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Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
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CHAPITRE VI :
LES SEPT PRINCIPES (1/2)

      Nous allons bientôt commencer l'étude des conditions réelles de ces royaumes que l'âme, en cours d'évolution, doit traverser depuis l'instant de la mort physique jusqu'à celui de la renaissance. Pour nous préparer la voie, il est utile de nous arrêter ici un moment et de tâcher de nous former une conception plus claire de la constitution complexe de l'homme. Cette constitution comprend en elle-même des véhicules appropriés pour exprimer son état conscient sur chaque plan de la Nature, en plus de celui qui nous concerne spécialement. Nul penseur n'arrivera à une compréhension adéquate du processus par lequel s'accomplit l'évolution du centre de conscience individuel, s'il n'a pu préalablement saisir le véritable caractère des divers véhicules au moyen desquels cette conscience peut, de temps à autre, se manifester. Sur le plan d'incarnation physique, ces véhicules sont tous contenus les uns dans les autres ; aussi, à un certain point, sommes-nous des êtres plus simples dans les royaumes supérieurs de la Nature que sur notre plan d'existence actuel. Les conditions de l'existence physique rendent indispensable l'état plus complexe que nous y rencontrons. Mais, en examinant ce que l'enseignement occulte nomme les « sept principes de l'homme », il ne faut pas oublier que cette constitution septénaire s'applique à l'aspect physique de l'homme, et que la véritable individualité ne doit pas se concevoir comme un faisceau d'âmes séparables les unes des autres, comme on croit à tort que la science occulte l'enseigne. L'entité complète, telle que nous la voyons ici, est plutôt un faisceau de véhicules, aptes à fonctionner sur différents plans de la Nature, et que l'humanité en général considère comme inséparablement fixés dans le véhicule inférieur le moins développé, c'est-à-dire dans le corps physique. Ces divers véhicules sont jusqu'à un certain point séparables, même chez le commun des hommes ; ils le sont complètement et facilement s'il s'agit de personnalités dont l'entraînement spirituel a atteint certains stades et dont l'évolution (processus lent pour la généralité des humains) a été hâtée par des moyens anormaux.

      Passant maintenant aux détails, je vais énumérer les sept principes d'une manière qui ne diffère pas essentiellement de celle que j'ai exposée dans Le Bouddhisme ésolérique, ainsi que le verront ceux qui ont lu cet ouvrage, mais, au point de vue du langage, les termes que j'emploie ici éviteront peut-être les malentendus que la terminologie première rendait possibles. Les sept principes par ordre numérique peuvent se décrire comme suit :

                   Le Corps physique ;
                   Le double éthérique ;
                   Jiva ou Prana ;
                   Le Véhicule astral ;
                   Manas ;
                   Bouddhi ;
                   Atma

      Les trois premiers principes considérés dans cet ordre appartiennent entièrement à la manifestation physique. Dans le premier énoncé de ces idées, j'avais placé Jiva comme deuxième principe, et le « Linga Sharira » ou Double éthérique au troisième rang. La modification que j'apporte ici ne constitue pas une altération dans le fond de l'enseignement, mais elle me semble préférable à certains points de vue. En ce qui concerne le Linga Sharira, ce terme fut tout d'abord emprunté à la terminologie orientale par notre littérature théosophique, qui l'adopta ; mais une appréciation plus parfaite de la fonction exacte que remplit cet élément dans notre organisme nous le montre comme une contrepartie plutôt éthérique qu'astrale du corps physique. C'est en même temps l'organisme intermédiaire par lequel Jiva ou la force vitale influence le système tout entier. Les étudiants en Occultisme comprendront aisément la différence exprimée par ces deux termes ; mais les lecteurs ordinaires pourraient au premier abord ne pas la remarquer. La matière éthérique est encore d'ordre physique, selon la plus stricte classification qui puisse être adoptée, bien qu'elle échappe déjà entièrement à l'observation des instruments et qu'elle ne puisse être aperçue que par les sons plus subtils du véhicule astral.

