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Le mystérieux docteur Cornélius - T. 3

Gustave Lerouge
© France-Spiritualités™






QUATORZIÈME ÉPISODE – LE BUSTE AUX YEUX D'ÉMERAUDE
V – Le pont de l'Estacade

Les Américains ne perdent jamais de vue cet axiome que « le temps c'est de l'argent » (time is money), et ils ne reculent devant aucune audace lorsqu'il s'agit d'économiser ce précieux capital. Ainsi, par exemple, chez vous, on attend, pour livrer à la circulation une voie de chemin de fer, qu'elle soit entièrement terminée, que les ponts, les tunnels et les autres œuvres d'art aient été installés partout et offrent une solidité à toute épreuve.

      En Amérique, on commence par poser des rails au petit bonheur et par mettre, sur cette voie provisoire, des trains en circulation, quitte à exécuter plus tard, d'une façon plus sérieuse, tous les travaux nécessaires.

      Rencontre-t-on un cours d'eau ? On le passe sur un pont de bois jusqu'à ce que les recettes de la compagnie permettent d'en construire un en pierre ou en fer. Les charpentiers américains n'ont pas de rivaux dans l'art de construire ces ponts de bois, ces trestle-works qui atteignent parfois soixante mètres de hauteur et qui sont installés avec une simplicité de moyens et une audace stupéfiantes.

      Y a-t-il une vallée profonde à traverser ? On commence par poser un lit de pierres dures ; puis, on dresse un premier chevalet, lequel en supporte un second, puis un troisième, puis un quatrième, autant qu'il en faut pour atteindre le niveau de la voie ; sur le dernier chevalet, deux poutres, sur les poutres, deux rails.

      Ces constructions audacieuses ne sont maintenues ni par des croix de Saint-André ni par des fers en T ; elles ne tiennent que grâce à des chevilles et à quelques poutrelles qui, de place en place, maintiennent l'écartement des chevalets.

      C'est sur une estacade de ce genre qu'était posée la voie du chemin de fer de New York, à quelques kilomètres de la station de Rochester.

      Le pont, d'une trentaine de mètres de hauteur, enjambait une large et profonde vallée, au fond de laquelle coulait un ruisseau marécageux qui, quelques lieues plus loin, allait se perdre dans le lac Ontario (2).

      Ce paysage offrait un aspect sauvage et désolé. A perte de vue, les bords du ruisseau étaient couverts de joncs, de roseaux et de saules nains, qui servaient de refuge aux oiseaux aquatiques.

      Il était environ dix heures du soir, et un épais brouillard occupait tout le fond de la vallée, lorsque trois hommes, emmitouflés dans d'épais manteaux à capuchon, s'aventurèrent à travers ce terrain boueux et détrempé, où ils enfonçaient à chaque instant.

      – Je ne sais plus où nous sommes, dit l'un d'eux. Il n'y a pas moyen de s'y reconnaître. On n'y voit pas à quatre pas devant soi.

      – Mon cher Cornélius, dit un autre, je crois que je ferais bien d'allumer ma lanterne électrique.

      – Ce n'est pas très prudent. Vous savez, Baruch, que l'on peut voir la lumière du haut du pont.

      – Avec ce brouillard, c'est impossible. Qu'en dites-vous, Fritz ? ajouta-t-il en se tournant vers le troisième personnage qui n'avait pas encore desserré les dents.

      – Ma foi, je suis de votre avis. Avec une brume pareille, nous ne risquons pas grand-chose.

      Baruch appuya sur le déclic d'une lanterne de poche, et, grâce à ce secours, les trois Lords de la Main Rouge purent suivre, sans trop patauger, le sentier qui serpentait au fond de la vallée.

      Au bout d'un quart d'heure d'une marche pénible et lente, ils atteignirent une misérable cahute construite avec des branches de saule, couverte de roseaux et assez semblable aux abris dont se servent les chasseurs de bécassines et de canards sauvages. C'est à peine si un homme eût pu s'y tenir debout. Elle n'avait d'autre issue qu'une porte, qui faisait face au pont du chemin de fer dont la base était en ce moment noyée dans le brouillard, mais dont la partie supérieure se dessinait avec une netteté fantastique sur le ciel pâle éclairé par les rayons de la lune.

      Les trois Lords s'étaient assis sur une botte de roseaux, qui tenait lieu de tout autre siège.

      Baruch déplaça une de ces bottes et tira de dessous une boîte carrée, à laquelle était attaché un fil métallique protégé par une gaine de coton vert. La boîte renfermait un manipulateur électrique, dont Cornélius et Baruch vérifièrent soigneusement le mécanisme.

