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Le Sentier du Disciple

Annie Besant
© France-Spiritualités™






LE PROGRÈS FUTUR DE L'HUMANITÉ
Développement à venir des hommes

Quel changement produira-t-il, ce pas en avant ? En matière de religion, le champ de vision élargi de l'humanité mettra à la portée de ses regards ce plan d'existence que l'on appelle l'astral, région dans laquelle un grand nombre de hautes Intelligences se manifestent en prenant forme, dans le but d'aider et d'instruire les hommes. Ceux-ci apprendront à voir et à connaître ces Etres dont toutes les puissantes religions ont proclamé l'existence ; ils les connaîtront comme ils connaissent, ou croient connaître, actuellement, les corps physiques qui les entourent. Ils connaîtront les entités de ce monde aujourd'hui encore invisible. En sorte que la majorité des hommes partagera, avec les plus avancés de notre époque actuelle, ce savoir de première main, si rare aujourd'hui – et cette certitude puisée aux sources mêmes, savoir et certitude qui rendront le scepticisme à jamais impossible. Lorsque, dans son état de conscience normal, un homme connaît l'existence de ces mondes invisibles et de leurs habitants – lesquels nous entourent de tous côtés – cet homme ne peut davantage en douter que vous ne le faites vous-mêmes de l'existence de votre père, de votre mère et de vos enfants. (Je ne discute pas la question du réel et du chimérique au point de vue philosophique. Je ne m'occupe que de l'univers phénoménal et j'emploie les mots avec la signification habituelle que nous leur donnons dans nos rapports entre nous.) Lorsque ce pas aura été fait, le caractère de la religion changera du tout au tout et les vérités qui sont actuellement connues et proclamées par les voyants et les prophètes seront alors connues de tous les hommes et à la portée de leur expérience de tous les jours ; cela aura pour résultat de rendre le scepticisme aussi impossible qu'il l'est de nos jours, en ce qui concerne la majeure partie des données scientifiques. La superstition sera détruite aussi bien que le scepticisme. Grâce à l'ignorance des hommes, elle vit dans l'ombre, elle se développe et prospère et devient une malédiction pour les peuples, car certains hommes qui ont conservé la tradition du savoir, sans en posséder la réalité, font usage de cette tradition pour réduire leurs compatriotes en esclavage. Ceux-ci, dans leur ignorance, sont terrifiés par cette prétention au savoir et s'inclinent devant ceux qui prétendent en posséder les clefs, bien que ces clefs soient rouillées et ne puissent plus tourner du tout dans les serrures. Et nous verrons, comme nous le voyons aujourd'hui, que la superstition devient impossible, lorsque les yeux des hommes sont ouverts. Vous ne savez pas le mal que fait la superstition au delà de la mort. Vous n'avez point idée des souffrances et des terreurs qu'endurent de trop nombreuses âmes, lorsqu'elles passent du corps matériel dans un monde qui leur est inconnu, et où pullulent, pour elles, les épouvantails imaginaires dont l'a peuplé la superstition dirigée par le prétendu savoir. C'est surtout le cas en Occident, où l'on parle d'un enfer éternel et où l'on dit qu'après la mort il n'y a ni développement, ni progrès, que le pécheur est plongé dans un lac de soufre enflammé, où il restera durant les innombrables siècles de l'éternité, sans espoir de salut, ni de libération. Vous ne pouvez vous imaginer l'effet que ces croyances produisent sur les âmes qui franchissent les portes de la mort, pour passer dans l'autre monde. Ces pauvres âmes se figurent qu'il en est ainsi, et qu'elles peuvent être victimes des horreurs décrites et proclamées par leurs ignorants instructeurs. Ceux qui les assistent de l'autre côté ont bien de la peine à calmer graduellement leur terreur et à leur faire comprendre que la Loi règne partout et que la malveillance et la méchanceté ne sont pas au nombre des pouvoirs qui dirigent le Kosmos. Comme je viens de vous le dire, le scepticisme et la superstition seront donc impossibles ; on rencontrera d'autres difficultés, d'autres problèmes, d'autres questions obscures, mais ces ennemis jumeaux de l'homme, le scepticisme et la superstition, seront détruits, sans qu'il ne leur soit plus possible de renaître, lorsque ce jour sera venu pour l'humanité.

