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Le mystérieux docteur Cornélius - T. 3

Gustave Lerouge
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TREIZIÈME ÉPISODE – LA FLEUR DU SOMMEIL
III – L'apparition

Le reste de la matinée, M. Bondonnat fut en proie à un étrange malaise moral ; il avait l'impression d'être comme happé entre les roues d'un engrenage invisible. Toutes ses lectures sur les cas de suggestion et de hantise lui revenaient en mémoire et il avait maintenant la certitude que les mystérieux cambrioleurs ne s'en tiendraient pas là.

      Enfin, il devinait que les événements incompréhensibles dont sa demeure était le théâtre continueraient à se dérouler avec une logique inflexible et bizarre.

      Il fut un peu distrait de ses soucis par la visite de la gentille Hatôuara, toute fière d'une robe de soie bleue toute neuve, de jolies babouches brodées d'or et d'un beau collier de corail, dont son père lui avait fait présent le matin même. Elle apportait un panier de crabes épineux et fantasques dans leurs formes comme des monstres japonais, et de ces grosses crevettes des mers tropicales que l'on appelle des « caraques » et qui sont longues comme la main.

      – Je vous apporte une bonne nouvelle, docteur, baragouina-t-elle dans son mauvais anglais, le paquebot américain que l'on n'attendait que dans une douzaine de jours sera ici ce soir.

      – Qui t'a dit cela ?

      – Tout le monde sur le quai. Le vapeur a été aperçu au large par les pêcheurs.

      – Je te remercie, mon enfant, murmura le savant devenu brusquement tout songeur.

      – Alors, vous allez nous quitter ? fit Hatôuara avec l'expression d'une réelle tristesse dans la voix.

      – Je ne sais pas encore, répondit-il. Mais va donc jouer dans le jardin avec Rapopoff, j'ai besoin de réfléchir.

      M. Bondonnat était perplexe. Malgré son vif désir de se rembarquer pour la France, il lui en coûtait énormément de quitter l'île de Basan sans avoir découvert les voleurs. Il avait le cœur gros à la pensée d'abandonner à son désespoir le malheureux Grivard, auquel, entraîné par sa générosité naturelle, il avait fait, peut-être un peu imprudemment, de si belles promesses.

      – Je crois, songea-t-il, qu'il faudra que je reste encore quelque temps dans cette île diabolique. Je sais qu'il y aura un autre vapeur dans une quinzaine. Le retard n'est pas énorme, et je pourrai toujours charger quelqu'un du paquebot d'un télégramme destiné à ma fille, afin de la rassurer... Et pourtant ai-je bien le droit de faire attendre ainsi ma pauvre Frédérique ?

      M. Bondonnat était en proie à la plus cruelle indécision. Il ne put se décider à prendre une résolution, quelle qu'elle fût, et il conclut que le mieux était de se laisser guider par les événements. Il se promettait, d'ailleurs, de faire tout ce qui serait en son pouvoir pour hâter la solution de l'énigme et le dénouement du drame ; mais plus il réfléchissait, plus il constatait que ce qu'il pouvait se bornait à bien peu de chose.

      Nerveux et indécis, agité et mécontent, le savant ne sortit pas ce jour-là. Il passa tout l'après-midi assis dans son jardin, à l'ombre d'un cycas, à réfléchir et à feuilleter quelques livres anglais, qu'il avait trouvés chez un papetier japonais de Basan.

      Hatôuara ne l'avait pas trompé. Un peu avant le coucher du soleil, Rapopoff vint annoncer qu'un grand navire à vapeur était mouillé dans la rade. D'une des fenêtres du premier étage, M. Bondonnat put voir la coque allongée d'un steamer de moyen tonnage, ancré à environ deux kilomètres de la côte et qu'entouraient déjà la foule des jonques, des sampans et des barques chargés de fruits et de marchandises locales.

      Le vieux savant, décidément, avait perdu l'appétit ; ce soir-là, de même que la veille, c'est à peine s'il toucha à l'excellent repas que lui avait apprêté son cosaque.

