LIVRE III
HERMÈS LES MYSTÈRES DE L'ÉGYPTE
V OSIRIS LA VISION D'HERMÈS (44)
« Un jour Hermès s'endormit après avoir réfléchi à l'origine des choses. Une lourde torpeur s'empara de son corps ; mais à mesure que son corps s'engourdissait, son esprit montait dans les espaces. Alors il lui sembla qu'un être immense, sans forme déterminée, l'appelait par son nom. Qui es-tu ? dit Hermès effrayé. Je suis Osiris, l'Intelligence souveraine, et je puis dévoiler toute chose. Que désires-tu ? Contempler la source des êtres, ô divin Osiris, et connaître Dieu. Tu seras satisfait.
Aussitôt
Hermès se sentit inondé d'une lumière délicieuse. Dans ses ondes
diaphanes passaient les formes ravissantes de tous les êtres. Mais tout à coup des ténèbres effrayantes et de forme sinueuse descendirent sur lui.
Hermès fut plongé dans un
chaos humide plein de fumée et d'un lugubre mugissement. Alors une voix s'éleva de l'abîme. C'était
le cri de la lumière. Aussitôt un
feu subtil s'élança des profondeurs humides et gagna les
hauteurs éthérées.
Hermès monta avec lui et se revit dans les espaces. Le
chaos se débrouillait dans l'abîme ; des churs d'astres s'épandaient sur sa tête ; et
la voix de la lumière emplissait l'
infini.
As-tu compris ce que tu as vu ? dit Osiris à
Hermès enchaîné dans son rêve et suspendu entre terre
et
ciel. Non, dit
Hermès. Eh bien, tu vas l'apprendre. Tu
viens de voir ce qui est de toute éternité. La lumière que
tu as
vue d'abord, c'est l'intelligence divine qui contient toute chose en puissance
et renferme les modèles de tous les êtres. Les ténèbres
où tu as été plongé ensuite, c'est le monde matériel
où vivent les hommes de la terre. Mais le
feu que tu as vu jaillir des
profondeurs, c'est le Verbe divin.
Dieu est le Père, le Verbe est le Fils,
leur union c'est la Vie. Quel sens merveilleux s'est ouvert en moi ? dit
Hermès. Je ne vois plus avec les yeux du
corps, mais avec ceux de l'
esprit.
Comment cela se fait-il ?
Enfant de la poussière, répondit
Osiris, c'est parce que le Verbe est en toi. Ce qui en toi entend, voit, agit,
est le Verbe lui- même, le
feu sacré, la parole créatrice
!
Puisqu'il en est ainsi, dit
Hermès, fais-moi
voir la vie des mondes, le chemin des
âmes, d'où vient l'homme et
où il retourne. Qu'il soit fait selon ton désir.
Hermès redevint plus lourd qu'une pierre et tomba
à travers les espaces comme un aérolithe. Enfin il se vit au sommet
d'une
montagne. Il faisait nuit ; la terre était sombre et nue ; ses membres
lui semblaient pesants comme du fer. Lève les yeux et regarde !
dit la voix d'Osiris.
Alors
Hermès vit un spectacle merveilleux. L'espace
infini, le
ciel étoilé l'enveloppait de sept
sphères lumineuses.
D'un seul regard
Hermès aperçut les sept cieux étagés
sur sa tête comme sept globes transparents et concentriques, dont il occupait
le centre sidéral. Le dernier avait pour ceinture la voie lactée.
Dans chaque
sphère roulait une planète accompagnée d'un génie
de forme, de signe et de lumière différents. Tandis qu'
Hermès
ébloui contemplait leur floraison éparse et leurs mouvements majestueux,
la voix lui dit :
Regarde, écoute et comprends. Tu vois les sept
sphères de toute vie. A travers elles s'accomplit la chute des
âmes
et leur ascension. Les sept
Génies sont les sept rayons du Verbe-Lumière.
