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Le Sentier du Disciple

Annie Besant
© France-Spiritualités™






QUALITÉS REQUISES
Méditation

En exerçant ainsi votre mental, vous atteindrez peut-être un autre résultat – la méditation. La méditation est l'exercice par lequel vous habituez votre mental à se concentrer, à se fixer sur une pensée, délibérément et d'une façon régulière. Vous devez vous y exercer tous les jours, parce qu'en le faisant journellement vous serez aidé par ce que l'on appelle l'automatisme du corps et du mental. Ce que vous faites journellement devient une habitude, vous ne tardez pas à le faire sans efforts ; ce qui était pénible au début, devient aisé par la pratique. On distingue deux sortes de méditation, la méditation dévotionnelle et la méditation intellectuelle, et l'homme sage, qui aspire à devenir disciple, s'habituera à méditer des deux façons. Il concentrera son mental et fixera ses pensées sur l'idéal divin, sur le Maître, qu'il ne connaît pas encore, mais qu'il espère trouver un jour ; ayant sans cesse ce parfait idéal devant les yeux, il en fera l'objectif de son mental, aux heures de méditation, et le but de ses constantes et inébranlables aspirations. A mesure que le mental se développe, cela devient de plus en plus facile : en faisant de cet idéal l'objet de ses constantes méditations, il finit par le refléter et par s'en rapprocher peu à peu. C'est là une des facultés créatrices du mental – l'homme arrive à atteindre l'idéal auquel il pense toujours, et s'il pense tous les jours au parfait idéal de l'humanité, il finira par l'atteindre lui-même. Peu à peu en concentrant fermement son mental sur cet idéal, en aspirant à l'atteindre, en souhaitant d'entrer en contact avec lui, il constatera, durant ces heures de méditation, que le mental inférieur s'apaise et se trouve plongé dans un état de sérénité ; qu'il perd le sentiment des impressions du monde extérieur et que son état supérieur de conscience resplendit comme une lueur interne – cet état supérieur de conscience de l'individualité qui se rend compte de ce qu'elle est Lorsque le mental inférieur s'apaise ainsi, lorsque sa turbulence est vaincue, il devient comme un lac tranquille qu'aucun vent ne saurait troubler, qu'aucun courant ne saurait faire mouvoir. Ce lac ressemble à un miroir ; de même que le soleil projette la splendeur de ses rayons sur la surface limpide et tranquille de cette sorte de miroir et se réfléchit dans ses eaux paisibles, de même l'état supérieur de conscience se réfléchit sur le miroir que forme le mental inférieur apaisé. L'homme sait alors, non plus par ouï-dire, mais par expérience personnelle, qu'il est lui-même quelque chose de plus que ce mental qu'il a appris à connaître comme étant l'intellect, que son état de conscience est supérieur à l'état de conscience éphémère du mental. Il commence alors à lui être possible de s'identifier avec ce qu'il y a de supérieur en lui et d'entrevoir, ne fût-ce que pour un instant, la majesté du Soi. N'oubliez pas, en effet, que les Ecritures vous enseignent toujours que vous êtes, vous-mêmes, l'essence supérieure et non l'inférieure. Que veut dire, en effet, cette déclaration que nous lisons dans la Chhândogyopanishad et autre part aussi : « Tu es Brahma », « Tu es Cela » ? et ce que les Bouddhistes répètent aussi : « Tu es Bouddha » ? Cela ne sera jamais un fait pour votre conscience, si parfaitement que vous vous en rendiez compte au point de vue intellectuel, jusqu'à ce que vous ayez transformé, par la méditation, le mental inférieur en un miroir où puisse se réfléchir le supérieur. Ensuite, une nouvelle phase de méditation vous fera atteindre l'identification consciente avec le mental supérieur et vous saurez alors ce que tous les grands Maîtres ont voulu dire par cette célèbre phrase qui comporte l'affirmation du principe divin inhérent à l'homme.

