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Le Sentier du Disciple

Annie Besant
© France-Spiritualités™






LA VIE DU DISCIPLE
La voie du noviciat (2/2)

La première qualité est le produit des épreuves par lesquelles l'homme a passé ; elles éveillent et développent en lui Vivéka, ou le discernement, la faculté de distinguer le réel du chimérique, l'éternel du transitoire. Jusqu'à ce qu'il l'ait acquise, il restera enchaîné à la terre par l'ignorance, et les choses de ce monde exerceront sur lui toutes leurs séductions et leurs charmes. Ses yeux doivent s'ouvrir et il lui faut franchir le voile de Mâyâ, au moins assez pour estimer les choses de la terre à leur juste valeur, car c'est de Vivéka que naît la seconde qualité.

      Vâirâgya. – Je vous ai déjà fait remarquer qu'un homme doit commencer par s'exercer à ne plus tenir compte de ce que peuvent lui rapporter ses actions. Il doit s'étudier à accomplir ses actions comme on remplit un devoir, sans aspirer continuellement à un gain personnel quelconque. Nous supposerons qu'un homme a dû s'exercer à cela durant de nombreuses existences, avant que l'on ne réclame de lui ce qu'il doit avoir conquis, dans une très large mesure, avant que l'Initiation ne soit possible, c'est-à-dire une complète indifférence pour les choses de la terre. L'indifférence pour les choses de la terre, l'indifférence pour les choses de ce monde, en un mot Vâirâgya, est la seconde des qualités requises de l'aspirant chelâ, sur la voie du noviciat. Il a déjà développé Vivéka et, comme nous venons de le voir, c'est la faculté de distinguer le réel de l'illusoire, le transitoire du permanent. Or, lorsque le sentiment du réel et du permanent s'est emparé du mental humain, il en résulte forcément que les choses de ce monde perdent tout attrait pour lui et qu'il n'éprouve plus que de l'indifférence à leur égard. Lorsque l'on perçoit le réel, le chimérique devient si insuffisant ! Lorsque l'on distingue le permanent, ne fût-ce que pour un moment, le transitoire semble valoir si peu la peine d'être poursuivi ! Sur la voie du noviciat, les choses qui nous entourent perdent, toutes, leur pouvoir d'attraction et l'homme n'a plus besoin de faire un effort pour s'en écarter ; il n'a désormais plus besoin de faire intervenir délibérément sa volonté, pour s'interdire d'agir en vue d'un bénéfice. Les choses en elles-mêmes perdent tout pouvoir d'attraction : les racines du désir s'atrophient graduellement et toutes choses, comme il est dit dans la Bhagavad Gitâ, s'écartent de l'hôte plein d'abstinence qui habite le corps. Non pas tant parce qu'il s'abstient volontairement, mais plutôt parce que ces choses ont perdu tout pouvoir de le satisfaire d'une manière quelconque. Tout ce qui a de l'attrait pour les sens s'écarte de lui, à cause de l'entraînement dont nous avons parlé et par lequel il a passé.

      Voyant désormais les choses sous leur aspect transitoire, il va de soi que son indifférence pour elles finit par donner forcément naissance à cette qualité qu'il s'est si longtemps efforcé d'acquérir, c'est-à-dire à l'indifférence pour les résultats, car ces résultats ne sont eux-mêmes que d'autres choses. Les résultats sont compris parmi les choses dont il reconnaît la nature transitoire et chimérique, depuis qu'il a connaissance du réel et du permanent.

