CHAPITRE VI :
LES SEPT PRINCIPES (2/2)
Sur les niveaux supérieurs du
Plan dévakhanique (et nous verrons plus tard sa représentation en aspects variés sur les niveaux inférieurs), le principe bouddhique
anime le véhicule, qu'il ne faut plus considérer maintenant comme un véhicule, mais comme l'
âme permanente elle-même, quoiqu'elle soit désignée sous son aspect de véhicule par le nom de Karana Sharira dans la philosophie orientale. Ce principe, considéré soit comme l'
âme elle-même, soit comme véhicule permanent de cette individualité qui est une facette de l'
âme universelle, passe d'une manifestation à l'autre, se réincarnant dans différents
corps physiques, et attirant autour de lui à chaque nouvelle descente dans la vie physique, les
éléments constitutifs d'un nouveau
corps astral.
En ce qui concerne le niveau ordinaire de l'humanité composant notre race actuelle, le Karana Sharira lui-même est tout au plus l'
embryon de ce qui, dans la suite, deviendra un être réellement spirituel. Il fut un
germe impérissable dès le premier instant de son apparition dans l'océan de Bouddhi ; mais avant que son évolution ne soit achevée, il doit se manifester dans la Nature sur des plans de plus en plus inférieurs, jusqu'à son arrivée sur le plan physique. Ne pouvant descendre plus bas, il commence alors à s'épanouir, à acquérir la soi-conscience, à recueillir les expériences accumulées au cours de nombreuses incarnations successives, récoltant de chacune d'elles quelque chose, si peu que ce soit, qu'il conserve dans sa propre conscience permanente.
Ce procédé d'évolution peut déjà
s'observer dans la plupart des stades que parcourt l'humanité. Chez quelques
hommes, le Soi Supérieur individuel, le
Manas ou cinquième principe,
est déjà devenu une magnifique entité du plus haut développement,
tandis que chez d'autres êtres, ce même principe ne peut être
aperçu, par ceux dont la vision pénètre les niveaux aroupiques
du Dévakhan, que comme un nuage d'une forme à peine définie
; et cet
embryon ne peut pas être le siège d'un état de
conscience élevé.
Son progrès est néanmoins assuré
dans l'avenir ; car ceux d'entre nous qui sont aujourd'hui les plus aptes à
fonctionner dans les royaumes spirituels de la Nature, ont eu, en leur temps,
un
embryon manasique aussi indécis à son début.
L'étude des sept principes est inséparablement
liée à celle de l'Aura humaine. Les véhicules supérieurs
contenus dans l'homme peut-être pourrait-on dire plus exactement
que l'homme est contenu en eux -sont visibles aux sens astrals et à
la perception dévakhanique de ceux qui ont développé le
pouvoir de clairvoyance, et ils les décrivent sous le nom d'aura. Cette
aura est mêlée avec certaines irradiations provenant des trois
principes inférieurs. Ces irradiations ne sont point des véhicules
de l'
âme, mais elles se manifestent dans les limites que les véhicules
supérieurs occupent autour du
corps, de sorte que si, pour mieux étudier
les diverses auras, nous les séparons, par la pensée, les unes
des autres, nous pouvons nous les figurer toutes comme limitrophes.
L'Aura s'étend à une distance de 45 à
60 centimètres du
corps dans toutes les directions et présente
approximativement une forme ovale. Dans la plupart des cas ses contours ne sont
pas très définis ; ses bords s'estompent graduellement jusqu'à
devenir invisibles. Une plus sérieuse étude de ce nuage lumineux
nous démontre qu'il est constitué par des
composés distincts
et que ces
composés eux-mêmes sont formés de matière
à des états différents. Chacun d'eux est par le fait une
aura distincte, et si on supprimait les autres, on la verrait occuper seule
l'espace qu'elles couvraient ensemble. On les décrit comme différant
sensiblement les uns des autres, et chacune semble pénétrer celle
qui la précède, comme on voit le Double éthérique
pénétrer le
corps physique.
La première aura, on partant du niveau le plus bas
et le plus matérialisé, peut être considérée
comme appartenant plus spécialement au
corps physique, et peut être
judicieusement nommée « l'Aura de santé » ; car son
état se modifie sensiblement suivant la santé du
corps auquel
elle est attachée. Presque incolore, elle n'est perceptible qu'en raison
du curieux système de radiations striées qu'elle possède,
c'est-à-dire qu'on pourrait la définir comme composée d'une
multitude de lignes droites rayonnant du
corps dans toutes les directions. Tel
doit être, au moins, l'état normal de ces rayonnements lorsque
le
corps est en parfaite santé. Ces lignes sont toutes séparées
les unes des autres, et aussi parallèles que le permet leur direction
radiante ; mais si la maladie attaque le
corps, la confusion survient dans les
lignes voisines des organes atteints ; elles s'entre-croisent en toutes directions
et présentent un aspect général d'enchevêtrement.
