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Le mystérieux docteur Cornélius - T. 2

Gustave Lerouge
© France-Spiritualités™






HUITIÈME ÉPISODE – UNE AUTOMOBILE FANTÔME
VII – Une mésaventure du baron Fesse-Mathieu

Ce matin-là, Slugh et Sam Porter avaient été faire des fagots dans un des bois du domaine et ils achevaient de les décharger pour les empiler dans la cour du château, lorsqu'un adolescent vêtu de noir et qui n'était autre que le petit clerc de M. Denis Pasquier apparut à l'entrée de la cour. Il déposa une grande enveloppe jaune entre les mains de Slugh, puis il disparut, en courant aussi vite que si le diable l'eût emporté.

      – Qu'est-ce encore que cela ? grommela le baronnet, en relevant son bonnet de peau de lièvre pour mieux assujettir sur son nez une vénérable paire de lunettes à monture de corne qui avait dû être fabriquée à l'époque de la mort du général Montcalm.

      Mais, sitôt qu'il eut jeté un coup d'œil sur le papier que renfermait l'enveloppe, il eut un geste de colère et se mit à marcher avec agitation de long en large dans la vaste cour.

      Slugh et Sam Porter se faisaient du bon sang en regardant le manège de l'avare, et, de temps en temps, l'un ou l'autre des deux bandits passait derrière la charrette de fagots pour s'esclaffer tout à son aise. Une demi-heure s'écoula de cette façon ; mais tout à coup Tom et Fanor jetèrent des aboiements furieux, et Slugh eut beaucoup de mal à les empêcher de s'élancer sur une jeune fille de mise simple et modeste, mais d'une éclatante beauté, qui sortait de l'avenue de sapins et s'avançait vers le château.

      – C'est assommant, grommela l'avare. Ici on est dérangé à chaque instant. On n'est plus chez soi, ma parole.

      Cette réflexion eût paru d'autant plus humoristique à un témoin impartial que le baronnet, que tous les gens du pays fuyaient comme la peste, restait quelquefois un mois entier sans recevoir la plus insignifiante visite.

      L'avare s'était avancé au-devant de la visiteuse.

      – Que désirez-vous ? fit-il d'une voix aigrelette. Je n'ai pas de temps à perdre en bavardages.

      La jeune fille rougit d'un accueil aussi discourtois, mais elle s'était sans doute armée de courage, car elle répondit, sans montrer aucune émotion :

      – Monsieur le baron, il faut absolument que je vous parle.

      Et elle ajouta avec une noble simplicité :

      – Je suis miss Ophélia, la fiancée de votre fils Noël.

      L'avare eut un geste de rage.

      – Alors, s'écria-t-il en mettant presque son poing sous le nez de la jeune fille, notre conversation sera vite finie. Vous connaissez mes intentions ? Je n'ai pas changé d'opinion à votre sujet et je n'en changerai jamais ! Je vous trouve passablement effrontée de venir me relancer jusque chez moi !

      Et il pirouetta sur ses talons, fit mine de monter les marches du perron délabré. Mais Ophélia avait fait provision d'une dose d'intrépidité extraordinaire.

      – Monsieur le baron, murmura-t-elle, je savais que votre décision était immuable, mais la situation maintenant n'est plus la même.

      Le vieux Juif errant se retourna avec la prestesse d'un écureuil et une espèce de sourire se dessina sur son visage émacié par le jeûne.

      – Auriez-vous hérité, ma belle enfant ? dit-il gracieusement.

      – Non, monsieur le baron, répondit Ophélia dont le visage se couvrit de la rougeur de la honte. Mais votre fils m'a rendue mère, et c'est aujourd'hui pour vous un devoir de ne plus vous opposer à notre union.