      En ce qui concerne l'amour, pris au point de vue philanthropique, le progrès sera grand aussi, car, de ce plan, on peut beaucoup mieux agir pour le bien de l'homme, que d'ici, sur le plan physique. Les activités physiques sont très bruyantes, mais donnent des résultats comparativement faibles. Vous voyez un homme qui court çà et là, édictant des lois, faisant une chose ou une autre, autant dans le monde gouvernemental que dans la société, et vous vous imaginez que son œuvre est très grande et qu'elle produira de merveilleux résultats. Mais comme ils sont petits et mesquins, ces résultats, lorsqu'on les compare avec le flot qui ruisselle de l'œuvre invisible accomplie dans le calme et le silence, sans qu'une parole soit articulée, sans qu'aucun effort soit fait par le corps physique !... de l'œuvre accomplie par le mental, dans le milieu subtil qui agit sur les pensées des hommes plutôt que sur leurs corps, qui influence leurs mentals plutôt que leurs enveloppes extérieures. Lorsque l'humanité se sera élevée jusqu'à ce plan supérieur, cette influence sera bien plus répandue qu'elle ne l'est aujourd'hui et l'on combattra la misère, le crime et les souffrances, en agissant sur le mental des hommes, en les purifiant et en les fortifiant, de façon à les élever au-dessus des possibilités dans lesquelles ils se noient aujourd'hui. Vous rendez-vous bien compte, vous tous à qui je parle en ce moment, qu'en générant une pensée impure, vengeresse, colère ou vile, chacun de nous projette cette pensée dans le monde social, sous la forme d'une force vivante, d'une entité active, qui agit sur la société et qui est assimilée par les plus faibles, par les plus réceptifs, par les moins développés ? Nous voyons ainsi les pensées des hommes soi-disant respectables répandre les germes du crime au milieu des masses, et les fautes de celles-ci se traduire par des actes relevant plutôt du Karma de ceux qui, par leurs pensées, ont provoqué ces actes criminels. Cette vérité n'est pas aussi répandue qu'elle devrait l'être. On n'en est pas aussi convaincu qu'on devrait l'être. Chaque homme, qui éprouve un sentiment de rancune, projette une puissance destructrice dans le monde astral, et lorsque survient une créature faible, pourvue d'un mauvais Karma, environnée de mauvaises circonstances, soumise à des impulsions qu'elle est incapable de maîtriser et à des passions qui dominent son mental, ces mauvaises pensées s'abattent sur elle : toutes ces terribles pensées émises par des hommes jouissant d'une situation respectable dans le monde. Si cette créature est excitée par quelque injustice, si elle est affolée par quelque outrage, elle est poussée à commettre ce que nous appelons un assassinat. Bien que ce soit sa main matérielle qui tienne le couteau, on peut, certes, faire remonter la responsabilité du coup porté aux pensées de bien des hommes, dont les sentiments de vengeance sont d'une essence meurtrière, bien qu'ils n'en revêtent pas l'apparence extérieure. Il vous sera impossible de faire disparaître le crime dans les bas-fonds de la société, tant que vous n'aurez pas purifié les pensées des classes supérieures, de ceux qui sont instruits, de ceux qui peuvent comprendre la nature des choses. Et lorsque tout cela sera bien compris et su, lorsque le monde astral sera ouvert à la vision humaine, nous aurons à notre disposition une force nouvelle pour aider et soutenir le genre humain. Les hommes, en effet, ne douteront plus de la puissance de la pensée, ils se rendront compte de la responsabilité qu'ils assument en générant des pensées et projetteront des influences d'amour et d'assistance, au lieu des influences avilissantes qu'ils émanent si souvent aujourd'hui. Ils constateront aussi que l'assistance directe leur sera devenue possible, telle qu'elle nous est actuellement donnée du haut de cette région, car les découvertes que font les hommes de science leur viennent souvent de ce monde supérieur, en vertu d'une action directe sur leur mental. Lorsqu'un homme de science inaugure une nouvelle manière de voir, lorsqu'un homme comme M. Crookes, par exemple, découvre la genèse des atomes – une des plus belles théories générales de la science moderne – croyez-vous que ce soit en partant d'en bas qu'il se soit élevé jusqu'à cette connaissance ? Je vous le déclare : de pareilles idées viennent d'en haut et non pas d'en bas. C'est de cette façon que les Maîtres agissent sur le mental des hommes pourvus de certaines capacités, susceptibles d'être utilisées, et du Monde de la pensée, en passant par le plan astral, où les pensées sont des entités vivantes et actives. Ils influencent parfois certains individus, afin que le progrès du monde puisse être hâté et le développement de l'humanité facilité. La raison pour laquelle cela n'a pas lieu plus souvent de nos jours est la suivante : tant que le côté moral de la nature humaine n'est pas développé, il n'est pas bon que l'homme connaisse trop bien les forces invisibles qui sont cachées derrière le voile ; il en userait mal au lieu de les utiliser, il s'en servirait sans scrupules pour satisfaire ses instincts égoïstes, au lieu de les employer à fortifier et à aider ses semblables. Voilà pourquoi la connaissance n'est pas plus largement distribuée ; voilà pourquoi la science n'est pas aidée davantage. La science, comme le disait un des Grands Etres, doit d'abord devenir la servante de l'humanité, pour mériter d'être largement aidée par Ceux qui dominent tous les Aides et tous les Sauveurs de la race.

