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Le mystérieux docteur Cornélius - T. 3

Gustave Lerouge
© France-Spiritualités™






DIX-HUITIÈME ÉPISODE – BAS LES MASQUES !
IV – Le cauchemar du samedi

Baruch demeura plus d'une heure à l'endroit où on l'avait déposé, sans faire le moindre mouvement.

      Il était tellement atterré, tellement stupéfait qu'il n'avait plus la force de raisonner. La transition était tellement brusque, du pinacle triomphal où il se plaçait par imagination à ce cachot obscur, qu'il en restait comme foudroyé sur place.

      Dans le désarroi d'idées où il se trouvait, il en arrivait à se demander si ce n'étaient pas Fritz et Cornélius eux-mêmes qui lui avaient tendu ce traquenard. Mais il lui suffisait de réfléchir un instant pour se rendre compte que ses deux complices avaient, au contraire, le plus grand intérêt à ce qu'il entrât en possession des sommes immenses qu'il devait toucher.

      Petit à petit, il finit par se calmer, comprenant bien que, dans aucune des circonstances si périlleuses de sa vie, il n'avait eu autant besoin de sang-froid, de lucidité et d'intelligence.

      Baruch était brave et l'idée qu'il allait perdre la partie au moment même où il croyait l'avoir gagnée rendit à son énergie tout son ressort. Il fallait lutter de nouveau ? Eh bien, il lutterait !

      La conviction d'avoir derrière lui de puissants alliés qui, lorsqu'ils connaîtraient la situation où il se trouvait, s'empresseraient de venir à son secours avec les formidables moyens dont ils disposaient, acheva de lui rendre courage.
      Il serait honteux, songea-t-il, de m'abandonner lâchement au désespoir, alors que la partie est encore si belle pour moi, même dans l'état où je me trouve réduit. »

      Le premier usage que fit Baruch de son énergie reconquise fut de se dégager de ses liens ; il constata avec surprise qu'ils n'avaient point été extrêmement serrés, soit par suite d'une négligence de la part de ses geôliers, soit à cause de la croyance où ils étaient qu'il ne pourrait s'évader.

      A l'aide d'une série de torsions et de mouvements des poignets, il se débarrassa des cordes qui le liaient. Au bout d'une demi-heure d'efforts, il eut la satisfaction de recouvrer la liberté complète de ses mouvements.

      – Maintenant, murmura-t-il, nous allons voir ! J'ai les mains libres ! Il se mit à arpenter son cachot de long en large pour rétablir la circulation du sang, et, tout en marchant, il se fouilla. A son grand désappointement, il ne retrouva ni le browning dont il était toujours porteur ni même son mouchoir. On ne lui avait laissé aucun objet qui pût lui servir d'arme ou de moyen de corruption à l'égard de ses gardiens.

      Dans les ténèbres profondes où il était plongé, il se mit en devoir d'explorer les murs et le sol de son cachot. En dépit de tous ses efforts, il ne put découvrir aucune trace de porte ou de fenêtre.

      Le sol, les parois, et même le plafond de la chambre carrée, où il se trouvait renfermé, étaient uniformément revêtus d'un épais capitonnage, soigneusement matelassé, comme le sont les cellules où l'on enferme les aliénés atteints de la monomanie du suicide.

      Ce qui alarma encore plus Baruch, c'est qu'il s'aperçut qu'on n'avait mis à sa disposition ni boisson ni nourriture. Aussi se demanda-t-il en frissonnant s'il n'était pas condamné à mourir de faim dans cette cabine rembourrée, d'où aucun cri d'appel ne devait pouvoir arriver au-dehors.

      Il fallait, pourtant, que l'air respirable pénétrât dans cette cage si hermétiquement close. Il n'y arrivait sans doute que par des ouvertures imperceptibles et si bien dissimulées que c'eût été du temps perdu que de les chercher.

      Bientôt, il tomba dans un abattement profond.

      Il s'étendit tout de son long, ferma les yeux, essaya de dormir ou de penser. Mais, dès qu'il fermait les paupières, il se trouvait aussitôt obligé de les rouvrir.

      Il songea tout à coup avec épouvante qu'il se trouvait précisément dans cette nuit du samedi au dimanche qui, pendant si longtemps, avait été hantée, pour lui, par les plus terribles cauchemars.

      Ces craintes hâtèrent le commencement de l'hallucination même qu'il redoutait.

      Dans ce silence profond, dans ces épaisses ténèbres, il entendait les battements de son cœur sonner à grands coups sourds dans sa poitrine. Il lui sembla ensuite que des voix chuchotaient à son oreille. En même temps, l'obscurité s'animait de toutes sortes de figures grimaçantes dont l'aspect se modifiait sans cesse et qui voletaient, en tourbillonnant, tout autour de lui.

