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Henri Cornélis Agrippa

Sa vie et son oeuvre d'après sa correspondance
Joseph Orsier
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C. W. L. - Même au point de vue superficiel et entièrement physique, La Voix du Silence (2) est l'un des ouvrages les plus remarquables de notre littérature théosophique, - que nous considérions son contenu, son style ou son origine; lui donnons-nous une étude plus attentive et avons-nous recours à l'investigation clairvoyante, notre admiration reste la même. Nous ne commettons pas l'erreur d'y voir un texte sacré, dont il faut accepter aveuglément chaque mot. Rien de semblable car - nous le constaterons tout à l'heure - diverses erreurs et méprises secondaires s'y sont glissées. Par contre, toute personne qui pour cette raison considérerait l'ouvrage comme indigne (le confiance et mal composé, commettrait une erreur moins excusable encore. NI"' Blavatsky était toujours très disposée à reconnaître et même à souligner le fait que dans toutes ses oeuvres se rencontrent des inexactitudes. Dans les premiers temps, quand nous y trouvions telle improbabilité manifeste, nous la mettions assez naturellement de côté, avec respect, pensant que c'était là une de ces inexactitudes. Une étude plus approfondie nous ayant prouvé que, dans un nombre de cas surprenant, M"" Blavatsky avait en somme raison, nous apprîmes bientôt, l'expérience aidant, à nous montrer beaucoup plus prudents sur ce point et à nous fier à ses connaissances extraordinairement étendues et complètes dans les sujets les plus divers et les plus ignorés. Il n'y a -pas lieu cependant de soupçonner dans une évidente faute d'impression un sens caché, comme l'ont fait certains étudiants trop crédules. N'hésitons pas à reconnaître que la profonde érudition de notre grande fondatrice en matière d'occultisme, (1) Ces chiffres romains en italiques indiquent le numéro du chapitre de l'édition anglaise Talks on the Path of Occultism. (2) La Voix du Silence, fragments choisis du Livre des préceptes d'or, à l'usage journalier des lanous (disciples), traduit et annoté par H. P. B. Traduit de l'anglais par Amnaravella. Paris, 1899 (N. D. T.). ∎ lui est possible qu'en employant un corps fait de matière physique. De même, s'il veut se manifester dans le monde astral, il a besoin d'un véhicule astral, car le corps physique y est inutile et même invisible, tout comme le corps astral est invisible à nos yeux physiques. De même encore, l'homme doit faire usage (le son corps mental pour vivre sur le plan mental. Développer la faculté psychique, c'est apprendre à employer les sens de nos divers corps. Un homme ne peut-il se servir que de ses sens physiques, il voit et entend uniquement les choses (lu monde physique; apprend-il à faire usage des sens de son corps astral, il peut de plus voir et entendre les choses du monde astral. Il s'agit tout simplement d'apprendre à répondre à (les vibrations additionnelles. Examinez, dans un traité de physique quelconque, la table des vibrations; vous verrez que beaucoup d'entre elles n'éveillent en nous aucune réponse. Quelques-unes s'adressent à nos oreilles, et nous les entendons comme ondes sonores; d'autres impressionnent nos yeux, et nous les appelons rayons lumineux. Cependant, entre ces deux catégories, comme au-dessus et au-dessous d'elles, prennent place des milliers d'autres oscillations qui n'exercent aucune influence sur nos sens physiques. Il est possible à l'homme de se développer de telle sorte qu'il devienne sensible à toutes ces ondulations de l'éther, et même de matière plus raréfiée que l'éther. Nous appelons clairvoyant ou clairaudient l'homme qui a fait cela, parce que chez lui, la vue et l'ouïe sont plus étendues que chez un homme non développé. Les avantages présentés par un semblable développement de la vision intérieure sont considérables. L'homme qui la possède se trouve disposer d'un monde nouveau et bien plus vaste ou, en termes plus exacts,, il constate que le monde où il a toujours vécu présente (les extensions et des possibilités de tout genre, complètement inconnues jusqu'alors. Ses études ont pu lui faire connaître la présence, partout autour de lui, d'une vie non-physique immense et complexe - règnes de devas et d'esprits de la nature - multitudes humaines qui, durant le sommeil ou après la mort, ont abandonné leurs corps physiques - énergies et influences les plus diverses qu'il suffit de comprendre pour être capable de les évoquer et de les employer mais voir tout cela personnellement au lieu de se borner à y croire, l'étudier directement et le soumettre à l'expérience, voilà qui enrichit l'existence et lui donne beaucoup plus d'intérêt. L'homme capable de suivre ainsi, sur des plans supérieurs, les résultats de sa pensée et de son action, devient par cela même plus susceptible d'agir et plus utile. Les avantages conférés par un semblable épanouissement de conscience sont évidents. Mais le revers de la médaille? M"" Blavatsky mentionne les dangers de ce développement qui comporte deux genres, l'inférieur et le supérieur. Occupons-nous d'abord du premier. Tout renseignement d'origine extérieure parvient à l'homme au moyen de vibrations; celles de l'air transmettent à ses oreilles les sons; celles (le la lumière présentent à ses yeux divers spectacles. S'il voit des objets et des êtres vivants appartenant aux mondes astral et mental, ce ne peut être que par l'impact de vibrations astrales et mentales sur les corps respectivement capables d'y répondre, car l'homme voit le monde astral uniquement par les sens de son corps astral et le inonde mental par ceux de son corps mental. Dans chacun de ces mondes, comme dans celui-ci, existent des types de matière plus ou moins grossiers et plus ou moins fins. Généralement parlant, les radiations des types plus subtils sont désirables, celles des plus grossiers ne le sont décidément pas. L'homme possède en soi les deux genres de matière; par suite, il est capable de répondre à toutes les vibrations, supérieures ou inférieures; à lui de choisir. S'il exclut toutes les influences inférieures et n'accepte que les supérieures, celles-ci peuvent lui être d'un grand secours, même sur les niveaux astral et mental. Cependant, M"' Blavatsky n'admet pas ces dernières, même comme aides temporaires; elle les réunit sous l'appellation « énergies psychiques et mentales inférieures grossières » et nous invite à nous élancer vers (les plans bien plus élevés, où ne sont plus à craindre les illusions de la personnalité. Elle juge sans doute que les dangers du développement psychique ordinaire ne sont pas compensés par ses avantages mais, comme à un moment donné, l'évolution du disciple s'accompagne toujours d'un certain degré (le développement semblable, elle nous prévient que sur divers points une extrême circonspection s'impose. Personnellement, au cours des quarante années écoulées depuis que NI Blavatsky écrivait ces lignes, nous avons pu constater chez plusieurs étudiants la nature de ces dangers. C'est d'abord l'orgueil, et il compte pour beaucoup. La possession d'une faculté qui, bien que l'héritage de toute l'humanité, est encore très rarement manifestée, inspire souvent au clairvoyant novice l'idée qu'il est (ou, plus souvent encore., qu'elle est) très au-dessus de son prochain, choisi par le Tout-Puissant pour accomplir une oeuvre d'importance mondiale, doué d'un infaillible discernement, choisi et placé sous la direction des anges pour fonder une dispensation nouvelle, et ainsi de suite... Rappelez-vous que, de l'autre côté du voile, se trouvent toujours en grand nombre des entités folâtres et malicieuses, qui ne demandent qu'à encourager toutes ces illusions, à refléter toutes ces pensées et à leur donner corps et de remplir tout rôle d'archange ou d'esprit directeur qui leur est suggéré. Par malheur il est extrêmement facile de persuader à l'homme moyen qu'il n'est pas au fond le premier venu, mais au contraire tout à fait digne de recevoir une révélation spéciale, même si ses amis, aveugles ou prévenus, ont jusqu'alors trouvé moyen de ne pas l'apprécier à sa juste valeur. Un autre danger, peut-être le plus grand parce qu'il engendre tous les autres, est l'ignorance. Si le clairvoyant connaît un peu son sujet, s'il comprend un peu les conditions