coronis. La Fable en nomme deux, l'une comptée parmi les Hyades, l'autre mère d'Esculape ; celle-ci périt de la main d'Apollon, et fut changée en corneille. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 12, par. 2.

Corps. Les Philosophes appellent corps ce qu'ils nomment aussi métaux. C'est pourquoi ils parlent souvent de corps parfaits et de corps imparfaits. On ne réussira jamais à faire une bonne multiplication, si l'on ne réduit les corps parfaits en leur première matière, c'est-à-dire en mercure ; parce que dès qu'ils sont parfaits, on ne peut rien en faire de plus, tant qu'ils resteront dans cet état de perfection.
      Corps se prend aussi par les Chymistes pour le sel philosophique, ou leur terre feuillée qui s'imprègne du soufre et du mercure comme d'une âme et d'un esprit. Vous ne réussirez jamais, disent-ils, si vous ne spiritualisez le corps, et ne corporifiez l'esprit ; c'est-à-dire, si vous ne rendez le fixe volatil, et le volatil fixe. Ils appellent aussi corps leur magnésie, leur ferment, leur teinture ; et ils disent en conséquence que le corps ne pénètre point les corps sans le secours de son esprit.

Corps imparfait. C'est l'arsenic des Philosophes, leur Lune, leur femelle. Dès le commencement de l'œuvre, il faut calciner le corps parfait en le mariant avec le corps imparfait. Philalèthe. On doit aussi purifier ce corps en lui ôtant tout son soufre superflu, brûlant et combustible, et manifester ce qu'il a dans son intérieur. Le signe de sa parfaite sublimation ou dépuration, est une couleur blanche, céleste, éclatante comme celle de l'argent le plus fin bien bruni, et dans ses cassures, l'éclat du marbre ou de l'acier le plus poli. Alors cette femme prostituée est rétablie dans son état de virginité intacte, et peut être donnée en mariage au Soleil terrestre, quoiqu'elle soit sa mère et sa sœur. Philalèthe.

Corps dissoluble. C'est la minière même du mercure dissolvant des Sages. C'est le corps terrestre que ce mercure doit laver et purifier. Ce qui a engagé les Philosophes à dire que le mercure engrosse sa propre mère, qu'il la fait mourir, qu'il la purifie, la ressuscite enfin avec lui-même, parce qu'il s'y unit si intimement, qu'il ne s'en sépare jamais. Ce corps est fixe, et le mercure est volatil. Il doit subir la torture du feu et de l'eau, mourir et renaître par l'eau et l'esprit, pour parvenir enfin à un repos éternel. Philalèthe dit que la couleur de ce corps est brune, un peu rougeâtre et sans éclat; qu'il doit être dissout et exalté ; il faut ensuite qu'il subisse la mort, qu'il ressuscite, et qu'il monte au ciel, pour y être glorifié. Pour le dire sans énigme, c'est le soufre parfait au rouge, qui doit être dissout par le mercure, dont il a été formé ; et lui-même forme l'Androgyne ou Rebis des Philosophes après son union avec le mercure.

Corps blanc. Terre feuillée des Philosophes, ou magistère au blanc.

Corps improprement dit. Magistère ou mercure des Sages, lorsqu'il n'est pas encore entièrement fixé.

Corps le plus voisin. Les Philosophes ont ainsi appelé leur magistère au blanc, parce qu'il est dans un état qui approche le plus de la fixité parfaite, qui est leur magistère au rouge.

Corps immonde. C'est le mercure avant sa préparation ; quelquefois dans le temps de sa putréfaction dans l'œuf philosophal, et alors on l'appelle aussi Corps mort.

Corps confus. Voyez Corps immonde.

Corps mixte. Matière au noir.

Corps net et pur. Matière au blanc.

Corps propre de l'Art. C'est la pierre au rouge, ou l'or des Philosophes.

Corps rouge. Voyez Corps propre.

Corps mort. La matière au noir pendant la putréfaction, appelée aussi Mort, Nuit, Ténèbres, Sépulcre, Tombeau, etc.

Correctum. Vinaigre distillé.