      Lorsque l'on met journellement ces principes en pratique, durant des mois et des années sans interruption, ils finissent par imprégner toute la vie et deviennent constants, au lieu d'être momentanés. D'abord restreints aux heures de méditation, ils s'étendent ensuite à la vie que l'on mène dans le monde. Vous pourriez dire : comment me serait-il possible d'avoir conscience de cela, pendant que je suis occupé dans le monde matériel ? Comment pourrais-je continuer à avoir conscience du mental supérieur, lorsque le mental inférieur est en pleine activité ? Ignorez-vous donc que lorsque vous venez vous courber devant les autels, votre corps peut être occupé à offrir des fleurs, tandis que votre mental reste concentré sur la Divinité même ? Votre corps matériel est bien actif, cependant votre pensée ne se porte pas sur les fleurs que vous offrez, mais sur Celui auquel vous les offrez. Les mains s'acquittent parfaitement de leur devoir d'offrir des fleurs, bien que les pensées du mental restent concentrées sur la Divinité elle-même. Il en est de même dans le monde matériel des hommes ; vous pouvez offrir les fleurs du devoir en menant une vie constamment active, une vie de labeur journalier ; vous pouvez offrir ces fleurs matériellement et mentalement, en remplissant de votre mieux vos devoirs dans le monde matériel, tandis que vous restez, vous-mêmes, constamment plongés dans la méditation et dans l'adoration. Apprenez à séparer votre conscience supérieure de votre conscience inférieure, à vous séparer de votre mental et vous finirez par acquérir la faculté de vous acquitter de vos activités mentales sans qu'elles vous fassent perdre de vue le « Moi » réel ; le mental s'acquittant parfaitement des devoirs qui lui incombent, tandis que le Soi reste sur un plan plus élevé.

      Vous ne quitterez jamais le sanctuaire interne, quelle que soit l'activité de votre vie matérielle dans le monde des hommes. C'est de cette façon qu'un homme se prépare à devenir un disciple.

      Il y a une autre phase sur laquelle il nous faut jeter un rapide coup d'œil ; c'est celle que j'appelle le côté intellectuel de la méditation, celui qui a trait à l'édification graduelle et consciente du caractère. Reportons-nous encore au grand traité de Karma-Yoga, aux enseignements de Shrî Krishna dans la Bhagavad Gitâ. En lisant le XVIème chapitre, nous y trouvons la longue liste des qualités qu'un homme doit développer en lui-même, afin de les posséder dans une incarnation future. Elles sont appelées « facultés divines » et le Maître dit à Arjouna : « Tu es né avec des facultés divines, ô Pândava. » Or, pour posséder ces facultés divines dans des existences futures, vous devez les développer durant votre existence actuelle. Afin de les apporter avec vous en naissant vous devez les créer graduellement durant vos existences successives, et l'homme de ce monde qui désire savoir de quelle façon il peut édifier son caractère ne peut mieux faire que de prendre cette liste des qualités requises, des facultés divines qui sont nécessaires au disciple et de les développer une à une durant sa vie journalière, par la double méthode de la méditation et de l'action. Une de ces qualités, par exemple, est la pureté. Comment un homme peut-il développer en lui la pureté ? En la mettant au nombre des sujets sur lesquels il médite tous les matins et en se rendant bien compte de ce que « pureté » veut dire. Aucune pensée impure ne doit jamais l'effleurer ; aucune action impure ne doit jamais le souiller ; il doit rester pur au triple point de vue des pensées, des paroles et des actions. C'est là le triple devoir que je vous ai rappelé un jour et dont la triple corde que porte le Brahmane est l'emblème. L'homme doit, le matin, songer à la pureté comme à une chose désirable qu'il faut atteindre, puis garder le souvenir de cette méditation du matin, lorsqu'il se livre à ses occupations. Il doit surveiller ses actions ; il ne permettra à aucune action impure de souiller son corps ; il ne commettra aucun acte impur de toute la journée, car il scrutera chacune de ses actions, afin qu'aucun contact impur ne puisse le souiller. Il doit surveiller ses paroles et ne prononcer aucun mot impur ; dans sa conversation, il ne fera allusion à aucun sujet impur, il ne permettra jamais à sa langue de se salir par une insinuation malpropre. Toutes ses paroles seront assez pures pour qu'il puisse se permettre, au besoin, de les proférer en présence de son Maître, ce Maître dont l'œil aperçoit la trace d'impureté qui échapperait aux regards du commun des mortels. Il fera en sorte que chacune de ses paroles soit la plus pure qu'il lui soit possible d'articuler et il ne souillera jamais, ni lui-même, ni autrui, par un seul mot ou une seule phrase impliquant une insinuation impure. Ses pensées seront toujours pures ; il ne tolérera jamais qu'une pensée malsaine occupe son mental et, si elle vient, il l'en chassera immédiatement. De plus, sachant qu'elle n'aurait pu lui venir si son mental n'avait renfermé quelque chose qui l'attirât, il s'empressera de le purifier afin qu'aucune pensée malsaine, émanant de qui que ce soit, ne puisse plus en forcer l'entrée. La surveillance s'exercera ainsi, sur ce point spécial, durant toute la journée.