      Cette révélation produisit sur le vieillard le même effet que s'il eût tout à coup mis la main sur une pile électrique. Il bondit, au risque de déchirer le pantalon qu'il portait depuis plusieurs lustres ; il tirailla les touffes de sa longue barbe blanche, comme s'il eût voulu l'arracher par poignées à la façon des prophètes hébreux quand il se produisait quelque calamité publique ; puis il leva les bras au ciel et, montrant d'un doigt aussi décharné que celui d'un squelette l'entrée de l'avenue :

      – Allez-vous-en, coureuse, fille de joie ! hurla-t-il. Ce n'est donc pas assez d'avoir débauché mon fils Noël, de l'avoir brouillé avec moi, vous voulez encore qu'il reconnaisse le bâtard que vous allez mettre au jour !

      Ophélia, épouvantée de cette grossièreté, s'enfuit en sanglotant. Slugh et Sam Porter, qui avaient assisté de loin à cette scène, demeuraient en proie à la plus vive surprise.

      Le baronnet était dans un tel état d'exaspération que, rompant avec toutes ses habitudes de discrétion et d'égoïsme, il s'avança vers ses deux domestiques pour leur faire partager son indignation.

      – Quelle guigne, s'écria-t-il, je suis vraiment bien malheureux ! Mon fils mène une conduite indigne. Il me déshonore... Et si ce n'était que cela, ajouta-t-il, en brandissant la lettre qu'il venait de recevoir. Mais voilà qu'un escroc, qu'un bandit, qui a pris le nom de lord Burydan, mon parent, un malfaiteur recherché par la police de New York, un fou, un chenapan de la pire espèce, veut me chasser de mon château, me voler mes domaines !...

      Slugh et Sam Porter avaient échangé un regard singulier.

      – Mais, dit Slugh d'un air de componction presque attendrie, il faut espérer que ce bandit ne réussira pas.

      – Mais c'est que je n'en sais rien. Tout le monde, paraît-il, a pris son parti en Angleterre. Il est défendu par ce Denis Pasquier, qui est un de mes ennemis personnels. Que voulez-vous que fasse un pauvre vieillard contre tant d'ennemis ? Ah ! si je savais seulement où il est, le coquin !

      – Monsieur le baron, répondit Slugh, avec une hypocrite compassion, vous savez que je vous suis profondément dévoué. Je vous regarde comme mon bienfaiteur.

      – Je sais que vous êtes de braves garçons tous les deux, murmura l'avare avec attendrissement.

      – Eh bien, monsieur le baron, voulez-vous me permettre de vous donner, en même temps qu'un utile renseignement, un excellent conseil : en allant hier à Winnipeg, où vous m'avez envoyé, j'ai pu apprendre bien des choses.

      – Parlez vite.

      – Eh bien, ce pseudo-lord Burydan qui vous fait tant de misères, savez-vous où il habite ? A une demi-heure d'ici, de l'autre côté du torrent, dans le cottage de la Maison Bleue, qui lui a été loué ou prêté par l'homme de loi Pasquier.

      – Diable ! murmura l'avare avec une grimace, l'ennemi est à nos portes.

      – C'est précisément une circonstance dont vous pouvez tirer le plus grand parti. Cet escroc est recherché par la police américaine. Il a commis un meurtre, il a pillé une maison de santé.

      – Eh bien ?

      – Il vous suffirait de le dénoncer, pour qu'il soit mis en prison, condamné, ce qui changerait rudement la face des choses.

      Le visage de l'avare s'épanouit en un vaste sourire ; il rayonnait.

      – Slugh, balbutia-t-il, vous êtes le plus dévoué et le plus intelligent des serviteurs, et, foi de gentilhomme, je vous coucherai sur mon testament. Je cours de ce pas à Winnipeg.

      Lorsque la falote silhouette du vieillard eut disparu entre les arbres de l'avenue, Slugh et Sam Porter eurent un bruyant éclat de rire. Ils se tenaient les côtes et se tapaient sur la cuisse comme si cette hilarité ne dût jamais prendre fin.

      – Il est réussi, le vieux, fit Slugh. Je me souviendrai toujours du temps que nous avons passé dans ce château. C'est un des bonheurs de ma vie.

      – Possible, grommela Sam Porter, mais si nous n'avions pas eu nos provisions à nous, il y a longtemps que nous serions morts de faim...

      Et il ajouta d'un ton plus sérieux :

      – Mais quel est donc ton projet, avec cette histoire de dénonciation ?