Corrosif. Les Philosophes rejettent de l'œuvre toute eau forte, ou autre dissolvant corrosif. Ceux-là se trompent donc bien fort, qui tourmentent les métaux, l'or, l'argent, le mercure, par les eaux-fortes pour en faire le dissolvant philosophique, ou pour en tirer le soufre et la teinture aurifique. Le mercure des Sages doit dissoudre l'or (des Philosophes) sans corrosion, comme l'eau chaude dissout la glace.

Corrosion. Action du sel et du souffre mercuriels, volatils et très raréfiés de certains corps, qui par leur pénétration et sulfuréité brûlent et désunissent les parties des corps avec lesquels ils sont mêlés. On remarque cette action dans l'eau-forte, qui prouve cette définition quand on altère son activité par la précipitation de ce soufre mercuriel. Elle perd alors toute son ignéité et sa vertu corrosive. Cette précipitation se fait par la fixation de ce soufre volatil, cette fixation par la condensation, cette condensation par la réfrigération intrinsèque, et cette réfrigération par l'addition des sels lixivieux.
On doit conclure de là que plus on raréfie un esprit ardent, tel, par exemple, que celui du vin, plus on a un corrosif violent, ou un soufre ou un sel mercuriel de plus en plus corrosif, selon qu'il est plus rectifié par les distillations réitérées.

Corsuflé ou Carsuflé. Soufre des Philosophes fixé au rouge.

Cortex Maris. Mercure des Sages.

Coruscus. La Piloselle.

Corybantes. Prêtres de Cybèle, mère des Dieux. Ils solemnisaient les fêtes de cette Déesse au son du tambour, et dansaient au son des flûtes, des trompettes, en faisant un grand bruit avec leurs armes. C'est par ce moyen qu'ils empêchèrent Saturne d'entendre les cris du petit Jupiter, que Rhée avait confié à leurs soins. Voyez ce qu'on doit entendre par les Corybantes, Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 4.

Cos. Ile qu'Hercule ravagea, selon la Fable, parce qu'Eurypile, Roi de l'île, ne l'avait pas bien reçu. Les Philosophes Spagyriques regardent l'île de Cos comme le symbole de leur matière mise dans le vase pour y être digérée. Si l'on y met trop de mercure, qui n'est autre chose qu'Hercule, le vase se brisera, toute la matière se répandra ou se dissipera; et c'est le ravage qu'Hercule fit dans l'île de Cos. Il faut donc avoir grand soin de ne pas verser trop abondamment le mercure sur la matière contenue dans le vase, elle en serait inondée. Si l'on en met trop peu, le feu y prendra, le vase se brisera, et tout sera perdu. Il faut arroser souvent et peu à peu. C'est cette précaution manquée, qui fait que beaucoup d'Alchymistes ne réussissent pas, quoiqu'ils travaillent d'ailleurs sur la vraie matière, et qu'ils se servent des fourneaux et du feu philosophique requis dans les opérations du grand œuvre.

Cosmai. Teinture ou eau de safran.

Cosmec et Cosmet. Antimoine des Philosophes et des Chymistes vulgaires.

Cosmétique. Nom que l'on donne en général à tous les remèdes faits pour corriger les défauts de la peau, et entretenir la beauté, ou la procurer. Ce terme a été fait de Cosmet, Antimoine, parce que les Anciens employaient beaucoup ce minéral à l'usage dont nous venons de parler. L'Ecriture sainte en parle en plus d'un endroit.

Cosumet. Voyez Cosmec.

Cotonorium. Liqueur.