      Comme ce dernier était occupé à desservir, M. Bondonnat l'interpella brusquement.

      – Rapopoff, lui dit-il, tu sais que l'on me vole presque toutes les nuits ?

      – Oui, petit père !

      – Eh bien, il faut que tu m'aides à découvrir les voleurs. Cette nuit tu te coucheras sur ta natte, mais tu ne dormiras pas ; et, si quelqu'un vient, tu l'empoigneras et tu m'appelleras !

      Dressé dès l'enfance à l'obéissance passive, le cosaque ne fit pas la moindre objection à ce plan.

      Il s'étendit, comme chaque soir, sur sa natte, en travers de la porte, avec la ferme résolution de ne pas fermer l'œil de la nuit.

      Sur le conseil de M. Bondonnat, il avait placé à côté de lui, à portée de sa main, un grand sabre japonais et un revolver.

      Le naturaliste, une fois dans sa chambre, souffla sa lampe, s'étendit tout habillé sur son lit, après avoir eu soin de serrer son portefeuille dans la poche intérieure de son veston. Il était, lui aussi, bien résolu à rester éveillé jusqu'aux premiers rayons du jour.

      La nuit était très chaude ; l'air était embaumé par la voluptueuse haleine des jardins et des bois. M. Bondonnat entrouvrit légèrement sa fenêtre ; il aspira avec délice cette brise chargée de langoureux arômes.

      Peu à peu, il lui sembla que jamais le vent du soir n'avait été chargé d'odeurs aussi enivrantes. Il n'avait qu'à fermer à demi les yeux pour se croire transporté dans un champ de tubéreuses et de narcisses, d'où montaient des senteurs d'une volupté accablante.

      Bientôt ses yeux se fermèrent tout à fait et il s'endormit.

      Il faisait grand jour quand il se réveilla ; et, tout d'abord, il eut beaucoup de peine à mettre de l'ordre dans ses idées. Ce ne fut qu'après plusieurs minutes d'efforts qu'il se rappela qu'il s'était promis de ne pas se laisser aller au sommeil ; mais il prit vite son parti de cette négligence.

      – Bah ! se dit-il, j'ai mangé la consigne. C'est tant pis ! Rapopoff aura sans doute été plus vigilant que moi !

      Il sauta en bas de son lit, et son premier soin fut de jeter un coup d'œil sur la natte couverte de farine de riz qu'il avait eu la précaution de disposer de la même façon que la première fois.

      La trace des petits pas nus s'y étalait en évidence.

      – Par exemple ! s'écria le naturaliste, voilà qui dépasse la permission ! C'est se moquer du monde ! Et cet imbécile de Rapopoff qui s'est endormi, malgré ma défense ! Je vais lui dire un peu son fait !

      Tout en monologuant ainsi d'un ton fort mécontent, M. Bondonnat avait machinalement porté la main à la poche où se trouvait son portefeuille. Il fut plus irrité que surpris, en constatant que, cette fois encore, on l'avait allégé d'une vingtaine de billets.

      Sur les cent bank-notes que lui avaient remis autrefois les Lords de la Main Rouge, il n'en restait plus guère qu'une quarantaine.

      Du coup, M. Bondonnat était véritablement en colère.

      – Cela devient insupportable, s'écria-t-il, c'est stupide !... Puis c'est énervant, cette façon de procéder, de n'enlever, à chaque expédition, qu'un petit paquet ! J'aimerais presque autant qu'ils eussent tout pris d'un coup, au moins je n'aurais pas à y penser !

      Véritablement exaspéré, le savant ouvrit la porte de la chambre, bien décidé à tancer d'importance la négligence et la paresse du cosaque.

      Rapopoff avait disparu !

      Ses bottes, son bonnet de fourrure, son sabre japonais et son revolver se trouvaient bien à leur place à côté de la natte, mais leur propriétaire n'était plus là !

      C'est en vain que M. Bondonnat le chercha dans le jardin et dans les différentes pièces de la villa, Rapopoff s'était éclipsé sans laisser de traces, avait été escamoté comme une muscade.