spéciales des autres plans que pénètre maintenant sa vision, comment pourrait-il se croire la seule personne qui ait jamais été l'objet d'une telle faveur, ni se dire avec complaisance qu'il est infaillible. Mais s'il est, comme tant d'autres, profondément ignorant de l'histoire, des conditions particulières et de tout le reste, il est exposé d'abord à commettre erreur sur erreur au sujet de ce qu'il voit, ensuite à s'offrir en proie facile à tous les genres d'entités rusées et trompeuses du plan astral. Il n'a aucun critérium lui permettant de juger ce qu'il voit ou croit voir, aucune façon de mettre à l'épreuve ses visions ou ses communications, par suite aucun sentiment des proportions ni des convenances; d'une maxime tirée d'un cahier d'écolier, il fait un fragment (le la sagesse divine et de la dernière des platitudes un message angélique. D'autre part, n'ayant même pas une connaissance élémentaire (les sujets scienti fiques, il est souvent incapable de comprendre ce que ses facultés lui permettent de distinguer et, en conséquence, formule gravement les plus grossières absurdités. Le troisième danger est celui de l'impureté. L'homme aux pensées, à la vie., aux intentions pures, exempt d'égoïsme, se trouve par cela même garanti contre l'influence des entités indésirables appartenant à d'autres plans. Rien en lui pour leur donner prise; elles ne peuvent se servir de lui. Par contre, toutes les bonnes influences entourent naturellement cet homme : elles s'empressent de l'employer comme canal de leur action, ce qui élève autour de lui une nouvelle barrière qui le préserve de tout ce qui est vil, bas et pervers. Au contraire, l'homme dont la vie ou les motifs sont impurs attire inévitablement tous les pires éléments du inonde invisible qui l'entoure de si près; il est disposé à leur répondre; quant aux forces du bien, elles ne peuvent guère faire la moindre impression sur lui. Mais un clairvoyant conscient de tous ces dangers, qui s'efforce (le les éviter, se donne la peine d'étudier l'histoire de la clairvoyance et son analyse raisonnée, et joint des motifs purs à l'humilité du coeur - cet homme-là peut assurément acquérir beaucoup de connaissances, grâce aux facultés qui viennent de naître en 'lui et en tirer le plus grand profit pour l'accomplissement de sa tâche. Les Siddhis sont énumérés fort longuement dans le troisième chapitre des Yoga Soutras de Patanjali; ils s'acquièrent, dit cet auteur, de cinq façons - de naissance, par les stupéfiants, par les mantras, par tapas et par samadhî. Nous sommes nés dans tel ou tel corps; il est le résultat de nos actions au cours d'incarnations précédentes et, si la nature nous a pourvus de facultés psychiques, nous pouvons être certains d'avoir., d'une façon quelconque dans nos vies passées, cherché à les acquérir. De nos jours, beaucoup de clairvoyants chez lesquels la faculté a été facilement éveillée sans pour cela coïncider avec une bien haute spiritualité, ont passé jadis par des expériences comme celles des vestales en Grèce ou à Rome; (les yogis indiens peu élevés ou même des hommes-médecine » chez les diverses tribus à demi sauvages, enfin des « femmes sages » du moyen âge; à cet égard, la diversité a toujours été très grande. Ce qu'il adviendra de ces clairvoyants, la direction donnée à leurs vies spirituelles, tout cela dépend surtout des personnes avec lesquelles leur Karma les met en rapport. Si ce Karma est assez bon pour les amener à la Théosophie, ils auront l'occasion d'acquérir quelques notions concernant ces facultés naissantes et de recevoir dans l'Ecole ésotérique un entraînement destiné à leur inculquer, avec les qualités de caractère préliminaires, la pureté physique et magnétique prescrite par tout véritable occultiste; aussi, un peu plus tard, pourront-ils développer sans danger leurs facultés psychiques et rendre de grands services à l'humanité. Si, d'autre part, ils viennent à connaître le spiritisme, ils risquent fort de s'engager dans une direction qui souvent conduit à la médiumnité passive, c'est-à-dire tout le contraire de notre but. Certains demandent au pseudo-occultisme des pouvoirs magiques, afin (le satisfaire leur ambition personnelle, chemin qui présente les plus sérieux dangers. Tantôt ces personnes se mettent dans une condition passive et invitent des entités inconnues, appartenant au monde astral, à s'emparer de leurs auras et de leurs organes, afin de s'en servir; tantôt elles se livrent à diverses pratiques de hatha yoga (il s'agit principalement de méthodes respiratoires) qui, malheureusement, se sont beaucoup répandues dans le monde occidental depuis une trentaine d'années. De ces pratiques résultent souvent des désordres graves, mentais et physiques.- Quant au contact obtenu avec les mondes intérieurs, c'est tout au plus s'il dépasse les niveaux astrals inférieurs, dont on ne peut attendre aucune influence édifiante. Au sujet de la seconde méthode ou emploi des drogues, il existe une note de Vyasa, dans son commentaire des Yoqa Soutras, (lisant qu'elles sont employées « dans les maisons des asouras » afin d'éveiller les siddhis. Les asouras sont le contraire des souras et l'on peut traduire à peu près ce terme par « les impies »: les souras sont les êtres du côté divin; ils travaillent à l'évolution ascendante voulue par Dieu. Patanjali ne recommande pas cette méthode: il se borne à énumérer les manières dont peuvent s'acquérir les siddhis. En étudiant les Soutras, on constate qu'il approuve uniquement la dernière des cinq méthodes citées par lui celle qui est basée sur le samadhi ou contemplation. Nous pouvons comprendre jusqu'à un certain point l'action des drogues sur le corps lorsqu'elles sont employées pour éveiller les facultés psychiques, si nous nous rappelons que dans la quatrième race-mère la clairvoyance par le système nerveux grand sympathique était très répandue. A cette époque, l'enveloppe astrale, trop peu organisée pour servir de corps ou véhicule de conscience, répondait d'une façon générale aux impressions produites par les objets du plan astral. Les impressions se reflétaient dans les centres sympathiques du corps physique si bien (lue, dans le corps, la conscience recevait simultanément les impressions astrales et physiques et souvent sans pouvoir les distinguer. A vrai dire, dans les premiers âges de cette race et de la race lémurienne, l'activité (lu système sympathique dépassait de beaucoup celle du système céréhrospinal; les expériences astrales jouaient donc un plus grand rôle que les expériences physiques. Depuis lors, le système cérébro-spinal est devenu dans le corps physique le mécanisme de conscience le plus puissant; par conséquent. l'homme a tourné de plus en plus son attention vers les expériences du plan physique qui s'imposaient à lui avec une insistance croissante. Enfin, pour cette raison, le système sympathique a cessé progressivement de jouer son ancien rôle de pourvoyeur d'impressions; son rôle actuel est d'assurer, sans intervention de 1.9 volonté, de nombreuses fonctions organiques dont l'homme n'a plus à s'occuper, sa vie étant mentale, émotionnelle et spirituelle plutôt que physique. L'emploi des drogues présente donc un double inconvénient : non seulement elles troublent les fonctions normales de notre corps et rendent au système sympathique une prédominance indue, mais encore, au point de vue de l'acquisition des facultés psychiques, elles se bornent à réveiller ce système nerveux et à rendre de nouveau à la conscience physique la possibilité d'enregistrer les impressions venues du monde astral. Celles-ci procèdent en général de la région inférieure (le ce plan, où se trouvent réunies toute la matière astrale et toute l'essence élémentale dont le rôle est d'exciter les passions et les désirs les moins relevés; elles procèdent parfois de régions un peu plus hautes, dans la gamme des joies sensuelles, comme celles que nous trouvons décrites dans Monte Cristo, le célèbre roman de Dumas, ou dans les Confessions d'un mangeur d'opium, de Quincy; cependant, elles ne valent guère mieux que les autres. Tout cela est absolument opposé au plan d'évolution arrêté pour l'humanité. Chacun est destiné à acquérir la clairvoyance et autres facultés semblables mais pas de cette façon-là. D'abord, doivent être développés les corps astral et mental