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Le mystérieux docteur Cornélius - T. 3

Gustave Lerouge
© France-Spiritualités™






SEIZIÈME ÉPISODE – LA TOUR FIÉVREUSE
IV – Le crucifix d'étain

C'est en qualité de jockey que Mr Ezéchias Palmers, fils d'un honorable clergyman de l'Etat de New Jersey, avait débuté dans l'existence, laissant inachevées les études théologiques qu'il avait entreprises sous l'égide paternelle.

      Un subit embonpoint le força de renoncer aux hippodromes, et il eut la chance d'obtenir la place de directeur d'une maison d'aliénés, d'un Lunatic-Asylum, ne gardant de son premier métier qu'une aptitude remarquable à perdre son argent aux courses.

      Mr Palmers se lassa bien vite de la société des fous, qui, d'ailleurs, lui jouèrent une foule de mauvais tours, et il quitta le Lunatic-Asylum pour installer, grâce aux capitaux de commanditaires bénévoles, un Institut spiritualiste où les personnes frappées par la mort dans leurs affections pouvaient à volonté voir apparaître leurs chers défunts, ou même converser avec eux.

      Les clients de Mr Palmers se déclaraient très satisfaits. Les matérialisations ne laissaient rien à désirer : l'or affluait dans les caisses de l'ingénieux spirite, lorsque la police de New York découvrit, par hasard, que les âmes évoquées étaient représentées par de jeunes dames dont les appas n'avaient rien d'immatériel et dont les mœurs étaient déplorables, surtout pour de purs esprits.

      L'Institut Spiritualiste fut fermé par ordre de l'autorité supérieure. Mr Palmers connut alors de mauvais jours. Il avait dépensé jusqu'à son dernier dollar et en était à se demander, en arpentant mélancoliquement les rues de New York, quel était le moyen de suicide le plus rapide, le moins douloureux et le plus économique. Il finit par conclure qu'un plongeon dans l'Hudson réunissait parfaitement ces trois conditions.

      Le résultat de cette méditation fut qu'il alla porter chez un armurier le superbe browning avec lequel il avait d'abord projeté de se brûler la cervelle. Il revint avec quatre dollars, ce qui lui rendit à l'instant même toute sa bonne humeur.

      Il était, ce jour-là, décidément en veine. En sortant de chez l'armurier, il aperçut un groupe de femmes, jeunes et vieilles, qui stationnaient autour de l'échoppe d'un cordonnier, en plein vent. Il s'approcha, poussé par la curiosité, et, tout de suite, son attention fut éveillée par ces paroles étranges :

      – Cette jeune fille use du talon, donc elle est brune, tendre et fidèle.

      Il y avait, dans cette simple phrase, toute une révélation.

      Le hasard bienveillant avait poussé Mr Palmers jusqu'à la boutique d'un « podomancien ».

      La podomancie, comme chacun sait, est l'art de deviner le caractère des gens, et même leur avenir, d'après les manières dont ils usent leurs chaussures. Au bout d'une heure, Mr Palmers savait que, si les brunes usent du talon et sont fidèles, les blondes usent de la pointe et sont volages, que les hommes de robe et les gens rusés usent les contreforts intérieurs, les prodigues et les étourdis les contreforts extérieurs ; et une foule d'autres notions de la même force.

      Eperdu de joie, Mr Palmers courut, tout d'une traite, jusqu'au bureau d'un journal, et, avec le peu d'argent qu'il possédait, fit insérer une annonce ainsi conçue :

Voulez-vous connaître :
vos qualités, vos défauts, votre avenir ?
Laissez de côté les charlatans et les farceurs !

Soyez pratiques !
Faites appel aux Sciences exactes et consultez le fameux JAMES ROLLAN
le plus grand podomancien de toute l'Amérique.

      Il suffit de lui envoyer une paire de chaussures ayant servi, mais non usées, pour connaître le secret de sa destinée par retour du courrier.

Dis-moi comment tu marches,
Et je te dirai qui tu es !

N. B. – Il ne sera pas fait de réponse aux personnes qui expédieraient des chaussures en mauvais état.



      Mr Palmers avait eu une idée géniale. Le lendemain du jour où il avait inséré cette annonce, il reçut une avalanche de chaussures de tout genre, mais celles des dames étaient en majorité.

