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Le mystérieux docteur Cornélius - T. 3

Gustave Lerouge
© France-Spiritualités™






QUINZIÈME ÉPISODE – LA DAME AUX SCABIEUSES
V – L'oiseau moqueur

Ce jour-là, la chaleur avait été accablante. Miss Ellénor, dont la chambre donnait sur un balcon à véranda ombragé de jasmin de Virginie et de chèvrefeuille pourpré, laissa toutes grandes ouvertes les larges fenêtres qui s'ouvraient sur les jardins.

      L'atmosphère était d'une douceur remarquable, une brise fraîche et embaumée faisait murmurer harmonieusement les feuillages de la forêt voisine. Dans le grand silence de la campagne sommeillante, on discernait les plus petites rumeurs, le glouglou des petits torrents descendus de la montagne, les mugissements lointains des grands troupeaux de bœufs dans les pâturages, et, dominant sur le tout, en notes éclatantes, le chant du rossignol, le sifflement cristallin des crapauds géants, le ululement des rapaces nocturnes.

      La jeune fille, vêtue seulement d'un léger peignoir, les pieds nus dans de mignonnes mules mexicaines, restait accoudée à la balustrade.

      Elle contempla quelque temps les campagnes noyées dans une féerique brume d'argent, le ciel semé d'une poussière d'étoiles diamantées.

      Le calme profond de cette belle nuit entrait en elle. Il lui semblait que des voix mystérieuses lui parlaient dans une langue inconnue pour apaiser ses tristesses ; et elle n'avait qu'à fermer les yeux pour voir apparaître le visage souriant de son fiancé.

      Sa poitrine se gonfla d'un soupir.

      – Je suis trop heureuse ! murmura-t-elle. Je crains qu'il ne m'arrive malheur !...

      Elle avait prononcé ces paroles presque à voix basse. Mais, au-dessus de sa tête, une voix bizarre répéta l'intonation de sa phrase, sans pourtant donner le sens des mots. Miss Ellénor sourit et, se haussant jusqu'à une cage d'osier tressé, qui était suspendue à l'un des poteaux de la véranda :

      – Tais-toi, Coco ! dit-elle. Il est temps de dormir !

      Un gazouillement, parti de la cage, répondit à cette injonction. L'oiseau moqueur avait compris.

      Cette bestiole – une des curiosités de l'histoire naturelle – est très commune dans l'Arizona, où elle habite les plaines couvertes de cactus. On l'apprivoise très facilement et on arrive à lui faire reproduire, car cet oiseau a le don et l'instinct de l'imitation, tout ce qu'il entend autour de lui, depuis le coassement des grenouilles jusqu'à la voix humaine, le bruit d'un moulin à café, le pétillement du feu dans l'âtre, etc.

      Les Américains du Sud estiment beaucoup les oiseaux moqueurs et souvent les paient jusqu'à quarante et cinquante dollars, lorsque leur éducation ne laisse rien à désirer. Il est peu de maisons où l'on n'en garde quelques-uns en cage.

      Celui que possédait Ellénor lui avait été offert par Dorypha, il était parfaitement apprivoisé. On le laissait, la plupart du temps, en liberté dans la ferme et, le soir, il ne manquait jamais de rentrer très exactement dans sa cage.

      C'était une des distractions favorites de la jeune fille d'écouter les imitations de « Coco », ou de jouer avec lui. Elle le régalait elle-même, tous les jours, d'une pâtée de viande crue, finement hachée, car l'oiseau moqueur, à peu près de la grosseur de notre merle, est essentiellement insectivore et carnivore.

      Miss Ellénor savoura pendant longtemps encore le charme de cette belle nuit languide et fraîche. Puis elle finit par se retirer dans sa chambre, mais en laissant, comme elle le faisait presque toujours, sa fenêtre ouverte.

