CHAPITRE IX DEUX MERVEILLEUX RITUELS
Les travaux en Egypte
Au chapitre VI nous avons commenté la méthode suivie dans une Loge quand un candidat se présente à l'initiation. Naturellement ce n'est pas toujours le cas et alors, après avoir réglé les questions diverses pouvant se présenter, le Vén:. ou un F:. expert désigné par lui, donne aux FF:. quelques instructions de caractère maçonnique, ou bien fait une conférence sur tel ou tel point historique, intéressant au point de vue de la Maçonnerie. Quelquefois l'on répète les « conférences » de la Maçonnerie masculine, réunion de documents fort intéressants, sous forme de questions et de réponses, qui récapitulent et expliquent le rituel et contiennent bon nombre de renseignements maçonniques variés. Parfois l'on récite l'explication officielle du tableau de la L:. en y ajoutant tout commentaire ou explication plus complète que le Vén:. jugerait utile.
Dans l'Egypte ancienne c'est à ce moment que, dans les Loges ordinaires, se donnait l'enseignement spécial des Mystères. Il semble avoir consisté en allocutions familières prononcées par le Vén
:. relatives aux sciences diverses comprises dans leur assez vaste programme d'études. Les FF
:. étaient autorisés à poser des questions, mais tout se passait avec la plus grande bienséance et avec un certain respect archaïque et cérémonieux mais très réel, dont pour nous l'impression était charmante.
Les examens il faut bien les appeler ainsi, bien qu'ils
fussent très différents des nôtres se passaient à un moment propice, et aucun F
:. ne pouvait passer au degré supérieur
sans avoir donné aux officiers la preuve qu'il possédait toutes les connaissances et toute la capacité voulues, spéciales au stade où il travaillait alors. Il fallait un cas d'impossibilité pour ne pas
illustrer abondamment le sujet choisi ; on le faisait tantôt par des tableaux et par des modèles, tantôt par des représentations dramatiques (par exemple des scènes importantes empruntées à l'
histoire ancienne), tantôt par la matérialisation d'objets et de substances que l'on ne pouvait se procurer autrement.
Dans les Trois Grandes Loges, on agissait autrement. Leurs membres, ayant acquis déjà les connaissances scientifiques nécessaires,
pouvaient se consacrer entièrement au grand but, raison d'être de leur ordre, celui de répandre sur le pays l'énergie spirituelle. On le faisait au moyen d'un rituel je ne crois pas qu'il en ait jamais existé de plus magnifique dont je vais donner une traduction libre, bien que je me sente complètement incapable de reproduire par des mots la majesté et la splendeur de l'original.
Nous l'avons déjà dit, les Grandes Loges ne comptaient chacune que quarante membres, mais ces FF
:. étaient, surtout et essentiellement, des hommes d'élite dont chacun avait pour devoir de choisir une qualité ou une activité particulière et de se rendre digne d'en être un représentant. L'un, par exemple, représentait la persévérance et s'appelait le chevalier ou le seigneur de la Persévérance, un autre était le chevalier ou le seigneur du Courage ; un autre choisissait comme vertu le tact, et ainsi de suite. On trouvera ci-dessous une liste de ces qualités, mais elle ne me satisfait pas, car il est souvent excessivement difficile de trouver aux idées égyptiennes des équivalents anglais, et souvent il faudrait pour les exprimer une phrase
entière :
1 |
Amour et sagesse |
Vén:. |
2 |
Force |
1er Surv:. |
3 |
Faculté de reconnaître et d'apprécier la beauté |
2ème Surv:. |
4 |
Discernement (surêté de jugement ou discrimination) |
Vén:. de l'année précédente |
5 |
Eloquence |
Orateur ou représentant |
6 |
Vérité et précision |
Secrétaire (Archiviste et bibliothécaire) |
7 |
Amour du travail (assiduité) |
Administrateur (trésorier) |
8 |
Efficience |
Maître des Cérémonies |
9 |
Sentiment de l'Unité (sympathie) |
Directeur de la musique |
10 |
Courtoisie |
1er Exp:. |
11 |
Tact |
2ème Exp:. |
12 |
Décision (promptitude) |
Couvr:. |
23 |
Courage |
Colonnes |
14 |
Gaieté |
15 |
Confiance |
16 |
Calme |
17 |
Pondération |
18 |
Persévérance (constance) |
19 |
Vénération |
20 |
Dévotion |
21 |
Prévoyance (calcul ou préscience) |
22 |
Fixité de l'objectif |
23 |
Sentiment de l'honneur |
24 |
Impartialité (absence d'idées préconçues) |
25 |
Justice |
26 |
Détachement |
27 |
Discipline mentale |
28 |
Discipline des émotions |
29 |
Discipline du corps |
30 |
Expression judicieuse de la pensée |
31 |
Contrôle sur la mémoire
(savoir ce qu'il convient de se rappeler ou d'oublier) |
32 |
Méditation |
33 |
Pureté Force persuasive |
34 |
Patience et douceur |
35 |
Faculté d'adaptation |
36 |
Tolérance |
37 |
Zèle pour le service (humilité) |
38 |
Perspicacité |
39 |
Etude |
40 |
Perspicacité |
Chaque F
:. était alors tenu de se rendre capable
d'interpréter ou d'exprimer sa qualité ou son activité, non point pour soi mais pour l'ensemble. Un homme cultivait le courage, non pour être brave, mais afin de représenter le courage dans ce groupe considéré comme une entité composite, qui était, et dans un sens très réel, une unité. Chacun devait connaître sa qualité spéciale, non seulement en se plaçant à son point de
vue propre, mais encore par un bizarre système de correspondances. Chacun était censé être capable de prononcer un sermon sur sa qualité propre, considérée au point de
vue de chacune des autres. Ainsi : le courage tempéré par l'humilité ; le courage affecté par l'
amour, et ainsi de suite ; il y avait beaucoup de combinaisons originales et intéressantes. C'étaient des hommes de haute valeur et il le fallait pour bien s'acquitter de leur tâche.