      Il faut alors s'assimiler la troisième des qualités requises sur la voie du noviciat : Shatsampatti, le sextuple groupe de facultés mentales, ou d'attributs mentaux, qui apparaît dans la vie de celui que nous pourrions appeler le candidat chelâ. Il a lutté longtemps pour arriver à gouverner ses pensées de la façon qui nous est familière. Il a mis en pratique toutes les méthodes dont nous avons parlé hier, pour arriver au contrôle de soi-même, pour s'accoutumer à la méditation et pour travailler à l'édification de son caractère. Cette pratique l'a désormais mis à même de manifester dans l'homme réel – car nous nous occupons de l'homme réel et non pas de l'apparence illusoireShâma, ou le contrôle du mental, cette discipline exacte des pensées, cette claire compréhension de leurs effets et des rapports qu'elles établissent entre lui et le monde qui l'entoure, suivant qu'elles visent au bien ou au mal. Par le seul fait de la certitude qu'il a de pouvoir aider ou troubler l'existence d'autrui, au moyen de ses propres pensées, de pouvoir entraver ou faciliter l'évolution de la race, il devient, de propos délibéré, un coopérateur du progrès humain et du progrès de tous les êtres qui évoluent dans les limites du monde auquel il appartient. Et cette discipline des pensées – qui est désormais l'état normal de son mental – le prépare, comme vous le verrez, à devenir un véritable chelâ, dont toutes les pensées doivent être utilisées pour les travaux du Maître et dont le mental doit suivre, presque sans efforts, les sillons qui lui ont été tracés par la volonté.

      De cette discipline des pensées, si solidement établie maintenant, découle inévitablement Dâma, le contrôle des sens et du corps, ou ce que nous pouvons appeler la discipline de la conduite. Avez-vous remarqué que, lorsque l'on traite des questions en se plaçant au point de vue occulte, elles sont renversées par rapport à ce qu'elles seraient au point de vue terrestre ? Les hommes de ce monde attachent plus d'importance à la conduite qu'à la pensée. Les occultistes, au contraire, mettent la pensée bien au-dessus de la conduite. Si la pensée est droite, la conduite sera inévitablement pure ; si la pensée est disciplinée, la conduite sera certainement bien contrôlée et bien dirigée. L'aspect matériel, c'est-à-dire l'action, n'est que la traduction de la pensée intime qui, dans ce monde de la forme, revêt l'apparence de ce que nous appelons l'action ; mais sa nature est le produit de la vie interne et son apparence est coulée dans le moule que lui fournit l'énergie, sa véritable productrice. Le monde Aroupique est le monde des causes, tandis que le monde Roupique n'est que celui des effets. C'est pourquoi le fait de discipliner la pensée a pour corollaire obligé la discipline de l'action, qui n'est que son expression naturelle et inévitable.

      Le troisième attribut mental qui caractérise cette manière d'être de l'homme intérieur est Ouparati, dont la meilleure traduction serait : une tolérance large, noble et soutenue, – j'emploie le mot tolérance dans le sens le plus large que vous puissiez lui donner – une tolérance pour tout ce qui l'entoure, une sorte de patience sublime capable d'attendre et de comprendre et qui, par suite, ne réclame de personne plus qu'il ne peut donner. Cela constitue aussi une préparation à une phase très marquée sur la voie du véritable Chelâ. Cette manière d'être de l'homme, cette attitude pleine de tolérance, le rend capable de créer des facilités à chaque personne et à chaque chose ; lui montre tous les hommes, non sous leur aspect extérieur, mais sous leur aspect intérieur ; lui permet de discerner leurs aspirations, leurs désirs et leurs motifs, au lieu de s'arrêter aux grossiers et fréquents contre-sens des aspects qu'ils revêtent dans le monde matériel. L'homme apprend à exercer la tolérance religieuse vis-à-vis de toutes les religions ; à tolérer les usages de toutes sortes et les diverses traditions des hommes. Il comprend que ce ne sont que des phases transitoires que les hommes finiront par franchir et il n'est pas déraisonnable pour attendre de l'humanité, encore dans l'enfance, cette largeur et cette hauteur de vue, ce sentiment de patience plein de dignité qui est la caractéristique de l'humanité, dans sa période virile et non pas durant les premières phases de son développement. Cette attitude du mental doit être sans cesse entretenue par l'homme qui approche de l'Initiation et il doit acquérir cette tolérance par une connaissance approfondie de la vérité ; il doit être à même de la discerner jusque sous le voile des apparences trompeuses. Remarquez-vous que, durant tout le parcours de la voie du noviciat, le grand changement qui s'est opéré dans l'homme n'est autre que l'aurore du sentiment de la réalité ? Il n'est plus trompé par les apparences, comme il l'était auparavant. A mesure qu'il se développe, il perçoit mieux la réalité et se débarrasse peu à peu de l'illusion. Il se délivre de tout assujettissement aux apparences et reconnaît la vérité, quelle que soit la forme illusoire dont elle se couvre.