afin que, sur leurs plans respectifs, ils puissent servir de véhicules de conscience. Ensuite peuvent être éveillés les Chakras du double éthérique; ceux-ci permettront aux connaissances précieuses acquises au moyen de ces corps supérieurs d'être amenées clans la conscience du plan physique. Mais tout cela ne doit s'effectuer qu'au moment et de la façon conseillés par le Maître. Rappelezvous dans Aux pieds du Maitre le passage où l'Instructeur dit : « Ne désirez pas les pouvoirs psychiques ». La troisième méthode mentionnée consiste à employer les mantras. Ce nom est donné à certaines formules de pouvoir usitées pendant la méditation ou dans les rites cérémoniels et dont la répétition est souvent constante. On les trouve dans les rituels chrétiens aussi bien qu'en Orient, comme nous l'avons expliqué dans La Science des Sacrements. Beaucoup de religions emploient donc certains sons et les associent à des images, à des symboles, à des signes et à des gestes, quelquefois à des danses. Le mot lapas, désignant la quatrième méthode est souvent associé à une extrême austérité, voire même aux tortures que l'on s'impose, consistant par exemple à tenir le bras étendu jusqu'à se qu'il se dessèche ou bien à s'étendre sur des pointes. Ces pratiques développent certainement la volonté, mais on peut arriver au même résultat par des méthodes différentes et préférables. Ces méthodes de hatha yoga ont le grand inconvénient d'empêcher le corps physique d'être mis au service (le l'humanité, alors que pour l'ouvre du Maître rien n'est plus important. La volonté se développe tout aussi bien en tenant tête aux difficultés de l'existence que nous imposent la nature et le Karma; il n'est pas nécessaire de nous en créer d'autres. Dans la Gita, Shri Krishna s'élève en termes énergiques contre la superstition « Les hommes qui accomplissent de sévères austérités, non ordonnées par les Ecritures, pleins de vanité et d'égoïsme, entraînés par la force de leurs désirs et de leurs passions, dénués d'intelligence, tourmentant les éléments qui forment le corps et Me tourmentant Moi aussi, qui réside dans le corps intérieur, sache que ces hommes sont asouriques (démoniaques) dans leurs intentions (1). » De pareilles absurdités ne peuvent constituer le vrai tapas. Ce mot signifie littéralement « chaleur ; s'il est appliqué à la conduite humaine, l'équivalent qui s'en rapproche le plus en français est peut-être le mot ,~ effort ». Sur ce point la doctrine paraît signifier réellement : « Faites pour le corps ce que vous savez être bon pour lui, sans tenir compte du, simple bien-être. Que la paresse, l'égoïsme ou l'indifférence ne vous empêchent pas de faire tout ce que vous pouvez pour maintenir votre personnalité en santé et en état de bien remplir la tâche qu'elle devrait entreprendre dans le monde (2). » Shri Krishna dit dans la Gita: La vénération des Etres Radieux, de ceux qui sont deux fois nés, des gourous et (les sages, la pureté, la droiture, la chasteté et l'innocence,, sont considérés comme l'austérité du corps. « La parole qui ne cause pas d'ennui, vraie, agréable et utile, ainsi que les Ecritures Saintes, sont considérées comme étant l'austérité de la parole. « La joie mentale, l'équilibre, le silence, la maîtrise de soi, la pureté intérieure, sont ce que l'on appelle l'austérité de l'âme (3). » Ces définitions données par Celui que la plupart des Hindous regardent comme la plus grande incarnation de la Divinité, n'ont rien de commun avec les affreuses pratiques dont nous voyons parfois de si tristes exemples. C'est le cinquième moyen - le samadhi - que conseille le Livre des Préceptes d'or et, comme dans les Yogas Soutras et autres ouvrages classiques semblables, le samadhi doit être entrepris après dharana et dhana, c'esta-dire, suivant la traduction ordinaire, après* la concentration et la méditation, tandis que samadhi signifie la (1) Op. cit., XVII, 5-6. (2) Voy. Raja Yoga, par Ernest Wood, p. 18. (3) Op. cit., XVII, 14-16. contemplation. La traduction, par un seul mot, d'une expression sanscrite laisse souvent à désirer. Les mots sanscrits, au cours des âges, ont acquis une merveilleuse complexité; leur signification s'est enrichie de nuances nombreuses que ne peut rendre aucune expression anglaise. La seule manière de les comprendre est d'étudier les termes sanscrits dans leur contexte et dans les ouvrages anciens. Les siddhis peuvent se diviser en deux classes, non seulement comme supérieurs et inférieurs, mais aussi comme facultés et comme pouvoirs. Le monde agit sur nous par les sens, par nos facultés visuelle, auditive, etc., mais à notre tour nous agissons sur le monde. Cette dualité se retrouve dans nos activités hyperphysiques. Nous recevons des impressions par les facultés nouvellement acquises de nos véhicules astral et mental; niais par elles, nous pouvons également agir. Les ouvrages hindous mentionnent habituellement huit siddhis : 1) anima, le pouvoir de se mettre à la place d'un atome - de devenir assez petit pour arriver à étudier cette chose minuscule; 2) mahilna, le pouvoir d'assumer des proportions énormes, afin de pouvoir sans désavantage arriver à connaître des choses immenses; 3) laghima, le pouvoir de devenir aussi léger qu'une graine de côton emportée par le ment; 4) garima, le pouvoir d'acquérir la densité et le poids (les objets les plus pesants; 5) prapti, le pouvoir de se déplacer à toute distance, même jusqu'à la lune; 6) prakamya, la force de volonté permettant de réaliser tous les vmux et tous les désirs; 7) ishatwa, le pouvoir de maîtriser et (le créer; enfin 8) vashitwa, le pouvoir de disposer de toutes choses. Ce sont K les grands pouvoirs », mais d'autres encore sont mentionnés, tels que le calme et le rayonnement du corps, -la discipline des sens et des appétits, la beauté, la grâce et ainsi de suite. Dans nos études, nous qui appartenons aux temps modernes, nous envisageons tous ces problèmes à un point de vue trop différent de celui des auteurs hindous qui vivaient il y a plusieurs milliers d'années, pour qu'il nous soit toujours facile de les comprendre. Nous sommes le produit de notre époque et la formation quasi scientifique que nous recevons tous nous impose la nécessité mentale de mettre en ordre nos connaissances. Chacun essaie d'édifier pour son propre usage une théorie générale de l'exis tence, théorie souvent assez naïve, où il cherche à introduire comme dans une niche tout fait nouvellement acquis; y est-il parvenu, il accepte ce fait; dans le cas contraire, il le rejettera sans doute malgré les témoignages les plus probants. Certaines personnes paraissent capables de croire, simultanément et sans en être troublées, à des choses contradictoires; d'autres n'y arrivent pas et trouvent souvent fort pénible d'avoir à reconstruire leur édifice intellectuel pour y admettre un fait nouveau - si pénible qu'assez souvent elles s'en dispensent, en oubliant ou en niant le fait. Nos frères indiens d'autrefois me semblent avoir catalogué leurs observations et en être restés là, sans chercher à les relier entre elles, ni à les rattacher soit aux divers plans où elles ont été recueillies, soit au genre de faculté qui les a rendues possibles. Sur cette liste de siddhis nous n'avons pas de peine à reconnaître le premier et le second pouvoir; il s'agit de modifications du foyer de la conscience; nous les appelons quelquefois pouvoirs d'agrandissement et de diminution; ils comportent l'adaptation de la conscience aux objets dont elle doit s'occuper, tour de force qui n'en est pas un pour l'occultiste instruit, bien qu'il ne soit pas facile sur le plan physique d'expliquer exactement la manière de procéder. Les troisième et quatrième mentionnent la possibilité de se rendre à volonté léger ou lourd; pour y parvenir il faut connaître et savoir employer l'énergie répulsive qui est le contraire de la gravité. Je ne suis pas sûr de la cinquième; peul-être s'agit-il simplement de la faculté de se déplacer dans le corps astral, car la lune dont il est fait mention indique les bornes (le la migration astrale; mais je soupçonne plutôt qu'il s'agit de la faculté de déterminer à distance certains résultats par un effort de 'olonté. Les sixième et huitième ne représentent que d^s développements propres à la force de la volonté, mais des développements très remarquables; il