Le deuxième constituant de l'Aura est cette énergie
vitale ou Prana que l'on peut observer pendant sa
circulation dans le Double
éthérique. Il est alors d'une délicate nuance rosée
qu'il perd bientôt dans sa radiation extérieure pour prendre une
teinte d'un blanc pâle légèrement bleuté. Il semble
être l'
influence dirigeante des lignes de l'aura de santé, celle
qui, dans un
corps sain, les maintient dans leur radiation rectiligne. J'ai
connu le cas d'un clairvoyant qui,
observant les lignes plus ou moins entremêlées
de l'aura de santé d'un individu atteint de prostration nerveuse, les
vit se redresser sous l'
influence d'une nouvelle énergie pranique qu'un
magnétiseur infusait au malade. L'aspect de « l'Aura pranique »,
pour les personnes qui peuvent la discerner, ressemble assez à celui
de l'
air surchauffé qu'on voit en été s'élever d'un
sol exposé à l'ardeur du
soleil. On petit aussi la comparer à
cette vapeur légèrement condensée produite par l'expiration
de l'
haleine dans une atmosphère suffisamment froide, mais très
rapprochée du degré qui rendrait cette vapeur totalement invisible.
On découvre aussi une curieuse ressemblance entre l'aura pranique de
l'être humain et l'aura magnétique étudiée par Reichenbach.
Il est prudent de conclure à une différence entre ces deux phénomènes ; l'organisme vital d'un être humain doit en effet spécialiser le principe vital universel de la Nature d'une façon quelque peu différente de celle des instruments magnétiques et électriques. Pourtant, l'aura pranique (qui est, en elle-même, et de beaucoup, l'élément le plus visible dans l'aura humaine), est, selon toute apparence, d'une nature identique à certaines émanations similaires qui peuvent s'apercevoir dans quelques circonstances, et qui proviennent d'
aimants et d'instruments électriques en activité.
Une circonstance très importante et intéressante aussi de l'aura pranique est qu'elle semble, dans une certaine mesure, soumise au contrôle de la volonté. En tous cas, les individus d'un développement
psychique suffisamment avancé pour la voir, et ceux-là mêmes
qui ne pouvant la distinguer, sont cependant assez avancés intellectuellement
pour en comprendre la nature, peuvent exercer un contrôle sur sa radiation
et empêcher sa dispersion hors des limites de leur propre aura. Ils l'amassent
sur la périphérie externe de cette aura, de façon à
former autour d'eux une sorte de muraille ou de coque qui intensifie son effet
protecteur et la rend impénétrable à toute
influence astrale
ou élémentale, tant que se maintient l'effort de la volonté.
Par ce moyen, l'occultiste peut traverser impunément l'atmosphère
la plus délétère.
Peut-être me risquerai-je ici à faire connaître
un petit procédé pratique, au bénéfice des personnes
assez intuitives pour en comprendre l'importance, et par conséquent capables
d'en profiter. L'expression « un effort de volonté » est
en somme très vague, très indéfinie ; la difficulté
consiste à traduire le besoin ou le désir d'un certain résultat
par l'énergie opérative de ce mystérieux pouvoir latent
en l'être humain que nous appelons volonté. La première
chose à faire pour cela est d'aider son intime alliée, cette faculté
que nous nommons vaguement l'imagination, à se représenter clairement
l'objet à atteindre. Tout individu, dont l'imagination dépasse,
en ce qui touche à l'invisible, tant soit peu les limites de l'
ignorance
et de l'incrédulité ordinaires, peut le faire en procédant
ainsi qu'il suit. que celui qui désire se protéger par une coque
magnétique fasse une profonde inspiration et expire ensuite lentement,
se représentant en imagination qu'il rejette un nuage de Prana magnétique
(ce qu'il fait en réalité). Qu'il se figure ce Prana s'attachant
aux limites externes de l'aura qui l'entoure, s'y épandant comme l'
eau
s'épand en couche mince sur une surface plane, et s'y densifiant de plus
en plus à chaque nouvelle exhalation de l'
haleine. Celui qui essaiera
ce procédé avec une pleine foi en son efficacité (croyance
dérivée de l'observation propre ou d'une appréciation intelligente
des preuves fournies à ce sujet) arrivera à un résultat
certain, et sera pendant un certain temps protégé contre les mauvais
germes et les
influences désagréables du plan astral. Mais cet
effet protecteur cessera probablement au bout de peu de temps dix minutes
ou un quart d'heure s'il n'est renouvelé par le même procédé.
Nous arrivons maintenant à l'aura du quatrième
principe et nous commençons à étudier une région
de phénomènes d'un ordre plus élevé que les conditions
de la matière corporelle, même la plus subtile. Dans la nomenclature
occulte proprement dite, on nomme ce principe « l'Aura kamique »,
c'est-à-dire celle qui a rapport à l'
âme passionnelle ou
animale qui est en l'homme. A ceux qui en comprennent la signification, elle
indique l'état général de la nature sensuelle inférieure.