      Cette fois, l'aventure était stupéfiante, pour ne pas dire terrifiante. Tout autre à la place de M. Bondonnat eût été pris de panique et se fût sans nul doute réfugié à bord du vapeur américain, bien décidé à ne pas demeurer une minute de plus dans une île où il se passait de pareilles choses.

      Le naturaliste n'eut pas un instant la pensée de céder la place à ses invisibles ennemis. La disparition – ou peut-être l'assassinat – de son fidèle cosaque l'irritait et le peinait profondément. Il ne prit que le temps de faire sa toilette et courut chez le gouverneur Noghi.

      Le cauteleux Japonais le reçut, comme à son ordinaire, très aimablement. Il écouta son récit sans broncher, déplora avec lui que de pareils attentats fussent possibles dans un pays civilisé dépendant du sceptre du mikado, et, finalement, lui donna l'assurance formelle qu'il allait mettre en campagne tous les hommes de la police locale.

      – Je suis désolé de ce qui vous arrive, conclut-il ; mais, comme je vous l'ai dit lors de votre arrivée, ces vols inexplicables sont très fréquents dans l'île de Basan, et, jusqu'ici, il nous a été impossible d'en découvrir les auteurs. Enfin, je vous promets que nous ferons tout ce qui sera en notre pouvoir.

      M. Bondonnat se retira, ne conservant que peu d'espoir de retrouver le malheureux cosaque. Il se rendait compte que cette île était le siège d'une puissance occulte contre laquelle il n'y avait rien à faire. Il était furieux, désemparé, ne voyant nullement à quelle résolution il pourrait s'arrêter, enfin profondément humilié par la constatation de son impuissance.

      Il rentra chez lui, mangea à la hâte quelques fruits en guise de déjeuner ; puis il eut l'idée d'aller conter ses malheurs à Louis Grivard. Il alla donc jusqu'à la caverne qui servait de demeure à l'artiste ; il ne trouva personne.

      Décidément, tout se tournait contre lui.

      Il passa le reste de la journée en proie à une agitation fébrile, allant et venant d'une pièce à l'autre de la villa et, sans qu'il se l'avouât à lui-même, pénétré d'une secrète terreur à la pensée de la nuit qui approchait.

      Il songea d'abord à aller chercher Amalu et à se procurer, par l'intermédiaire de l'indigène, quelques hommes robustes pour le garder ; mais, après beaucoup d'hésitation, il y renonça. Il lui répugnait un peu de mettre qui que ce soit dans la confidence de ses frayeurs ; puis il se disait que le moyen de découvrir le mystère n'était pas de mettre en fuite les singuliers malfaiteurs qui le dévalisaient.

      Le résultat de ces réflexions fut celui-ci : il n'appellerait personne, et il monterait la garde lui-même.

      Il prit toutes ses mesures pour n'être pas surpris par le sommeil, il absorba plusieurs tasses de café très fort, se munit de son revolver et, laissant entrouverte la porte du jardin, il s'assit sous un massif de bambous, se levant de temps à autre pour ne pas se laisser engourdir par la délicieuse atmosphère qui s'échappait des feuillages mouillés de rosée.

      L'air était d'une pureté cristalline. Des centaines de rossignols s'égosillaient dans les jardins du voisinage, et les grandes chauvessouris vampires passaient silencieusement devant la lune, sur leurs ailes de velours.

      Mais M. Bondonnat était insensible au prestige de la nature tropicale. Il n'avait qu'une idée fixe. Prendre son voleur en flagrant délit, et par l'entrebâillement de la porte du jardin il surveillait l'autre porte, celle qui donnait sur la rue et qui se trouvait à l'extrémité du corridor du rez-de-chaussée.

      Il était près d'une heure du matin, et le naturaliste commençait à se dépiter, lorsqu'il crut entendre un léger grincement à la serrure de la porte extérieure.