Couleur. Les couleurs des choses, et particulièrement des fleurs, ont leur principe dans le soufre et le sel mercuriels des corps colorés. Une preuve bien convaincante, c'est qu'à mesure que ces parties volatiles s'évaporent, la couleur s'évanouit, du moins son éclat et sa vivacité, et fait place à une autre couleur moins vive, composée d'un soufre plus terrestre et moins subtil. Il est d'ailleurs certain qu'on ne trouve point de couleurs dont le sujet ne soit gras, oléagineux et très combustible.
      Les Philosophes Hermétiques regardent les couleurs qui surviennent à la matière pendant l'opération du grand œuvre, comme les clefs de cet Art, et les indices certains de la vérité et bonté de la matière, et du bon régime du feu. Ils en comptent trois principales qui se succèdent, mais dont la succession est interrompue par quelques autres couleurs passagères et de peu de durée. La première principale est la couleur noire, qui doit se faire voir au quarante-deuxième jour au plus tard. Elle disparaît peu à peu, et fait place a la blanche. A celle-ci succède la citrine, qu'ils appellent leur or. Enfin, la couleur rouge se montre, et c'est la fleur de leur or, leur couronne royale, etc. Les couleurs passagères sont la verte, qui marque l'animation et la végétation de la matière; la grise, ou le règne de Jupiter, qui suit immédiatement la noire, ou le règne de Saturne ; les couleurs de la queue du paon. La couleur Tyrienne, ou couleur de pourpre, indique la perfection de la pierre.
      Si la couleur rouge paraît avant la noire, c'est un signe qu'on a trop poussé le feu, et que l'ouvrage ne réussira pas. Il faut alors recommencer.
      La noire est un indice de putréfaction et d'entière dissolution de la matière. Elle doit toujours précéder la blanche et la rouge.
      La blanche marque la fixation bien avancée de la matière; et la rouge sa fixation parfaite.
      Toutes ces couleurs doivent reparaître dans l'opération de la multiplication; mais elles sont d'une durée d'autant plus courte, qu'on réitère plus souvent les opérations pour perfectionner et multiplier la quantité et les qualités de la pierre.
      Lorsque la matière est comme de la poix noire fondue, ils l'appellent le Noir plus noir que le noir même, leur Plomb, leur Saturne, leur Corbeau, etc. Et ils disent qu'il faut alors couper la tête du Corbeau avec le glaive ou l'épée, c'est-à-dire avec le feu, en continuant jusqu'à ce que le Corbeau se blanchisse.
      Ces différentes couleurs, que la matière prend en se cuisant, ont donné lieu aux Philosophes d'appeler cette matière de presque tous les noms des individus de la Nature. Son odeur et ses propriétés lui en ont fait donner quelques autres; et ils avouent dans leurs ouvrages, qu'ils n'ont jamais nommé cette matière par son nom propre vulgaire, au moins lorsqu'ils en ont parlé pour la désigner. On peut voir une partie de ces noms dans l'article Matière des Philosophes.

Couleuvre. Serpent ou reptile honoré par les Païens comme représentant Esculape. Voyez Esculape. Les Poètes ont feint que les Gorgones et les Furies avaient des couleuvres entrelacées dans leurs cheveux. Voyez Méduse. On représentait Saturne ayant à la main une couleuvre qui dévore sa queue. Voyez Saturne.
Les Philosophes Hermétiques ont donné le nom de Serpent et de Couleuvre à la matière de leur Art. Voyez les Figures d'Abraham Juif, dans Flamel.

Couper avec des ciseaux ou tout autre instrument, signifie cuire, digérer la matière sans ouvrir ni remuer le vase. Ainsi couper la tête du Corbeau, veut dire continuer la cuisson et la digestion de la matière de l'œuvre parvenue à la couleur noire, pour la faire passer à la grise, et dé-là à la blanche. Les ciseaux, l'épée, la lance, sont le feu philosophique.

Couronne céleste, Corona Cœlica. En termes d'Alchymie, signifie Esprit de vin. Mais quand Raymond Lulle et les autres Philosophes parlent de l'esprit de vin, du vin blanc, du vin rouge, il ne faut pas les prendre à la lettre ; ils entendent par ces termes le mercure rouge et le mercure blanc qu'ils emploient dans le grand œuvre.

Couronne royale. C'est la pierre parfaite au rouge, et propre à faire la pierre de projection.

Couronne victorieuse. C'est la même chose que Couronne royale. Quelques Philosophes ont cependant donné ce nom à la matière lorsqu'elle commence à sortir de la putréfaction, ou de la couleur noire ; parce qu'ils disent qu'alors la mort est vaincue, et que leur Roi triomphe des horreurs du tombeau, et de l'empire des ténèbres.

