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La voie de l'occultiste - Tome 2

Annie Besant
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FRAGMENT II : LES DEUX SENTIERS
Chapitre XVIII : La roue de la vie

      Agis pour eux aujourd'hui et ils agiront pour toi demain.
      C'est du bourgeon du renoncement à soi-même que sort le doux fruit de la délivrance finale.
      Il est condamné à périr, celui qui par crainte de Mara s'abstient d'aider l'homme, de peur d'agir pour soi. Le pèlerin qui voudrait rafraîchir ses membres fatigués dans les eaux courantes, mais qui n'ose pas plonger par terreur du courant, risque de succomber à la chaleur. L'inaction basée sur la crainte égoïste ne peut porter que de mauvais fruits.
      L'égoïste dévot vit sans but. L'homme qui n'accomplit pas la tâche à lui échue dans la vie, a vécu en vain.
      Suis la roue de la vie ; suis la roue du devoir envers race et famille, ami et ennemi, et ferme ton esprit aux plaisirs comme à la peine. Epuise la loi de la rétribution karmique. Gagne des Siddhis pour ta future naissance.



      Charles Webster Leadbeater : Certaines personnes s'imaginent que, si elles ne peuvent accomplir de grandes choses ni avancer rapidement, tout effort est inutile. C'est une profonde erreur. Au moins peuvent-elles vivre pour aider les hommes auxquels les a associées le Karma. Tant qu'elles n'auront pas tiré tout le parti possible des circonstances présentes, elles n'en obtiendront jamais de plus avantageuses. Si elles s'y décident, quand viendra le temps où elles feront le grand effort nécessité par la Première Initiation, des amis fidèles leur prêteront assistance. Les vrais amis sont les amis de l'ego ; ils ne sont pas de ceux qui, pour satisfaire leurs propres émolions, très mesquines et humaines et souvent franchement égoïstes, empêchent les autres de s'élever ; toujours ils laissent à chacun la liberté nécessaire pour suivre le Sentier supérieur.

      De braves gens s'abstiennent d'aider leur prochain, de peur d'être eux-mêmes poussés par un motif égoïste. Très souvent, un acte de charité n'est pas vraiment déterminé par le désir d'assister les malheureux, mais par celui de se délivrer du sentiment pénible causé par le spectacle de leur souffrance. Jamais une personne semblable ne se dérangerait pour découvrir des malheureux afin de leur porter secours. D'autres donnent systématiquement une partie de leurs opulents revenus afin de jouir du reste sans remords. Un disciple qui n'ignore pas ces choses se demande quelquefois si son propre motif est pur. Mais s'abstenir d'aider parce que l'on n'est pas sûr de son propre motif, est assurément une forme d'égoïsme. Quel que soit notre motif, nous devons aider, bien que sur le Sentier compte seul, pour le progrès véritable, le secours exclusivement donné pour aider ceux qui souffrent, sans calcul personnel.

      Pour aider, le discernement est nécessaire. Comme disent les Hindous, l'aide doit être appropriée à la personne, au moment et au lieu. Cependant, la nécessité de réfléchir ne doit pas causer d'hésitation. De deux manières d'agir nous n'arrivons pas toujours à distinguer la plus sage ; néanmoins il faut en adopter une, afin de ne pas laisser complètement échapper l'occasion de faire le bien. Quelquefois la seule aide que nous puissions donner est l'aide mentale mais, comme je l'ai déjà montré, celle-là est très importante. Bien des hommes qui se livrent ici-bas à un travail énergique, puisent surtout leur vigueur dans la force spirituelle que d'autres, en méditant, font rayonner autour d'eux.

      La roue de nos devoirs envers race et famille, envers amis et adversaires offre, en somme, les meilleures occasions de progrès. Les Seigneurs du Karma veillent à ce que chacun se trouve placé dans les conditions favorables à sa croissance. Quand un homme est encore faiblement développé, il pourrait trouver dans dix mille endroits différents les conditions dont il a besoin pour avancer. Mais s'il est plus évolué, son entourage doit être choisi avec le plus grand soin, car chacun doit absolument être placé là où ses progrès seront les plus rapides. Il est donc très inexact de dire qu'un homme réussit malgré les circonstances ; des difficultés sont placées sur son chemin afin qu'il les surmonte et que par là puissent se développer son caractère et ses facultés.