      Il y avait longtemps déjà que tous les habitants de l'hacienda étaient plongés dans le sommeil lorsqu'une dizaine d'hommes, qui, tapis, à quelque distance de là, dans un petit bois, avaient patiemment attendu ce moment, sautèrent pardessus les palissades qui entouraient la cour et, un à un, disparurent mystérieusement dans les bâtiments où couchaient les vaqueros et les Indiens – bâtiments situés à l'autre extrémité de l'endroit où s'élevait le corps de logis habité par Pierre Gilkin, Dorypha et miss Ellénor.

      Ces bandits, à la tête desquels se trouvaient Slugh et l'Irlandais Edward Edmond, demeurèrent une longue demi-heure dans ces bâtiments, contigus aux étables. Puis ils en sortirent à l'indienne, et se faufilèrent dans le jardin sur lequel donnaient la fenêtre de miss Ellénor et celle de la chambre des deux époux.

      – Vous avez bien compris ce qu'il faut faire ? dit Slugh à voix basse à ses complices, groupés autour de lui à l'abri d'une haie d'orangers. La chambre de la fille est la troisième en commençant à compter à partir de la droite. Celle de Dorypha et de son homme est la première. Elle est située juste au-dessus de la porte d'entrée de la maison. C'est à cette porte que vous allez m'attendre pour barrer le chemin à ceux qui voudraient s'enfuir. Veillez au grain ! Mais, surtout, ne tuez personne sans me prévenir !

      – Et vous ? demanda l'Irlandais.

      – J'ai aperçu, sous le balcon, une échelle, je vais m'en servir pour pénétrer sans bruit dans la chambre de la jeune fille. Si j'ai la chance de la trouver endormie, je vais la ficeler en un tour de main et la bâillonner avant qu'elle ait eu le temps de pousser un cri.

      Les bandits se rendirent au poste qui leur avait été assigné, pendant que Slugh, suivant de point en point le plan qu'il s'était tracé, arrivait sous la véranda, trouvait l'échelle et la dressait en l'appuyant sur le rebord du balcon, juste en face de la fenêtre de miss Ellénor.

      Le ravisseur gravit quatre ou cinq échelons, en tâtonnant avec précaution. Cette façade de l'habitation, se portant ombre à elle-même, était plongée dans d'épaisses ténèbres, encore accrues par les masses de plantes grimpantes de la véranda.

      Arrivé à peu près à moitié de l'échelle, Slugh s'assura que son revolver était à sa place dans sa poche de côté, et il l'arma avec un petit bruit sec.

      Mais, à la profonde stupeur du bandit, à ce bruit répondit un autre bruit exactement semblable. Quelqu'un, placé en embuscade sur le balcon, venait sans nul doute d'armer un revolver et de mettre en joue l'assaillant. Ce fut du moins ce que pensa Slugh.

      Sans donner le temps à son adversaire supposé de faire usage de son arme, le bandit tira le premier, en visant au hasard, un peu au-dessus de sa tête et battit précipitamment en retraite.

      A sa grande surprise, personne ne riposta à cette attaque.

      Slugh ne pouvait deviner que le bruit, cause de son alarme, était produit par l'oiseau moqueur, qui, ayant entendu craquer le ressort du revolver, s'était empressé de donner une nouvelle preuve de ses talents.

      Miss Ellénor, réveillée en sursaut par la détonation qui avait retenti presque à ses oreilles, sauta en bas de son lit, et demi vêtue, glacée d'épouvante, elle ouvrit la porte qui donnait sur le couloir de communication, afin de chercher un refuge dans la chambre des deux époux ; mais elle recula précipitamment en apercevant, à la clarté de la lune, un groupe de physionomies hideuses qui barraient le couloir, à peu près à la hauteur de la chambre de Dorypha, dont ils cherchaient à enfoncer la porte à coups d'épaule.

      C'étaient les bandits commandés par Edward Edmond qui, en entendant la détonation, s'étaient hâtés d'envahir la maison et de grimper l'escalier conduisant au premier étage.

      Folle de terreur, miss Ellénor rentra dans sa chambre, dont elle ferma la porte au verrou. Puis, entendant des cris et de nouvelles détonations, elle s'élança vers le balcon de la véranda, sachant à peine ce qu'elle faisait. Slugh y avait heureusement laissé son échelle.