Couvercle du vase. C'est le noir plus noir que le noir même, ou la matière parfaitement dissoute, et dans une entière putréfaction.

Crachat de la Lune.
C'est la matière de pierre philosophale avant sa préparation. Les Sages donnent aussi ce nom à leur mercure préparé.
      Plusieurs Chymistes ont donné le nom de Crachat de la Lune, ou Sputum Lunæ, au flos cœli, et ont travaillé avec lui, comme sur la véritable matière du grand œuvre ; et il est vrai que ce flos cœli est bien capable d'induire en erreur. Il est assez difficile de décider de sa nature. C'est une espèce d'eau congelée, sans odeur et sans saveur, ressemblant à une fraise de peau verte, qui sort de terre pendant la nuit, ou d'abord après la cessation d'un grand orage. Dans les plus grandes chaleurs, cette matière conserve une froideur très grande quand on la tient à l'ombre. Sa matière aqueuse est très volatile, et s'évapore à la moindre chaleur à travers une peau extrêmement mince qui la contient. Elle ne se dissout ni dans le vinaigre, ni dans l'eau, ni dans l'esprit de vin ; mais si on renferme le flos cœli tout nouveau dans un vase bien scellé et luté, il s'y dissout de lui-même en une eau extrêmement puante, sentant comme les excréments humains, très corrompus, ce qui manifeste une abondance de soufre volatil. Au commencement de la dissolution, l'eau dans laquelle se résout cette matière, paraît de couleur bleu céleste, puis violette, ensuite rouge, pourprée, et s'éclaircissant après cela, elle devient couleur d'aurore, et enfin ambrée couleur d'or. La pellicule surnage très longtemps dans cette eau; et il se précipite au fond du matras, dès le commencement de la dissolution, une espèce 4e poudre blanche comme de l'amidon. Mais pour cela il faut avoir cueilli le flos cœli avant le lever du soleil, et l'avoir nettoyé exactement, morceau à morceau, de toute la terre et autres matières étrangères qui pourriraient s'y être attachées. Plusieurs personnes m'ont assuré qu'on faisait avec le flos cœli un excellent remède pour guérir un nombre de maladies. Il faut avoir soin de ne point toucher ni cueillir le flos cœli avec aucun métal, mais seulement avec du bois ou du verre.

Craie blanche. Matière de l'Art parvenue au blanc.

Craie noire. Matière pendant la putréfaction.

Crète (Ile de) dans laquelle fut élevé Jupiter. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 4.

Créthée. Fils d'Eole, père d'Eson et d'Amythaon. Voyez le livre 2, chap. 1, des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Crible. Les Philosophes ont donné ce nom à leur aimant ou corps imparfait, qu'ils ont aussi appelé Argent-vif d'Occident, et assez souvent Mercure des Philosophes, coagulé et non fixe ; c'est la même matière qu'ils ont nommée Dragon Babylonien, Lion vert, Vinaigre très aigre, Eau de la mer, Feu secret, Saturnie végétale, Herbe triomphante qui croît sur les montagnes; mais proprement leur Lune, Sœur et femme du Soleil, son Ombre, Eve, Beya, Fille de Saturne, et Vénus; enfin leur Femelle.

Cribler. C'est cuire la matière, et la purifier par la sublimation philosophique.

Crocodile. Les Chymistes Hermétiques, à l'imitation des Egyptiens, ont mis le crocodile dans leurs hiéroglyphes, pour symbole de la matière de leur œuvre ; parce qu'il vit sur terre et dans l'eau, et que leur matière est aussi eau et terre alternativement.

Crocomma. Marc de l'huile.

Crocus. Jeune homme, qui étant devenu éperdument amoureux de la Nymphe Smilax, fut changé en une plante que nous nommons safran. Les Chymistes Hermétiques ont quelquefois appelé Crocus, ou safran, leur matière fixée au rouge-orangé.