      C'était, à certains instants, comme des milliers de mouches de feu douées d'un rapide mouvement de vibration ; puis ces points lumineux se réunirent pour former d'innombrables mains sanglantes, qui toutes se tendaient vers son visage et le désignaient de l'index tendu, comme pour dire : « C'est lui ! »

      – La Main Rouge ! bégaya-t-il éperdu de terreur.

      Il lui semblait que ces mains, de minute en minute plus nombreuses et plus menaçantes, lui sautaient sur les épaules, lui tiraient les cheveux, se suspendaient aux basques de son habit ou se promenaient lentement sur son visage, en lui procurant la même sensation que s'il eût été frôlé par l'aile d'une chauve-souris.

      Baruch était épouvanté.

      – Si je reste ici plus longtemps, songea-t-il, je deviendrai sûrement fou...

      Il se mit à trembler de tous ses membres, en songeant que l'endroit où il se trouvait n'était peut-être que le cabanon de quelque Lunatic-Asylum, d'où il ne sortirait jamais et où sa raison aurait bientôt sombré.

      Le propre de certaines hallucinations, c'est de varier avec l'incessante rapidité d'un kaléidoscope.

      Aux mains sanglantes qui tournoyaient autour de lui comme des oiseaux de mauvais augure, avaient succédé des faces grimaçantes, qui le regardaient avec de hideux sourires, et parmi lesquelles il reconnaissait les physionomies de quelques-unes de ses victimes.

      Il aperçut au premier rang Pablo Hernandez, qui s'avançait en donnant le bras au chimiste Maubreuil. Tous deux avaient le visage d'une couleur cadavérique, mais leurs prunelles rayonnaient d'un éclat insoutenable, d'une cruelle fixité ; et la contemplation de ces regards avait, pour l'assassin, quelque chose de si terrible qu'il finit par perdre connaissance.

      Un lourd sommeil, peuplé de mauvais rêves, succéda à cet évanouissement.

      Quand Baruch rouvrit les yeux, il avait complètement perdu toute notion du temps et du lieu : il lui fallut beaucoup d'efforts pour arriver à se rappeler ce qui lui était arrivé la veille, et dans quel endroit il se trouvait.

      Il avait été réveillé par le bruit d'une musique lointaine, dont les sons, à la fois doux et majestueux, allaient sans cesse en augmentant jusqu'à atteindre les grondements imposants du tonnerre, auxquels se mélangeaient des chants aériens et légers, comme si les voix célestes d'un chœur d'archanges se fussent mêlées aux mugissements d'une tempête.

      Peu à peu, les rumeurs de l'ouragan eurent le dessous et le chant d'allégresse et d'amour s'enfla plus largement en montant vers le ciel.

      Baruch était d'abord demeuré, comme en extase, bercé par cette mystérieuse musique qui lui semblait avoir une expression surnaturelle.

      Il comprit bientôt que ce qu'il entendait, c'était la voix d'un orgue puissant sur lequel un grand artiste exécutait de géniales improvisations. Le caractère de la musique se modifia brusquement ; il prit quelque chose de suave, d'intime et de mélancolique à la fois. C'étaient comme de tendres promesses chuchotées à mi-voix, de timides aveux, des confidences entremêlées de chastes caresses, des baisers et des sourires mouillés de larmes vite essuyées. Il y avait tout cela, et bien d'autres choses encore, dans ces surhumains accents qui parvenaient aux oreilles de Baruch comme s'il eût été tout proche de l'instrument qui les produisait.

      Tout à coup, il lui sembla que les opaques ténèbres s'illuminaient d'une tremblante lueur, faible et incertaine, comme un reflet lointain qui paraissait monter du sol même de son cachot.

      D'un mouvement instinctif, il se leva, porta la main à son front brûlant de fièvre et se dirigea d'un pas mal assuré du côté d'où venait la lumière.

      Après avoir traversé la cellule, il vit à ses pieds une sorte de judas, qui s'était brusquement ouvert dans le sol même, à la place d'un des losanges de cuir du capitonnage, et dont le treillis serré laissait passer la lueur qui avait attiré son attention.

      Avidement, fiévreusement, Baruch s'étendit à plat ventre, colla ses yeux au grillage et regarda.

      Le spectacle qui se déploya alors à ses regards était tel que l'assassin sentit tout son sang refluer vers son cœur. Ses oreilles bourdonnaient, et il crut un instant qu'il était le jouet de quelque nouvelle hallucination. Mais la netteté, la réalité même du tableau qu'il apercevait, éclairé par des centaines de lampes électriques, ne lui permirent pas de croire à un rêve.