      Bientôt la porte s'ouvrit silencieusement ; une forme se profila dans la pénombre du couloir et, de sa cachette, M. Bondonnat aperçut une étrange apparition.

      C'était une jeune fille entièrement nue, sauf un lambeau d'étoffe qui lui couvrait à peine les reins et auquel était suspendu un petit sac de soie ; mais, ce qui l'intrigua au dernier point, c'est que la jeune fille, dont un rayon de lune montra le svelte torse cuivré, avait la tête couverte d'un de ces anciens casques japonais qui font aujourd'hui la joie des antiquaires et qui sont faits de lamelles d'écaille ou de corne.

      Détail stupéfiant, ce casque n'avait pas de trous à la place des yeux ; deux épaisses plaques de corne les bouchaient complètement. Il fallait que celle qui le portait fût aveugle.

      L'apparition, qui tenait à la main droite un gros bouquet de fleurs pâles, d'une pénétrante odeur qui rappelait à la fois la tubéreuse et le narcisse, s'arrêta court en face de la porte du jardin et se mit à monter l'escalier qui conduisait au premier étage.

      M. Bondonnat éprouva une violente émotion. Il sentait qu'il tenait enfin le premier anneau de la chaîne qui le conduirait à la découverte de la vérité.

      – Evidemment, se dit-il, cette espèce de fantôme va encore me dévaliser, mais tant pis !

      J'ai mes bank-notes dans ma poche. Elle ne les prendra toujours pas. Elle ne tardera sans doute pas à redescendre. Alors nous verrons !

      Il ne s'était pas trompé. Au bout de cinq minutes, la jeune fille au casque reparut. Elle tenait toujours son bouquet qu'elle agitait d'un geste machinal ; mais M. Bondonnat aperçut, passés dans sa ceinture, une liasse de papiers et l'écrin où se trouvait renfermé l'appareil destiné à mesurer l'intensité des rayons ultraviolets, qu'il avait soigneusement enfermé, la veille, dans le petit meuble de camphrier.

      Le naturaliste était prodigieusement intéressé par ce qu'il voyait. Toutes ses suppositions se trouvaient dépassées ; il lui semblait être au seuil d'un monde étrange, et il ne put réprimer un léger frisson en songeant à ce qu'il allait sans doute découvrir.

      Glissant presque sans bruit sur le dallage du corridor, l'apparition était arrivée à la porte de la rue. Elle l'ouvrit avec une clé qu'elle prit dans le petit sac de soie pendu à sa ceinture, et elle sortit, laissant derrière elle, comme un sillage parfumé, la pénétrante odeur de son bouquet.

      M. Bondonnat sortit une minute après elle, et, le cœur palpitant, lui emboîta le pas.

      A sa grande surprise, elle ne se dirigea pas du côté de la ville de Basan, en ce moment plongée dans le sommeil. Elle prit le sentier qui s'enfonçait dans la forêt.

      Du même pas égal, ses pieds nus foulaient la mousse épaisse et douce comme du velours. Des mouches phosphorescentes étaient venues se poser sur son casque noir et ajoutaient encore au fantastique de sa silhouette.

      M. Bondonnat ne put s'empêcher de se comparer lui-même à un vieux magicien attiré par un démon femelle vers quelque gouffre infernal.

      Un quart d'heure, une demi-heure se passèrent, ils marchaient toujours à travers le bois plein de rumeurs nocturnes : branches mortes qui se cassent, soupirs de bêtes en rut, rampements de couleuvres, bruissements d'insectes ou d'oiseaux dans leurs nids. Il semblait aussi au naturaliste que des voix chuchotaient à son oreille, lui criaient de retourner en arrière.

      M. Bondonnat était brave. Pourtant, il se sentait petit à petit gagné par un étrange émoi. Son sang-froid l'abandonnait peu à peu, et, deux fois, il buta contre des racines tordues qui barraient le sentier, pareilles à une nichée de serpents entrelacés.