      D'un autre côté encore, on fera de plus rapides progrès à l'époque dont nous nous occupons. En ce qui concerne l'éducation, je suppose que vous n'avez guère été frappés, lorsque vous aviez affaire à des enfants, à de très jeunes garçons, par la grandeur des possibilités qu'on découvrirait en eux, si leurs maîtres avaient assez de savoir pour alimenter leurs bonnes dispositions et étouffer les mauvaises. Vous savez qu'autour du corps de chaque homme il existe, visible pour l'œil exercé, pour l'œil du Yogi par exemple, ce que l'on appelle une aura, laquelle aura permet de constater l'état de développement du mental, la nature du caractère, et renseigne, d'une façon précise, sur le degré d'avancement atteint par l'âme qui habite ce corps et sur les traits distinctifs et les attributs de cette âme. Chacun de vous transporte autour de lui cette sorte de compte rendu de sa propre situation, cette preuve bien évidente du degré qu'il occupe sur l'échelle de l'évolution. Autour de chacun de vous se trouve cette atmosphère particulière qui indique la nature de vos pensées et de votre caractère, qui est aussi facile à déchiffrer, pour l'œil exercé, que le sont les traits du visage, pour l'œil physique, et qui renseigne infiniment mieux sur le caractère de l'homme. Or, lorsqu'un jeune enfant vient au monde et passe par les premières phases de sa croissance, son aura présente la particularité suivante : elle renferme les résultats karmiques de son passé ; mais une grande partie de ces tendances mentales et morales qu'elle possède ne s'y trouvent qu'à l'état embryonnaire et non pas à l'état de maturité. Si vous examinez l'aura d'un jeune enfant, vous la trouverez comparativement pure, ses teintes sont claires et transparentes et non pas denses, boueuses et épaisses, comme chez l'homme ou la femme adultes, et dans cette aura se trouvent, à l'état latent, des tendances qui peuvent être développées. Les unes sont bonnes et les autres mauvaises. Ces caractéristiques étant discernées par un œil exercé, on peut développer les bonnes tendances et étouffer les mauvaises dispositions, en soumettant l'enfant à des influences propices. Si vous voulez qu'une semence vous donne une plante saine et vivace, il vous faut la mettre dans un bon terrain, l'arroser et veiller à ce que le soleil l'inonde de ses rayons. La semence renferme tout ce qu'il y a d'essentiel dans la plante, mais celle-ci n'est pas encore manifestée dans son entier et, selon la nature du sol auquel vous confierez cette semence, selon les soins que vous en prendrez, selon la brise qui la caressera et le soleil qui la réchauffera, son développement sera plus ou moins complet ; elle peut grandir et devenir très belle, ou bien être rapetissée et arrêtée dans sa croissance. Il en est de même de l'enfant, dans une large mesure. Un enfant vient au monde ; il a en lui, par exemple, le germe de la colère, le germe d'un tempérament violent et passionné. Si nous supposons ceux qui l'entourent doués de connaissances et de sagesse, ils sauront comment s'y prendre avec lui. On ne devrait jamais laisser entendre à l'enfant une seule parole irritée, ne jamais le rendre témoin d'un acte de passion. Tous ceux qui l'entourent devraient être doux, aimants et maîtres d'eux-mêmes, et il ne faudrait jamais transmettre au germe que possède l'enfant la force stimulante de la colère de gens plus âgés, force qui aurait pour effet d'en hâter le développement chez lui, de lui donner plus d'intensité et de l'amener à maturité. Il vous faudrait veiller à ce que les enfants fussent entourés par des influences de nature à stimuler tout ce qu'il y a de bon, de noble et de pur en eux. Et si vous faisiez cela pour chacun d'eux, l'humanité avancerait avec une vitesse de course, alors qu'actuellement elle marche d'un pas boiteux. L'ignorance obscurcit le mental des hommes et ils ne savent pas comment il faut élever les petits. Il n'y a qu'échecs autour de nous, et ces échecs disparaîtront lorsque l'homme aura acquis un plus vaste savoir, lorsqu'il enseignera avec lucidité et non plus aveuglément comme il le fait aujourd'hui ; lorsqu'il enseignera en se basant sur la connaissance et non sur l'ignorance. Cette nécessité d'une bonne éducation explique pourquoi, jadis, chaque petit garçon était envoyé à un Gourou. Cette antique institution avait pour but de donner à l'enfant l'action d'un mental bien développé sur son propre mental et l'assistance d'un Maître dont les connaissances approfondies surpassaient celles de l'homme ordinaire. Le Gourou était toujours un homme qui savait ; le Gourou était toujours un homme qui voyait et l'enfant était remis entre ses mains, parce que, grâce à l'éducation ainsi donnée, les mauvais instincts étaient étouffés et les bons développés. A mesure que les vrais Gourous ont disparu, le genre humain a perdu ce grand avantage, mais il le recouvrera lorsque le savoir sera plus répandu dans le peuple et lorsqu'une phase plus élevée de son développement aura rendu possible cette noble éducation.