      De son cachot situé dans les combles, Baruch voyait à ses pieds, comme au fond d'un gouffre, le chœur et la nef principale d'une chapelle catholique étincelante d'ors et de lumières ; l'autel était paré de fleurs et la fumée d'azur des encensoirs s'élevait en harmonieuses spirales entre les piliers drapés de satin blanc et décorés de guirlandes de roses, de lis, de lilas blanc et de jasmin. Devant l'autel, un évêque aux vénérables cheveux blancs, à la chasuble coruscante de pierreries, s'apprêtait à donner la bénédiction nuptiale à un jeune homme et une jeune fille qui, en ce moment, tournaient le dos à Baruch.

      Une brillante assistance remplissait la chapelle, et Baruch reconnut avec stupeur, parmi les invités aux brillantes toilettes, lord et lady Burydan, Fred Jorgell, Harry Dorgan, mistress Isidora, M. Bondonnat, Frédérique, Andrée et leurs époux, Oscar Tournesol, Régine, Agénor et le Peau-Rouge Kloum.

      Cette stupeur se changea en une véritable horreur lorsque, dans un vieux gentleman mis avec une suprême élégance, qui s'était tenu jusqu'alors caché derrière un pilier, Baruch reconnut, à ne pouvoir s'y tromper, William Dorgan lui-même !

      William Dorgan, dont l'acte de décès avait été dûment dressé ! William Dorgan, dont Cornélius et Fritz avaient retrouvé le cadavre sous les décombres du pont de Rochester et dont lui, Baruch, avait touché l'héritage presque entier, après un retentissant procès avec Harry Dorgan !

      Baruch porta la main à son front avec un cri sourd. Il sentait sa raison chavirer en plein cauchemar, en pleine invraisemblance.

      Il eut, un moment, la pensée qu'on lui avait fait absorber l'un de ces poisons du cerveau qui, comme le haschisch, ont le pouvoir de déformer les perceptions des sens.

      Il se pinça jusqu'au sang, il se frotta les yeux, pour être bien sûr qu'il ne rêvait pas.

      Mais non ! Tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il entendait était d'une réalité trop intense pour appartenir au domaine du songe.

      Il distinguait les moindres détails des toilettes ou des costumes, il pouvait compter les perles étincelantes au cou des jeunes femmes. La rumeur des orgues bruissait encore à son oreille et le parfum de l'encens montait à ses narines.

      Tout ce qu'il voyait avait donc une existence bien tangible. Baruch se demanda comment tous ses ennemis se trouvaient, comme par un fait exprès, réunis là, dans cette chapelle.

      Il n'avait pu apercevoir encore le visage de la mariée, mais il tremblait de le deviner.

      Il avait peur de savoir.

      Au moment où la jeune fille, en somptueuse robe de brocart d'argent garnie de perles, se retourna pour la cérémonie de l'anneau, il ferma les yeux pour ne pas apercevoir son visage. Néanmoins, la curiosité fut la plus forte, il les rouvrit presque aussitôt.

      Il vit la fière doña Carmen Hernandez, tout à la fois souriante, extasiée, rougissante, échanger la bague nuptiale avec Joë Dorgan !... Joë Dorgan lui-même, le visage rayonnant d'intelligence et de santé !

      Baruch eut la sensation qu'éprouve un homme qui roule dans un gouffre.

      Il poussa un cri d'angoisse et s'évanouit.


*

*       *


      Le docteur Cornélius Kramm était paisiblement occupé à travailler dans son laboratoire souterrain, en compagnie de son préparateur Léonello, lorsque son frère Fritz y fit brusquement irruption.

      Le visage du marchand de tableaux était blême, décomposé. Ses vêtements en désordre, son front couvert de sueur montraient qu'il était accouru précipitamment sans même faire usage de son auto.

      Il s'écroula plutôt qu'il ne s'assit sur un siège placé à côté de celui de son frère.

      – Qu'y a-t-il donc ? demanda Cornélius avec surprise.

      – Tout est perdu ! bégaya Fritz d'une voix étranglée. Baruch est pris ! Doña Carmen est mariée !...

      – Que me chantes-tu là ?... Tu es fou !... Mais c'est impossible, ce que tu me racontes !...

      – Baruch n'a pas reparu à son hôtel depuis notre dernière entrevue, et l'on n'a revu ni son auto ni son chauffeur... On ne sait ce qu'ils sont devenus !...

      – Voyons ! tu déraisonnes... Si Baruch est arrêté ou en fuite, doña Carmen n'a pas pu se marier !

      – Voilà bien le plus terrible ! C'est qu'elle a épousé Joë Dorgan... Entends-tu ? le vrai Joë Dorgan !... Mais ce n'est pas tout encore... William Dorgan est ressuscité !...

      Cornélius tombait de son haut.