Chacun d'eux commande à une
sphère de l'
Esprit, à une phase
de la vie des
âmes. Le plus rapproché de toi est le Génie
de la
Lune à l'inquiétant sourire et couronné d'une faucille
d'
argent. Il préside aux naissances et aux morts. Il dégage les
âmes des
corps et les attire dans son rayon. Au-dessus de lui, le
pâle
Mercure montre le chemin aux
âmes descendantes ou montantes avec
son
caducée qui contient la Science. Plus haut, la brillante
Vénus
tient le miroir de l'
Amour, où les
âmes tour à tour s'oublient
et se reconnaissent. Au-dessus d'elle le Génie du
Soleil élève
le flambeau triomphal de l'éternelle Beauté. Plus haut encore,
Mars brandit le
glaive de la Justice. Trônant sur la
sphère
azurée, Jupiter tient le sceptre de la puissance suprême qui est
l'intelligence divine. Aux limites du monde, sous les signes du zodiaque,
Saturne porte le globe de la sagesse universelle
(45).
Je vois, dit
Hermès, les sept régions
qui comprennent le monde visible et invisible ; je vois les sept rayons du Verbe-Lumière,
du
Dieu unique qui le traverse et les gouverne par eux. Mais, ô mon maître,
comment s'accomplit le voyage des hommes à travers tous ces mondes ?
Vois-tu, dit Osiris, une semence lumineuse tomber
des régions de la voie lactée dans la septième
sphère
? Ce sont des
germes d'
âmes. Elles vivent comme des vapeurs légères
dans la région de
Saturne, heureuses, sans souci, et ne sachant pas leur
bonheur. Mais en tombant de
sphère en
sphère, elles revêtent
des enveloppes toujours plus lourdes. Dans chaque incarnation, elles acquièrent
un nouveau sens corporel, conforme au milieu qu'elles habitent. Leur énergie
vitale augmente ; mais à mesure qu'elles entrent en des
corps plus épais,
elles perdent le souvenir de leur origine céleste. Ainsi s'accomplit la
chute des
âmes qui viennent du divin Ether. De plus en plus captivées
par la matière, de plus en plus enivrées par la vie, elles se précipitent
comme une
pluie de
feu, avec des frissons de volupté, à travers
les régions de la Douleur, de l'
Amour et de la Mort, jusque dans leur prison
terrestre, où tu gémis toi-même retenu par le centre
igné
de la terre, et où la vie divine te paraît un vain rêve.
Les
âmes peuvent-elles mourir ? demanda
Hermès.
Oui, répondit la voix d'Osiris, beaucoup périssent
dans la descente fatale. L'
âme est fille du
ciel et son voyage est une épreuve.
Si dans son
amour effréné de la matière, elle perd le souvenir
de son origine, l'étincelle divine qui était en elle et qui aurait
pu devenir plus brillante qu'une étoile, retourne à la région
éthérée, atome sans vie et l'
âme se désagrège
dans le tourbillon des
éléments grossiers.
A ces mots d'Osiris,
Hermès frissonna. Car une tempête
rugissante l'enveloppa d'un nuage noir. Les sept
sphères disparurent sous
d'épaisses vapeurs. Il y vit des spectres humains poussant des cris étranges,
emportés et déchirés par des fantômes de monstres et
d'
animaux, au milieu de gémissements et de blasphèmes sans nom.
Tel est, dit Osiris, le
destin des
âmes irrémédiablement
basses et méchantes. Leur torture ne finit qu'avec leur
destruction qui
est la perte de toute conscience. Mais vois, les vapeurs se dissipent, les sept
sphères reparaissent sous le
firmament. Regarde de ce côté.
Vois-tu cet essaim d'
âmes qui essaye de remonter vers la région lunaire
? Les unes sont rabattues vers la terre comme des tourbillons d'
oiseaux sous les
coups de la tempête. Les autres atteignent à grands coups d'ailes
la
sphère supérieure qui les entraîne dans sa rotation. Une
fois parvenues là, elles recouvrent la
vue des choses divines. Mais cette
fois-ci, elles ne se contentent pas de les refléter dans le songe d'un
bonheur impuissant. Elles s'en imprègnent avec la lucidité de la
conscience éclairée par la douleur, avec l'énergie de la
volonté acquise dans la lutte. Elles deviennent lumineuses, car elles possèdent
le divin en elles-mêmes et le rayonnent dans leurs actes. Raffermis donc
ton
âme, ô
Hermès, et rassérène ton
esprit obscurci
en contemplant ces vols lointains d'
âmes qui remontent les sept
sphères
et s'y éparpillent comme des gerbes d'étincelles. Car toi aussi
tu peux les suivre ; il suffit de vouloir pour s'élever. Vois comme elles
essaiment et décrivent des churs divins. Chacune se range sous son
génie préféré. Les plus belles vivent dans la région
solaire, les plus puissantes s'élèvent jusqu'à
Saturne. Quelques-unes
remontent jusqu'au Père, parmi les puissances, puissances elles-mêmes.
