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La voie de l'occultiste - Tome 2

Annie Besant
© France-Spiritualités™






FRAGMENT I : LA VOIX DU SILENCE
Chapitre XIII : Le but

      Et maintenant ton soi est perdu dans le Soi, toi-même en Toi-même, absorbé dans le Soi dont tu as rayonné tout d'abord.
      Où est ton individualité, ô Lanou, où est le Lanou même ? C'est l'étincelle perdue dans le feu, la goutte dans l'océan, le rayon toujours présent devenu le Rayonnement universel et éternel.
      Et maintenant, ô Lanou, tu es l'acteur et le témoin, le radiateur et la radiation ; la lumière dans le son et le son dans la lumière.



      Charles Webster Leadbeater : Au cours de sa vie, l'homme arrive à comprendre que la personnalité est simplement « cela » et ainsi transfère son centre de conscience au Moi supérieur ; de même un temps vient où il découvre, par sa propre expérience, que la conscience est simplement « vous » et non pas « Moi ». Alors – c'est au moment ou vers l'époque de la Quatrième Initiation – le moi inférieur se perd dans le Moi véritable et ce que l'homme pensait, ou sentait être son individualité disparaît. De même que l'homme parvenu à l'état bouddhique reconnaît et accepte la conscience d'autrui comme la sienne et sent comme les siennes leurs joies et leurs peines – de même aujourd'hui cet homme ne voit plus qu'un seul « Moi » véritable en tous.

      La Bhagavad Gîta établit la distinction entre la façon dont l'initié inférieur d'une part, et l'Arhat d'autre part, comprennent la conscience du plan bouddhique et celle du plan atmique. Dans la première de ces conditions, l'homme voit dans tous les êtres un Moi unique ; dans la seconde, il voit que tous font partie du Moi unique.

      Tel est suivant les Yoga Soutras l'état de Kaivalya, d' « unité », de liberté ; dès qu'il se trouve complètement atteint, la distinction entre celui qui voit et la chose vue, entre le sujet et l'objet, prend fin.


      Tu as fait connaissance avec les cinq obstacles, ô bienheureux : Tu es leur vainqueur, le maître du sixième, le libérateur des quatre modes de vérité.
      La lumière qui les éclaire rayonne de toi-même, ô toi qui étais disciple mais qui es actuellement Maître.
      Et de ces modes de vérité :
      N'as-tu pas passé par la connaissance de toute misère – vérité première ?
      N'as-tu pas vaincu le roi de Mara à Tou, au portail de l'assemblée – vérité seconde ?
      N'as-tu pas, au troisième portail, détruit le péché et acquis la troisième vérité ?
      N'es-tu pas entré dans le Taou, le sentier qui mène à la connaissance, la quatrième vérité ?


      Et Mme Blavatsky ajoute :

      Les quatre modes de vérité sont en bouddhisme septentrional : Kou, souffrance ou misère ; Tou, l'assemblée des tentations ; Mou, leur destruction, et Taou, le Sentier. Les « Cinq obstacles » sont la connaissance de la misère, la vérité sur la faiblesse humaine, les abstentions pénibles et la nécessité absolue de se séparer de tous les liens de la passion et même des désirs ; le « Sentier du salut » est le dernier.

      Notre Seigneur le Bouddha a enseigné aux hommes « Quatre Nobles Vérités » : la Douleur, la Cause de la douleur, la Cessation de la douleur et le Chemin. Ces vérités ont été présentées au monde occidental avec une beauté et une exactitude extraordinaires dans l'incomparable poème de Sir Edwin Arnold, La Lumière d'Asie, auquel nous empruntons la citation suivante. L'œuvre complète devrait être lue par tous ceux qui cherchent l'inspiration sur le Sentier :

      Vous qui voulez suivre la route du milieu, tracée par la claire Raison et aplanie par la douce Quiétude, vous qui voulez prendre le chemin élevé du Nirvana, écoutez les quatre nobles Vérités :
      La première Vérité est celle de la DOULEUR. Ne vous laissez pas abuser ; la vie que vous aimez est une longue agonie ; ses peines seules demeurent, ses plaisirs sont comme des oiseaux qui brillent et s'envolent.
      Souffrance de la naissance, souffrance des jours désespérés, souffrance de l'ardente jeunesse et de l'âge mûr, souffrance des froides et grises années de la vieillesse, et souffrance finale de la mort, voilà ce qui remplit votre pitoyable existence.
      L'amour est une douce chose, mais les flammes funéraires doivent baiser ces seins sur lesquels vous vous reposiez et ces lèvres auxquelles vous pressiez les vôtres. Vaillante est la vertu guerrière, mais les vautours déchirent les membres du chef et du Roi.
      La Terre est magnifique, mais tous les habitants de ses forêts complotent leur meurtre réciproque, dans leur soif de vivre ; les cieux sont de saphir, mais les hommes affamés ont beau crier, ils ne font pas tomber une goutte d'eau.
      Demandez aux malades, aux affligés, demandez à celui qui chancelle appuyé sur un bâton, seul et égaré : « Aimes-tu la vie ? » Ils vous diront que l'enfant a raison de pleurer dèss qu'il est né.