      Sans perdre de temps, il rédigea quatre notices qui, reproduites à un grand nombre d'exemplaires, devaient convenir à tous les cas possibles et imaginables. Elles étaient conçues dans un style si vague que chacun était forcé d'y trouver quelque chose de vrai.

      Huit jours après, il était obligé de prendre trois employés pour classer son innombrable correspondance et il possédait un vaste hangar entièrement rempli de chaussures.

      D'autres auraient vendu à vil prix cette marchandise. Mr Palmers avait trop le génie des affaires pour commettre une pareille bévue. Il augmenta son personnel de trois maîtres savetiers et, avant que la fin du premier mois se fût écoulée, il inaugurait, à New York même, deux superbes magasins où d'excellentes chaussures étaient abandonnées au public à des prix d'un bon marché dérisoire.

      Déjà le nom de James Rollan était presque célèbre. Le portrait du fameux podomancien s'étalait à la huitième page des journaux, encadré de réclames étourdissantes. Ses bureaux occupaient un vaste immeuble, et il dut installer des succursales à Chicago, à La Nouvelle-Orléans et à San Francisco.

      Le succès allait croissant avec la rapidité de l'ouragan. Mr Palmers fonda une Académie de pédicures, lança un emplâtre sans pareil contre les cors. Enfin, il mit le sceau à sa renommée en publiant, sous son pseudonyme de James Rollan, une brochure sur L'Esthétique rationnelle du pied qui eut un succès considérable.

      Il ne manquait plus à son bonheur que de découvrir, parmi les plus riches et les plus belles héritières de l'Union, une compagne digne de lui. Pourtant, il ne se pressait pas, car il ne voulait faire son choix qu'en parfaite connaissance de cause. Il repoussa même, successivement, plusieurs partis fort avantageux.

      C'est alors qu'à l'occasion d'un voyage d'affaires entrepris dans les Etats du Sud le hasard le mit en présence de Mr et Miss Bombridge, qui étaient montés dans le même wagon que lui.

      Il fut charmé de la beauté et de la grâce de Régine, et, au bout d'un quart d'heure, il se jurait à lui-même qu'il n'aurait jamais d'autre femme qu'elle. C'était le coup de foudre !

      Mr Bombridge, sans se décider aussi rapidement, n'était pas hostile en principe à l'idée de donner sa fille à cet obligeant et correct gentleman, qui ne parlait que par millions de dollars et citait des chiffres d'affaires stupéfiants.

      C'est ainsi que Mr James Rollan, de même que Matalobos et Oscar Tournesol, fut invité à venir en Floride villégiaturer pendant une courte période, à la fin de laquelle Mr Bombridge devait faire connaître sa décision définitive.

      Mr James Rollan était un homme si occupé que, malgré toute sa bonne volonté, il ne put arriver que deux jours après ses concurrents. D'ailleurs, il n'en fut pas moins bien accueilli, et il fut cérémonieusement présenté à ses rivaux, Oscar et le prestidigitateur, et aussi à lord Burydan.

      Il semblait bien à l'excentrique que ce visage ne lui était pas inconnu, mais il ne se rappelait pas exactement où il avait pu le voir. Palmers, lui, reconnut du premier coup d'œil l'homme qui, à l'Institut spiritualiste, était venu lui demander de faire apparaître la dame aux scabieuses. Seulement, il pensa que son ancien client ne le reconnaîtrait pas sous son nom de James Rollan, et aussi à cause de certains changements qu'il avait fait subir à sa physionomie et à son costume.

      Au lieu d'être complètement rasé comme autrefois, il portait une légère moustache et des favoris blonds qui lui donnaient l'aspect de quelque élégant diplomate austro-hongrois.

      Mr James Rollan fut parfaitement accueilli de Mr Bombridge et de ses amis. Sa présence fit une heureuse diversion au mauvais temps qui n'avait cessé de régner depuis l'arrivée d'Oscar et de lord Burydan et qui empêchait les excursions les plus intéressantes dans le voisinage.

