CHAPITRE V OUVERTURE DE LA LOGE
Le S:. de l'App:.
On s'est assuré que la Loge est à couvert ; reste à constater que dans son enceinte tout est régulier, que toute personne présente est Franc-Maçonne. En fait, nous en sommes déjà certains, car les membres de la Loge se connaissent bien entre eux et la qualité de tout étranger qui se présente est toujours soigneusement vérifiée avant qu'il soit admis. Il s'agit ici de la preuve formelle prescrite dans le rituel, afin que la certitude soit double. Le Vén:. fait donc appel à sa Loge et tous manifestent leur attention par un P:. et un S:. qui sont tous deux hautement symboliques et n'ont pas varié depuis très longtemps. Il faut bien se dire que l'entrée d'une personne dans la Franc-Maçonnerie la fait avancer d'un pas en évolution, et son admission dans la Franc-Maçonnerie commençant par ce P:. lui rappelle et lui fait reconnaître continuellement son progrès nouveau.
Le p... g..., parce qu'il est le plus rapproché du cur, symbolise l'intuition, tandis que le p... d... est supposé représenter la faculté intellectuelle. Le P
:. signifie donc évidemment que, dans le domaine de l'
occulte, l'intuition prévaut toujours sur le simple raisonnement. La position adoptée montre que la raison doit toujours prendre sa source au centre du sentiment discipliné.
Ayant ainsi marqué la méthode suivant laquelle nous allons avancer, nous donnons dans la Maçonnerie Mixte le
Dieu garde,
contraction du français «
Dieu vous garde », bien qu'en anglais on dise par corruption
due-gard. Cette formule, s'ajoutant aux pensées inspirées par le p
, nous montre que si nous apprenons c'est uniquement pour bénir, car cette position est celle qu'adopta le candidat au moment de prêter serm
:. La formule signifie que l'App
:. étant un simple débutant, n'a encore ni le droit ni le pouvoir de donner d'autre bénédiction que celle prescrite dans les L
:. de la C
:.
S
:. ; seules lui sont permises les paroles qui lui sont enseignées, car il ne peut encore servir à l'énergie supérieure ni de canal direct, ni de réservoir.
Alors se fait un geste qui est à la fois une salutation
adressée à
Dieu et une affirmation de puissance. Le reste du S
:. est interprété en général comme une manière de rappeler le ch
entraîné par toute violation du Serm
:. de l'App
:.. Il est certain que l'idée de ce ch
lui a été associé dès les temps les plus reculés ; on peut s'en convaincre en lisant les uvres du Dr
Albert Churchward. Pourtant ce S
:. comporte encore un autre sens, plus
occulte que l'explication habituelle. Les étudiants de l'aspect intérieur présenté par la constitution humaine, et de l'occultisme oriental, connaissent l'existence dans le
corps de sept grands centres de
force (en sanscrit les
chakras) ; ils savent que tous, au cours des progrès
occultes, oivent s'ouvrir, se développer et entrer en activité.
Le développement psychique comporte de nombreuses
méthodes ; les unes commencent par l'ouverture de tel centre, les autres de tel autre. Dans la progression adoptée en Egypte ancienne et continuée dans la
Franc-Maçonnerie, on s'occupe d'abord du centre indiqué par ce S
:.. Quand, donc, un Franc-Maçon fait le mouvement en question, il ne se borne pas à désigner l'ouverture de ce centre comme le travail spécial, de ce degré au point de
vue occulte ; il exige encore l'assistance des puissances naturelles en rapport avec ce centre et soumises à son
influence, quel que soit le travail à entreprendre. Les gestes et les mots enseignés en
Franc-Maçonnerie ne sont pas pris au hasard : chacun présente un sens particulier et, dans le monde de l'invisible, une vertu particulière, sans rapport avec sa signification sur le plan physique. En
Europe, les Loges, en général, ignorent tout cela ; peut-être en existe-t-il de mieux informées en Orient.
Les centres de
force existent comme points de contact, ou
l'énergie passe d'un véhicule ou
corps humain à un autre. Un commencement de clairvoyance suffit pour les distinguer dans le double éthérique où ils se montrent, à sa surface, comme des tourbillons ou des creux en forme de soucoupe. Avant leur développement, ils ont l'apparence de petits cercles ayant environ deux pouces de diamètre, faiblement lumineux chez l'homme ordinaire ; mais, éveillés et vivifiés, ils ont l'aspect de soucoupes flamboyantes et scintillantes, beaucoup plus grandes qu'avant. Nous disons parfois qu'elles correspondent approximativement à certains organes physiques ; en réalité, ils se montrent à la surface du double éthérique qui dépasse généralement la périphérie du
corps dense. Supposons que nous regardions directement
l'intérieur d'une
fleur campanulée du type liseron, nous obtiendrons ainsi une idée de l'apparence générale d'un
chakra. La tige de la
fleur se détache invariablement de l'épine dorsale ; on pourrait donc imaginer celle-ci comme une tige centrale émettant, par intervalles, des
fleurs dont les cloches s'ouvrent à la surface du
corps éthérique.