en est de même du septième auquel s'ajoutent les connaissances particulières exigées par la dématérialisation et la rematérialisatioll (les objets. Je ne trouve dans cette liste aucune référence à la clairvoyance, soit dans l'espace, soit dans le temps. Notez que la Voir du Silence ne dit pas (lue les iddhis inférieurs ou appartenant aux corps astral et mental doi- vent être complètement négligés; elle dit simplement qu'ils présentent de sérieux dangers. Nous nous en occuperons tout à l'heure car pour atteindre le haut de l'échelle, il ne faut manquer aucun échelon. Qui veut entendre et comprendre la voix de Nada, « le son muet » doit apprendre la nature de Dharana. Deux notes se lisent au bas de la page Le « son muet » ou la « Voix du Silence ». Littéralement, il faudrait peut-être lire : « la voix dans le sens spirituel », car le mot Nada est l'équivalent sanscrit du terme senzar. Dhâranâ est la concentration intense et parfaite du mental sur quelque objet intérieur de perception, accompagnée d'un complet isolement de tout ce qui appartient à l'Univers extérieur, ou au monde des sens. Le mot traduit ici par concentration a pour racine dhri, tenir. Le mot dharana, terminé par une voyelle brève, signifie tenir ou supporter, dans un sens général, mais nous trouvons ici un substantif féminin spécial se terminant par une voyelle longue; c'est un terme technique signifiant la concentration ou la discipline mentale. On l'interprète quelquefois comme une sorte de concentration ou de réflexion sur une pensée ou sur un objet donnés; d'ailleurs, suivant les ouvrages indiens, ni la méditation, ni la contemplation ne peuvent réussir sans l'exercice préliminaire de dharana. Tant que le mental répond aux appels des plans physique,, astral et mental inférieur, comment pourrait-il entendre le message que l'ego cherche, de ses propres plans supérieurs, à transmettre à la personnalité La concentration est nécessaire afin que l'attention se porte sur l'objet choisi et non sur l'activité incessante des véhicules inférieurs. L'habitude est de commencer la concentration en choisissant des objets simples. On vint trouver un jour Nlm" Blavatsky et lui demander sur quoi il fallait méditer. « Là-dessus! » répondit-elle, en jetant sur la table une boîte d'allumettes - ce qui étonna beaucoup ces personnes; elles s'attendaient à recevoir le conseil de méditer sur Parabrahman ou sur l'Absolu. Il est très important que cette concentration ne s'accompagne d'aucune tension physique. Le Dr Besant nous a raconté que le jour où elle reçut de M" Blavatsky sa première leçon de concentration, elle s'y mit avec une énergie extrême; mais Ni- Blavatsky l'arrêta, en disant : « Ma chère, on ne médite pas avec ses vaisseaux sanguins! » Ce qu'il faut, c'est maintenir la tranquillité mentale on contemple alors l'objet de la pensée avec un calme parfait, tout comme on regarde sa montre pour savoir l'heure - sauf que l'on veille à atteindre, sans la dépasser, la durée prescrite ou décidée pour l'exercice de concentration. On se plaint souvent que la méditation provoque des maux de tête et autres douleurs. Rien de tel ne devrait jamais arriver. En ayant soin de maintenir le corps physique tranquille et libre de toute espèce de tension, même dans les yeux, on constatera probablement que la concentration est beaucoup plus facile et plus efficace, sans aucun trouble ni danger physiques. Ce sujet a inspiré plusieurs auteurs, dont quelques-uns donnent les plus dangereuses indications. Toute personne désirant se documenter à cet égard devrait lire l'ouvrage du Professeur Wood, Concentration. A Practical Course (1). Le Dr. Besant en a dit « II ne contient rien qui, mis en pratique, puisse faire le moindre mal physique., mental ou moral, à la personne qui veut parvenir à la concentration. » Dans sa note, H. P. B. associe dharâna au plan mental supérieur car, dit-elle, le mental doit être fixé sur un objet intérieur et retiré du domaine sensoriel, c'est-à-dire des mondes physique, astral et mental inférieur. Cette prescription concerne le candidat qui déjà suit le Sentier et prend pour but le Samadhi du plan nirvanique ou atmique; pourtant les trois termes concentration, méditation et contemplation sont également pris dans leur sens général. Fixer l'attention sur un texte sacré - c'est se concentrer. L'étudier à tous les points de vue possibles, chercher à en pénétrer le sens, y découvrir une pensée nouvelle ou profonde ou obtenir un éclair d'intuition - c'est méditer. Fixer l'attention, sans faiblir et pendant un temps donné, sur la lumière reçue - c'est contempler. On a défini la (1) La Concentration -- Cours pratique. contemplation comme une concentration pratiquée à l'extrémité supérieure de la ligne suivie par votre pensée ou par votre méditation. Pour commencer, l'étudiant oriental s'exerce communément sur un objet extérieur très simple: d'où sa pensée passe intérieurement, ou s'élève vers un objet supérieur. CI1APITIRE III (XXXII) LE DESTRUCTEUR DU RÉEL Devenu indifférent aux objets de perception, rélève devra chercher le Rajah des sens, producteur de pensée, celui qui éveille l'illusion. Le mental est le grand destructeur (lu réel. Que le disciple détruise le destructeur. Il s'agit là de ce qui doit être fait pendant la concenr tration. Comme l'expliquent les ouvrages hindous relatifs à ce sujet, l'étudiant qui veut se livrer à cet exercice doit, avant de commencer la concentration proprement dite, distraire son attention des objets perçus par les sens; il (toit apprendre à ne prêter d'attention à aucun des spectacles ou des sons assez rapprochés pour lui être perceptibles; il ne doit éprouver d'attraction pour aucune personne ou pour aucun objet qui s'offrent à sa vue ou affectent le toucher; alors il sera prêt à observer les pensées et les sentiments qui surgissent dans le mental lui-même et à s'en occuper. Comme nous l'avons expliqué déjà, les corps astral et mental sont chez la plupart des hommes, dans un état de constante activité; ils présentent une quantité de tourbillons dont la suppression s'impose avant que l'on puisse faire de réels progrès; ils sont la cause des innombrables illusions qui assaillent l'homme moyen, d'où l'extrême difficulté qu'il éprouve à rien juger avec précision. La doctrine de Shri Shankaracharya présente cet axiome : de même que l'œ il physique voit nettement quand il se fixe, mais non quand ses regards sont errants, de même le mental comprend clairement lorsqu'il est calme. Mais si les tourbillons y sont nombreux, ils déformeront inévitablement les objets perçus et ainsi feront naître l'illusion. Le mental est appelé le rajah ou roi des sens. Quelque (1) Op, cit., XV. 7. ne l'empêchait pas d'écrire incorrectement un mot thihétain ou même de se servir mal à propos d'un terme anglais. Dans sa préface elle nous parle de l'origine du livre. Ces éclaircissements furent tout d'abord assez difficiles à accepter, mais des investigations récentes les rendent beaucoup plus compréhensibles. On a souvent donné à ses paroles un sens dépassant sa propre pensée; d'où les affirmations extravagantes qui lui sont prêtées, mais en réunissant tous les éléments d'appréciation. on verra que ces reproches étaient sans fondement. Elle nous dit : Les pages suivantes sont extraites du Livre des préceptes d'or, un des ouvrages que l'on met, en Orient, entre les mains des étudiants du mysticisme. Leur connaissance est obligatoire dans l'école dont les doctrines sont acceptées par nombre (le théosophes. Sachant par cour beaucoup de ces préceptes, il m'a été assez facile de les traduire.» Et plus loin : « L'ouvrage d'après lequel je traduis fait partie de la série où ont été prises aussi les stances (lu Livre de Dzyan qui servent de base à La Doctrine secrète. , Elle dit encore : « Le Livre des Préceptes d'or... contient environ quatre-vingt-dix petits traités distincts. » Tout d'abord, notre interprétation dépassant la pensée de M"' Blavatsky, nous crûmes que cet ouvrage était mis, en Orient, entre les mains (le tous les étudiants et que l'école ., où leur connaissance est obligatoire était l'école même de la Grande Confrérie Blanche. Aussi, avant rencontré des occultistes avancés qui n'avaient jamais entendu parler du Livre des Préceptes d'or, fûmes-nous très surpris et assez disposés à les regarder de