      La jeune fille, sans réfléchir, s'en servit pour descendre dans le jardin et elle se mit à fuir par les allées ombreuses dans la direction des bâtiments occupés par les serviteurs, afin de leur donner l'alarme.

      Dorypha et son mari avaient été, eux aussi, réveillés par le coup de revolver de Slugh. Mais les deux époux étaient braves et, tout d'abord, ils ne furent pas extraordinairement émus. Souvent il leur était arrivé d'avoir affaire à des bandits.

      Pierre Gilkin passa en hâte un pantalon, saisit le browning placé à son chevet et sortit, décidé à faire feu sur le premier qu'il apercevrait. Pendant ce temps, Dorypha se hâtait d'allumer une lampe à pétrole placée à côté du lit.

      Pierre Gilkin descendait l'escalier au moment même où les bandits le montaient. Il n'eut que le temps de se réfugier dans sa chambre et d'en refermer la porte.

      – Nous sommes attaqués par la Main Rouge, s'écria-t-il avec épouvante.

      – Eh bien, tant pis ! s'écria Dorypha. Nous nous défendrons, si c'est cela ! Tu sais fort bien, Pierre, que ces coquins-là ne sont pas aussi braves qu'on le croit... Puis, es-tu parfaitement sûr que ce soit la Main Rouge ?

      – J'en suis convaincu. Il n'y pas de brigands dans le pays, tu le sais bien !

      – Embrasse-moi, Pierre. Nous nous défendrons et nous mourrons ensemble, s'il le faut !

      Les deux époux se jetèrent dans les bras l'un de l'autre, en une étreinte passionnée. Leurs lèvres s'unirent dans un brûlant baiser qui devait peut-être être le dernier.

      – Et miss Ellénor !... s'écria tout à coup Dorypha avec désespoir.

      – Nous ne pouvons nous occuper d'elle en ce moment. Nous avons assez de songer à nous !

      A cet instant, la serrure tomba à terre, arrachée. La porte s'entrebâilla. Deux ou trois visages hideux apparurent.

      Pierre Gilkin tira dans le tas, presque à bout portant, deux fois de suite. Deux hommes tombèrent. Des cris de fureur s'élevèrent.

      – Rends-toi, coquin !... où nous t'écorcherons vif !...

      – Nous mettrons le feu à ta cambuse !...

      – Canailles ! riposta Pierre Gilkin exaspéré, vous ne me tenez pas encore !...

      Et il tira une troisième fois, blessant encore un bandit.

      Pendant que s'échangeaient au hasard ces paroles, les balles sifflaient à travers la chambre.

      Déjà Pierre Gilkin avait été légèrement atteint à l'oreille et à l'épaule.

      Soudain, une rude et forte voix domina un instant le crépitement de la fusillade et les cris des combattants :

      – Vive la Main Rouge ! Et mort aux traîtres !...

      Dorypha avait reconnu cette voix, et elle était devenue blême.

      – L'Irlandais ! balbutia-t-elle. Nous sommes perdus !... Oh ! comme je regrette de ne pas l'avoir tué !...

      Edward Edmond, avec tout le sang-froid d'une haine concentrée par une longue rancune, visa longuement Pierre Gilkin et tira.

      Le coup avait porté. Le maître de l'hacienda se rejeta en arrière, en laissant échapper son browning.

      La balle d'Edward Edmond lui avait brisé l'os du bras.

      – Donne-moi ton browning ! cria Dorypha éperdue.

      Mais déjà l'Irlandais s'était rué dans la chambre et mettait en joue Pierre Gilkin, blessé, désarmé et incapable de se défendre.

      Dorypha s'élança à son secours. Une lutte affreuse s'engagea. Mais Dorypha, à demi nue, affolée, n'était pas de taille à défendre son mari contre l'Irlandais, doué d'une vigueur peu commune.