      – C'est tout simple. Lord Burydan, le bossu – qu'entre parenthèses tu as été assez maladroit pour manquer l'autre jour –, le Peau-Rouge et l'autre vont être arrêtés, et naturellement nous aiderons à cette arrestation. Ils feront de la résistance, c'est certain. Il faudrait être bien malchanceux si nous ne les tuions pas tous les quatre à la faveur de la bagarre.

      – Ah ! je comprends !...

      – On nous reprochera peut-être d'avoir montré trop de zèle, mais, somme toute, on nous félicitera. Nous aurons eu dans cette affaire les policemen comme collaborateurs et la Main Rouge ne sera en rien compromise ni même soupçonnée. Ensuite, nous nous occuperons du coffre-fort.

      – Cela n'a pas l'air d'être si commode que cela. Ce vieux grigou est méfiant comme un renard. Son revolver ne le quitte jamais. Et, chaque soir, il s'enferme dans sa chambre bardée de fer, dont nous avons vainement essayé de forcer la porte. Toi qui disais que ça serait si facile !

      Tout en discutant le meilleur moyen de mettre la main sur le trésor de l'avare, les deux bandits profitèrent de son absence pour se rendre à leur garde-manger secret et y faire un lunch substantiel, copieusement arrosé de « canadian whisky ».

      ... Quand, trois heures après, le baronnet fut de retour, il trouva ses deux serviteurs modèles dans toute la fièvre du travail, mais c'est à peine s'il y fit attention. Il paraissait atterré.

      – Tout est perdu, murmura-t-il ; l'escroc s'est fait reconnaître comme le vrai lord Burydan, et demain on doit me signifier un arrêté d'expulsion. Je vais être obligé de quitter ce beau château, où je comptais finir mes jours, ces vastes domaines que je comptais léguer à mes enfants !

      Le bonhomme avait les larmes aux yeux. Slugh parut vivement touché de son chagrin.

      – Monsieur le baron, fit-il avec indignation, ce qui se passe est vraiment honteux. Vous êtes victime d'un abominable complot et, à votre place, moi je n'hésiterais pas !... Après tout, vous êtes dans le cas de légitime défense.

      – Que voulez-vous dire ?

      – Moi, je suis franc comme l'or, je n'y vais pas par quatre chemins. Si vous voulez me laisser faire, je me charge de vous débarrasser de lord Burydan.

      – Quel est votre plan ? fit le vieillard, qui se reprenait à espérer.

      – Oh ! c'est bien simple. Je vais à la Maison Bleue prier lord Burydan de venir vous parler, sous prétexte d'arrangement. Pour venir ici, il n'y a qu'un chemin, il faut traverser le torrent du Ruisseau Rugissant, sur le pont de bois. Ce pont est passablement vermoulu et, dame, un accident est vite arrivé.

      – Je comprends, s'écria l'avare, dont le visage s'illumina. Vous avez là une idée de génie, mon brave Slugh.

      – D'autant plus, poursuivit le bandit, qu'il va faire nuit dans une heure. Et, dans les ténèbres, il est facile de faire un faux pas.

      Sans donner le temps au baronnet de se repentir de sa décision, Slugh et Sam Porter se munirent d'une hache et d'une pioche, et disparurent dans la direction de la Maison Bleue. Resté seul, le vieillard entra dans la cuisine du château et s'assit sous le vaste manteau de la cheminée, près d'un feu de bois mort, prudemment recouvert de cendres.

      Le baronnet était agité et perplexe, il passait ses maigres doigts dans sa longue barbe blanche avec un geste plein d'anxiété, et, toutes les cinq minutes, il se levait et allait jusqu'à la porte pour voir si ses émissaires ne revenaient pas. Mille sentiments contradictoires se heurtaient en lui. A certains moments, il regrettait de s'être confié à Slugh et à Sam Porter, qui étaient, après tout, des inconnus, des coureurs de grands chemins, et à d'autres, il s'applaudissait de sa décision.

      Enfin les deux bandits apparurent au seuil de la vaste cuisine, l'air aussi calme que deux honnêtes bûcherons qui reviennent de leur travail.