travers et à nous demander sérieusement si vraiment ils avaient pris la bonne voie: mais depuis lors, nous avons appris bien (les choses, entre autres un peu plus (le perspective que nous n'en savions au début. Mieux informés également en ce qui concerne les Stances de Dzyan, plus nous devenaient familiers leur texte et leur caractère unique, plus il était évident que, ni La Voix da Silence, ni aucun autre ouvrage ne pouvaient avoir en réalité la même origine. Le manuscrit original (lu Livre de Dzyan est entre les mains du Chef auguste de la Hiérarchie Occulte et nul ne l'a vu. Personne ne sait son âge, mais on croit que la première partie (c'est-(-dire les six premières stances) remonte à une époque antérieure à notre monde: on croit même que ce n'est pas une histoire, mais une série d'instructions - plutôt une formule de création qu'un récit de la création. il en est conservé une copie dans le musée de la Confrérie. la même copie (probablement le plus ancien livre de notre planète) vue par M"" Blavatskv et par plusieurs de ses disciples, si remarquablement décrite par elle dans La Doctrine Secrète. Cependant, le livre présente certaines particularités dont elle ne parle pas. Les pages semblent très fortement magnétisées, car il suffit d'en prendre une en main pour voir passer sous nos yeux les événements qu'elle relate, en même temps l'observateur entend comme une description rythmique de ces événements, et cela dans son propre langage, autant du moins que ce langage est capable d'exprimer les idées de l'auteur. Le texte ne contient aucun mot mais seulement des symboles. En possession de tous ces renseignements, nous ne pouvions apprendre sans surprise qu'un autre ouvrage eût la même origine que les Stances sacrées et notre premier mouvement fut (le croire à une erreur étrange. Cette extraordinaire contradiction nous incita même, tout d'abord., à découvrir l'auteur réel du Livre des Préceptes d'or; cela fait. tout s'expliqua très simplement. Les différentes biographies de M"' Bla'vatsky nous apprennent qu'elle fit au Thibet un séjour de trois ans et qu'une autre fois elle essaya sans y réussir à pénétrer dans cette région interdite. Dans l'un ou l'autre de ces voyages elle semble avoir assez longtemps habité dans les Himalayas un monastère alors dirigé Dar un élève du Maltre Morra. Cette localité doit. il me semble, se trouver au Népâl plutôt qu'au Thihet, mais il est difficile d'en être certain. Là, M"' Blavatsky se livra très assidûment à l'étude et acquit lin développement psychique considérable: à cette époque de sa vie, elle apprit par cour les différents traités dont elle fait mention dans sa préface. Les étudiants de ce monastère particulier sont tenus de les apprendre et ce livre contenant ces fragments y est regardé comme extrêmement précieux et sacré. Ce monastère est fort ancien : il eut pour fondateur, dans les premiers siècles de l'ère chrétienne, le grand prédicateur et réformateur du Bouddhisme généralement connu sous le nom d'Aryasanga. On assure que l'édifice existait déjà deux ou trois siècles avant lui ; quoi qu'il en soit, l'histoire du monastère, en ce qui nous concerne, commence avec le séjour temporaire qu'y fit Aryasanga. C'était un homme dont la puissance et la science étaient grandes, déjà très avancé dans la Voie de la Sainteté. Dans une vie précédente il avait été, comme Dharmajioti, l'un des sectateurs immédiats (le Notre Seigneur le Bouddha et ensuite, sous le nom de Clinias, l'un des principaux disciples de notre Maître Kouthoumi, incarné Lui-même en Pythagore. Après la mort de Pythagore, Clinias fonda dans Athènes une école destinée à l'étude de sa philosophie; plusieurs des membres actuels de la Société Théosophique surent d'ailleurs profiter de cette occasion. Quelques siècles plus tard, il naquit sous le nom de Vasouhandhou Kanoushika, à Peshawar, alors appelé Pouroushapoura. Lors de son admission dans l'ordre des moines, il prit le nom d'Asanga - « l'homme sans entraves >. Quand il fut plus âgé, ses sectateurs, dans leur admiration pour leur chef, lui donnèrent un nom plus long - Aryasanga - sous lequel il est généralement connu comme auteur et comme prédicateur. Il atteignit, dit-on, un àge fort avancé, près (le cent cinquante ans si la tradition dit vrai, et mourut à Rajagriha. Ses ouvrages sont nombreux : le principal de ceux dont il est parlé est le Yogacharya Bhoumishastra. Aryasanga fonda l'école bouddhiste Yogacharva qui semble au début avoir tenté la fusion (lu Bouddhisme et du grand système philosophique dit Yoga, ou peut-être l'emprunt à ce dernier de ce qui pouvait être employé et interprété de façon bouddhiste. Il voyagea beaucoup et joua un rôle capital dans la réforme (lu Bouddhisme; sa réputation grandit au point que son nom est cité avec ceux (le Nagarjouna et d'Aryadeva; ces trois hommes furent nominés les trois soleils du Bouddhisme, à cause (le l'activité avec laquelle ils répandirent dans le inonde sa lumière et sa gloire. Aryasanga vécut approximativement mille ans après notre Seigneur le Bouddha: les érudits européens ne s'accordent pas sur ce point, mais aucun ne croit sa vie postérieure au vii* siècle apr. T.-C. Pour nous, dans la Société Théosophique, il est connu dans sa vie actuelle comme un instructeur particulièrement affable, patient et bienveillant : c'est le Maître Djwal-Koul; Il tient pour nous une place à part, car à l'époque où certains d'entre nous eurent l'honneur de le connaître, c'est-àdire il y a une quarantaine d'années, Il n'avait pas encore atteint le but de l'évolution humaine et reçu l'initiation Aseka. De tous nos Maîtres Il est donc le seul que, dans cette présente incarnation, nous ayons connu avant qu'il ne devînt Adepte, au moment ou Il était l'élève principal du Maître Kouthoumi. Le fait que, dans sa vie d'Aryasanga, il introduisit le Bouddhisme au Tibet, explique peut-être pourquoi il a cette fois choisi un corps thibétain. Peut-être aussi existait-il certaines associations ou liens karmiques dont il voulait se libérer avant de recevoir la dernière initiation - celle de l'Adepte. Au cours de l'un de Ses grands voyages missionnaires, dans Sa vie d'Aryasanga, II Se rendit à ce monastère himalayen et y séjourna; Il y resta près d'une année, instruisit les moines, établissant en général l'organisation religieuse dans une très grande partie du pays et faisant du monastère comme une sorte de quartier général de la foi réformée; Il y laissa une impression et une tradition qui existent encore aujourd'hui. Parmi ses reliques, on conserve un livre auquel s'attache le plus grand respect : c'est le texte appelé par M'°' Blavatsky Le Livre des Préceptes d'or. Aryasanga paraît l'avoir entrepris comme une sorte d'abrégé ou réunion d'extraits, dans lequel Il inscrivait tout ce qu'il jugeait devoir être utile à ses élèves, et tout d'abord les Stances de Dzyan - non pas en symboles, comme dans l'original, mais en langage écrit. Il prit bien d'autres extraits, dont quelques-uns empruntés aux ouvres de Nagarjouna, comme le (lit M'°' Blavatsky. Après son départ ses élèves ajoutèrent au volume une série de comptes rendus (ou plutôt (le sommaires) de ses conférences ou serinons : ce sont les petits traités dont parle M'- Blavatsky. Ce fut Aleyone, dans sa vie précédente, qui prépara et ajouta au Livre des Préceptes d'or les comptes rendus des discours d'Aryasanga, dont trois forment le sujet de notre présente étude. Nous devons donc cet inestimable petit volume au soin qu'il mit à le rédiger, comme dans la vie actuelle nous lui devons son pendant, l'admirable opuscule intitulé Aux pieds du Maitre. Cette vie d'Alcyone commença en 624 apr. J.