      Dans toutes les phases du savoir, les méthodes seront changées. Le médecin ne sera plus obligé de déterminer la nature d'une maladie par les symptômes extérieurs ; il appuiera son diagnostic sur la vision directe et non plus sur le raisonnement. On commence à se servir, pour établir un diagnostic, de ce que l'on appelle les facultés de clairvoyance ; au lieu d'être arrêté par la densité du corps physique, le médecin fait appel au clairvoyant, dont le regard traverse la matière physique et est à même de voir le mal ; dont le regard peut saisir exactement ce qu'il y a de défectueux dans l'un des organes du corps humain. Grâce à cette clairvoyance, le médecin possède les renseignements dont il a besoin et qui lui permettent d'agir avec une entière certitude et de surveiller l'effet produit par les médicaments prescrits.

      Imaginez-vous ce que deviendrait la science médicale si tous les médecins jouissaient de cette faculté de clairvoyance, si elle devenait générale, au lieu d'être l'apanage de quelques-uns, de façon à leur permettre d'établir leur diagnostic avec certitude et de surveiller les effets du traitement avec cette précision que la vue seule peut donner ? De même pour la chimie : de combien les résultats obtenus par le chimiste ne dépasseraient-ils pas ceux qu'il obtient aujourd'hui, si ses yeux étaient ouverts, ou, mieux encore, s'il pouvait suivre toutes les phases des combinaisons de ses éléments, s'il lui était possible de composer ses mélanges avec la certitude que donne la vue au lieu de le faire au hasard et d'être obligé d'attendre le résultat d'une expérience, avant d'être certain du résultat produit ? Combien d'accidents seraient évités ! Combien cette connaissance hâterait les progrès de la science ! Un aperçu des progrès que l'on pourrait faire dans ce sens est donné dans un article du numéro de novembre 1895 du Lucifer. Vous y verrez à quel point les limites du savoir seront reculées, lorsque l'humanité aura appris à se servir de son véhicule sur le plan astral. De même encore dans le domaine de la psychologie ; lorsque les hommes communiqueront entre eux par la pensée, au lieu d'employer les lentes méthodes de la science matérielle, avec quelle rapidité la pensée volera de cerveau à cerveau, communiquant les idées sans avoir recours aux grossiers procédés dont nous usons aujourd'hui ! Vous vous rendrez immédiatement compte de la signification que cela peut avoir pour l'humanité, en vous plaçant simplement au point de vue de ce monde inférieur. Je veux dire par là qu'à ce moment l'idée de séparation ne sera plus qu'une chose du passé ; que ni montagne, ni océan ne pourront plus séparer deux hommes, deux amis, deux parents. Je veux dire que dès que les hommes auront conquis cette région de la nature, ils seront capables de communiquer entre eux, de mental à mental, quel que puisse être l'endroit où ils voyagent, quel que puisse être le pays qu'ils habitent, car, pour le mental, les barrières du temps et de la distance n'existent pas, comme elles existent dans le monde physique. Lorsque l'homme aura perfectionné son véhicule astral, il sera toujours à portée de ceux qu'il aime et les douleurs de l'absence auront disparu. De même, la mort aura perdu le pouvoir de séparer. Prenez la vie de l'homme telle qu'elle est aujourd'hui ; prenez la vie des nations telle que nous la connaissons actuellement et vous verrez que la mort et la séparation sont deux des grandes douleurs qui accablent l'humanité. Toutes les deux auront perdu leur principale force d'oppression, lorsque l'homme aura fait ce grand pas en avant ; toutes les deux auront perdu leur pouvoir de séparer, lorsque l'homme aura atteint ce niveau plus élevé. Ce dont les Disciples seuls jouissent aujourd'hui sera partagé avec Eux par la majorité, et la vie matérielle de l'homme sera bien plus belle lorsque ces influences qui la troublent auront disparu.