Croix. Les croix, en Chymie vulgaire, sont des caractères qui indiquent le creuset, le vinaigre, et le vinaigre distillé. Mais en fait de Science Hermétique, la croix est, comme chez les Egyptiens, le symbole des quatre éléments. Et comme la pierre philosophale est, disent-ils, composée de la plus pure substance des éléments grossiers, c'est-à-dire, de la substance même des éléments principes, ils ont dit : in cruce salus, le salut est dans la croix ; par similitude du salut de nos âmes rachetées par le sang de Jésus-Christ attaché sur l'arbre de la croix. Quelques-uns d'entre eux ont même poussé la hardiesse plus loin, et n'ont pas craint d'employer les termes du nouveau Testament pour former leurs allégories et leurs énigmes. Jean de Roquetaillade, connu sous le nom de Jean de Rupe Scissa, et Arnaud de Villeneuve disent dans leurs ouvrages sur la composition de la pierre des Philosophes : il faut que le Fils de l'Homme soit élevé sur la croix avant que d'être glorifié ; pour désigner la volatilisation de la partie fixée et ignée de la matière. Jean de Dée, Anglais, a fait dans son traité de l'œuvre des Sages, une comparaison très étendue de la pierre philosophale, avec le mystère de notre Rédemption. Son traité a pour titre : Monas Hieroglyphica.

Crybtit. Soufre. Voyez Kybric.

Cryptographie. Art d'écrire en caractères non apparents, ou inconnus, ou défigurés, qu'on appelle communément écriture en chiffres. Cette manière d'écrire est en usage particulièrement parmi les Ambassadeurs des Princes, afin que si leurs lettres étaient interceptées, on ne puisse pas déchiffrer ce qu'elles contiennent. Chacun peut se former une cryptographie à sa guise. Cardan, Trithème, Schot, Kircher, Porta et plusieurs autres ont fait des traités sur cet Art.
      Les Philosophes Hermétiques, toujours attentifs à cacher le secret de leur Art, ont quelquefois usé de ce moyen dans les ouvrages qu'ils ont faits sur la manière de procéder dans les opérations du grand œuvre. Ce sont eux qui ont inventé les caractères qui sont en usage encore aujourd'hui dans les livres de Chymie, pour signifier tant les drogues que les opérations requises pour leurs préparations. On trouve ces caractères chymiques, avec leur explication, dans presque tous les ouvrages modernes qui traitent de la Chymie vulgaire ; je crois qu'il est inutile de les rapporter ici, d'autant plus qu'on les trouve rarement dans les traités Hermétiques qui nous restent. Mais comme on y voit quelquefois d'autres caractères, et des manières d'écrire et de s'exprimer qui ne sont pas ordinaires, j'en insérerai quelques exemples dans cet article. Cubit. Terre ou soufre rouge des Sages.

Cucurbite. Fourneau secret des Philosophes ; quelquefois le vase qui contient la matière du fourneau secret, dans lequel se cuit et se digère la matière de l'art Hermétique.

Cuire. C'est laisser agir la matière unique dans son unique vase, par le feu philosophique, sans jamais y toucher, jusqu'au point connu des Sages ; c'est-à-dire jusqu'à la perfection de chaque opération, ou disposition, pour s'expliquer comme Morier.

Cuivre et Laiton, ou Leton. Matière au noir, qu'il faut blanchir.

Curcum. Curcuma.

Curètes. Peuples de l'île de Candie, qu'on nommait autrefois l'île de Crète. On a souvent confondu les Curètes avec les Corybantes et les Dactyles ; on les a aussi appelés Idéens, à cause du fameux mont Ida qui se trouve dans cette île. Comme les Anciens entendaient par les Curètes la même chose que par les Corybantes, voyez l'article de ces derniers.

Cyane. Nymphe de Sicile, fut changée en la fontaine de ce nom par Pluton, parce qu'elle avait mis quelques obstacles à l'enlèvement de Proserpine. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 4, chap. 3.

Cyanées. Deux îles autrement appelées Symplegades, qui se trouvent à l'entrée du Pont-Euxin. Les Argonautes passèrent entre ces deux écueils, qui se heurtaient l'un contre l'autre, à ce que dit la Fable. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 2, chap. 1.