      La faculté qui distingue ensuite son état mental est Titiksha, l'endurance, le pouvoir de supporter avec patience tout ce qui arrive et l'absence totale de tout ressentiment. Souvenez-vous que j'ai appelé votre attention sur ce pouvoir, comme sur une faculté que l'on doit s'efforcer d'acquérir ; que je vous ai expliqué comme quoi l'homme devait se délivrer de toute tendance à se sentir offensé, qu'il devait développer en lui-même l'amour, la compassion et le pardon, et que ce développement aurait pour résultat un état mental ferme et bien déterminé. Ainsi donc l'homme intérieur se délivre de tout ressentiment – ressentiment envers quoi que ce soit, envers les hommes, envers les circonstances, envers tout ce qui l'entoure dans la vie. Pourquoi ? Parce qu'il voit la vérité et connaît la Loi ; parce qu'il voit, par conséquent, dans les circonstances qui l'entourent, quelles qu'elles soient, les effets de la bonne Loi. Il sait que les hommes, quelle que soit leur conduite à son égard, ne sont que les agents inconscients de la Loi. Il sait que tout ce qui peut lui arriver dans cette vie a été créé par lui dans le Passé. Aussi, ce qui caractérise sa manière d'être, c'est l'absence de ressentiment. Il a acquis le sens de la justice et rien ne peut plus le mettre en colère, car rien ne peut l'atteindre s'il ne l'a pas mérité ; aucun obstacle ne peut se trouver sur son chemin, s'il ne l'y a pas placé lui-même dans ses existences précédentes. Nous voyons donc qu'aucun chagrin, ni aucune joie, ne peuvent plus le détourner de sa voie ; que la présence d'aucun obstacle sur sa route ne saurait le faire changer de direction. Il voit la route et la suit ; il voit le but et il y court. Il ne suit plus une direction vague et indéterminée, allant tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, mais il suit, d'un pas ferme et décidé, la voie qu'il a choisie. Le plaisir ne saurait l'en détourner ; la douleur ne saurait la lui faire abandonner. Il ne se laissera décourager, ni par la tristesse, ni par le vide, ni par le néant ; aucun appel ne saurait l'induire à s'écarter de sa route, sauf celui du Gourou jusqu'aux pieds duquel il cherche à arriver. Etre incapable de se laisser détourner, avoir la force de tout endurer, ah ! certes ! voilà des qualités dont il a besoin sur la voie du noviciat. J'ai parlé, en effet, des épreuves dont sa route sera semée et il est bon que je vous fasse comprendre le pourquoi de ces difficultés. L'homme qui s'est engagé sur la voie du noviciat se propose d'accomplir, durant un nombre très limité d'existences, ce que l'homme de ce monde mettra des centaines d'existences à accomplir. Il fait comme l'homme qui, voulant atteindre le sommet d'une montagne, refuse de suivre la route qui s'élève en spirales et se dit « Je vais monter tout droit sur le flanc de la montagne. Je ne veux pas perdre mon temps sur ce chemin battu et sinueux qui est si long ; sur cette route immense dont presque tout le parcours, battu par les myriades de pieds qui le foulent, est uni et commode. Je prendrai le chemin le plus court, le plus rapide, droit sur le flanc de la montagne. Qu'importent les difficultés ; j'escaladerai la montagne. Quels que soient les obstacles, j'irai de l'avant ! Si je vois des précipices, si je vois des murailles de rochers, je passerai par-dessus ; s'il y a des obstacles ou des blocs de rochers sur ma route, je m'arrangerai de façon à les franchir ou à les tourner, mais j'entends gravir le flanc de cette montagne. » Que résultera-t-il de cela ? Il se trouvera entouré par mille fois plus de difficultés. Le temps qu'il gagnera, il devra le payer en se donnant du mal pour vaincre les difficultés de sa tâche. L'homme qui s'engage sur la voie du noviciat est comme celui qui a choisi le chemin le plus court pour atteindre le sommet de la montagne, et il attire sur lui-même tout le Karma qu'il a amassé jadis et dont il doit se libérer dans une large mesure, avant de devenir digne de l'Initiation. Les Seigneurs de Karma – dispensateurs de la Loi karmique et que l'on a parfois appelés les Archivistes de Karma, ou gardiens des archives de l'Akâsha, dans lesquelles sont inscrites toutes les pensées et toutes les actions passées des hommes ; ces puissantes Intelligences qui nous dominent de si haut, dont la grandeur majestueuse dépasse tellement les limites de notre compréhension, que notre raison est incapable de s'en faire une idée – ces grands Etres, ces Etres divins ouvrent, en quelque sorte, un compte à chaque individu. Ils ont sous Leurs yeux omniscients le compte de chaque vie humaine et ce compte, il faut l'acquitter en grande partie avant de franchir la porte de l'Initiation. Et lorsqu'un homme, un aspirant sérieux s'engage sur la voie du noviciat, lorsque, de son propre mouvement, il y met le pied, ce fait même constitue un appel aux puissants Seigneurs de Karma, pour leur demander d'établir le bilan de ce qu'il doit et de lui présenter le compte karmique qu'il est tenu d'acquitter. Dans ces conditions, est-il étonnant que cette voie soit semée de difficultés ? Le compte karmique qui aurait dû s'étendre sur des centaines d'existences doit être soldé en quelques-unes, en une seule peut-être, et il en résulte naturellement que la voie est difficile à parcourir. L'homme se trouve au milieu de chagrins de famille, accablé de difficultés dans ses affaires, en proie à des troubles intellectuels et physiques ; vous étonnerez-vous alors, si je dis qu'il lui faut de la fermeté pour continuer à avancer sur la voie du noviciat, au lieu de rebrousser chemin, et pour ne pas se laisser aller au découragement ? Tout peut paraître conspirer contre lui. Il peut lui sembler que son Maître l'a abandonné. Pourquoi serait-il accablé par tout ce qu'il y a de pire, alors qu'il s'efforce de faire pour le mieux ? Pourquoi serait-il assailli par toutes ces difficultés et toutes ces souffrances, alors qu'il mène une vie meilleure que toutes celles qu'il a menées ? – cela paraît si injuste, si dur, si cruel, de se voir traiter plus durement que jamais par la Destinée, alors que l'on vit plus noblement que l'on n'a jamais vécu ! Il doit sortir victorieux de l'épreuve, sans permettre à la moindre idée d'injustice de pénétrer jusque dans sa vie intérieure. Il doit se dire : « C'est le résultat de ce que j'ai fait ; j'ai réclamé mon Karma, il n'y a donc rien d'étonnant à ce que je sois invité à l'acquitter. » Il a du reste la consolation de penser que la dette qu'il paie est payée pour toujours et, qu'une fois vécue, elle ne peut plus jamais venir le troubler. Chaque dette karmique qu'il paie est rayée pour toujours sur le grand-livre de sa vie. De celle-là, au moins, il est débarrassé. En sorte que si la maladie l'abat, il songe qu'il est bon de se délivrer de ce grand souci ; s'il se trouve assailli par la douleur et l'anxiété, il accepte ces épreuves et se dit : « J'aurai cela derrière moi dans le passé et non pas devant moi dans le futur. » Voilà pourquoi il reste plein de joie au milieu des chagrins, plein d'espérance au milieu des découragements, à son aise au milieu des souffrances, car l'homme intérieur est satisfait de la Loi, heureux de la réponse qui a été faite à sa demande. S'il n'y avait pas eu de réponse, cela aurait voulu dire que sa voix ne s'était pas élevée jusqu'aux oreilles des Grands Etres, cela aurait voulu dire que sa prière était retombée sur la terre, car ces tourments sont la réponse à sa demande. C'est ainsi qu'au milieu de ces luttes, de ces difficultés, de ces efforts, il parvient à conquérir le cinquième attribut mental qui est :