      Le jour même de l'arrivée du célèbre podomancien, il y eut un orage épouvantable, et la petite société n'eut d'autre ressource que d'organiser une partie de bridge dans le grand salon de la villa, pendant que la pluie tambourinait à grand fracas le long des vitres closes et que le vent se lamentait dans les arbres de la forêt.

      La soirée se termina de façon assez maussade et chacun se retira de bonne heure dans sa chambre.

      Lord Burydan n'avait pas sommeil. Une fois seul, il essaya de lire ; mais il s'aperçut bientôt qu'il avait parcouru déjà deux ou trois feuillets sans en avoir compris un seul mot. Son esprit était ailleurs. Puis, quoique la fenêtre fût demeurée entrouverte, il faisait une chaleur insupportable.

      Le jeune homme profita d'une accalmie pour monter fumer un cigare sur la terrasse. Le vent, trempé de pluie, rafraîchit son front brûlant, calma ses nerfs. Il se mit alors à marcher, à pas lents, en regardant distraitement le paysage.

      Brusquement, il s'arrêta.

      Le feu rouge du petit phare, qui brillait à l'entrée du golfe d'Oyster Bay, avait disparu. Une chose beaucoup plus surprenante, c'est qu'un autre feu, de la même couleur et d'une clarté plus intense, s'était allumé à une dizaine de miles, au nord.

      Lord Burydan calcula approximativement que c'était à peu près dans cette direction que devait se trouver la tour fiévreuse.

      Evidemment, il se passait quelque chose d'extraordinaire. Lord Burydan redescendit chercher un manteau imperméable – car la pluie s'était remise à tomber avec violence – et il demeura courageusement à son poste d'observation.

      Il s'était figuré tout d'abord que, pour une raison quelconque, le phare avait été déplacé. Après examen, il reconnut qu'il se trompait.

      Au bout d'une heure de faction sur la terrasse, lord Burydan vit le feu nouveau s'éteindre brusquement. Presque aussitôt le phare se ralluma.

      L'excentrique comprit qu'il ne se produirait rien d'autre cette nuit-là. Aussi regagna-t-il sa chambre, très préoccupé.

      Le lendemain matin, il faisait un temps superbe. Oscar Tournesol se leva de bonne heure et alla frapper à la porte de lord Burydan pour l'inviter à faire une promenade matinale. L'excentrique était déjà parti. Oscar apprit qu'il était sorti de la propriété déjà depuis une heure, en compagnie du vieux nègre Jupiter qu'il avait pris comme guide.

      On l'attendit vainement pendant toute la matinée. Il ne revint qu'à midi, au moment où les hôtes de Mr Bombridge allaient se mettre à table.

      Il paraissait fatigué et mécontent. Il demanda la permission d'aller changer de vêtements, car il était couvert de boue des pieds à la tête. Quand il redescendit, ce fut à qui l'accablerait de questions.

      – Vous allez, j'espère, nous raconter votre promenade ? dit le prestidigitateur.

      – Vous auriez dû nous emmener ! ajouta Mr James Rollan.

      Comme lord Burydan ne répondait pas :

      – Peut-être, dit miss Régine, en feignant d'être vexée, lord Burydan ne veut-il pas nous dire où il a été ! Il serait indiscret d'insister.

      – Je n'ai aucune raison de vous cacher d'où je viens, répliqua l'excentrique. J'ai eu la fantaisie d'aller visiter la tour fiévreuse.

      – Vous y avez été ?... Quelle imprudence ! s'écrièrent d'une même voix tous les convives.

      – Rassurez-vous. J'avais pris mes précautions. Je dois à mon savant ami, M. Prosper Bondonnat, un fébrifuge inventé par lui, et grâce auquel on peut, du moins pendant quelques heures, demeurer dans les endroits les plus malsains... J'avoue que la précaution était loin d'être inutile. Je n'oubliai pas non plus de me couvrir la figure d'une moustiquaire et d'emporter avec moi une petite boîte de pharmacie...

      – Les marécages sont-ils donc si terribles que cela ? demanda Oscar.