      De sa main droite, il serrait, comme dans un étau de fer, la gorge de la danseuse, étendue sur le lit et, de la gauche, il tira sur Pierre Gilkin qui, atteint en pleine poitrine, tomba, baigné dans son sang.

      – Je l'ai tué, ce gredin de Belge ! ricana-t-il. Et, maintenant, à ton tour, chienne maudite !... Tu vas y passer !... Ton compte est bon !...

      Il s'apprêtait à brûler la cervelle de la gitane, quand il se sentit la main saisie par un poignet de fer. Il se retourna, furieux, et se trouva face à face avec Slugh.

      – Il ne faut pas tuer cette femme, dit celui-ci d'une voix brève !

      – Je croyais...

      – J'ai changé d'avis. Qu'on se contente de la garrotter solidement.

      Edward Edmond baissa la tête, tout penaud.

      Mais il n'eut pas la moindre velléité de résister à la volonté de Slugh.

      – Que tout le monde, continua ce dernier, m'aide à fouiller la maison ! L'autre femme s'est échappée. Il faut la retrouver à tout prix !

      Dorypha, qui se tordait sur son lit, quoique les cordes lui serrassent les chevilles et les poignets, poussait des cris déchirants et, malgré eux, les bandits ne pouvaient s'empêcher de ressentir quelque émotion.

      Slugh s'en aperçut.

      – Bâillonnez cette gueuse ! ordonna-t-il. Qu'elle cesse de nous rompre les oreilles ! Elle va savoir, d'ici peu, ce qu'il en coûte de trahir les Lords de la Main Rouge.

      Cet ordre fut exécuté immédiatement. Puis les tramps se répandirent dans toute la maison, battirent même les buissons du jardin et explorèrent les moindres recoins. Vainement ! Miss Ellénor avait disparu et il fut impossible aux bandits de deviner de quel côté elle avait pu s'enfuir.

      La jeune fille avait atteint sans accident les bâtiments occupés par les vaqueros et les Indiens. Mais, comme elle poussait la porte, ses pieds butèrent contre un corps étendu au milieu d'une large flaque de sang.

      Avant de pénétrer dans la maison des maîtres, les bandits avaient commencé par assassiner les serviteurs.

      Frissonnant de terreur et sur le point de s'évanouir, la jeune fille demeura quelque temps à la même place, et c'est de là qu'elle assista au drame sanglant dont la chambre de Dorypha avait été le théâtre.

      Persuadée que la gitane et son mari avaient été égorgés tous les deux, miss Ellénor n'eut plus qu'une pensée : fuir, fuir le plus loin possible de ce champ de carnage !

      Elle se faufila jusqu'à la porte du corral où se trouvaient les mustangs, et, sautant sans étriers et sans selle sur le dos du premier venu d'entre eux, elle s'élança au hasard, à travers la campagne, cramponnée à la crinière de l'animal qu'elle excitait de la voix et du geste.

      Le mustang, qui n'était pas habitué à être conduit de la sorte, se rua, comme s'il eût eu le mors aux dents, à travers les prairies et les plantations de vignes et d'orangers.

      Ce fut peut-être cette course folle qui sauva la jeune fille.

      L'animal ne fit halte qu'au milieu d'un champ de maïs, dont les tiges résistantes et drues l'empêchaient d'avancer.

      Ce fut de là que miss Ellénor vit passer dans la nuit, comme une cavalcade infernale, la troupe des bandits qui s'étaient emparés des meilleurs chevaux de l'hacienda.

      L'un de ces scélérats portait, brutalement jeté en travers de sa selle, le corps inerte de Dorypha, dont le peignoir blanc se distinguait nettement dans la pénombre.

      La fugitive contempla ce spectacle les yeux agrandis par l'horreur. Bientôt les silhouettes des cavaliers se perdirent dans la nuit et disparurent dans la direction du nord.

      La jeune fille, brisée de fatigue et d'émotion, se demanda un instant si elle ne ferait pas bien de rentrer à l'hacienda, où quelques-uns de ses habitants avaient peut-être échappé à la mort.