      A l'homme qui remplit bien ses devoirs journaliers, seront bientôt confiées des tâches supérieures. Ceux qui dirigent les destinées de l'humanité ont le plus grand besoin de toute personne dont on peut attendre un bon et consciencieux travail. Soyez fidèles dans les petites choses, et vous serez établis sur beaucoup, comme nous dit l'Evangile. Etre établi sur beaucoup représente une sérieuse responsabilité ; pour en être digne, il faut, en occultisme, s'être montré fidèle dans les petites choses. C'est la manière dont le Maître nous met à l'épreuve. Beaucoup de gens négligent leurs devoirs ordinaires de chaque jour et rêvent à tel ou tel travail futur, peut-être d'une utilité douteuse et qui ne leur est pas spécialement destiné ; beaucoup aussi regrettent les liens qu'ils ont formés avant de connaître la Théosophie, les trouvant gênants aujourd'hui. Ils doivent néanmoins faire leur devoir. Les liens non appropriés se dénoueront, le jour où la liberté ainsi rendue servira le mieux le développement de l'aspirant et surtout le travail consacré au monde ; leur rupture prématurée ne vaudrait à l'homme que des embarras nouveaux, beaucoup de soucis et beaucoup de souffrances.


      Si tu ne peux être soleil, sois l'humble planète. Oui, si tu es empêché de rayonner comme le soleil de midi sur la montagne que couronne de ses neiges l'éternelle pureté, choisis alors, ô néophyte, une plus humble carrière.
      Indique la voie – même indistinctement et perdu dans la foule, comme fait l'étoile du soir à ceux qui suivent leur chenmin dans l'obscurité.
      Regarde Migmar, alors qu'à travers ses voiles cramoisis son œil caresse la terre endormie. Regarde l'Aura flamboyante de la main de Lhagpa étendue avec un amour protecteur sur la tête de ses ascètes. Tous deux sont maintenant les serviteurs de Nyima, laissés en son absence pour veiller silencieusement dans la nuit. Pourtant, tous deux, dans les Kalpas anciennes, étaient de brillants Niymas et pourront, dans les jours futurs, redevenir deux soleils. Tels sont les hauts et les bas de la loi karmique dans la nature.
      Ô Lanou, sois comme eux. Eclaire et réconforte le pèlerin en peine, et cherche celui qui en sait encore moins que toi ; celui qui s'assied, abattu et désolé, affamé du pain de la sagesse autant que du pain qui nourrit l'ombre, sans Maître, sans espoir, sans consolation ; et fais-lui entendre la Loi.


      H. P. B. dit dans une note :

      Nyima, le Soleil de l'astrologie thibétaine. Migmar ou Mars a pour symbole un œil, et Lhagpa ou Mercure une main.

      Ici se présentent plusieurs analogies intéressantes. Les deux planètes mentionnées brillent la nuit, quand le soleil est absent et que tout est obscur. Il en est de même pour nous. Nous devons aider ceux dont l'obscurité est plus profonde que la nôtre. Chacun peut trouver à instruire plus ignorant que soi. Si même ceux qui nous entourent ne sont pas encore prêts à s'engager dans le Sentier, nous pouvons les mener dans la direction où il se trouve.

      A l'époque où la vie fut transférée de la lune à la terre, les planètes resplendissaient comme de petits soleils ; mais aujourd'hui, Mars est à peu près un désert et c'est pour cela que sa lumière est jaune ou rougeâtre. Au point de vue du poète, auteur de ces vers, les planètes ne peuvent rien faire de plus utile que de nous éclairer maintenant. De même encore, toute construction doit commencer par les fondations ; restant invisibles, elles ne comptent pour rien dans l'aspect général, mais sur elles reposera l'édifice. Dans les besognes ordinaires de la vie quotidienne, le candidat rend également de bons services à la société, tout en développant les siddhis supérieurs qui sont les pouvoirs spirituels de l'ego.