      – Eh bien ? demanda l'avare avec anxiété.

      – L'affaire est faite, répondit Slugh. Maintenant vous n'avez plus rien à redouter de lord Burydan.

      – Et vous pourrez faire dire des messes pour le repos de son âme, ajouta Sam Porter d'un ton légèrement goguenard.

      – Racontez-moi cela, interrogea le baronnet avidement.

      – Oh ! cela n'a pas souffert la moindre difficulté, répondit Slugh. Je suis arrivé à la Maison Bleue, j'ai vu le soi-disant lord Burydan, et je lui ai poliment exposé que vous seriez heureux de le voir, pour terminer à l'amiable le différend qui vous sépare. Il a répondu insolemment qu'il ne voulait faire avec vous aucun arrangement, mais qu'il ne serait pas fâché quand même de voir de près un original de votre espèce. Pendant que je faisais cette visite, Sam Porter donnait quelques bons coups de pioche à la base des pieux qui soutiennent le pont, quelques coups de hache dans les poutrelles vermoulues, puis, quand je l'ai eu rejoint, nous nous sommes cachés tous deux dans un fossé pour voir ce qui allait se passer.

      – Et alors ? demanda l'avare qui, tout entier au récit de Slugh, ne s'aperçut pas que Sam Porter venait de passer sournoisement derrière le fauteuil où il était assis.

      – Tout s'est passé comme je l'avais prévu, lord Burydan et un Peau-Rouge qui lui sert habituellement de garde du corps se sont aventurés sur le pont... ils ont fait trois pas. Je commençais déjà à croire que Sam Porter s'était mal acquitté de sa besogne, lorsque, tout à coup, il y eut un patatras formidable, un grand cri, puis plus rien. Et, vous le savez, un homme qui tombe dans le Ruisseau Rugissant peut être considéré comme perdu.

      L'avare poussa un soupir de soulagement.

      – Ouf ! s'écria-t-il, voilà qui me tire une fameuse épine du pied...

      Le reste de la phrase lui resta dans le gosier, car Sam Porter, obéissant à un coup d'œil significatif de Slugh, l'avait saisi à l'improviste et était en train de l'étrangler.

      – Ne serre pas si fort ! s'écria Slugh. C'est idiot, ce que tu fais là. Si tu commences par lui tordre le cou, qui est-ce qui nous ouvrira la porte de la chambre de fer ?

      Sam Porter comprit le bon sens de ce conseil et laissa respirer un peu le baronnet, déjà à moitié suffoqué. Slugh avait tiré de sa poche une cordelette et, avec une dextérité toute professionnelle, il garrotta le vieillard si épouvanté qu'il ne prononça pas une parole.

      – Mon vieux, lui dit brutalement Slugh, il s'agit maintenant de nous donner la clef de la chambre de fer. Tu comprends bien que ce n'est pas pour ton plaisir que nous sommes restés chez toi à crever de faim et à travailler comme des bêtes de somme.

      – La clef ?... Jamais ! murmura l'avare d'une voix rauque.

      – Nous allons nous passer de ta permission, dit Slugh, en explorant lestement les poches de la pelisse-robe de chambre, d'où il retira une foule d'objets hétéroclites : des croûtons, des bouts de ficelle, des clous rouillés, et jusqu'à des morceaux de charbon de terre.

      Enfin, il brandit triomphalement un trousseau de clefs de toutes les dimensions.

      – Ça ne vous servira de rien, bandits, rugit l'avare, je connais seul le moyen d'ouvrir la chambre de fer. Je ne vous le dirai pas. Vous me tueriez plutôt !

      – Nous n'allons pas te tuer ! dit Slugh avec un sang-froid épouvantable. Je connais un moyen radical de faire parler les entêtés.

      Sam Porter s'était agenouillé près de l'âtre et soufflait de toute la force de ses poumons sur les tisons couverts d'une cendre blanche. Bientôt la flamme crépita joyeusement. Pendant ce temps, Slugh avait enlevé les sabots de l'avare et ses longs bas de laine grise ; deux pieds décharnés apparurent, armés d'ongles aussi recourbés et aussi tranchants que ceux des diables de Goya. L'avare, qui avait compris quel genre de supplice on lui destinait, tremblait de tous ses membres, ses dents claquaient.