      – Ah çà ! fit-il, je commence à croire sérieusement que tu divagues... Soyons calmes, d'abord, pas d'énervement... Avant tout, de la logique et des faits précis !

      – Il n'y en a que trop, hélas ! de faits précis..., murmura Fritz d'un air abattu.

      – William Dorgan ne peut pas être ressuscité, puisque c'est nous-mêmes qui avons reconnu son cadavre lors de l'accident du pont de Rochester.

      – Ce n'était pas lui. William Dorgan – à ce que m'a confié un de nos affiliés qui est employé au parquet – a introduit une demande en rectification d'état-civil. Ramassé sur le lieu du sinistre par des amis, il a été soigné jusqu'à ce jour dans une maison de santé, et il possède toutes les preuves capables d'établir la vérité de ses affirmations. L'homme qu'on a enterré à sa place est un certain Murray. Tout l'échafaudage de nos projets s'écroule comme un château de cartes...

      – Nous avons été roulés comme des enfants, comme des niais, par lord Burydan... Je vais réfléchir au meilleur parti à prendre... Mais explique-moi d'abord l'histoire du mariage de doña Carmen.

      – Rien de plus simple. La jeune fille était du complot. Je viens d'apprendre, mais trop tard, qu'elle a eu plusieurs entrevues secrètes avec lord Burydan et Andrée de Maubreuil. Andrée et Carmen, qui, toutes deux, avaient à venger la mort de leur père assassiné par Baruch, se sont entendues à merveille. Et c'est ainsi qu'a été organisée une comédie dont nous sommes nousmêmes victimes aujourd'hui.

      – Je comprends maintenant, reprit Cornélius avec une sourde exaspération, pourquoi l'Espagnole se montrait si fière et si cérémonieuse avec Baruch, pourquoi elle ne lui accordait que de si courtes entrevues.

      – Elle en accordait de plus longues au véritable Joë, que, paraît-il, Bondonnat a complètement guéri. Elle le connaissait, d'ailleurs, depuis longtemps, car William Dorgan et Pablo Hernandez avaient été autrefois en relations d'affaires.
      Persuadée par lord Burydan et par Andrée, l'Espagnole est fougueusement entrée dans la combinaison qui devait assurer sa vengeance. Quant à Baruch, il a disparu, et maintenant nous allons avoir à compter à la fois avec William Dorgan et le véritable Joë.

      – Et sans doute, ajouta Cornélius d'un air sombre, avec la police des Etats-Unis... C'est une vraie catastrophe...

      – Dont tu peux bien accuser ton imprudence ! s'écria Fritz avec colère. Si tu avais, dès le début, comme je le demandais, supprimé Joë Dorgan, nous n'en serions pas réduits à cette extrémité.

      – Inutile de nous quereller. Tes reproches ne servent à rien, ne signifient rien ! Nous avons la partie plus belle encore que tu ne penses. Nos contrats avec le trust de William Dorgan sont parfaitement en règle. Il faudra plaider, et, d'ici là, il peut se passer bien des événements.

      – Mais si l'on t'accuse d'avoir opéré la transformation des physionomies ?

      – Il faudra me le prouver. Les procédés que j'ai employés sont connus. Je les ai expliqués moi-même dans plusieurs brochures qu'a pu lire n'importe quel médecin. Reprends courage, mon cher Fritz, rien n'est encore désespéré.

      – J'aime à te voir cette belle confiance, murmura le marchand de tableaux un peu calmé, mais que faut-il faire ?

      – Le plus pressé, c'est de retrouver Baruch, de savoir ce qu'ils en ont fait. C'est lui, en réalité, la seule et vivante preuve que l'on puisse invoquer contre nous.

      – Je vais m'en occuper. Aujourd'hui même, Slugh se mettra en campagne avec une douzaine de nos plus habiles affiliés. Mais, crois-moi, il faut que nos adversaires soient bien sûrs du triomphe pour se démasquer comme ils le font.

      – C'est précisément cette assurance qui les perdra. Une fois que nous aurons retrouvé
      Baruch, je t'affirme, moi, que je ne serai pas embarrassé ! Il est heureux, d'ailleurs, que tu m'aies prévenu. Je vais mettre à profit le temps qui nous reste pour faire disparaître certains objets et certains papiers compromettants.
      Crois-moi, lord Burydan et sa bande n'ont pas encore gagné la bataille, comme ils se l'imaginent !

      – Je voudrais te croire.

      – On n'attaque pas ainsi un homme comme moi. Je suis célèbre ! Je suis riche ! Et j'ai à mes ordres les poignards de la Main Rouge.


*

*       *


      Les deux bandits passèrent trois longues heures à prendre les mesures nécessaires à leur défense.

      Quand Fritz Kramm sortit de chez son frère, il avait reconquis sinon toute sa sérénité, au moins toute son audace.




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