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Le Sentier du Disciple

Annie Besant
© France-Spiritualités™






LE PROGRÈS FUTUR DE L'HUMANITÉ
Méthode de la science future (1/2)

FRÈRES. – La tâche qui nous incombe ce matin n'est nullement facile. Jusqu'à présent, je vous ai décrit le progrès de l'individu ; jusqu'à présent, j'ai essayé de vous expliquer comment un homme, qui se fixait résolument ce but, pouvait s'élever, pas à pas, de la vie de ce monde à la vie du disciple ; comment il pouvait devancer le progrès de l'humanité ; comment il pouvait accomplir, en un petit nombre d'années, ce que la race accomplira au cours d'innombrables siècles. Mais, ce matin, ma tâche est différente. Je vais m'efforcer de vous décrire la marche de ce progrès à travers les âges. Je vais tâcher de vous exposer, très brièvement, cela va sans dire, les grandes phases du progrès de l'humanité considérée comme un tout. Cela nous donnera, en quelque sorte, une vue à vol d'oiseau de l'évolution ; un aperçu, non seulement du passé d'où nous sommes partis pour atteindre notre niveau présent, mais encore de l'avenir qui est réservé à notre race. C'est du progrès des nations que je vais vous parler ; c'est du développement de l'humanité que nous allons nous occuper. En tentant une pareille envolée, il me semble que je vous invite à monter avec moi le coursier de Vishnou, Sarouda le puissant oiseau, et à franchir rapidement l'atmosphère d'innombrables époques, en fixant les yeux sur le panorama qui se déroulera au-dessous de nous. Vous et moi, nous nous trouverons, à coup sûr, à bout de respiration après un tel voyage. C'est, dans un sens, plus facile pour moi que pour vous, parce que ces pensées me sont devenues familières à force de m'y arrêter, tandis que, pour beaucoup d'entre vous, le terrain paraîtra étrange et la conception théosophique de l'évolution séculaire semblera un peu nouvelle dans ses détails. Il me faudra, nécessairement, glisser avec rapidité d'un point à un autre, sans éclaircissements, et je vais, par conséquent, vous faire promptement franchir maintes difficultés, plutôt par la vitesse de notre course que par la compréhension bien nette de l'ensemble. Mais laissez-moi vous dire ceci : je puis me tromper dans quelques-uns des détails que je vous donne ; je puis commettre une erreur dans une des parties secondaires de ce vaste tableau, mais la description, en général, est exacte ; elle n'est pas de moi, elle provient d'une autre source et, bien que la faiblesse de l'interprète puisse être la cause d'erreurs dans les détails, l'exactitude fondamentale de l'esquisse est de nature à inspirer toute confiance.

      L'homme, aux yeux des Grands Etres qui furent ses premiers Instructeurs, ses premiers Gouvernants et ses premiers Guides, n'est pas l'homme tel que nous le voyons aujourd'hui, car il n'a pas encore atteint le niveau pour lequel il est fait et qu'il doit atteindre un jour. Je ne veux pas dire, par là, que ses progrès, en général, n'ont pas été satisfaisants. La situation qu'il a atteinte dans son évolution, situation pleine de difficultés, de doutes et de douleurs, est, en général, assez satisfaisante lorsqu'on la considère en se plaçant au point de vue le plus élevé et si l'on tient compte du temps très court qui s'est écoulé ; temps très court d'après les divines mesures, et qui semble si long lorsqu'on le chiffre par des années terrestres. Assurément l'homme, tel qu'il est aujourd'hui, ne répond en aucune façon à l'idéal de Ceux qui ont décidé son pèlerinage, de Ceux qui l'ont lancé sur la voie de l'évolution. Il a terminé sa descente et dépassé le point le plus bas de son trajet ; il lui reste à escalader de hauts escarpements au bout desquels l'humanité, parfaite et glorieuse, sera bien différente de ce qu'elle est aujourd'hui, au bout desquels elle sera telle qu'elle a été projetée par la Pensée divine.