Car là où tout finit, tout commence éternellement ; et les
sept
sphères disent ensemble : « Sagesse !
Amour! Justice ! Beauté
! Splendeur ! Science ! Immortalité ! »
« Voilà, disait l'
hiérophante, ce qu'a
vu l'antique
Hermès et ce que ses successeurs nous ont transmis. Les paroles
du sage sont comme les sept notes de la lyre qui contiennent toute la musique
avec les nombres et les lois de l'univers. La vision d'
Hermès ressemble
au
ciel étoilé dont les profondeurs insondables sont parsemées
de constellations. Pour l'
enfant, ce n'est qu'une voûte aux clous d'or ;
pour le sage c'est l'espace sans bornes où tournent les mondes avec leurs
rythmes et leurs cadences merveilleuses. Cette vision renferme les nombres éternels,
les signes évocateurs et les
clefs magiques. Plus tu apprendras à
la contempler et à la comprendre, et plus tu verras s'étendre ses
limites. Car la même loi organique gouverne tous les mondes. » Et
le prophète du temple commentait le texte sacré. Il expliquait que
la doctrine du Verbe-Lumière représente la divinité
à
l'état statique dans son
équilibre parfait. Il démontrait
sa triple nature, qui est à la fois intelligence,
force et matière
;
esprit,
âme et
corps ; lumière, verbe et vie. L'
essence, la manifestation
et la substance sont trois termes qui se supposent réciproquement. Leur
union constitue le principe divin et intellectuel par excellence, la loi de l'unité
ternaire, qui du haut en has domine la création.
Ayant ainsi conduit son
disciple
au centre
idéal de l'univers, au principe générateur de l'Etre,
le maître l'épanouissait dans le temps et dans l'espace, le secouait
en floraisons multiples. Car la seconde partie de la vision représente
la divinité
à l'état dynamique, c'est-à-dire
en évolution active, en d'autres termes : l'univers visible et invisible,
le
ciel vivant. Les sept
sphères rattachées à sept planètes
symbolisaient sept principes, sept états différents de la matière
et de l'
esprit, sept mondes divers que chaque homme et chaque humanité
sont forcés de traverser dans leur évolution à travers un
système solaire. Les sept
Génies, ou les sept
Dieux cosmogoniques
signifiaient les
esprits supérieurs et dirigeants de toutes les
sphères,
issus eux-mêmes de l'inéluctable évolution. Chaque grand
Dieu
était donc pour un
initié antique le
symbole et le patron de
légions
d'
esprits qui reproduisaient son type sous mille variantes et qui, de leur
sphère,
pouvaient exercer une action sur l'homme et sur les choses terrestres. Les sept
Génies de la vision d'
Hermès sont les sept Dévas de l'Inde,
les sept Amshapands de la Perse, sept grands
Anges de la Chaldée, les sept
Séphiroths
(46) de la Kabbale, les sept
Archanges
de l'Apocalypse chrétienne. Et le grand septénaire qui embrasse
l'univers ne vibre pas seulement dans les sept
couleurs de l'arc-en-ciel, dans
les sept notes de la gamme ; il se manifeste encore dans la constitution de l'homme
qui est triple par
essence, mais septuple par son évolution.
(47)
« Ainsi, disait l'
hiérophante en terminant,
tu as pénétré jusqu'au seuil du grand
arcane. La vie divine
t'est apparue sous les fantômes de la réalité.