      L'Instructeur enseigne maintenant au candidat ce qu'il doit dire à ceux qu'il essaie d'amener au Sentier :


      Dis-lui, ô candidat, que celui qui fait de l'orgueil et de l'amour-propre les servantes de la dévotion ; que celui qui, accroché à l'existence, met néanmoins sa patience et sa soumission aux pieds de la Loi, comme une fleur odorante aux pieds de Shakya-Thoub-pa, devient un Srottapatti dans la vie présente. Les Siddhis de perfection peuvent être encore très, très loin, mais il a fait le premier pas ; il est entré dans le courant, et il peut acquérir la vue de l'aigle de montagne, l'ouïe de la biche timide.
      Dis-lui, ô aspirant, que la vraie dévotion peut lui rendre les connaissances, ces connaissances qui étaient siennes dans les incarnations antérieures. La vue dévique et l'ouïe dévique ne sont pas obtenues eu une seule et courte vie.


      Shakya-Thub-pa est Notre Seigneur le Bouddha. Le Srottapatti est, comme nous l'avons expliqué, « Celui qui entre dans le courant ». On peut établir une analogie entre l'acte extérieur par lequel nous mettons aux pieds du Maître nos facultés de service, et le changement intérieur qui se produit quand le Manas bien développé reconnaît la présence de bouddhi, s'incline devant ce principe supérieur et prend la résolution de lui obéir en lui consacrant toutes ses facultés. Dans la vie ordinaire, c'est généralement le mental qui a le dernier mot. Par exemple : en ce qui concerne la vivisection, beaucoup de personnes à qui cette pratique inspire la plus vive répulsion décident pourtant qu'elle doit suivre son cours, persuadées que c'est la seule manière d'obtenir certaines connaissances dont profitera l'humanité. La minorité, qui est dans le vrai, dit : « Non, il est impossible que la vivisection puisse mener à rien de bon. Notre nature supérieure nous affirme clairement que la vivisection est un acte absolument coupable ». Si ces derniers étaient en majorité, ils y mettraient fin, et d'autres moyens seraient alors découverts pour assurer lasanté humaine ; le mental serait mis en jeu, conformément aux ordres de l'intuition supérieure, pour trouver une méthode meilleure.

      Toute personne dont l'enthousiasme s'éveille en apprenant l'existence du Sentier s'en est certainement occupée dans une vie passée, peut-être même dans de nombreuses incarnations. Ceci est encourageant car on peut alors s'attendre à retrouver bientôt les facultés acquises dans les existences précédentes, la vue et l'ouïe déviques, pemettant de répondre à la voix intérieure et de contempler la vie et le monde avec les yeux de l'esprit.


      Sois humble, si tu veux atteindre la sagesse : sois plus humble encore, si tu as conquis la sagesse.
      Sois comme l'océan qui reçoit tons les ruisseaux et toutes les rivières. Le puissant calme de l'océan reste immuable ; il ne les sent pas.
      Réprime en toi le soi inférieur par le Soi divin. Réprime le divin par l'éternel.
      Oui, grand est celui qui tue le désir ; encore plus grand celui en qui le Soi divin a tué jusqu'à la connaissance du désir.
      Surveille l'inférieur de peur qu'il ne souille le supérieur.


      Comme nous l'avons déjà dit, celui qui se tient en présence des Maîtres est forcément humble, car il est conscient de l'abîme qui le sépare d'Eux. Non pas que la présence physique du Maître cause de l'inquiétude ou du découragement ; au contraire, en Sa présence nous sommes en possession de tous nos moyens et nous avons le sentiment que, s'il a triomphé, nous pourrons triompher aussi. Il en est de même pour l'acquisition de connaissances nouvelles. L'homme capable de saisir quelques grandes idées, constate en même temps tout ce qui lui reste à apprendre, et tous les mystères attachés à telles choses familières que d'autres jugent très simples et bien comprises. L'homme aux vastes connaissances sera donc probablement humble ; et l'aspirant est prévenu que si l'orgueil s'élève en lui, c'est un signe qu'il ferme inconsciemment la porte donnant accès à des connaissances plus étendues et plus hautes.

