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Le côté occulte de la Franc-Maçonnerie

Charles Webster Leabeater
© France-Spiritualités™






CHAPITRE PREMIER – PRÉLIMINAIRE
Le point de vue égyptien

Il est extrêmement difficile d'expliquer aux lecteurs du vingtième siècle tout ce que représentaient pour nous ces rites, dans la contrée ensoleillée de Khem, mais je vais essayer de donner les quatre interprétations superposées, comme elles étaient enseignées au temps où j'y vivais.

      Nous pensions tout d'abord que ces rites nous faisaient comprendre et symbolisaient en action la manière dont le Grand Architecte a construit l'univers ; que les mouvements exécutés dans la Loge, comme le plan même de cette Loge, renfermaient quelques-uns des grands principes servant de base à l'univers. Mouvement tournoyant de l'encensoir, élévation et abaissement des colonnes, croix, coupe placée sur l'échelle de l'évolution, tout cela et bien d'autres détails encore nous l'interprétions de la sorte. De degré en degré, nous obtenions une connaissance plus complète de Ses méthodes et des principes suivant lesquels Il agit ; car nous soutenons non seulement qu'il a travaillé dans le passé, mais encore qu'il travaille maintenant et que son univers offre de Lui une expression active. Les livres jouaient alors dans notre vie un rôle bien moins important qu'aujourd'hui. En présentant la doctrine dans une série d'actes appropriés et suggestifs on exerçait à notre avis une influence plus puissante sur le mental d'un homme et on lui permettait de mieux se rappeler la connaissance acquise qu'en la puisant dans un livre. C'est pourquoi, dans nos activités invariables, nous conservons la mémoire de certains faits et de certaines lois existant dans la nature.

      Parce que les faits sont tels et parce que les lois de l'univers doivent dans leur application être universelles et agir ici-bas comme elles agissent là-haut, nous tenions que le Grand Architecte s'attendait à nous voir vivre conformément à la Loi qu'il a établie. Littéralement la forme cubique devait être donnée aux pierres et aux édifices ; symboliquement elle devait l'être à la conduite de l'homme ; celui-ci doit donc accorder sa vie aux principes qui en résultent clairement. On exigeait par conséquent une probité absolue et un degré de pureté très élevé, physique, émotionnelle et mentale. Une droiture et une justice parfaites étaient requises, mais accompagnées de bonté et de douceur. Enfin et dans tous les cas, nous devions « faire aux autres ce que nous voulons qu'ils nous fassent ». La Maçonnerie est en vérité « un système de morale voilée dans l'allégorie et illustrée par des symboles », mais c'est un système n'ayant point pour base un commandement qui nous aurait été donné, « ainsi a dit le Seigneur », mais au contraire des faits précis et des lois d'ordre naturel au sujet desquels aucun doute n'est possible.

      Le travail a pour but la préparation à la mort et à ce qui lui succède. Les deux colonnes B:. et J:. étaient supposées s'élever à l'entrée de l'autre monde, et les expériences diverses imposés au candidat étaient destinées à symboliser celles qui l'attendaient quand, abandonnant le monde physique, il passerait au stade suivant. Une foule de renseignements relatifs à la vie posthume peuvent se découvrir dans une étude intelligente des cérémonies maçonniques et en y participant constamment ces mondes nous deviennent familiers. Aussi dans l'existence d'outre-tombe, et cette fois ce ne sera pas une mort figurée, reprendrons-nous les activités familières auxquelles nous nous sommes si souvent livrés symboliquement dans notre Loge. Avant tout on insiste sur le fait qu'en deçà comme au delà du tombeau nous sommes soumis aux mêmes lois ; que dans ces deux genres d'existence nous sommes également en présence de Dieu et que partout où ce saint nom peut être invoqué rien n'est à redouter.

      La quatrième intention est la plus difficile à expliquer ; pour vous la faire comprendre je vais tâcher de vous ramener, si possible, dans l'atmosphère de l'Egypte ancienne et de vous représenter l'attitude morale de l'homme religieux ; je ne sais si je parviendrai à les évoquer en ces jours modernes où tout est si absolument différent.

      La religion qui nous est la plus connue est caractérisée par un individualisme extrême. Le grand objectif central placé devant la plupart des chrétiens est le salut de leurs propres âmes. Ce devoir-là est donné comme le plus important. Vous représentez-vous une religion – elle mérite ce nom tout autant que la précédente, étant à tous égards aussi grave, aussi fervente, aussi réelle – pour laquelle cette idée n'existerait pas, serait absolument inconcevable ? Pouvez-vous tout d'abord imaginer une mentalité telle que l'homme n'eût qu'une crainte, l'action mauvaise et le ralentissement qu'elle pourrait causer au développement de l'âme ; n'éprouvât pas le moindre doute au sujet de sa carrière d'outre-tombe, la connaissant d'avance ; eût enfin pour seul désir non pas son salut personnel mais ses progrès en évolution, parce que cet avancement confère à l'homme le pouvoir accru de mieux remplir la tâche invisible que Dieu lui demande ?