Les sept centres dont nous nous occupons en ce moment sont
indiqués dans la planche ci-contre (fig. 16). On verra qu'ils sont situés :
1° à la base de l'épine dorsale ;
2° à la rate ;
3° à l'ombilic ou au plexus solaire ;
4° au cur ;
5° à la gorge ;
6° dans l'espace compris entre les sourcils ;
7° au sommet de la tête. Je les ai décrits longuement dans
L'Occultisme dans la nature, et je renvoie le lecteur à mon ouvrage
Les Centres de force dans l'homme (Les Chakras),
illustré de planches en
couleurs. Outre les centres de
force énumérés, il y en
a plusieurs autres ; certaines écoles de magie en font usage, mais les dangers qu'ils présentent sont si graves que nous devons considérer leur éveil comme le plus grand des malheurs. C'est précisément pour éviter la stimulation de ces centres inférieurs que l'on attachait tant d'importance en Egypte à la ceinture ou ceinturon du tablier et au tissu éthérique qui était tendu à l'intérieur du cercle.
Devenus actifs, les centres manifestent une tendance à entrer en rotation rapide, et dans chacune de leurs ouvertures béantes,
perpendiculairement à la surface du
corps, se précipite une énergie
appartenant au monde supérieur une de celles que le G
:.A
:.D
:.L
:.U
:. répand constamment à travers
Son système. Dans sa nature, cette énergie est septuple et toutes ses formes opèrent dans chaque centre, bien que toujours l'une d'elles l'emporte beaucoup sur les autres. Sans cette
invasion d'énergie, le
corps physique ne pourrait exister. Les centres fonctionnent donc chez tout le monde ; mais chez les personnes non développées, ils se meuvent comparativement avec
indolence ; c'est à peine s'ils parviennent à constituer le vortex dessiné à la
force.
Chez d'autres, elles peuvent briller, palpiter d'une lumière
vivante ; la quantité de
force qui les traverse est donc infiniment plus
grande ; il en résulte pour l'homme des facultés et des possibilités
additionnelles.
Cette énergie divine qui, venant de l'extérieur, se précipite dans chaque centre, fait naître
perpendiculairement à elle-même, c'est-à-dire à la surface du double éthérique, des
forces secondaires animées d'un mouvement ondulatoire et circulaire ; de même, exactement, un barreau aimanté passe dans un rouleau d'induction produit un courant électrique qui suit le fil, dans une direction
perpendiculaire à l'axe ou à la direction de l'
aimant. La
force primaire elle-même, ayant pénétré dans le vortex, en rayonne de nouveau à
angle droit, mais en lignes droites, comme si le centre du vortex était le moyeu d'une roue et les rayons de la
force primaire ceux de la roue. Le nombre de ces rayons diffère suivant les centres de
force ; il détermine
le nombre des ondes ou pétales présentés par chacun. Voilà
pourquoi ces centres de
force ont été poétiquement décrits
dans les ouvrages orientaux comme ressemblant à des
fleurs.
Chacune des
forces secondaires tournoyant dans la dépression
en forme de soucoupe possède sa longueur d'onde qui lui est propre, telle la lumière d'une certaine
couleur, mais au lieu de se mouvoir en ligne droite comme la lumière, elle se meut en ondes relativement grandes et d'importance diverse, dont chacune est un multiple des longueurs d'onde moindres qu'elle contient. Le nombre des ondes est déterminé par le nombre des rayons de la roue, et la
force secondaire fait comme un réseau passant au-dessous et au-dessus des courants radiants de la
force primaire, telle une enveloppe en vannerie dont seraient garnis les rayons d'une roue de voiture. Les longueurs d'onde sont infinitésimales ; il y en a probablement des milliers dans chacune des ondulations. En tournoyant autour du vortex, ces oscillations de grandeur diverse, se croisant de cette façon rappelant un panier, produisent la forme florale dont j'ai parlé. Peut-être cette forme rappelle-t-elle plutôt certaines soucoupes ou certains vases peu profonds en verre onduleux et irisé, comme on les fait à
Venise. Ces ondulations ou pétales ont tous cet aspect chatoyant et irisé, comme de la nacre ; pourtant chacun possède en général sa
couleur prédominante spéciale.
Dans la vivification du centre particulier dont s'occupe
principalement ce degré d'App
:., trois facteurs sont importants.
L'éveil, dans le
corps émotionnel, du centre correspondant confère
à l'homme le sens de l'
ouïe dans le monde subtil à ce niveau ; en d'autres termes, il détermine un développement de l'
ouïe dans ce que l'on nomme ordinairement le monde astral, et ce développement produit sur notre conscience l'effet appelé
ouïe sur le plan physique. Si donc le centre éthérique est en pleine activité, l'App
:. serait clairaudient sur les plans éthérique et astral.