      L'univers, il faut vous en souvenir constamment, comprend sept grandes régions bien distinctes, qui ont jailli, en quelque sorte, de la Pensée divine ; qui ont été projetées du dedans au dehors, ou de haut en bas, selon l'expression que vous préférez ; un puissant univers divisé en sept plans ou régions. La matière de chaque plan est distincte, bien que toutes ces matières proviennent d'une seule et même essence : Paramâtmâ d'où tout procède. Lorsque cette Pensée divine prit forme, de par la Volonté divine, dans l'univers manifesté et au fur et à mesure de la constitution de chaque plan, chacun de ceux-ci fut caractérisé par la densité différente de la matière qui le composait, par le nombre différent d'enveloppes servant à voiler l'énergie primordiale ; en sorte que, pour une esquisse à grands traits, vous pouvez considérer ce grand Kosmos et le Logos qui lui a donné naissance, comme un puissant système solaire, dans lequel le soleil représenterait le Logos, et chacun des globes concentriques successifs, l'un des plans de l'univers. Les globes intérieurs représenteraient les plans sur lesquels la matière est la plus subtile et l'énergie la moins voilée ; les globes extérieurs, au contraire, représenteraient les plans sur lesquels la matière devient plus grossière et l'énergie comme paralysée par la densité de la matière qui l'enveloppe.

      Il faut ensuite vous rendre compte que chacune de ces régions a ses propres habitants et que le courant de l'évolution comporte une diffusion du centre à la circonférence, puis un retour de la circonférence au centre. Lorsque le Grand Souffle est émis et que la matière entre en existence, elle devient de plus en plus dense et il arrive un moment où elle atteint son maximum de densité alors que l'énergie est à son minimum de puissance. A ce moment, la forme sera à son maximum de rigidité et la vie à sa période la plus voilée, en sorte que cette période sera caractérisée par ce fait que la matière y devient plus dense et la forme plus rigide, tandis que la vie y devient de plus en plus voilée. Ensuite, lorsque le Souffle se retire, lorsque son activité créatrice revient, en quelque sorte, vers le centre, la matière commence à devenir de plus en plus subtile, la vie de moins en moins voilée, jusqu'au moment où le Grand Souffle aura extrait de ce Kosmos manifesté toutes les expériences qui ont été acquises dans les différents mondes. L'humanité, qui était le but et le résultat de cette évolution, sera devenue alors divine et sera prête à atteindre des phases encore plus élevées. Si nous suivons cette grande courbe décrite du centre à la circonférence, nous constatons, qu'en ce qui regarde les habitants, elle tend à leur individualisation, à mesure qu'ils passent dans un milieu où la matière est plus dense. En sorte que, si nous jetons un regard en arrière sur les habitants des divers plans, nous voyons ce que l'on appelle l'essence élémentale revêtir des formes de plus en plus définies. Son évolution se faisant sur l'arc descendant a pour conséquence de la rendre plus distincte et de lui donner des formes plus matérielles. C'est une chute dans la matière, tandis que l'évolution actuelle de l'humanité se faisant sur l'arc ascendant a, pour conséquence, de l'unifier et de lui donner des formes plus subtiles, car c'est une marche ascendante vers la vie dévoilée.