      Il en sera naturellement de même pour la philosophie, avec sa connaissance plus approfondie des possibilités de la matière et des réalités de la vie. De mémoire aussi pour l'histoire, lorsque toutes ses données seront puisées dans les archives de l'âkâsha et qu'elle ne sera plus écrite dans le but de satisfaire les passions d'un parti politique, ou pour appuyer certaines théories sur le développement humain, ou certaines hypothèses dues à l'imagination des savants. L'histoire tout entière est enregistrée dans l'âkâsha ; là se trouvent ses impérissables et indestructibles archives. Pas une action de l'humanité passée qui n'y soit inscrite, pas un fait de l'histoire humaine qui n'y soit enregistré pour les yeux qui sont capables de voir. Le temps viendra où toute l'histoire en sera tirée, au lieu d'être rédigée d'après le procédé plein d'ignorance actuellement en usage, et lorsque les hommes voudront connaître le passé, ils jetteront un coup d'œil sur ces impérissables archives et s'en serviront pour hâter leur développement, en utilisant l'expérience du passé, pour favoriser une croissance plus rapide de l'humanité.

      Quant à ce que sera l'art lorsque ces nouveaux pouvoirs seront à la portée de l'homme, ceux-là seuls, peut-être, qui en jouissent aujourd'hui jusqu'à un certain point, seraient à même de s'en faire une idée. Possibilité d'employer de nouvelles formes, belles au delà de toute expression, d'employer des couleurs plus éblouissantes qu'on ne saurait se les imaginer, couleurs qui sont inconnues dans le monde physique et qui prennent naissance dans la matière plus subtile du plan astral, couleurs que nul ne peut décrire, car une description verbale ne saurait faire comprendre la nature d'une couleur inconnue. Tout cela sera du domaine de l'art, ainsi que toutes les merveilleuses facultés des sens plus subtils.

      Qu'adviendra-t-il alors du pouvoir et de la puissance ? La royauté divine reparaîtra sur la terre ; les hommes prendront rang dans la société d'après le degré de développement qu'ils auront atteint et non plus suivant les caprices du hasard comme cela se voit aujourd'hui. Tous les hommes seront capables de connaître, et leur propre degré d'évolution, et celui des autres, attendu que l'aura de chaque homme indiquera, d'une manière visible pour tous, ses facultés mentales et ses capacités morales et, par suite, la place qu'il est apte à occuper dans la société humaine. Nous verrons alors les jeunes gens s'exercer au genre de travail pour lequel ils ont des aptitudes, au genre de travail que leurs facultés leur permettent de bien accomplir. Le mécontentement qui règne aujourd'hui aura disparu, car il a sa source dans la déception des vocations entravées, dans le sentiment d'avoir subi une injustice, qui se fait jour dans le mental des hommes, lorsqu'ils ont la conviction de posséder des facultés, sans avoir aucune occasion de les mettre en lumière, des capacités qu'ils ne sont pas en état de déployer. S'ils étaient sages, ils sauraient que c'est un résultat de leur Karma, mais nous parlons en ce moment des masses et non pas des individus plus intelligents. Pour elles le mécontentement deviendra impossible, lorsque chaque homme occupera la position à laquelle lui donnent droit ses visibles facultés, et il y aura ainsi, encore une fois, une société bien organisée. A ce moment aussi, nous saurons mieux comment il faut traiter les types inférieurs de l'humanité. Nous ne punirons plus nos criminels, nous les guérirons ; nous ne les condamnerons plus à mort, nous les instruirons. Nous serons capables de discerner le point faible sur lequel l'assistance doit se porter et l'on verra la sagesse qui réforme, remplacer la colère qui punit. Non seulement on changera la Société, en perfectionnant ainsi la nature même des hommes, mais l'aspect du monde extérieur sera lui-même modifié et le règne animal tout entier sera soumis à la puissance réformatrice de l'homme. Celui-ci ne sera plus un tyran et un oppresseur comme il l'est maintenant, mais sera le soutien, l'éducateur et l'instructeur du règne animal inférieur. Il sera ce qu'il était destiné à être, le protecteur et l'éducateur de l'animal et non plus son bourreau et son oppresseur, comme il ne l'est que trop de nos jours. Je n'ai pas besoin d'ajouter que tous les genres de cruauté disparaîtront peu à peu ; le sang des animaux ne tachera plus la terre comme il la tache si profondément aujourd'hui ; les animaux ne fuiront plus devant l'homme avec crainte et horreur, sachant que c'est un ennemi et non pas un ami qu'ils ont en lui, car nous marcherons alors vers un nouvel âge d'or, durant lequel tous les êtres vivants aimeront au lieu de haïr.