      Shraddhâ, la foi, ou, comme nous pouvons l'appeler, la confiance – confiance en son Maître et en lui-même. Il vous est facile de comprendre comment cela peut être le résultat d'une pareille lutte. Il vous est facile de vous expliquer comment, à l'issue de la lutte, la confiance doit naître, comme une fleur qui s'épanouit sous l'influence combinée du soleil et de la pluie. L'homme a appris à avoir confiance en son Gourou, car Celui-ci lui a fait franchir le sentier épineux et l'a conduit de l'autre côté, là où les portes de l'Initiation s'entrouvrent devant lui. Il a appris à avoir aussi confiance en lui-même – non pas en son Soi inférieur dont il a dompté la faiblesse, mais en son Soi divin dont il commence à constater la puissance. Il comprend désormais que tout homme est divin, que ce que son Gourou est aujourd'hui, il le deviendra lui-même au cours des existences qu'il a encore à parcourir. Il a confiance dans le pouvoir que possède son Maître de l'instruire et de le diriger ; dans le savoir qui rend ce Maître capable de le guider et de l'instruire ; il a aussi en soi-même une confiance, très humble, mais très forte, qui lui donne la conviction réelle de posséder le pouvoir de se perfectionner, parce qu'il est lui-même d'essence divine ; une confiance qui lui donne la persuasion que la puissance, en lui, est celle de Brahman et suffit à lui faire surmonter toutes les difficultés, à lui faire subir victorieusement toutes les épreuves, quelle que soit la force à déployer, quelque grandes que soient les difficultés à vaincre.