      Vous pouvez ainsi vous représenter une image grossière du Kosmos en général et vous vous rendrez compte que sur les plans possédant moins de densité que le plan physique, nous n'avons pas seulement une humanité ascendante, en voie d'évolution, mais aussi de l'essence élémentale descendante, en voie d'involution. Le point tournant se trouve dans le monde minéral, où la phase la plus dense est atteinte. Dans l'évolution ascendante, le règne minéral et le règne végétal de ce monde physique occupent le plan physique et n'atteignent pas un état de conscience supérieur ; aux cours de l'évolution, le règne animal avance d'un degré et l'animal est appelé à vivre sur ce que l'on appelle le plan astral, aussi bien que sur le plan physique ; quant à l'homme, il doit, dans la pensée de ses créateurs, conquérir et occuper, durant cette évolution, cinq plans sur les sept dont se compose l'univers. Il est supposé devoir agir et dominer sur le plan physique, sur le plan astral, et sur le plan supérieur, ou plan mental, qui comprend le Svarga de l'Hindou et le Devakhan du Théosophe. Nous pouvons employer un autre terme qui exprime mieux toute l'étendue de cet état de conscience, c'est le terme de Soushoupti, un état qui n'est actuellement connu, durant la vie terrestre, que par ceux qui sont exceptionnellement développés, mais qui, au cours de l'évolution, sera expérimenté par la majorité de la race humaine. Au-dessus, se trouve le quatrième ou plan de Tourîya, le plan de Bouddhi, et plus haut encore, le plan de Nirvâna, ou Tourîya-tîta. En sorte que nous avons cinq régions distinctes de l'univers, que l'humanité est supposée devoir occuper durant le cours de cette évolution – le plan physique, le plan astral, le plan Soushouptique, le plan Tourîyique et le plan Nirvânique. Ce sont les phases d'expansion de l'état de conscience que l'homme doit traverser, s'il veut accomplir avec succès le pèlerinage qui lui est tracé. Chaque individu peut franchir ces degrés plus rapidement, au moyen de la Yoga, mais la majorité de la race n'accomplira cette évolution qu'au cours des siècles. Avant que le Manvantara ne prenne fin, la majorité du genre humain, mais non pas la race tout entière, aura conquis tous ces plans d'expansion de l'état de conscience et sera en pleine activité sur tous les cinq, l'homme se sera alors constitué des véhicules dans lesquels son état de conscience puisse être actif sur chaque plan. Et si nous prenons l'homme d'aujourd'hui nous savons qu'il a en lui la possibilité de développer cette quintuple vie, de développer les cinq véhicules qui occuperont ces différentes régions et feront de lui ce qu'il est supposé devoir être, c'est-à-dire le seigneur et maître de cet univers manifesté.

      Il existe encore, au-dessus et bien au delà, deux plans que la majorité du genre humain n'atteindra pas du tout durant cette évolution – deux plans qui ne représentent guère pour nous que des noms n'éveillant aucune idée bien définie, tant ces sphères sont hautes, tant elles dépassent nos conceptions les plus élevées. Ces plans sont, d'abord, celui que l'on désigne sous le nom de Paranirvâna, puis encore plus haut, celui que l'on appelle Mahâparanirvâna. Ce que sont ces états, nous ne saurions même le rêver !…

      Telles sont donc les sept phases du Kosmos, La majorité de l'humanité est appelée à conquérir et à occuper cinq d'entre elles, et quelques-uns de ses enfants atteindront même les deux dernières qui sont encore plus élevées ; mais, pour la majeure partie de notre race, l'évolution est limitée au quintuple univers.

      Cela peut vous donner une idée – je n'ai pas le temps de développer la question dans cette conférence – de l'importance des nombres « cinq » ou « sept » dans la Nature. Il y a eu beaucoup de discussions à ce sujet, principalement entre quelques Théosophes et nos frères Brâhmanes. Les Brâhmanes réclament la quintuple classification, tandis que les Théosophes insistent pour la classification par sept. La vérité, c'est que la classification totale est septuple, comme vous le constaterez en lisant les livres sacrés ; il est fait souvent allusion, dans les Oupanishads, au septuple feu qui se divise. Mais l'évolution actuelle n'est que d'une quintuple nature symbolisée par les cinq prânas (15), qui nous sont si familiers dans la littérature hindoue. Je ne fais que mentionner cela en passant, parce que des discussions de ce genre ne pourraient pas s'élever, si les gens se comprenaient mutuellement mieux qu'ils ne le font. S'ils allaient au fond des choses au lieu de discuter sur de simples apparences, ils trouveraient généralement un terrain d'union. Comme je vous l'ai dit, je n'ai pas le temps de m'arrêter sur cette question, mais voilà bien la clef de l'énigme des « cinq » et des « sept ». Le genre humain, en général, développe cinq véhicules en vue de la quintuple évolution, tandis que ceux qui constituent l'élite de l'humanité arrivent à atteindre deux autres phases qui sont bien au delà.


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(15)  Prâna, principe de vie.




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