Cybèle. Mère des Dieux et des Hommes. Hésiode la fait fille du Ciel et de la Terre, et femme de Saturne. Cette Déesse avait plusieurs noms; on l'appelait Ops, Proserpine, Cérès, Isis, Rhée. On la représentait ayant une couronne sur la tête, formée de plusieurs tours, et une clef à la main, assise dans un char traîné par quatre lions. Voyez Isis, Cérès, Rhée, dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 1, chap. 4 ; livre 4, chap 2 et 3 ; livre 3, chap. 4.

Cycima. Litharge.

Cyclopes. Géants nés du Ciel et de la Terre, selon Hésiode ; de Neptune et d'Amphitrite, suivant Euripide. Les Poètes nous les ont représentés comme ministres de Vulcain pour le service de sa forge. Ils n'avaient qu'un œil rond au milieu du front.
      Apollon, pour se venger de ce qu'ils avaient forgé les foudres dont Jupiter frappa Esculape, les tua à coups de flèches, ce qui fut cause que Jupiter le bannit du Ciel. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, dans les chapitres de Vulcain et d'Apollon.

Cydar. Etain, ou Jupiter.

Cygne. Oiseau dont le plumage est d'une blancheur éblouissante. Il était consacré à Vénus et à Apollon. Les Philosophes Hermétiques l'ont très souvent pris pour le symbole de leur matière parvenue au blanc.

Cygnus. La Fable fait mention de plusieurs personnages de ce nom, l'un frère ou proche parent de Phaëton, l'autre fils de Neptune, tous deux changés en cygnes. Ce qui signifie la même chose quant au sens hermétique ; puisque, comme fils de Neptune, il est sorti de l'eau mercurielle, ou mer philosophique, qui étant le principe de l'Apollon des Sages, père de Phaëton, le frère de celui-ci ne saurait manquer d'être aussi très proche parent du premier. On les dit tous deux changés en cygnes, parce que tant dans la première opération que dans la seconde, la matière doit passer du noir à la couleur blanche. Dans la première opération se fait la métamorphose du fils de Neptune, et dans la seconde celle du frère de Phaëton.
      Il y a encore un troisième Cygnus, fils de Mars. Hercule tua celui-ci, et emmena son fils Hylas dans le temps de l'expédition pour la conquête de la Toison d'or. Tuer ou fixer le volatil sont une même chose dans le sens des Philosophes. Ainsi changer le fils de Neptune en cygne, ou tuer Cygnus, ne sont qu'une et même chose, parce que la couleur blanche ne se manifeste que lorsque la matière se fixe dans la première opération. Dans la seconde, le fixe qui avait été volatilisé par la dissolution et la putréfaction, se fixe une seconde fois en parvenant au blanc. Hercule emmené avec lui Hylas dans la conquête de la Toison d'or ; cet Hylas est l'enfant philosophique, dont Hercule prend soin jusqu'à la perfection de l'œuvre, qui est proprement la conquête de la Toison d'or.

Cyllène. Montagne d'Arcadie sur laquelle Maïa mit Mercure au monde, d'où il fut nommé Cyllénien. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 3, chap. 4, par. 1.

Cynabar. Cinabre.

Cynocéphale. Espèce de singe ayant la tête de chien. Les Egyptiens révéraient beaucoup ce monstre, parce que les Prêtres leur faisaient entendre que c'était Osiris ; pendant que ces mêmes Prêtres ne regardaient Osiris que comme le symbole de la partie de la matière du grand œuvre qu'ils appelaient le Mâle, le Soufre, le Soleil, etc. Mais ils n'en agissaient ainsi que pour cacher au vulgaire les mystères de ce prétendu Osiris, qui leur étaient confiés sous peine de la vie. C'est ce qui engagea Démocrite Abdéritain de se faire recevoir au nombre de ces Prêtres, pour apprendre les secrets de la vraie Chymie, cachés sous les figures hiéroglyphiques des Egyptiens. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 1, sect. 3, c. 7.




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