      Le candidat doit également apprendre à se mouvoir au sein des agitations de ce monde, qui ne cessent d'agir sur lui – physiquement, astralement et mentalement – sans leur permettre de le troubler ; il doit habituer ses véhicules inférieurs à répondre, non pas à ces appels extérieurs, mais aux commandements intérieurs. L'ego est divin ; il faut avec son aide maîtriser le moi inférieur ; cela fait, l'ego à son tour devra être maîtrisé par la Monade, le Moi éternel. Afin que tout cela devienne possible l'élève doit constamment surveiller ses véhicules et prêter attention à la pureté des aliments, de la boisson et du magnétisme, comme à celle des paroles, des sentiments et des pensées. Ceci est longuement développé dans Les Maîtres et le Sentier.


      La voie de la liberté finale est au-dedans de ton Soi. Cette voie commence et finit en dehors du Soi.
      La mère de toutes les rivières n'est pas louée par les hommes ; elle est peu de chose aux yeux de l'orgueilleux Tirthika ; vide est la forme humaine aux yeux des fous, bien que remplie des douces eaux d'Amrita. Pourtant, les rivières sacrées prennent leur source dans la terre sacrée, et celui qui a la sagesse est honoré par tous les hommes.


      Le Chrétien orthodoxe considère en général que le développement d'une âme passe par trois degrés successifs. D'abord, l'homme fait le bien par crainte de l'enfer. Deuxièmement, il le fait parce qu'il désire atteindre le Ciel. Troisièmement, il fait le bien par amour du Christ qui S'est sacrifié pour éveiller ce sentiment dans l'homme. Il y a cependant un quatrième degré : nous découvrons le chemin en arrivant à comprendre notre unité avec le Soi. L'homme fait alors le bien parce que c'est le bien ; pas pour rendre son Maître heureux, ni pour Lui exprimer sa reconnaissance. Notre délivrance s'opère donc en nous-mêmes. Nos progrès sur le Sentier ne dépendent d'aucune considération extérieure. Il ne s'agit pas du temps passé à un certain niveau ; nous ferons un pas en avant quand nous aurons développé en nous-mêmes les qualités et les facultés nécessaires. Inutile de s'en préoccuper, car suivant le proverbe tamil : « Le fruit mûr ne reste pas sur la branche ».

      Comme nous l'avons vu, le Tirthika est le brahmane ascète qui visite les sanctuaires et qui semble, d'après notre texte, en être assez fier. De même certains Hadjis – Musulmans qui ont été en pèlerinage à la Mecque – sont fiers d'avoir fait le voyage. Ces hommes ressemblent aux gens du monde qui, à notre époque, sont fiers de pouvoir dire qu'ils ont vu la dernière pièce ou lu un livre dès sa parution – ce qu'ils y ont gagné, on aurait peut-être quelque peine à le dire. Peut-être, comme Bouddhiste, le scribe d'Aryasanga n'était-il pas au-dessus de tout sentiment sectaire, car il semble rattacher à ce type tous les Tirthikas.

      Le grand intérêt à Bénarès, Hardwar, Koumbakhonam et autrres Tirthas, c'est le bain rituel dans les rivières sacrées. Dans la dernière de ces localités, les pèlerins se plongent dans un immense étang, mais ils le supposent alimenté d'une façon souterraine par le Gange. Quant à notre scribe bouddhiste, il fait remarquer, avec un orgueil évident, que les principales rivières sacrées de l'Inde ont leur source dans la contrée sacrée, c'est-à-dire le Thibet. Il est fort remarquable que les grands fleuves, comme le Gange, l'Indus et l'Airavati ou Irrawadi naissent très près les uns des autres, dans les Himalayas, puis se dirigeant respectivement vers l'est, le sud et l'ouest, entourent et enserrent l'Inde septentrionale sur des milliers de lieues, dans un gigantesque embrassement. Ces fiers ascètes ne reconnaissent pas que le Thibet, région qu'ils méprisent, est la mère de ces fleuves sacrés, au dire de l'auteur ; puis, établissant une analogie entre le Thibet et l'Inde, il fait de l'Inde le corps, ne contenant les eaux pures de l'immortalité que dans l'opinion erronée des insensés, et du Thibet la source de la sagesse qui mérite les honneurs de tous les hommes, c'est-à-dire de tous ceux qui ne sont pas dépourvus d'intelligence !




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