      Ce que je viens de vous décrire ressemble à un conte de fées, mais ce n'est, pourtant, que la plus prochaine phase du développement de l'homme ; ce n'est que le résultat de la conquête du plan astral, de celui qui vient immédiatement après le plan physique. Que sera-ce lorsque l'homme s'élèvera plus haut encore et occupera, en pleine conscience, le plan mânasique ou mental ? Je ne puis prendre qu'un ou deux exemples pour vous donner une idée de l'expansion triomphante de la conscience, à cette époque encore si éloignée de nous. Supposons, par exemple, un orateur et son auditoire ; quelle différence ne trouverons-nous pas dans la nature de l'éloquence et dans l'effet qu'elle produira sur le public ? Au lieu d'entendre des mots, des sons articulés qui arrivent jusqu'aux oreilles et ne transmettent qu'une petite partie de la pensée, d'une manière si imparfaite et si inexacte, l'auditoire verra la pensée telle qu'elle est. Cette pensée jaillira devant ses yeux, revêtue d'une couleur radieuse, ayant une intonation splendide et une forme exquise et c'est, en quelque sorte, en musique qu'on s'adressera à lui. On lui parlera un langage figuré par des couleurs et des formes, jusqu'au point de remplir toute une salle de musique parfaite, de couleurs et de formes parfaites. Telle sera, en effet, l'éloquence de l'avenir, lorsque les hommes auront conquis ce plan supérieur de l'état de conscience et de la vie. Pensez-vous que je rêve ? Je vous le déclare : il existe aujourd'hui des humains qui peuvent atteindre ce plan de conscience, qui peuvent le connaître, en ressentir les effets ; ces êtres humains ont passé derrière les voiles qui arrêtent la vue de la majorité des hommes et les empêchent de reconnaître les hautes possibilités de la vie. Un homme qui se tient sur le sommet d'une tour est à même de contempler le paysage de tous les côtés et perçoit les sons, les couleurs et les formes qui lui viennent de toutes les parties de ce paysage, tandis que s'il descend par l'escalier de la tour, il ne peut plus voir, de ce paysage, que la partie encadrée par la fenêtre percée dans le mur ; il en est de même de la vie de l'homme sur le plan mental. Le savoir lui arrive à flots de tous côtés ; non point par l'intermédiaire des sens que nous connaissons, mais par celui d'un sens unique, qui répond à toutes les vibrations de l'extérieur. Et lorsque l'homme redescend dans les véhicules inférieurs, cela produit exactement le même effet que s'il descendait l'escalier de la tour ; il ne peut plus percevoir que ce que les yeux, les oreilles et le nez – ces petites fenêtres percées dans le mur – lui permettent de connaître du monde extérieur, car les sens ne sont que des fenêtres et nous sommes prisonniers derrière les murs du corps matériel. Ce n'est qu'en nous élevant au-dessus de ce corps que nous sommes réellement à même de percevoir le monde qui nous entoure, dans toute sa gloire, dans toute sa beauté et avec toutes ses merveilles.