      Il prendra ensuite la vérité pour sujet de sa méditation matinale ; il pensera à la vérité, à son importance dans le monde, dans la société, dans son propre caractère, et lorsqu'il ira au milieu des hommes, il ne commettra jamais une action susceptible de tromper, il ne prononcera jamais un mot exprimant une idée fausse. Non seulement il ne mentira pas, mais il ne dira jamais rien d'inexact, parce que, cela aussi, c'est exprimer quelque chose de faux. Raconter d'une manière inexacte ce que vous avez vu, c'est encore mentir. Toute exagération, tout enjolivement d'un récit, tout ce qui n'est pas parfaitement compatible avec les faits, tels qu'il les connaît, doit être écarté par celui qui voudrait devenir un disciple. Ses pensées elles-mêmes doivent être conformes à la vérité. Il doit veiller à ce que chacune d'elles soit aussi vraie que possible, afin que son mental ne soit pas souillé par l'ombre même d'une fausseté. Il en est de même de la compassion. Il méditera sur cette vertu le matin et s'efforcera de la pratiquer durant la journée. Il fera preuve de la plus grande bonté envers ceux qui vivent autour de lui ; il rendra tous les services qu'il est en son pouvoir de rendre, à sa famille, à ses amis et à ses voisins. Il s'efforcera de soulager ceux qu'il voit dans le besoin ; il tâchera de consoler tous ceux qu'il sait dans l'affliction ; il fera en sorte d'alléger les misères qu'il rencontrera. Non seulement il pensera à la compassion, mais il mènera une vie toute de compassion, de façon à faire de cette qualité une des parties intégrantes de son caractère. De même encore pour la force d'âme, il méditera sur la noblesse de l'homme fort, qu'aucun événement n'est capable d'abattre ou d'enorgueillir, que le succès ne saurait rendre joyeux, ni l'insuccès malheureux ; de l'homme fort, qui n'est pas à la merci des circonstances, qui ne saurait être triste aujourd'hui, parce que la situation est difficile, et joyeux demain parce que tout va bien. Il cherchera à être toujours équilibré et fort et mettra ce principe en pratique dans toutes les circonstances de la vie. S'il se trouve en présence de soucis, il songera aux choses éternelles, au milieu desquelles les soucis n'existent pas ; s'il subit une perte d'argent, il pensera aux trésors de connaissances que rien ne peut lui faire perdre ; si la mort lui ravit un ami, il se souviendra qu'aucune âme ne peut mourir, que le corps qui périt n'est qu'une sorte de vêtement dont on se débarrasse lorsqu'il est usé, pour en prendre un autre, et qu'il retrouvera un jour son ami. De même pour toutes les autres vertus, telles que l'empire sur soi-même, le calme, l'intrépidité – il méditera sur ces vertus et les mettra en pratique. Non pas toutes à la fois. Aucun homme vivant en ce monde ne pourrait employer un temps suffisant à méditer, tous les jours, sur chacune de ces vertus, mais il les prendra une à une et identifiera son caractère avec elles. Travaillez avec constance ; ne vous laissez pas effrayer par le temps que vous consacrez à cela ; ne vous laissez pas effrayer par le mal que cela peut vous donner. Ce que vous édifiez, c'est pour l'éternité que vous l'édifiez et vous pouvez bien vous montrer patients, lorsque l'éternité s'ouvre devant vous. Tout ce que vous gagnez, vous le gagnez à jamais. La méditation seule et la pratique seule sont insuffisantes pour la formation du caractère. Les deux doivent marcher de pair ; les deux doivent faire partie de la vie journalière et alors il en résulte la formation d'un noble caractère.




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