Son développement lent et partiel tend graduellement à dissiper en l'homme les préjugés, à ouvrir son mental aux idées nouvelles et en général à rendre sa pensée plus large et plus libérale.
Deuxièmement : le développement du cerveau
dépend beaucoup de l'ouverture de ce centre, dont le rôle est important
dans la
division et la distribution de l'un des principaux courants de vitalité
qui traversent le
corps humain. Ayant déjà expliqué le détail
de cette action dans
Le Côté caché des choses, je dois y renvoyer le lecteur qui voudrait posséder au sujet de la
circulation vitale des renseignements plus complets.
Troisièmement : ce centre joue un autre rôle important qui mérite de retenir notre attention, le Premier
Degré ayant pour but spécial la soumission des passions du
corps physique et le développement moral. Parmi les différents genres de vitalité se trouve un rayon rouge-orange contenant aussi une certaine quantité de violet foncé. Dans l'homme normal, ce rayon renforce les désirs charnels ; il semble aussi pénétrer le sang et maintenir la
chaleur du
corps ; mais un homme refuse-t-il avec persistance de céder à sa nature inférieure, le rayon peut, par un effort énergique et prolongé, être dirigé vers le cerveau où ses
éléments subissent tous trois un changement remarquable. L'orange devient jaune pur et intensifie d'une façon marquée les facultés intellectuelles ; le rouge sombre devient cramoisi et augmente peu à peu les sentiments d'affection et d'
altruisme ; enfin, le violet foncé se transforme en un violet pâle ravissant et vivifie la partie spirituelle de la nature humaine. L'homme parvenu à cette transmutation s'aperçoit que les désirs inférieurs ne le tourmentent plus ; voilà pourquoi, dans les stades préliminaires de la
Franc-Maçonnerie, on donne une si grande importance au développement du centre dans lequel s'accomplissent ces modifications et ces transmutations.
Il y a une relation étroite entre le développement de ce centre, la faculté d'attention, comme aussi la manifestation des formes supérieures de l'
ouïe. Dans les systèmes
occultes d'entraînement, la plus grande importance leur était donnée relativement au
néophyte. Dans l'école de Pythagore, les élèves passaient plusieurs années dans l'ordre des
Akoustikoï ou Auditeurs. Dans les mystères de
Mithra, l'ordre inférieur était celui des
Corbeaux ; autrement dit, les élèves n'étaient autorisés à répéter
que ce qu'ils avaient entendu, précisément comme un
corbeau ou un
perroquet ; car dans tous ces systèmes anciens il était sévèrement interdit aux étudiants de s'embarquer sur les flots périlleux de l'originalité avant d'avoir parfaitement assimilé les principes fondamentaux de la philosophie. En faisant le s... l'homme évoque également dans le monde subtil certaine catégorie d'intelligences non humaines et sollicite leur assistance.
Etant donné la grande
influence de ce S
:. de pouvoir, chacun comprend la nécessité qu'il soit gardé avec le plus grand soin et qu'il demeure secret. Si le s... est mal ou négligemment fait et pas au moment voulu, l'effet sera nul. Dans cet ordre d'idée, nous faisons ce que l'on appelle vulgairement de la magie ; on ne pourrait sans péril en faire un
jeu ; il ne faut l'entreprendre que pour un motif très sérieux, et en s'astreignant à la plus grande précision.
Un membre fait-il ce S
:. avec insouciance et sans penser à l'acte accompli, il s'ouvre à des
influences qu'il ignore et qu'il n'est pas préparé à subir ; alors peuvent se passer des choses qui ne devraient jamais arriver. Voilà, au fond, où a pris naissance l'assertion grossièrement exagérée et erronée qu'une personne qui reçoit dans l'
église le saint Sacrement tout en laissant son imagination envahie par le mal, mange et boit sa propre condamnation. L'homme qui reçoit la sainte communion devient au plus haut degré un centre d'activité radiante et en même temps extrêmement réceptif ; il doit donc avoir bien soin d'éliminer les pensées mauvaises, de peur qu'elles ne fassent passer en lui d'autres
influences, de même nature. Il en est de même pour le S
:. maçonnique. Celui qui le fait en saluant une autre personne ouvre son cur à cette personne ; cela est bon ; mais chacun doit veiller à ne pas laisser la porte ouverte, par négligence, à des
influences fâcheuses qui autrement pourraient ne pas s'attacher à lui.
Le S
:. fait au moment de l'ouverture de notre Loge nous rappelle que nous devons prendre une attitude réceptive, afin que l'influx d'énergie spirituelle que nous allons invoquer nous soit aussi profitable que possible.