Hermès
t'a fait connaître le
ciel invisible, la lumière d'Osiris, le
Dieu
caché de l'univers qui respire par des millions d'
âmes, en
anime
les globes errants et les
corps en travail. A toi maintenant de t'y diriger et
de choisir ta route pour monter à l'
Esprit pur. Car tu appartiens désormais
aux
ressuscités vivants. Souviens-toi qu'il y a deux
clefs principales
de la science. Voici la première : « Le dehors est comme le dedans
des choses ; le petit est comme le grand ; il n'y a qu'une seule loi et celui
qui travaille est Un. Rien n'est petit, rien n'est grand dans l'économie
divine ». Voici la seconde : « Les hommes sont des
dieux mortels et
les
dieux sont des hommes immortels. » Heureux celui qui comprend ces paroles,
car il possède la
clef de toute chose. Souviens-toi que la loi du mystère
recouvre la grande vérité. La totale connaissance ne peut être
révélée qu'à nos
frères qui ont traversé
les mêmes épreuves que nous. Il faut mesurer la vérité
selon les intelligences, la voiler aux faibles qu'elle rendrait fous, la cacher
aux méchants qui ne peuvent en saisir que des fragments dont ils feraient
des armes de
destruction. Renferme-la dans ton cur et qu'elle parle par
ton uvre. La science sera ta
force, la foi ton
épée et le
silence ton armure infrangible. »
Les révélations du prophète d'Ammon-Râ,
qui ouvraient au nouvel
initié de si vastes
horizons sur lui-même
et sur l'univers, produisaient sans doute une impression profonde, lorsqu'elles
étaient dites sur l'observatoire d'un temple de Thèbes, dans le
calme lucide d'une nuit égyptienne. Les pylônes, les toits et les
terrasses blanches des temples dormaient à ses pieds, entre les massifs
noirs des nopals et des tamariniers. A distance, de grands monolithes, statues
colossales des
Dieux, étaient assis comme des
juges incorruptibles sur
leur lac silencieux. Trois pyramides, figures géométriques du tétragramme
et du septénaire sacré, se perdaient à l'
horizon, espaçant
leurs
triangles dans le gris léger de l'
air. L'insondable
firmament fourmillait
d'étoiles. De quels yeux nouveaux il regardait ces astres qu'on lui peignait
comme des demeures futures ! Lorsque enfin l'esquif doré de la
lune émergeait
du miroir sombre du Nil, qui se perdait à l'
horizon comme un long
serpent
bleuâtre, le
néophyte croyait voir la barque d'Isis qui navigue sur
le
fleuve des
âmes et les emporte vers le
soleil d'Osiris. Il se souvenait
du
Livre des morts et le sens de tous
ces
symboles se dévoilait maintenant à son
esprit. Après
ce qu'il avait vu et appris, il pouvait se croire dans le royaume crépusculaire
de l'Amenti, mystérieux
interrègne entre la vie terrestre et la
vie céleste, où les défunts d'abord sans yeux et sans parole
retrouvent peu à peu le regard et la voix. Lui aussi allait entreprendre
le grand voyage, le voyage de l'
infini, à travers les mondes et les existences.
Déjà
Hermès l'avait absous et jugé digne. Il lui avait
dit le mot de la grande
énigme : « Une seule
âme, la grande
âme du Tout a enfanté, en se partageant, toutes les
âmes qui
se démènent dans l'univers. » Armé du grand secret,
il montait dans la barque d'Isis. Elle partait. Soulevée dans les espaces
éthérés, elle flottait dans les régions intersidérales.
Déjà les larges rayons d'une immense aurore perçaient les
voiles azurés des
horizons célestes, déjà le chur
des
esprits glorieux, des Akhimou-Sèkou qui sont parvenus à l'éternel
repos, chantait : « Lève-toi, Ra Hermakouti !
Soleil des
esprits
! Ceux qui sont dans ta barque sont en
exaltation ! Ils poussent des exclamations
dans
la barque des millions d'années. Le grand cycle divin est comblé
de joie en rendant gloire à la grande barque sacrée. Des réjouissances
se font dans la chapelle mystérieuse. Ô lève-toi, Ammon-Ra
Hermakouti !
Soleil qui se crée lui-même ! Et l'
initié répondait
par ces orgueilleuses paroles. « J'ai atteint le pays de la vérité
et de la justification. Je ressuscite comme un
Dieu vivant et je rayonne dans
le chur des
Dieux qui habitent le
ciel, car je suis de leur race. »
De si fières pensées, de si audacieuses espérances
pouvaient hanter l'
esprit de l'
adepte, dans la nuit qui suivait la cérémonie
mystique de la
résurrection. Le lendemain, dans les avenues du temple,
sous la lumière aveuglante, cette nuit ne lui semblait plus qu'un rêve,
mais quel rêve inoubliable, que ce premier voyage dans l'impalpable et dans
l'invisible ! De nouveau il lisait l'inscription de la statue d'Isis : «
Aucun mortel n'a soulevé mon voile. » Un coin du voile s'était
soulevé toutefois, mais pour retomber ensuite, et il s'était réveillé
sur la terre des tombeaux. Ah ! qu'il était loin du terme rêvé
! Car il est long le voyage sur
la barque des millions d'années
! Du moins il avait entrevu le but final. Sa vision de l'autre monde ne fût-elle
qu'un songe, une ébauche enfantine de son imagination encore épaissie
par les fumées de la terre, pouvait-il douter de cette autre conscience
qu'il avait senti éclore en lui, de ce
double mystérieux,
de ce moi céleste qui lui était apparu dans sa beauté astrale
comme une forme vivante et qui lui avait parlé dans son sommeil ? Etait-ce
une âme-sur, était-ce son génie ou n'était-ce
qu'un reflet de son
esprit intime, un pressentiment de son être futur ?