      – Plus terribles encore qu'on ne le croit ! Sans parler des nuées de moustiques et d'insectes venimeux qui forment un nuage épais au-dessus des eaux croupies, ce marais est le refuge des reptiles les plus hideux que j'aie jamais vus ! A côté des inoffensives grenouilles-taureaux, on aperçoit des crapauds d'une prodigieuse grosseur, et ce fameux serpent-cercueil, d'un vert pâle et clair, qui donne la chasse à ses victimes comme un chien.
      Il y a certaines mares où pullulent des huîtres empoisonnées et de hideux crabes écarlates, qui s'ébattent autour des caïmans endormis que l'on prendrait pour des troncs d'arbre abattus.
      Dans les endroits où il pousse quelques arbres et où le sol est plus ferme, on rencontre des fourmis géantes, si nombreuses et si voraces qu'en une heure elles sont capables de réduire à l'état de squelette parfaitement nettoyé le cadavre d'un homme.

      – Vous avez osé traverser tout cela ? demanda miss Régine en réprimant un frisson de dégoût.

      – Je n'y ai pas eu grand mérite, puisque j'avais pour guide ce brave Jupiter qui connaît à fond le marécage et qui m'a fait passer par des sentiers relativement sûrs. Je n'ai fait, somme toute, que côtoyer d'assez loin toutes ces horreurs.
      Ce qu'il y a de plus singulier, c'est que sur ces eaux pourries, dans ces fanges vénéneuses, s'épanouissent des fleurs d'un parfum admirable et d'une senteur capiteuse. Au milieu de ce pandémonium de reptiles éclatent des floraisons d'azur et de pourpre, des feuillages aux couleurs métalliques et chatoyantes. En certains endroits, l'eau noire se couvre d'un tapis de fleurs au-dessus desquelles on voit se dresser la tête plate des serpents.
      J'eus à traverser un buisson de grands mimosas qui exhalaient un entêtant parfum et qui écartaient de moi leurs branches avec un petit sifflement, car ce sont des arbustes doués de sensibilité et de nervosité presque comme des êtres humains.
      Ailleurs, au milieu des lianes de jalap aux corolles d'azur, de grands échassiers gris et roses se régalaient de serpents et de lézards, et s'envolaient avec un grand bruit d'ailes à notre approche. Puis, c'étaient d'immenses papillons couleur de soufre, des araignées grosses comme le poing, des chenilles de la taille de petits serpents.
      C'est à travers tout ce grouillement d'animaux plus ou moins suspects que je dus cheminer pendant trois heures, avant d'atteindre la tour fiévreuse. Quand j'en fus arrivé à une certaine distance, Jupiter refusa de m'accompagner plus loin, et il s'arrêta après m'avoir indiqué le chemin qui me restait à faire.

      – Vous l'avez donc vue, cette sinistre tour ? demanda Mr Bombridge. Je vous en fais tous mes compliments. Je n'aurais pas votre courage.

      – N'exagérons rien. La tour fiévreuse et les ruines qui l'environnent sont bâties sur un plateau qui domine quelque peu le marais voisin, et l'air doit y être moins malsain, surtout à cause du voisinage de la mer.
      Je suis monté jusqu'au sommet de la tour. C'est une ruine, et une ruine abandonnée depuis longtemps. J'ai vu la cloche qui nous fit tant peur l'autre soir. Elle doit être ancienne, car elle est couverte d'armoiries et de devises latines.
      Pour ce qui est des sons que nous avons entendus, il n'est pas du tout impossible que, par une forte tempête, la cloche ne soit légèrement agitée par le vent. Il n'y a là rien de merveilleux.

      – Avec votre manière d'expliquer les choses, dit miss Régine, vous me dépoétisez la légende de la tour fiévreuse ! Alors, il ne vous est rien arrivé de plus remarquable, au cours de toute cette expédition ?

      – Non, murmura lord Burydan. J'ai même éprouvé une réelle déconvenue, car je croyais être sur la piste d'une découverte intéressante. Pourtant, j'allais oublier un fait assez bizarre. Comme je descendais l'escalier de la tour, j'ai cru distinguer des gémissements étouffés, je suis remonté, et je n'ai plus rien entendu. J'ai regardé partout et je n'ai rien vu. Il n'y a pas un endroit où quelqu'un puisse se cacher. J'en ai conclu que j'avais été victime d'une hallucination, ou que ces prétendus gémissements n'étaient qu'un de ces bourdonnements causés par l'écho que l'on entend souvent dans le voisinage immédiat des cloches.