      – Veux-tu nous dire le secret de la chambre de fer ? demanda Slugh une dernière fois d'un ton menaçant.

      – Non, non, mille fois non !

      – C'est bien. Sam Porter, approche monsieur le baron du feu.

      Saisissant de force les pieds griffus de l'avare, Slugh les posa sur les charbons ardents.

      Le vieillard lança un hurlement sauvage.

      – Au secours ! A l'assassin ! Grâce ! Pitié ! Laissez-moi !

      – Ouvre-nous la chambre de fer, répéta Slugh avec insistance.

      – Non ! non. C'est impossible ! Je vous en supplie !...

      – Alors ce sera tant pis pour toi.

      Et le bandit appliqua de nouveau sur les tisons les pieds de Mathieu Fless, qui poussa un second hurlement de douleur.

      Mais, à ce moment, la porte vola en éclats et une troupe d'hommes, revolver au poing, fit irruption dans la cuisine de l'avare.

      Une demi-douzaine de détonations retentirent.

      Sam Porter, atteint d'une balle en plein front, fut tué net.

      Slugh, légèrement blessé, fonça comme un sanglier sur les assaillants, se fraya un passage vers la porte et disparut.

      Les nouveaux venus – lord Burydan, Kloum, Noël Fless, Ophélia, Oscar Tournesol, et l'aliéné lui-même – ne songèrent pas à poursuivre le bandit. Ils s'empressèrent de prodiguer leurs secours au vieillard, qui paraissait près de s'évanouir.

      Lord Burydan et Kloum, tous deux excellents nageurs, avaient réussi à échapper aux flots du Ruisseau Rugissant. Ils avaient deviné sans peine de quel guet-apens ils venaient d'être victimes.

      Revenus en hâte à la Maison Bleue pour y changer de vêtements, ils avaient rencontré, chemin faisant, Noël et Ophélia, qu'ils avaient mis au courant de leur aventure. C'est alors qu'ils avaient décidé de se rendre tous chez l'avare pour lui reprocher sa trahison.

      Lorsqu'on eut pansé les blessures du baronnet, lord Burydan lui dit sévèrement :

      – Vous allez quitter demain ce château. Vous auriez mérité que je vous procure un autre logement à la prison de Winnipeg, mais je vous trouve suffisamment puni. Je ne porterai donc pas plainte contre vous. Ce sera à la condition expresse que vous signiez séance tenante votre consentement au mariage de Noël et de miss Ophélia, que je me charge de doter.

      Honteux et confus, l'avare signa tout ce qu'on voulut, sans mot dire. Et, en reconnaissance de sa bonne volonté, on lui laissa Kloum comme garde-malade pour soigner ses brûlures.

      Avant de se retirer, lord Burydan put constater que son château avait été littéralement mis au pillage. Les tableaux de maîtres, les tentures précieuses et les meubles de style avaient été vendus par l'avare et convertis en argent comptant ; mais on remit à plus tard le soin de régler la question des dommages et intérêts auxquels le baron Fesse-Mathieu ne pouvait manquer d'être condamné.

      Tout le monde revint à la Maison Bleue, où lord Burydan voulait offrir à ses amis un joyeux souper pour célébrer son triomphe sur son déloyal héritier. Mais, comme ils traversaient la grand-route de Winnipeg, une automobile, lancée à une vitesse furieuse, les frôla et faillit presque les renverser.

      C'était une voiture rouge et noir. Elle était montée par un seul homme, dans lequel miss Ophélia crut reconnaître Slugh.

      – L'automobile fantôme ! murmura Oscar, dont le bras blessé était encore en écharpe.

      – Que nous importent ces bandits ! s'écria lord Burydan. Maintenant que je suis rentré en possession de mon nom et de ma fortune, je vais faire une guerre à mort à la Main Rouge. J'exterminerai les tramps dans leur repaire de l'île des pendus, j'en fais ici le serment solennel !




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