      En nous élevant jusqu'aux états subtils du Cosmos, nous voyons que chaque plan de la Nature est constitué par différents ordres de matière, chaque ordre étant lui-même soumis à des modifications diverses sur son propre plan. Par exemple, nous avons les matières solide, liquide et gazeuse, et il existe encore en plus quatre variétés de matière éthérique, dans lesquelles peuvent se décomposer graduellement les molécules des éléments connus par la chimie ordinaire. C'est là un sujet profondément intéressant, mais il m'éloignerait trop de mon objet principal si je m'arrêtais à l'expliquer, en me limitant même aux points examinés jusqu'à présent. Il me suffira de rendre intelligible, dans ses grandes lignes, l'idée principale du développement occulte de la science chimique. Tout en restant d'accord avec la réalité positive de la nature, lorsqu'on considère la molécule de matière possédant les caractéristiques d'un des éléments chimiques connus, il faut se la représenter comme une structure compliquée, formée de nombreux atomes ultimes. Tous ces atomes ultimes sont identiques dans leur composition et leurs attributs, approximativement du moins ; en tous cas, les différences latentes en eux n'ont rien de commun avec leurs aspects sur le plan physique. Chaque molécule peut être considérée, de prime abord, comme une construction différente des autres, mais chacune de ces constructions est faite de matériaux identiques. Certaines structures moléculaires exigent un grand nombre de matériaux, et tandis que la molécule la plus simple connue en chimie, celle de l'hydrogène, ne contient que dix-huit atomes, les molécules de certains gaz en contiennent plusieurs centaines, et ces chiffres s'élèveraient encore s'il s'agissait de molécules entrant dans la composition d'éléments métalliques.

      Si l'on arrive à désagréger, en les subdivisant, les molécules gazeuses que la chimie reconnaît, elles passent dans la condition de l'éther le plus dense et paraissent aussitôt échapper à toute perception des sens physiques et des instruments.

      Leurs effets sont néanmoins manifestes dans les divers phénomènes de la nature, correspondant aux vibrations acute;thériques, et un temps viendra où, grâce au progrès de la science, tout ceci deviendra l'a, b, c des manuels. Dans les variétés supérieures de matière éthérique, ces subdivisions moléculaires se désagrègent encore, et enfin dans la variété la plus élevée, nous voyons les atomes entièrement séparés les uns des autres ; à ce point, l'atome de matière est parfaitement uniforme dans sa structure et homogène dans sa constitution.

      Le Double éthérique est composé de matière provenant des sous-plans éthériques, sa constitution est soumise à l'observation de lois très subtiles, véritable expression de la volonté spirituelle la plus élevée qui régit notre planète. Le Double éthérique préside à l'organisation des molécules physiques pendant la croissance du corps ; en réalité, il grandit en même temps que lui, mais toujours en le devançant d'un pas, et la force circulant dans le système nerveux du Double éthérique est ce Jiva (14) qui constitue le principe de la vie physique. Lorsqu'il s'est différencié des vastes réserves de la Nature pour servir aux besoins de l'humanité, il entre dans le champ visuel des sens astrals et peut vraiment être vu, par ceux qui en possèdent les moyens, quand il parcourt le système nerveux du double éthérique, à l'instar du sang qui circule dans les veines du corps physique. Dans son état primitif, Jiva est une force qui, du soleil, se répand sur notre planète et possède de nombreuses fonctions en rapport avec la nature organique Pour nous en tenir à cette seule question de la croissance humaine, cette force subit, dans un organisme sain, un processus de différenciation qui l'adapte à sa tâche spéciale, de même que la nourriture organique est convertie en sang par le corps physique. Un organisme humain sain et robuste absorbe plus de Jiva qu'il n'est nécessaire, tout comme les abeilles fabriquent plus de miel qu'elles n'en consomment ; dans ce cas, l'excès de cette force différenciée que nous appelons Prana s'échappe par des radiations perpendiculaires au corps physique, et en pourvoit plus ou moins les organismes trop faibles pour s'approprier, par eux-mêmes, la quantité qui leur est utile.