      Le narrateur fut soudainement interrompu dans son récit. Un Noir entra, disant qu'un homme demandait à parler à lord Burydan.

      – Comment est cet homme ? répondit l'excentrique en se levant de table avec précipitation.

      – Il a l'air d'un tramp, répondit le Noir tout étonné de l'empressement du lord.

      A la porte, lord Burydan eut la surprise de se trouver en présence de Pierre Gilkin, le mari de Dorypha, qui, après avoir été laissé pour mort par les bandits de la Main Rouge, dans l'hacienda de San-Bernardino, avait dû passer de longs mois à l'hôpital de la station de Cucomongo, dans l'Arizona.

      – Vous ici ! s'écria le lord stupéfait.

      – Oui, murmura Gilkin dont les habits étaient couverts de boue et dont le visage pâle et défait, la taille un peu courbée annonçaient une immense fatigue. Dès que j'ai été capable de me tenir debout, je me suis mis à la recherche de Dorypha. J'ai couru par toutes les routes de l'Amérique, vêtu en vagabond et tâchant de lier connaissance avec tous les bandits que je rencontrais.

      – Qu'avez-vous découvert ?

      Gilkin, dont les mains tremblaient d'émotion, remit à lord Burydan un antique crucifix d'étain qu'il tira de dessous sa veste de toile.

      – Voyez vous-même ! fit-il avec exaltation, voilà ce que j'ai trouvé tout à l'heure au pied de la tour fiévreuse !

      Lord Burydan prit le crucifix et l'examina. Quelques mots y avaient été gravés d'une main maladroite, et l'inscription, à en juger par le brillant des caractères se détachant sur le métal plus terne, paraissait toute récente. Il déchiffra, non sans peine, cette phrase : Je suis murée vivante dans la tour. Au secours ! Dorypha.

      Au-dessous de la signature on avait ajouté, après coup, cette indication : Premier étage.

      Lord Burydan songea aux gémissements qu'il avait entendus et se sentit glacé d'horreur.

      – Vous n'avez pas essayé de découvrir où elle est ? demanda-t-il à Gilkin.

      – Je n'ai rien trouvé, murmura le mari de la gitane avec accablement. Puis, je ne suis pas encore bien guéri. J'ai la fièvre ! Ce n'est qu'à grand-peine que j'ai pu me traîner jusqu'ici, où je savais vous trouver, comme me l'avait appris une lettre de Mr Fred Jorgell.

      – Ne perdons pas une minute ! Nous allons aller en nombre à la tour fiévreuse. Dorypha sera délivrée !...

      – Si toutefois il est temps encore ! murmura Pierre Gilkin d'une voix morne.

      Lord Burydan se disposait à aller prévenir Oscar Tournesol, lorsqu'un Noir lui remit un télégramme. Le jeune homme le décacheta rapidement, le lut d'un coup d'œil, puis le fit disparaître dans sa poche en le froissant nerveusement.

      – Qu'y a-t-il donc ? demanda Oscar, qui allait à la recherche de son ami.

      – Un des navires de la Compagnie des paquebots Eclair a encore sombré cette nuit !

      – C'est une vraie malchance !

      – Il n'y a pas de malchance, il y a crime ! Mais je suis décidé à savoir la vérité, et je la connaîtrai aujourd'hui même ! Je vais de ce pas à la tour fiévreuse !

      – En ce cas, je vous accompagne.

      – Soit ! Mais préviens le vieux Jupiter que nous avons besoin de lui : seul il est capable de nous guider à travers le marais.

      Mr Bombridge fut mis au courant en quelques mots. Quelques minutes plus tard, lord Burydan, Oscar et Pierre Gilkin se mettaient en route pour la tour fiévreuse, escortés de quatre robustes Noirs armés de carabines et de revolvers.

      Malgré l'état d'extrême faiblesse où il se trouvait, Pierre Gilkin avait insisté pour accompagner ses amis.

      Mr Palmers et le prestidigitateur s'excusèrent de ne pas suivre l'expédition, sous prétexte qu'ils étaient obligés de rester pour tenir compagnie à miss Régine. La vérité, c'est qu'ils n'avaient nulle envie de tenter la traversée des marécages maudits.




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