Cette aura est le champ de manifestation, le miroir où se reflètent
tout désir et tout sentiment ; c'est elle qui donne une forme corporelle
et matérielle à ces noirs élémentals que l'homme crée et
anime par ses mauvais désirs et ses sentiments malveillants. Elle constitue ce
corps astral dans lequel les hommes, qui en sont capables, voyagent d'un plan à l'autre, pendant le sommeil de leur
corps physique. Ainsi qu'il faut s'y attendre, les manifestations de cette aura ont peu de durée, ses
couleurs, son éclat changent à tout instant, un accès de colère couvrira l'aura d'éclairs d'un rouge vif sur fond sombre, tandis qu'une frayeur soudaine la transformera aussitôt en une masse uniforme d'un gris pâle et livide.
L'aura la plus subtile qui puisse être observée,
par la clairvoyance limitée de celui qui aspire à devenir un
adepte,
est « l'Aura du
Manas Supérieur ». Elle n'existe pas autour
de chacun de nous, elle réside potentiellement, et d'une façon
mystérieuse, en tout être humain ; mais en exceptant les cas où
le Soi Supérieur a déjà développé une activité
considérable ; on essaierait en vain de la distinguer d'entre les nuages
plus denses des principes inférieurs. Ceux qui peuvent voir cette aura
la dépeignent moins comme un nuage que comme une lumière vivante
d'une délicatesse et d'une beauté incomparables. Bien qu'elle
soit peu visible chez l'homme ordinaire, quand le clairvoyant entraîné
se trouve en présence d'une personne, dont la spiritualité est
le caractère prédominant, cette aura éclipse alors toutes
les autres par l'éclat de son rayonnement.
Cette aura est par le fait le Karana Sharira, véhicule
de la conscience sur les plans aroupiques du Dévakhan, le Soi
Supérieur pour tous nos besoins pratiques si nous nous abstenons
respectueusement, pour l'instant, d'envisager l'état de conscience sur
le plan bouddhique. Quelques ouvrages hindous lui donnent le nom de «
Corps Messager », indiquant par là que c'est le véhicule
qui transporte de vie en vie la conscience individuelle. Au fur et à
mesure de l'avancement de l'être, le Karana Sharira se développe
aussi, et ses contours s'accentuent davantage, en gardant toujours cette forme
ovoïde qui le fait désigner dans les écrits
théosophiques
sous le nom « d'uf aurique ».
Cette multiplicité de termes est embarrassante pour le débutant, mais toute confusion disparaîtra dès qu'il aura saisi le véritable sens des idées
(15).
Lorsqu'on considère le
corps physique au milieu
de ses véhicules supérieurs, ceux-ci, qui le dépassent
de tous côtés, présentent l'apparence d'une émanation
; d'où le nom d'aura qui leur a été donné ; mais
en toute connaissance de cause, il ne faut pas perdre de
vue ce principe fondamental,
que l'aura est véritablement composée des véhicules supérieurs,
couvrant un volume plus considérable que celui occupé par le
corps
physique. Lorsque les individus se groupent côte à côte,
leurs auras, c'est-à-dire leurs véhicules supérieurs, se
confondent d'une façon étrange et s'influencent mutuellement,
si elles ne sont pas gouvernées par une connaissance spéciale
des lois
occultes.
Quelques-uns de ces principes sont séparables les
uns des autres pendant la vie, mais les éclaircissements déjà
donnés nous font voir qu'il ne faudrait pas pousser cette
conception
trop loin. Au degré inférieur de l'échelle, le troisième
principe Prana ne peut être séparé du Double
éthérique, dont il est véritablement la vie. Et quoique
le Double éthérique, accompagné de son principe Prana,
puisse, dans des conditions anormales, être séparé pour
quelque temps du
corps physique, si cette séparation se prolongeait au
delà de courtes périodes, elle entraînerait la mort du
corps
physique ; aussi ce mode de séparation n'entre-t-il jamais dans le cours
régulier de l'entraînement
occulte. D'autre part, au degré
supérieur de l'échelle, aucune des conditions spirituelles les
plus élevées que nous puissions concevoir ne saurait séparer
le principe Bouddhi du Karana Sahrira. Mais les quatrième et cinquième
principes se séparent aisément de leurs enveloppes inférieures,
et le quatrième (emportant en soi les principes supérieurs) se
dégage réellement du
corps pendant le sommeil, même chez
les individus normaux et non psychiques. Ce dégagement devient possible,
par un effort de volonté, chez les occultistes arrivés par l'entraînement
à un certain stade d'avancement ; de plus, lorsque cet entraînement
est poussé plus loin encore, le cinquième principe l'Ego
véritable, ou Soi Supérieur peut se dégager du
corps
astral (qui dans ce cas demeure avec le
corps physique). On dit alors que l'
âme
s'est revêtue de son Mayavi Roupa, véhicule adapté à
sa manifestation sur les plans inférieurs de Dévakhan. Nous apprécierons mieux le caractère de ces manifestations sur les plans astral et dévakhanique lorsque ces régions de la Nature auront été étudiées systématiquement.
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(15) Pour une étude plus complète des auras, nous renvoyons le lecteur au livre tout récent de M. C. W. Leadbeater,
Ames et Corps ; cet ouvrage contient un grand nombre de planches coloriées, du plus haut intérêt, représentant les différentes auras de l'homme depuis son stade le plus primitif jusqu'à son expression la plus sublime. N. D. T.