      Le sixième attribut mental est Samâdhânâ, la pondération et le calme, la paix du mental, cet équilibre et cette fermeté qui sont les résultantes des qualités précédemment acquises. Après la conquête de cette dernière qualité, la voie du noviciat est franchie, le candidat chélâ se trouve devant l'entrée, et sans nouvel effort la quatrième qualité requise fait son apparition :

      Moumoukshâ, le désir de l'émancipation, le désir d'obtenir sa libération, qui est comme le couronnement des longs efforts du candidat et qui fait de lui un Adhikari, prêt pour l'Initiation. Il a été mis à l'épreuve et n'a pas été trouvé impropre ; son discernement est fin ; son indifférence n'est pas un dégoût momentané dû à un désappointement accidentel ; sa condition mentale et morale est élevée – il est mûr, il est prêt pour l'Initiation. Rien de plus ne lui est demandé, il est désormais digne de se trouver face à face avec son Maître, d'affronter la vie qu'il a si longtemps cherchée.

      Remarquez bien, avant que nous ne portions la main sur les portes de l'Initiation, que, chaque faculté développée sur la voie du noviciat est une préparation en vue de ce qui reste à faire. Ce sont ces facultés morales et mentales qui sont requises – et non pas les « pouvoirs », comme on les appelle, non pas un développement psychique anormal, non pas les Siddhis. Ceux-ci ne sont en aucune façon exigés ou demandés. Un homme peut avoir développé quelques-uns des Siddhis (10) et cependant n'être pas prêt pour l'Initiation ; il lui faut avoir acquis les qualités morales. Celles-ci sont exigées avec une rigueur que rien ne peut faire fléchir – avec une rigueur, permettez-moi de vous le dire en passant, qui est le résultat de l'expérience même. Les grands Gourous, avec leur profonde expérience de l'humanité, n'ont pas cessé de former, peu à peu, cette humanité et depuis des myriades d'années. Ils savent très bien que les qualités requises pour devenir un vrai disciple doivent avoir leur siège dans le mental et dans les conditions morales et non pas dans le développement de la nature psychique ; ce dernier développement doit venir à son tour et au moment propice. Pour devenir un disciple reconnu, un chelâ accepté, le mental et le moral doivent être prêts à affronter les regards du Gourou. Les qualités qu'Il exige sont celles que nous venons de décrire et ses élèves doivent les Lui apporter avant de recevoir la seconde naissance que, seul, Il peut leur conférer. Remarquez aussi que ces qualités impliquent la connaissance et la dévotion – le développement de la connaissance qui permet à l'homme de voir, et le développement de la dévotion sans laquelle la voie ne peut être parcourue. C'est pourquoi nous lisons dans les Oupanishads que le savoir sans la dévotion est insuffisant et que la dévotion ne suffit pas à elle seule ; ces qualités sont nécessaires toutes deux, car elles sont les ailes qui permettent au disciple de prendre son essor.


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(10)  Les Siddhis, pouvoirs psychiques.




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