      Un homme bien portant communique ainsi constamment, même sans intention, le surplus de sa vitalité aux autres ; mais il en dispenserait davantage encore s'il se servait de passes magnétiques, et si, pour les rendre effectives, il exerçait le pouvoir de sa volonté, pouvoir variant plus ou moins suivant son propre développement. Par contre, l'homme en mauvaise santé, dont le système organique peu actif est incapable de spécialiser, pour son usage personnel, une quantité suffisante du Jiva solaire qui nous entoure, cet homme agit inconsciemment comme une éponge et absorbe le Prana de ceux avec lesquels il se trouve en contact.

      Nous avons presque tous éprouvé (bien qu'à différents degrés) auprès de certaines personnes comme un sentiment de lassitude, de fatigue, mais sans pouvoir reconnaître la cause de cette impression. Les individus à tempérament très robuste ne l'éprouvent presque jamais, peut-être parce que chez eux les principes supérieurs, y compris ces émanations subtiles appartenant au plan astral, sont plus intimement mélangés aux molécules physiques, et qu'une nature très matérielle, étant par elle-même très peu sensitive, se dépouille en général très difficilement de ses propres influences. D'autre part, le sensitif, qui ressent très facilement les émanations magnétiques des autres, est aussi celui qui se laissera le plus facilement soutirer la vitalité qu'il peut posséder.

      Il ne faudrait pas déduire de ces considérations qu'une robuste et excellente constitution physique soit l'indice d'une nature très matérielle. Ce serait très mal comprendre l'ensemble de cette question que de faire dépendre, ainsi qu'on le fait trop souvent, le degré de sensitivité d'une santé plus ou moins bonne.

    Le quatrième principe ou Corps Astral est le véhicule dans lequel l'âme peut fonctionner sur le plan astral, celui qui se trouve immédiatement au-dessus du plan physique et dont nous examinerons bientôt la nature et les particularités. Rien n'est plus difficile, dans l'étude des interprétations occultes, que de choisir l'ordre dans lequel on doit en considérer les différentes subdivisions, car on ne peut rien comprendre parfaitement, si l'on n'en possède déjà un aperçu général. Le sujet qui nous occupe en ce moment, celui de la constitution septénaire de l'homme, exige, pour être correctement apprécier, la compréhension de l'ensemble du système planétaire auquel nous appartenons ; mais on ne saurait entreprendre un traité sur cet important sujet sans faire constamment allusion aux principes de l'homme. Néanmoins, si quelque aperçu semble obscur dans l'exposé que nous en donnons ici, il s'éclaircira par la suite. Après un certain progrès dans l'étude de l'Occultisme, ce qui impressionne le plus vivement l'étudiant est la sublime cohérence de l'ensemble du système et la façon merveilleuse dont chacune de ses parties s'adapte aux autres, en se ramifiant dans le tout.

      Le corps, à l'état de veille, renferme en lui-même les véhicules ou corps destinés à fonctionner sur les plans supérieurs de la Nature. Il en est de même du corps astral qui, libéré du corps physique et considéré en particulier, contient en lui-même les véhicules plus élevés destinés à fonctionner sur les plans spirituels. Il contient l'homme complet, moins le véhicule physique, et par ce transfert dans la condition astrale, l'homme ne perd rien de ses facultés de penser et de sentir ; pour comprendre dans quelle mesure ceci est vrai, demandons-nous ce qui est resté de la conscience primitive dans le corps inerte ? Au résumé, absolument rien ; il ne s'est rien perdu de la conscience ou des sentiments de l'âme qui, transférée du plan physique sur le plan astral, commence à fonctionner dans son corps astral.