      Je ne veux pas dire que dans l'Egypte ancienne tout le monde fût altruiste ; non ; pas plus que de nos jours en Angleterre. Mais, je l'affirme, la nation entière était saturée de joie et d'intrépidité en ce qui concernait ses idées religieuses. Chez toute personne méritant le moins du monde d'être appelée pieuse aucune pensée donnée à son salut personnel, mais le désir de servir d'agent fidèle à la puissance divine. La religion extérieure de l'Egypte ancienne, religion officielle à laquelle chacun prenait part, depuis le roi jusqu'à l'esclave, est une des plus splendides que l'homme ait jamais connue. Processions magnifiques parcourant d'immenses avenues bordées de colonnes si gigantesques qu'elles semblaient à peine faites de main d'homme, barques d'apparat pavoisées de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, descendant majestueusement le Nil placide, musique triomphale ou plaintive mais toujours émouvante. Comment décrire un spectacle dont rien dans notre mesquine époque moderne ne peut donner la plus faible idée ? En Egypte toutes les classes de la population portaient des vêtements blancs ; par contre les processions religieuses offraient en masse des couleurs éclatantes et somptueuses, car les prêtres portaient des ornements rouges et, avec certain bleu superbe représentant, disait-on, le bleu du ciel, d'autres nuances brillantes. La vie de l'Egypte ancienne, comme d'ailleurs celle de l'Egypte actuelle, était concentrée sur les rives du Nil au cours lent et majestueux. Des bateaux richement décorés servaient pour transports de tout genre ; de même pendant les fêtes religieuses. Sur ces bateaux les prêtres étaient groupés, debout ou assis, selon certaines dispositions symboliques ; tous portaient les couleurs correspondant à l'aspect particulier de la Divinité qu'elles représentaient.

      Non seulement des sacrifices solennels étaient offerts aux dieux à bord de ces embarcations, sur des autels admirablement décorés de fleurs et de précieuses broderies, autels qu'on arrivait parfois, en procédant par paliers, à établir à cent pieds de hauteur ou davantage, mais encore on y donnait des représentations animées, des scènes offrant, en rapport avec le caractère de la fête célébrée, un sens symbolique. On représentait ainsi le jugement des morts et le pesage du cœur, contre la plume de Maat, par les soins d'Anoubis. Les rôles d'Anoubis et de Toth étaient joués par des prêtres portant des masques appropriés. Je me rappelle aussi la représentation affreuse du démembrement d'Osiris, dans laquelle on voyait son corps coupé en morceaux qui étaient ensuite réunis. Ce n'était pas, bien entendu, un corps humain, mais le spectacle était très réaliste. Ces cortèges imposants descendaient le fleuve aux rives couvertes d'innombrables adorateurs dont les bénédictions saluaient les dieux à leur passage. Ces fêtes éveillaient dans le peuple un enthousiasme, une dévotion extrêmes.

      Les anciens Egyptiens ont souvent été accusés de polythéisme, mais en réalité ils n'en sont pas plus coupables que les Hindous. Tous connaissaient et adoraient le Dieu Unique, Amen-Ra, « l'Un sans Second » dont la manifestation a pour centre, sur le plan physique, le soleil, mais ils l'adoraient sous divers aspects et par différentes voies. Dans l'un des cantiques chantés en son honneur se trouvaient ces mots :

      Les dieu t'adorent, ils te saluent, ô toi unique et obscure vérité, cœur du silence, mystère caché, Dieu intérieur siégeant dans le sanctuaire, producteur des êtres, toi l'Etre unique. Nous adorons les âmes émanées de toi, qui partagent ton Etre, qui sont toi-même. Ô toi qui es caché et cependant partout manifesté, nous t'adorons en saluant chaque âme divine qui sort de toi et vit en nous.

      Les « dieux » n'étaient pas regardés comme égaux à « Dieu » mais plutôt comme servant de canaux transmettant à l'humanité les bénédictions de la puissance infinie.

      En réalité, le culte des dieux ressemblait beaucoup au culte des anges et des saints dans l'église catholique. Les chrétiens regardent saint Michel et Notre Dame comme des personnages réels et célèbrent leurs fêtes ; de même en Egypte l'adoration s'adressait à Isis, à Osiris, comme à d'autres divinités. Au fond ces noms augustes étaient donnés à des aspects du Dieu suprême, Amen-Ra, car en Egypte la Trinité était représentée par le Père, la Mère et Le Fils (Osiris, Isis et Horus), tandis que pour les chrétiens elle comprend le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mais au-dessous de cette région divine se plaçaient comme aujourd'hui de grands Etres dans lesquels s'incorporait l'Idéal et qui servaient de représentants et de canaux à la triple puissance et à la triple grâce divine accordées à l'homme. Il existe en outre des hiérarchies angéliques qui ont pour chefs saint Michel et Notre Dame ; chacun de ces anges canalise et représente son Ordre, suivant son degré de développement. Le rituel d'Isis par exemple attirait toujours son attention ; il invoquait la présence des anges de son ordre, qui servaient de canaux à la bénédiction divine sous le sublime aspect de la vérité cachée représentée par elle.




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