      Enfin, il respira. Toujours sur les pas de son guide mystérieux, il venait d'entrer dans une large avenue bordée de platanes géants, aux troncs d'un gris pâle sous les rayons de la lune Leur feuillage formait une voûte majestueuse et paisible, du haut de laquelle des lianes légères retombaient, en se balançant au moindre souffle de la brise.

      A l'extrémité de l'avenue il y avait une haute muraille, au-dessus de laquelle apparaissaient les arbres d'un jardin. Au-delà des arbres, c'étaient les coupoles chatoyantes du temple bouddhique.

      Tout ce paysage semblait peint sur un fond d'argent, avec des roses, des gris pâles, des bleus et des violets d'une ineffable douceur. C'était un vrai décor de songe ! M. Bondonnat, malgré ses préoccupations, ne put s'empêcher de l'admirer.

      Soudain, l'apparition obliqua vers la gauche, s'engagea dans une avenue un peu moins large que la première, mais beaucoup plus obscure. Là, les feuillages étaient si épais que les rayons de la lune ne parvenaient pas à les traverser.

      Bientôt, le vieux savant constata que l'avenue allait en se rétrécissant. Un moment vint où ce n'était plus qu'un sentier à peine suffisant pour le passage d'une seule personne ; ce sentier descendait par une pente rapide, et, des arbustes épineux le bordant à droite et à gauche, il fallait faire grande attention pour ne pas être déchiré au passage.

      L'apparition ne semblait pas se soucier de ces obstacles ; elle allait toujours du même pas égal et rapide. M. Bondonnat avait grand-peine à la suivre, et, plusieurs fois, ses doigts s'ensanglantèrent, dans les ténèbres, aux épines acérées des végétaux.

      Ils descendirent ainsi pendant un quart d'heure, puis ils remontèrent. Le sentier s'élargit graduellement, et M. Bondonnat eut la surprise de se trouver transporté de l'autre côté des murs du jardin ; cette haie épineuse, qui devait se continuer dans un passage souterrain, était une invention bien digne des complications d'une cervelle chinoise ou japonaise.

      Le naturaliste regarda autour de lui. A une assez grande distance, il apercevait les majestueux bâtiments du monastère vivement éclairés par la lune. Devant lui s'étendait un jardin japonais aussi compliqué qu'un labyrinthe, avec ses allées tortueuses, ses petits ponts de rocaille, ses pièces d'eau et ses arbres torturés et difformes.

      Au centre un grand Bouddha de pierre dominait tout le paysage de son bienveillant sourire et de son auréole dorée.

      Ce jardin devait être rempli de fleurs magnifiques, et M. Bondonnat aspira voluptueusement le parfum qu'elles exhalaient. Il n'en avait jamais connu de plus troublant ; et, en essayant de l'analyser, il y retrouvait ces mêmes senteurs de tubéreuse et de narcisse qui avaient frappé ses narines lorsque l'apparition était passée à côté de lui.

      – C'est, évidemment, dans ce jardin, se dit-il, qu'elle a dû cueillir son bouquet !

      Il avait ralenti le pas. Il se remit à marcher plus vite en voyant que son guide se dirigeait du côté de la statue du Bouddha. Mais, tout à coup, elle disparut à ses yeux, aussi rapidement que si elle se fût évanouie en fumée.

      Le naturaliste était profondément désappointé. Inutilement, il alla jusqu'au piédestal du dieu, puis il revint sur ses pas, s'égara dans le lacis compliqué des allées et des massifs. Il essaya de reconnaître l'endroit par où il était venu. Ce fut impossible.

      Enfin, il se retrouva près d'un parterre de grandes fleurs pâles aux larges corolles – les mêmes fleurs que celles du bouquet – et il en respira de nouveau le parfum avec plaisir ; mais une demi-heure ne s'était pas écoulée qu'il sentait la tête lui tourner, ses idées chavirer dans le noir. Il ferma les yeux et roula à terre inanimé, presque aussi subitement atteint que s'il eût été frappé d'une balle en plein cœur.

      Au-dessus du fantastique jardin, le Bouddha à l'auréole d'or souriait de son énigmatique sourire.




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