      Les principes, cependant, peuvent être considérés comme quelque chose de plus important que de simples enveloppes, que des centres de conscience pour l'entité ; car les véhicules subtils, s'ils sont capables de se séparer du véhicule astral, sont, en revanche, incapables d'exprimer par eux-mêmes les émotions inférieures, les désirs, les sentiments de l'homme tel que nous le voyons ici-bas, ou tel que nous pouvons l'observer sur le plan astral, si nous en sommes capables. Le corps astral n'est pas, au vrai sens du mot, une âme, mais il est la manifestation de l'âme par rapport à certains aspects de la Nature et à certaines possibilités de la vie. Si nous le considérons séparé de l'état de conscience intérieur et séparé aussi des véhicules supérieurs appartenant aux plans spirituels sur lesquels cette conscience peut ultérieurement fonctionner, nous pouvons alors le désigner, dans le langage habituel aux écrivains occultistes, comme le principe de Kama, ou du désir : l'âme animale, expression de tous les penchants de la vie terrestre engendrés par les expériences de l'existence physique. L'âme animale constitue cette fraction de l'homme qui implique une tendance à l'égoïsme, elle est le siège de presque toutes les aspirations au mal ou au crime que peut engendrer l'existence avec ses nécessités et ses luttes. L'âme spirituelle, lorsqu'elle échappe à son étreinte, laisse ce principe affaibli, flétri et en voie de désintégration, alors surtout que la nature supérieure s'est suffisamment développée et que la nature inférieure a été l'inévitable conséquence de la vie physique plutôt qu'un élément prédominant dans la conscience. Les circonstances dont s'accompagne cette séparation seront étudiées plus en détail lorsque nous traiterons du plan astral, et nous allons passer immédiatement au cinquième principe.

      Le véritable homme individuel, c'est-à-dire son Soi Supérieur, évoluant sous l'influence stimulante du sixième principe, comprend le produit total des forces de la pensée en rapport avec les états de conscience supérieurs aux désirs de l'animalité, et aux exigences de la vie physique. A un certain point de vue, le cinquième principe pourrait être considéré comme le véhicule de Manas, comme le Corps dévakhanique – mais, à ce degré, étant donnée la subtilité prodigieuse qui caractérise la matière, dans ces plans supérieurs, nous le trouvons si incompréhensiblement mélangé à des états divers de conscience, qu'il serait plus nuisible qu'utile de considérer le Corps dévakhanique comme étant simplement le véhicule de Bouddhi.

      Dans un certain sens, le sixième principe de l'homme, auquel on a donné ce nom, est lui-même le véhicule de cet Atma Universel, de cet Esprit de l'Univers qui embrasse tout et dont il serait folie de chercher à définir les attributs tant que notre pensée se trouve encore limitée par les conditions de l'intelligence physique. Il serait inutile de parler d'Atma autrement que dans ses effets, dans ses manifestations, qui représentent la totalité de l'Univers qui nous entoure, et tous les êtres conscients, à quelque stade d'existence qu'ils se trouvent. Nous ne pouvons jusqu'à présent rien connaître de sa nature. On ne saurait, en quelque sorte, voir en lui que la potentialité de toutes choses et de toutes manifestations.

      Nous dirons donc que l'océan de Bouddhi est la première manifestation d'Atma qu'il nous soit nécessaire de considérer. Et lorsqu'on dit quelquefois, dans un langage poétique, que chaque homme renferme en lui une étincelle de la Divinité, on pourrait exprimer autrement cette vérité en disant que tout homme est en contact ou en relation avec l'océan de Bouddhi, ou encore, s'il est permis de matérialiser celte pensée pour la rendre plus tangible, nous dirions qu'il a établi un foyer individuel dans Bouddhi. En d'autres termes, un centre individuel créé dans Bouddhi est devenu lui-même ; – ce foyer ou tourbillon étant dès lors et à jamais un fait indélébile. Aux premiers temps de son évolution, ce foyer existe à peine en potentialité, ne contenant rien qu'on puisse considérer comme une individualité consciente. Pourtant, ce quelque chose est la manifestation de Bouddhi sur le Plan dévakhanique, et, enveloppé dans un véhicule de matière dévakhanique, il constitue la véritable individualité humaine que nous étudions et dont on parle quelquefois comme du cinquième principe ; on l'appelle aussi Soi Supérieur ou Ego Supérieur, d'autres fois encore Manas Supérieur.


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(14)  Jiva, après son assimilation par le corps éthérique, est transformé en Prana, la vie solaire physique est transformée en vie humaine physique ; c'est en somme une simple modification vibratoire de la même force. Nous continuerons donc, suivant les traditions adoptées dans les éditions françaises, à appeler Prana le Jiva spécialisé. N. D. T.




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