-C. et s'écoula dans le nord de l'Inde. Alcyone fut dans cette vie-là reçu, encore tout jeune, dans l'ordre des moines bouddhistes; il s'attacha vivement à Aryasanga qui l'emmena dans le monastère du Népàl où il le laissa pour aider et diriger les études de la communauté réorganisée par ses soins; Alcyone s'acquitta de ces fonctions avec le plus grand succès, pendant environ deux ans (1). Si La Voix du Silence prétend à la même origine que les Stances de Dzyan, c'est uniquement parce qu'elle fut copiée dans le même volume. N'oublions pas non plus que si, dans ces traités, nous possédons une bonne partie de la doctrine d'Aryasanga, elle se trouve forcément très colorée par les préventions des hommes qui la recueillirent; ils comprirent mal le réformateur, au moins dans certains passages dont le sens véritable leur échappa. En scrutant l'ouvrage nous y trouverons, çà et là, des passages exprimant tels sentiments qu'Aryasanga ne peut guère avoir éprouvés, et dénotant une ignorance qui ne peut avoir été la sienne. Comme vous le remarquerez, Mme" Blavatsky mentionne la traduction des ,préceptes, ce qui soulève des questions intéressantes; nous savons, en effet, que l'arabe était la seule langue orientale qu'elle sût. Le livre est écrit dans des caractères qui me sont inconnus ; j'ignore aussi la langue employée; celle-ci peut être le sanscrit, le pàli ou quelque dialecte prakrit, ou encore le népàlais ou le thibétain, suais les caractères ne sont pas ceux communément employés aujourd'hui. Il est du moins à peu près certain que sur le plan physique, Mm' Illavatsky n'a pu connaître ni l'écriture ni la langue employée. Pour une personne capable de fonctionner librement dans le corps mental il y a, pour arriver à comprendre un livre, (les méthodes qui n'ont rien de commun avec la lecture ordinaire. La plus simple consiste à lire dans le mental de celui qui a étudié l'ouvrage, mais l'on peut objecter que l'on obtient ainsi, non pas le sens véritable, mais la façon dont il apparaît à l'étudiant, ce qui peut être tout autre chose. Une seconde manière consiste à examiner l'aura du livre ; ce terme exige quelques explications pour les personnes ignorantes du côté occulte de la nature. A cet égard, un manuscrit ancien diffère assez d'un livre moderne. Si ce n'est pas le travail original de l'auteur lui-même, il a en (1) Voy. Les Vies dAlcyone. tout cas été copié textuellement par une personne d'une certaine éducation et d'une certaine intelligence, connaissant le sujet du livre et, sur ce point, ayant ses opinions propres. il faut se rappeler que la copie, généralement faite avec un stylet, est un !procédé presque aussi lent et aussi laborieux que la gravure; le scripteur imprime donc fortement sa pensée sur la copie. C'est pourquoi tout manuscrit, même récent, est toujours entouré d'une certaine aura mentale qui permet d'en comprendre le sens général, ou plutôt l'idée que s'est faite une seule personne et du sens et de la valeur de ce manuscrit. A chaque lecture cette aura mentale s'accroît et, si le manuscrit est étudié sérieusement, l'addition est naturellement considérable et de grande valeur. Un livre qui a passé par de nombreuses mains présente une aura généralement mieux équilibrée, délimitée et complétée par les vues opposées, propres aux nombreux lecteurs. La psychométrie d'un livre semblable procure d'habitude une connaissance assez complète de son contenu, mais avec une marge assez importante représentant des opinions non exprimées dans le livre, opinions qui sont celles des différents lecteurs. Il en est à peu près de même d'un livre imprimé, sauf qu'à l'origine il n'y a pas eu de copiste; au commencement de sa carrière le volume ne présente donc le plus souvent que des fragments sans lien, provenant des pensées du relieur et du libraire. Il semble en outre que peu de lecteurs, à notre époque, apportent à l'étude le même sérieux et la même application que leurs devanciers; voilà pourquoi les formes-pensées entourant un livre moderne ont rarement la précision et la netteté de celles qui entourent les manuscrits anciens. Un troisième procédé, exigeant des facultés d'un ordre supérieur, consiste à se placer complètement au delà (lu livre et du manuscrit et à se mettre en rapport avec le mental de l'auteur. Si le livre est dans une langue étrangère, si le sujet en est complètement ignoré, s'il n'y a point d'aura pour fournir d'utiles indications, il ne reste qu'à remonter le cours de son histoire, à chercher sur quel ouvrage il a été copié lou imprimé, suivant le cas) et ainsi à déterminer sa descendance jusqu'à l'auteur. Si le sujet de l'ouvrage est connu, une méthode moins fastidieuse est celle de soumettre ce sujet à la psychométrie, d'entrer en contact avec le courant de pensée général qui le concerne et ainsi de découvrir l'écrivain particulier et de constater ce qu'il pense. Dans un certain sens, toutes les pensées se rattachant à un sujet donné peuvent être appelées locales, étant concentrées autour d'un point donné de l'espace, si bien qu'en visitant ce point on peut atteindre tous les courants mentais qui se réunissent autour du sujet, bien que, naturellement, ces derniers se rattachent par des millions de lignes à toutes sortes de sujets différents. En admettant qu'à cette' époque ses facultés de clairvoyance aient été suffisantes, Mm" Blavatsky a pu employer une de ces méthodes pour arriver à comprendre le sens des traités formant le Livre des Préceptes d'or mais, sans preuves à l'appui, comment assurer que son travail est une traduction? Restent quelques possibilités assez lointaines. De nos jours, personne, dans ce monastère himalayen, ne parle aucune langue européenne, mais quarante ans au moins s'étant écoulés depuis le séjour qu'y fit Mm° Blavatsky, bien des changements ont dû avoir lieu. On sait que, de temps à autre mais très rarement, des étudiants indiens sont venus puiser à cette source de la science archaïque et, si nous pouvons admettre que la visite d'un de ces étudiants ait coïncidé avec la sienne, peut-être aussi savait-il à la fois l'anglais et la langue du manuscrit ou au moins celle d'autres habitants du monastère, capables de lire personnellement le manuscrit et par conséquent d'en donner lecture à NI" Blavatsky. Enfin, et c'est assez curieux, il n'est pas impossible qu'elle ait reçu dans sa langue maternelle les instructions en question. Des tribus bouddhistes, probablement d'origine tartare, se sont fixées en assez grand nombre en Russie d'Europe, Sur les rives de la Volga. Or, il paraît que leurs membres, pourtant fort éloignés du Thibet en ce qui concerne le plan physique, le considèrent toujours comme leur terre sainte et y font de temps à autre des pèlerinages. Les pèlerins y séjournent parfois pendant plusieurs années, comme élèves, dans les monastères thibétains ou népâlais et, comme l'un d'eux pourrait parler à la fois le russe et son propre dialecte mongol, nous voici en présence d'une façon nouvelle dont Mm" Blavatsky a pu communiquer avec ses hôtes. En tout cas, il est évident que nous ne pouvons nous attendre à une reproduction verbale exacte de ce qui fut dit par Aryasanga lui-même à ses disciples. Dans le recueil archaïque nous ne possédons pas ses paroles, mais bien ce qu'en ont retenu ses disciples et, de ce souvenir, nous n'avons maintenant sous les yeux que la traduction d'une traduction ou le résumé de l'impression mentale générale produite par le sens. Bien entendu, rien ne serait plus facile pour l'un de nos Maîtres, ou pour l'auteur lui-même, de donner une traduction anglaise directe et fidèle mais, comme Mm° Blavatsky déclare nettement que la traduction est d'ellemême, cette manière de faire ne fut évidemment pas adoptée. En même temps, la description que nous a faite un témoin oculaire de la rapidité avec laquelle fut accompli le travail, donne à penser qu'une certaine assistance lui a été rendue, peut-être même à son insu. Voici, sur ce point, le récit du Dr. Besant Elle l'écrivit à Fontainebleau. La plus grande partie du travail se fit quand j'étais auprès d'elle; j'étais assise dans la chambre pendant qu'elle écrivait. Je sais qu'elle n'employait aucun livre. Elle écrivait sans arrêt, pendant des heures, absolument comme si c'était de mémoire ou en lisant un texte invisible. Dans la soirée elle nous montra le manuscrit que je lui avais vu écrire quand j'étais auprès d'elle et me demanda - à d'autres aussi - d'en corriger l'anglais, car elle nous dit l'avoir écrit si vite que le style devait sûrement être défectueux. Or nous n'eûmes à changer que peu de mots à ce texte, qui reste une ceuvre littéraire d'une beauté merveilleuse. Il est enfin possible qu'elle ait fait la traduction anglaise d'avance, pendant son séjour au monastère, et qu'à Fontainebleau elle l'ait lue à distance, ce que dans d'autres occasions je lui ai souvent vu faire. Les six écoles de philosophie hindoue qu'elle mentionne, dans la première page de la préface, sont les écoles Nyaya, Vaisheshika, Sankhya, Yoga, Mimansa