      La puissance de la vie sera considérablement accrue à ce moment. Toutes les hautes manifestations intellectuelles proviennent de cette région, et traversent le monde astral. Les plus puissantes influences mentales destinées, aujourd'hui, à aider l'homme dans le monde physique, sont projetées du haut du plan mânasique par ceux qui sont capables d'y déployer leur activité. Les disciples des Maîtres sont là, pleinement conscients, travaillant pour aider l'homme, pour fortifier l'humanité, et tous ceux qui ont franchi ces grandes portes de l'Initiation dont je vous ai parlé hier vivent dans cette région et s'efforcent de venir en aide à l'homme. Le disciple peut travailler à cela dans le monde physique, mais il le fait bien mieux dans cette haute et efficace région. C'est là qu'il déploie sa plus grande activité ; c'est là qu'il se rend le plus utile. Et lorsque la majorité des hommes atteindra cette région, combien grand sera le nombre des travailleurs, combien vaste sera l'association des aides ! Il n'y a là, aujourd'hui, que quelques centaines de travailleurs, pour aider les milliers d'êtres du genre humain, et le travail est imparfait par suite du petit nombre de ces travailleurs. Mais avec quelle rapidité les hommes traverseront les degrés inférieurs, lorsque l'ensemble de l'humanité se sera élevé jusqu'à cette région. Le genre humain se développera avec une rapidité dont nous pouvons difficilement nous faire une idée aujourd'hui.

      L'homme montera plus haut encore, pour prendre pied sur un autre plan ; sur ce plan où tout est unité, où l'homme a conscience de ne faire qu'un avec toutes les choses manifestées sur le plan de Turîya, que l'homme occupera avant la fin du Manvantara. Ce plan n'est maintenant ouvert au disciple que dans la dernière phase de son développement, que je vous ai décrite hier. La Septième Race d'hommes escaladera ces hauteurs et s'y établira. Lorsqu'on atteint à cette expansion de l'état de conscience, il n'y a plus rien qui sépare les hommes ; chacun d'eux sait qu'il ne fait qu'un avec les autres, qu'il ressent ce que les autres ressentent, qu'il pense et qu'il sait ce que les autres pensent et savent ; c'est un état de conscience qui s'élargit jusqu'à englober des myriades d'êtres. A ce moment, la fraternité humaine deviendra un fait accompli, car on perçoit l'essence des choses et non plus seulement leurs apparences ; on voit la réalité et non plus seulement la manifestation phénoménale. Tous reconnaissent le Soi unique qui vit dans tous et la haine devient à jamais impossible pour l'homme qui sait.

      Plus haut encore se trouve un autre degré que je ne puis dépeindre par aucun mot, dont aucune phrase ne peut donner une idée ; ce degré dont les Sages ont parlé comme Nirvâna ; qu'ils ont vainement cherché à expliquer, parce que le langage humain est impropre à cette tâche ; tous leurs efforts, pour faire partager leur savoir, n'ont produit qu'une conception erronée. C'est un état de conscience si grand, qu'il en devient. Incompréhensible ; c'est un état de conscience qui englobe l'univers tout entier et qui, par cela même, donne à la compréhension limitée des hommes l'impression de l'annihilation. Mais, je vous le dis, la vie de Nirvâna, la vie des Etres puissants qui l'ont atteint, est un état de conscience auprès duquel le nôtre ressemble à celui de la pierre, à cause des limitations qui l'entravent, de l'aveuglement qui l'obscurcit et de l'inhabileté de ses méthodes. Là existe une vie qui dépasse tous nos rêves d'existence ; une activité supérieure à tout ce que nous pouvons imaginer ; une vie qui est une et qui se répand cependant en activités manifestées ; une vie où le Logos est la Lumière manifestée, dont les rayons traversent toutes les régions du monde. Ce degré, également, est un but auquel l'homme doit atteindre durant ce Manvantara et il y atteindra lorsque la Septième Race aura achevé son évolution. Et les prémices de notre humanité, qui en ont conscience aujourd'hui, se verront entourées par des myriades d'êtres, qui en auront conscience également. Puis viendra la Vie du Logos durant des périodes innombrables et la parfaite réflexion du Logos dans les êtres qui auront grandi à son image, jusqu'à ce qu'un nouvel univers naisse, jusqu'à ce qu'un nouveau Kosmos entre en activité. Et ces Etres, devenus à leur tour un Logos, édifieront un nouvel univers, instruiront une nouvelle humanité. Tel est l'avenir qui nous attend ; telle est la gloire qui nous sera révélée.


FIN




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