      La seconde Vérité est la CAUSE DE LA DOULEUR. Quelle souffrance vient d'elle-même, et ne vient pas du Désir ? Les sens et les objets perçus se rencontrent et la vive étincelle des passions s'allume.
      Ainsi s'allume Trishna, concupiscence et soif des choses. Vous vous attachez éperdument à des ombres, vous vous engouez de rêves ; vous plantez au milieu un faux moi, et vous établissez à l'entour un monde imaginaire.
      Vous êtes aveugles aux clartés suprêmes, sourds aux voix des douces brises venues de plus haut que le ciel d'Indra, usuels aux appels de la vraie vie que conserve celui qui a rejeté la vie trompeuse.
      Ainsi viennent les luttes et les concupiscences qui font régner la guerre sur la terre, ainsi souffrent les pauvres cœurs trompés, coulent les larmes amères ; ainsi croissent les passions, les envies, les colères et les haines ; ainsi les années cruelles,
      Aux pieds rouges de sang, poursuivent les années souillées de carnage. Ainsi, là où devrait pousser le grain s'étend l'herbe birân avec sa mauvaise racine et ses fleurs vénéneuses ; à grand'peine les bonnes semences trouvent un sol propice où elles puissent tomber et pousser.
      Et l'âme s'en va, saturée de boissons empoisonnées, et Karma renaît avec un ardent désir de boire de nouveau ; excité par les sens, le Moi bouillant recommence, et récolte de nouvelles déceptions.

      La troisième Vérité est la CESSATION DE LA DOULEUR. C'est la paix qui doit vaincre l'amour du Moi et l'attachement à la vie, arracher des poitrines la passion aux profondes racines, et calmer la lutte intérieure ;
      Ainsi l'amour est satisfait d'étreindre l'éternelle beauté ; on a la gloire d'être maître de soi-même, et le plaisir de vivre au-dessus des Dieux ; on possède des richesses infinies,
      Car on amasse le trésor des services rendus, des devoirs accomplis avec charité, des paroles bienveillantes et de la vie pure : ces richesses ne se gâteront pas au cours de l'existence et aucune mort ne les dépréciera.
      Alors la Douleur disparaît, car la Vie et la Mort ont cessé ; comment la lampe dont l'huile est consommée pourrait-elle briller ? Le vieux compte obéré est liquidé, le nouveau est net ; ainsi l'homme atteint la félicité.

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      La quatrième Vérité est LA VOIE. Il est ouvert, large et uni, accessible à tous les pieds, aisé et proche, le NOBLE SENTIER OCTUPLE, qui va tout droit à la paix et au refuge. Ecoutez !
      Des pistes nombreuses conduisent à ces pics jumeaux couverts de neige, autour desquels s'enroulent les nuages dorés ; en gravissant les pentes douces ou escarpées on arrive aux sommets où apparaît un autre monde.
      Ceux qui ont des membres vigoureux peuvent affronter la route raide et périlleuse qui attaque directement le flanc de la montagne, les faibles sont obligés de la contourner par des chemins plus longs, en se reposant en maints endroits.
      Tel est le Sentier Octuple qui mène à la paix ; il chemine par des hauteurs plus ou moins abruptes. L'âme courageuse se hâte, l'âme faible s'attarde, toutes atteindront les neiges ensoleillées.
(42)

      Les cinq obstacles s'opposant à la marche du candidat qui veut devenir Arhat peuvent s'interpréter de façons diverses. Ce sont les cinq énumérés par Mme Blavatsky dans la note que nous venons de citer, – ou bien les cinq premières entraves – ou bien encore les cinq Kleshas mentionnés dans les Yoga Soutras et dont nous avons déjà parlé (43).


      Et maintenant, repose sous l'arbre Bodhi, qui est la perfection de toute connaissance, car, sache-le, tu es Maître de Samadhi, l'état de vision infaillible.
      Regarde ! Tu es devenu la lumière, tu es devenu le son, tu es ton Maître, ton Dieu. Tu es toi-même l'objet de ta recherche : la voix inaltérable qui résonne à travers les éternités, exempte de changement, les sept sons en un, la Voix du Silence.
      Aum Tat Sat.


      La terminaison Aum Tat Sat fait partie des Mahavakyams ou « grandes paroles » des Hindous. Nous avons déjà considéré le sens d'Aum (44). Tat se rapporte à l'Etre Suprême. Eu philosophie, les pronoms « il » et « elle » ne peuvent Lui être appliqués,, aussi emploie-t-on Tat, qui signifie « Cela ». Au delà de « ceci » et de « vous », il y a « Cela », c'est-à-dire le « Moi ». Le terme signifie, par conséquent que la Réalité c'est Cela. Les bons ouvrages commencent et se terminent tous par cette pensée.


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(42)  Op. cit., livre VIII.

(43)  Chapitre III.

(44)  Chapitre VI.




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