et Vedanta. Chaque instructeur, nous dit-elle, a son système à lui, qu'en général il tient très secret. Ceci est naturel, car il ne veut pas assumer la responsabilité des résultats que déterminerait l'essai de sa méthode par toutes sortes de personnes inaptes et mal préparées, inconvénient inévitable si elle était connue. Aux Indes, aucun instructeur digne de ce nom ne se charge 9 d'un élève à moins de le garder sous ses yeux; en lui prescrivant certains exercices, il peut ainsi en surveiller l'effet et les interrompre immédiatement s'ils laissent à désirer. C'est là, en matière d'occultisme, une coutume immémoriale; c'est aussi - on ne peut le contester - la seule façon de progresser véritablement, avec rapidité et sécurité. La première et la plus difficile des tâches imposées à l'élève est de mettre fin au chaos qui règne en lui-même, d'éliminer une foule d'intérêts secondaires et de maîtriser les pensées vagabondes; il doit y arriver par l'incessante pression de la volonté imposée pendant de longues années à tous ses véhicules. L'auteur nous (lit que si les systèmes d'instruction diffèrent en deçà (les Himalayas suivant les écoles ésotériques, au delà ils sont identiques. Soulignons ici le mot ésotériques car, en ce qui concerne la religion exotérique, nous savons que les corruptions et les pratiques magiques perverses sont pires sur le versant nord que sur le versant méridional. Peut-être même pouvons-nous prendre l'expression « au delà de l'Himalaya » dans un sens plus symbolique que strictement géographique et„ comme beaucoup de personnes le supposent, ce serait dans les écoles reconnaissant l'autorité de nos Maîtres que l'enseignement est uniforme. C'est très vrai dans un certain sens - de tous le plus important - mais (lui, sans une explication précise, pourrait égarer le lecteur. Toutes sont identiques en ce sens que, pour toutes, une vie vertueuse est le seul chemin conduisant au développement occulte et la victoire sur le désir la seule manière (le s'en délivrer. Il existe des écoles d'occultisme suivant lesquelles la vertu impose des limitations inutiles; elles enseignent certains genres de développement psychique mais ne se préoccupent en rien de l'usage que pourraient faire ensuite leurs élèves des connaissances acquises. D'autres affirment qu'il faut satisfaire tous les désirs possibles afin de parvenir par la satiété à l'indifférence. Aucune école professant l'une ou l'autre de ces opinions n'est sous la direction de la Grande Confrérie Blanche: dans tout établissement qui se rattache à elle même de fort loin, une vie pure et un but élevé sont le~ conditions premières et indispensables. Dans le paragraphe suivant, la préface contient deux des trois inexactitudes minimes dont j'ai parlé. Notre auteur mentionne : « le grand ouvrage mystique appelé Paramdrtha remis, dit-on, à Nagardjouna par les Nâgas Le grand ouvrage de Nagardjouna était intitulé, non Paramàrtha mais Pro jna Paramila - c'est-à-dire la sagesse permettant d'atteindre la rive opposée. Il n'en est pas moins vrai que ce livre traite de la paramartha satya ou conscience du sage qui lui permet (le vaincre l'illusion. Nagardjouna - comme nous le disions tout à l'heure - est l'un des trois grands instructeurs bouddhistes (les premiers siècles de l'ère chrétienne; il mourut, croit-on, en 180 après J.-C. Les Théosophes le connaissent aujourd'hui sous le nom du M s -titre Kouthoumi. Les auteurs exotériques lui donnent parfois pour rival Aryasanga mais, connaissant les relations étroites qui les unissaient en Grèce, dans une existence précédente et de nouveau dans la vie actuelle, nous voyons immédiatement l'impossibilité d'une semblable rivalité. Il est très possible qu'après leur mort leurs disciples aient essayé d'opposer la doctrine de l'un à celle de l'autre comme le font souvent les élèves dans leur zèle peu éclairé; mais nous trouvons la preuve du parfait accord des deux instructeurs dans le fait qu'Aryasanga conserva précieusement une grande partie des oeuvres de Nagardjouna qu'il transcrivit dans le livre d'extraits destinés à ses disciples. Il n'est pourtant pas certain que le Prajna Paramita soit l'aeuvre (le Nagardjouna car,, suivant la légende, le livre lui fut remis par les Nagas ou serpents. M°" Blavatsky voit dans cette appellation un nom donné jadis aux Initiés; elle peut avoir raison, bien qu'il existe une autre possibilité fort intéressante. .J'ai découvert que les Aryens nommaient Nagas ou serpents l'une des grandes tribus ou clans de la sous-race Toltèque (les Atlantes que précédait dans la bataille, en guise d'étendard, un serpent d'or enroulé autour d'une hampe. Ceci peut avoir été un totem ou symbole de tribu ou même simplement l'emblème adopté par une grande famille. Cette tribu ou famille a (lù jouer un rôle capital (tans la colonisation primitive, par les Atlantes, (le l'Inde et (les contrées qui existaient alors au sud-est de la péninsule. Les Nagas sont cités parmi les habitants aborigènes de Ceylan quand Vijaya et ses compagnons y débarquèrent. (in pourrait donc interpréter la légende en disant (tue Nagardjouna reçut le livre d'une race plus ancienne; en d'autres termes que c'est un texte atlante. Si, comme on l'a soupçonné, certains (les Oupanishads proviennent (le la même source, comment s'étonner de l'identité des doctrines constatée dans la même page par M"'° Blavatsky? Le Gnyaneshwari (orthographié 1)hyaneshwari dans la première édition) n'est pas un ouvrage sanscrit; il fut écrit en marathi au treizième siècle de notre ère. A la page suivante, nous trouvons mentionnée l'école yogatcharya (plus exactement yogalchara) du Mahayana. J'ai déjà parlé de la tentative d'Aryasanga, mais quelques mots sur une question très disputée, celle des yanas, ne seront peut-être pas inutiles. L'église bouddhiste contemporaine comprend deux grandes divisions : celle du nord et celle du sud. La première comprend la Chine, le Japon et le Thibet; la seconde règne à Ceylan, au Siam, en Birmanie et au Cambodge. L'église (lu nord passe pour adopter le Mahayana et l'église du sud le Hinayana mais, pour avoir le droit de l'affirmer, il faut s'entendre sur la signification d'un mot qui piète fort à la discussion. }'ana signifie véhicule et l'on est d'accord pour l'appliquer au Dhamma d la Loi), au vaisseau (lui, à travers l'océan (le la vie, nous porte au Nirvàna. Pourtant il existe cinq théories touchant le sens exact qu'il faut donner au mot en question 1. Il se rapporte simplement au dialecte dans lequel fut écrite la Loi. Le Grand Véhicule serait par hypothèse le sanscrit, et le Petit Véhicule le pàli. Cette théorie nie parait insoutenable. 2. Hina semble pouvoir signifier moyen ou facile, autant que petit. On pourrait ainsi regarder l'Hinayana comme le chemin moyen ou plus aisé menant à la libération, l'irréductible minimum de savoir et de bonne conduite indispensable pour l'atteindre. Le Mahayana est la doctrine plus complète et plus philosophique à laquelle s'ajoutent beaucoup (le connaissances relatives aux règnes supérieurs (le la nature. Inutile (le (lire que cette interprétation vient de source Mahayana. 3. Le Bouddhisme, avec l'invariable respect qu'il témoigne aux autres religions, les regarde toutes comme des chemins vers la libération, bien qu'il considère la méthode enseignée par son Fondateur comme la voie la plus courte et la plus sûre. Le Bouddhisme représente alors le Mahayana; de son côté Hinayana comprend le Brahmanisme, le Parsisme, le Jaïnisme et toutes les religions en existence à l'époque où se trouve formulée la définition. 4. Les deux doctrines sont simplement les deux degrés d'une seule - l'Hinayana pour les Shravakas ou auditeurs, et le Mahayana pour les étudiants plus avancés. 