      Elle allait se diriger de ce côté, quand des langues de flamme rouge montèrent dans le ciel, en même temps qu'éclataient des hennissements et des beuglements d'agonie. Horreur ! Infamie ! Les tramps avaient mis le feu à l'hacienda, après avoir eu soin de fermer à clé la porte des étables.

      La rescapée pour la deuxième fois rebroussa rapidement chemin, plus morte que vive. Elle reprit au hasard sa course éperdue. Une demi-heure plus tard, des vaqueros, qui avaient vu de loin la lueur de l'incendie et qui accouraient au secours de Pierre Gilkin, la recueillirent presque inanimée et la conduisirent à la station de Cucomongo, dans un hôtel, où on la soigna avec sollicitude et où elle demeura trois jours entre la vie et la mort.

      Quand elle fut remise de cette effroyable secousse, on lui apprit que Dorypha avait disparu, que Pierre Gilkin mortellement atteint n'avait pas encore succombé à ses blessures et était en traitement à l'hôpital de la station. Les vaqueros l'avaient découvert et emporté au moment même où les flammes allaient atteindre la chambre où ses assassins l'avaient abandonné dans la mare de sang provenant de ses blessures.

      Anéantie par tant de terribles émotions, miss Ellénor réfléchit qu'il ne lui restait plus d'autre parti à prendre que de regagner New York. Et elle envoya, le jour même, une longue dépêche à lord Burydan.

      Quatre jours plus tard, elle descendait à la station du Central Pacific Railroad, à New York. Lord Burydan fut la première personne qu'elle aperçut au débarcadère. Il tenait à la main une grosse gerbe de scabieuses.

      Miss Ellénor eut un pâle sourire en reconnaissant les fleurs qui lui devenaient plus chères encore. Les fiancés montèrent sans tarder dans une auto qui les emporta rapidement dans la direction du Preston-Hotel.

      Lord Burydan, en souvenir de leur première entrevue, avait fait mettre le couvert sur la terrasse d'où l'on dominait la ville. Pendant leur repas, ils eurent un long et tendre entretien.

      Miss Ellénor raconta, sans rien omettre, toutes les péripéties du drame où elle avait failli jouer un si terrible rôle. Son fiancé l'écouta, tout pensif, sans l'interrompre par une seule observation.

      – Ma chère Ellénor, dit-il enfin, depuis que j'ai reçu votre dépêche, j'ai beaucoup réfléchi. Je crois vous avoir trouvé, cette fois, une retraite absolument inviolable.

      – J'irai partout où vous me direz d'aller, répondit la jeune fille avec une souriante obéissance. Je sais que tout ce que vous me conseillerez est dans l'intérêt de notre amour.

      – Je possède au Canada, continua-t-il, d'immenses propriétés et des amis qui me sont entièrement dévoués.
      C'est à eux que je veux vous confier. Certes, la Main Rouge n'ira pas vous chercher dans les forêts qui bordent les rives du lac Winnipeg.

      – Mon seul chagrin est de m'en aller encore si loin de vous !

      – Vous savez bien qu'il le faut. Prenez patience, allez, cette séparation ne doit plus durer bien longtemps. D'ici peu, je vais atteindre le but que je me suis fixé.

      – Quand partirai-je ?

      – Dès que vous aurez pris quelque repos. Je vous préviens, d'ailleurs, que vous aurez un compagnon de voyage, un vénérable vieillard qui est un de mes meilleurs amis.

      – Cela m'ennuie un peu de voyager avec un inconnu.

      – Oh ! rassurez-vous ! Celui-là n'est guère gênant. Le pauvre homme, à la suite d'une forte commotion, a été complètement privé de la parole. Il lui est impossible d'articuler un seul mot.

      – Et il se nomme ?

      – Mr Clark.

      Trois jours plus tard, miss Ellénor, que lord Burydan accompagna à la gare, prenait place dans un pullman-car du Canadian Railway, en compagnie du milliardaire William Dorgan, qu'on lui avait présenté sous le nom de Clark et que de larges lunettes noires rendaient absolument méconnaissable.




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