Merveille et mystère. A coup sûr, c'était une réalité,
et si cette
âme n'était que la sienne, c'était la vraie. Pour
la retrouver que ne ferait-il ? Il vivrait des millions d'années, qu'il
n'oublierait pas cette heure divine où il avait vu son autre moi pur et
rayonnant !
(48)
L'
initiation était terminée. L'
adepte était
consacré
prêtre d'Osiris. Egyptien, il restait attaché au
temple ; étranger, on lui permettait quelquefois de retourner dans son
pays pour y fonder un culte ou y accomplir une mission. Mais avant de partir,
il promettait solennellement par un serment redoutable de garder un silence absolu
sur les secrets du temple. Jamais il ne devait trahir à personne ce qu'il
avait vu ou entendu, ni révéler la doctrine d'Osiris que sous le
triple voile des
symboles mythologiques ou des mystères. S'il violait ce
serment, une mort fatale l'atteignait tôt ou tard, si loin qu'il fût.
Mais le silence était devenu le
bouclier de sa
force.
Revenu aux plages de l'Ionie, dans sa ville turbulente, sous
le choc des passions furieuses, dans cette multitude des hommes qui vivent comme
des insensés en s'
ignorant eux-mêmes, souvent il repensait
à l'Egypte, aux pyramides, au temple d'Ammon-Ra. Alors, le rêve de
la
crypte lui revenait. Et comme, là- bas, le lotus se balance sur les
flots du Nil, ainsi toujours cette vision blanche surnageait au-dessus du
fleuve
fangeux et troublant de cette vie. Aux heures choisies, il entendait sa voix,
et c'était la voix de la lumière. Réveillant dans son être
une musique intime, elle lui disait : « L'
âme est une lumière
voilée. Quand on la néglige, elle s'obscurcit et s'éteint,
mais quand on y verse l'
huile sainte de l'
amour, elle s'allume comme une lampe
immortelle. »
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(44) La vision d'Hermès se trouve en tête des livres d'
Hermès
Trismégiste sous le nom de
Poimandrès. L'antique tradition
égyptienne ne nous est parvenue que sous une forme
alexandrine légèrement
altérée. J'ai tenté de reconstituer ce fragment capital de
la doctrine
hermétique dans le sens de la haute
initiation et de la synthèse
ésotérique qu'il représente.
(45) Il va sans dire que ces
Dieux portaient d'autres noms dans la langue égyptienne.
Mais les sept
Dieux cosmogoniques se correspondent dans toutes les mythologies
par leur sens et leurs attributions. Ils ont leur racine commune dans l'antique
tradition
ésotérique. La tradition occidentale ayant adopté les noms latins, nous les conservons pour plus de
clarté.
(46) Il y a dix Séphiroths dans la Kabbale. Les trois premiers représentent
le ternaire divin, les sept autres l'évolution de l'univers.
(47) Nous donnerons ici les termes égyptiens de cette constitution septénaire de l'homme qui se retrouve dans la Kabbale :
Chat corps matériel,
Anck force vitale,
Ka double éthéré ou
corps astral,
Hati âme animale,
Bai âme rationnelle,
Cheybi âme spirituelle,
Kou esprit divin. On trouvera le développement de ces idées fondamentales de la doctrine
ésotérique au livre d'
Orphée et surtout dans celui de
Pythagore.
(48) Dans la doctrine égyptienne, l'homme n'était considéré comme n'ayant conscience dans cette vie que de l'
âme animale et de l'
âme rationnelle, appelées
hati et
baï. La partie supérieure de son être, l'
âme spirituelle et l'
esprit divin,
cheybi et
kou, existent en lui à l'état de
germe inconscient, et se développent après cette vie, lorsqu'il devient lui-même un
Osiris.