5. Il ne faut pas donner précisément au mot yoga le sens primaire de « véhicule », suais plutôt un sens secondaire dont l'équivalent en français est à peu près le mot « carrière ». Selon cette interprétation, le Nahayana propose à l'homme « la grande carrière » consistant à devenir un llodhisattva et à se dévouer au bien du monde; l'Hinayana, au contraire, se borne à lui montrer « la carrière moindre », consistant à régler sa vie de façon à parvenir pour son propre compte au Nirvàna. L'église bouddhiste (lu nord est à celle du sud ce que les Catholiques sont aux Protestants parmi les Chrétiens. L'église du nord ressemble à l'église catholique; elle a amplifié la doctrine de Notre Seigneur le Bouddha; par exemple, elle adopta une bonne part du culte primitif qu'elle trouva dans le pays, comme les cérémonies en l'honneur des esprits de la nature ou forces naturelles déifiées. Quand les missionnaires chrétiens se rendirent parmi les Bouddhistes du nord ils trouvèrent (les cérémonies si pareilles aux leurs qu'ils y virent un plagiat d'inspiration diabolique et, quand il leur fut nettement prouvé que ces cérémonies existaient avant l'ère chrétienne, ils dirent que c'était « un plagiat par anticipation » ! Dans les écritures bouddhistes, comme dans toutes les autres, on trouve des contradictions; l'église du sud s'appuie donc sur certains textes et, craignant toute excroissance, elle ignore les autres textes ou les appelle des interpolations; elle ne présente donc pas autant de largeur que l'église du nord. En voici un exemple. Notre Seigneur le Bouddha, dans Ses sermons, a toujours combattu l'idée, évidemment très répandue à Son époque, que la personnalité pouvait être permanente. De même parmi les Chrétiens, l'idée (lue nos personnalités survivent toujours est très répandue. Mais, tout en enseignant que, de toutes les choses auxquelles s'identifient les hommes, il n'en est pas d'éternelle, Il fit les déclarations les moins équivoques relativement à nos vies successives. Il emprunta des exemples à des vies précédentes et, un roi lui ayant demandé à quoi ressemblait le souvenir d'existences passées, le Bouddha lui répondit: « C'est comme si l'on se rappelait ce que l'on lit hier et les jours précédents en visitant tel ou tel village. » Cependant, l'église du sud enseigne aujourd'hui (lue le Karma seul persiste et non pas l'ego; comme si l'homme après avoir généré dans une vie une certaine somme de Karma devait ensuite mourir, sans qu'il subsiste rien de lui, alors qu'en naissant, une autre personne (levait subir le Karma dont elle n'est pas l'auteur. Les Bouddhistes du sud, tout en enseignant que le Karma seul survit, parlent d'atteindre le Nirvana; si bien que si vous demandez à un moine pourquoi il porte une robe jaune, il vous répond : « C'est pour arriver au Nirvana. » Lui demandez-vous : « Dans cette vie ? » il répond sans tarder « Oh! non, il faudra bien des vies De même, en terminant tout sermon, un moine bénit les assistants en disant: « Puissiez-vous arriver au Nirvana. » Lui demandez-vous encore s'ils y parviendront dans la vie présente, il répond: « Non, il leur faudra (les vies nombreuses. » Ainsi, bien que la doctrine soit tout autre, persiste la croyance courante que la vie individuelle est ininterrompue. Blavatsky consacre deux pages à la question des diverses formes (l'écriture adoptées dans les monastères (le l'Himalaya. En Europe et en Amérique, l'alphabet romain est si répandu, si universellement employé que, pour nos lecteurs occidentaux, il est bon d'expliquer qu'en Orient c'est tout autre chose. Chacun (les nombreux dialectes orientaux - le tamil, le telougou, le cinghalais, le malayalam, l'hindi, le goudjarati. le canarese, le bengali, le birman, le népâlais, le thibétain, le siamois, et bien d'autres encore - a son propre alphabet et son écriture spéciale. La personne qui emploie l'un (le ces dialectes lorsqu'elle cite un texte étranger, emploie pour cela ses propres caractères. De même un écrivain anglais, avant à citer une phrase allemande ou russe l'écrirait sans doute, non pas en caractères allemands ou russes, mais en caractères romains. Quand il s'agit d'un manuscrit oriental, deux points sont donc toujours à considérer : le langage et les caractères; il s'en faut qu'ils soient toujours d'accord. Si j'examine, à Ceylan, un livre en feuilles de palmier, il présente - c'est à peu près certain - les beaux caractères cinghalais, mais il ne s'ensuit pas du tout que la langue soit cinghalaise; il se peut tout aussi bien que ce soit le pali, le sanscrit ou l'élou; même possibilité s'il s'agit de toute autre écriture. Aussi, en disant que les préceptes sont parfois écrits en thibétain, NI" Blavatsky veut-elle probablement dire en caractères thibétains et non pas forcément en langue thibétaine. Je n'ai jamais eu l'occasion de voir les singuliers signes cryptographiques dont elle donne la description, dans lesquels des couleurs et des animaux représentent les lettres. Dans le même paragraphe elle mentionne les trente lettres simples de l'alphabet thibétain; elles sont bien connues. Par contre, comment interpréter ce qu'elle dit un peu plus loin des trente-trois lettres simples? Si les quatre voyelles n'y sont pas comprises, elles ne sont que trente et, dans le cas contraire, il y aurait naturellement trente-quatre lettres et non trente-trois. Quant aux lettres composées, leur dénombrement est variable; une grammaire que j'ai sous les yeux en donne plus de cent, mais M""' Blavatsky ne veut sans doute parler que des lettres communément employées. Ce qu'elle dit d'un des modes d'écriture chinoise me rappelle un souvenir intéressant. Pendant mon séjour à Ceylan, deux moines bouddhistes venus de l'intérieur de la Chine nous rendirent visite; ils ne parlaient aucune langue qui nous fût connue. Or, nous avions heureusement auprès de nous quelques jeunes étudiants japonais, grâce à l'admirable combinaison imaginée par le colonel Olcott et suivant laquelle chacune des deux églises, celle du nord et celle du sud, enverrait quelques-uns de ses néophytes pour se familiariser avec les méthodes et la doctrine de l'autre. Ces jeunes gens ne comprenaient pas un seul mot de ce que disaient les moines chinois mais, au moyen (le l'écriture, ils arrivèrent à échanger des idées avec eux. Pour les Japonais, les symboles écrits avaient le même sens, bien que nommés différemment. De même un Français et un Anglais comprendraient parfaitement une rangée (le chiffres, bien que l'un les nommât « un, deux, trois », et l'autre « one, two, three ». On pourrait en (lire autant des notes en musique. Mon entretien avec les moines fut donc très curieux et intéressant. Chacune de mes questions était d'abord traduite en cinghalais par l'un de nos collègues, afin que l'étudiant japonais pût la comprendre; celui-ci l'écrivait ensuite, au pinceau, dans les caractères communs aux Chinois et aux Japonais. A son tour, le moine chinois la lisait, écrivait sa réponse en employant les mêmes caractères finalement traduits en cinghalais par l'étudiant japonais et en anglais par notre collègue. Bien que dans ces conditions, la conversation fût lente et un peu imprécise, l'expérience ne manquait pas d'intérêt. CHAPITRE II (XXXI) LES POUVOIRS SUPÉRIEURS ET LES POUVOIRS INFÉRIEURS Ces instructions sont pour ceux qui ignorent les dangers des Iddhi inférieurs. C. W. L. - A cette phrase initiale du premier fragment, Blavatsky ajoute la note suivante: Le mot poli Iddhi est synonyme du sanscrit Siddhi et signifie les facultés psychiques, les pouvoirs anormaux de l'homme. Il y a deux espèces de Siddhis: un groupe contient les énergies psychiques et mentales inférieures, grossières; l'autre exige le plus haut entraînement des pouvoirs spirituels. Comme dit Krishna dans le Shrimad Bhagavat « Celui qui est engagé dans l'accomplissement de Yoga, qui a soumis ses sens et concentré son esprit en moi (Krishna), est un des Yoguis que tous les Siddhis sont prêts à servir. » Que de malentendus au sujet des facultés psychiques! L'étudiant s'épargnera bien des peines en s'appliquant tout d'abord à s'en faire une idée raisonnable. Pour commencer: point de méprise sur l'interprétation du mot « anormal ». Ces pouvoirs sont exclusivement anormaux en ce sens qu'ils sont pour le moment peu communs - et pas du tout dans le sens qu'ils seraient contraires en rien aux lois naturelles. Pour chacun ils sont parfaitement naturels; en chacun ils se trouvent, bien que latents, dès aujourd'hui. Quelques personnes les ont développés et rendus actifs, mais la plupart n'ayant encore fait pour cela aucun effort, leurs pouvoirs restent dormants. La façon la plus simple de saisir l'idée générale est de se rappeler que l'homme est une âme et qu'il se manifeste sur divers plans au moyen de corps appropriés à ces plans. Agir, noir ou entendre dans ce monde physique ne




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