      – Il est en parfait état, dit Fritz. Je craignais que l'humidité ne l'ait abîmé.

      – Non, fit Baruch. Cette cahute est un peu plus élevée que le niveau du sol environnant... Mais quelle heure est-il ?

      Cornélius tira son chronomètre.

      – Dix heures dix à la station de Rochester. Nous avons donc encore vingt-cinq minutes à attendre. Vous n'oublierez pas mes recommandations, n'est-ce pas ? Sitôt que les lumières du train arriveront au niveau du signal qui se trouve à l'entrée du pont, vous ferez jouer le commutateur.

      – Ce sera un bel écrabouillement ! ricana Fritz.

      Il y a dix kilos de panclastite sous chacune des maîtresses poutres... Voulez-vous, Baruch, que l'un de nous reste à vous tenir compagnie ?

      – Non pas. Votre présence dans les environs de la gare même de Rochester, au moment où va se produire la catastrophe, est indispensable. Aussi, il va être temps que vous me quittiez... puis ce que j'ai à faire n'est pas bien difficile.

      – Comme je vous l'ai expliqué, dit Cornélius, vous ne courez aucune espèce de risque. Les poudres brisantes, dans le genre de la panclastite, agissent toujours dans le sens de la verticale, et de bas en haut. Enfin, vous êtes ici assez loin du pont pour n'avoir rien à craindre.

      – Je le sais... Puis je ne resterai pas longtemps ici. Sitôt que l'explosion se sera produite, je prendrai juste le temps de noyer mon appareil dans les boues de la rivière et je regagnerai mon auto. Je tiens beaucoup à ce que ma présence à New York soit constatée demain matin.

      – Je crois, répondit Cornélius, que nos dispositions sont prises de la façon la plus sage. Nous avons, nous, un autre rôle à remplir et qui n'est pas le moins difficile.

      – Tout se passera bien, dit Fritz. Il nous fallait une catastrophe de ce genre. Cela dénoue la situation de toutes les façons.

      – Vous devez comprendre, fit Cornélius à ses deux complices, que des entreprises comme le vol du buste aux yeux d'émeraude ne nous offrent qu'une ressource précaire. Il nous faut mettre la main, d'un seul coup, sur des capitaux véritablement considérables.

      – J'ai reçu, il n'y a pas une heure, continua Fritz, les derniers renseignements de mes agents... Tous nos ennemis seront dans le train : William Dorgan, Isidora et votre vrai père, mon cher Baruch, Fred Jorgell.

      – Oh ! c'est celui-là que je déteste le plus ! répliqua le bandit, dont la physionomie prit une expression de férocité sauvage.

      – Il y a aussi, reprit Cornélius avec un sourire gouailleur, toute la bande des Français, en commençant par mon savant collègue, M. Prosper Bondonnat, pour finir par ce malicieux bossu qui nous a déjà causé tant d'ennuis.

      Le visage de Baruch se rembrunit.

      – J'aurais pourtant bien voulu, continua-t-il, sauver Andrée !...

      – Quel enfantillage ! s'écria Fritz. Au point où nous en sommes, nous n'avons plus rien à ménager. Il faut qu'ils disparaissent tous. C'est le seul moyen de dégager la situation. Andrée doit mourir comme les autres. Il faut qu'elle meure !

      – Eh bien ! qu'elle meure ! murmura Baruch d'une voix faible.

      Cornélius tira de nouveau son chronomètre.

      – Hum ! fit-il, il ne nous reste plus qu'un quart d'heure. Nous avons juste le temps d'arriver. Au revoir, mon cher Baruch, et bonne chance ! Dès demain matin, vous aurez une dépêche chiffrée, qui vous renseignera.

      – Au revoir, docteur ! Au revoir, Fritz !

      Les trois bandits échangèrent un cordial shake-hand et se séparèrent.

      Baruch demeura seul, étendu sur la litière de roseaux. Il avait éteint sa lampe électrique, et il attendait.

      De temps en temps, une rafale de vent s'élevait et faisait craquer les poutres de l'immense estacade. Il semblait à l'assassin, frissonnant malgré lui, que des voix plaintives se mêlaient aux gémissements du vent dans les roseaux. A l'entrée du pont, dont les échafaudages émergeaient d'un océan de brouillard, le grand signal rouge était semblable à une prunelle sanglante, ouverte dans la nuit noire.


*

*       *


      Au moment même où Fritz et Cornélius prenaient congé de Baruch, trois luxueuses automobiles déposaient devant la gare du chemin de fer de New York à Rochester toute une bande affairée et joyeuse. Les hôtes de la propriété du lac Ontario se trouvaient réunis, sauf pourtant Harry, retenu à New York une bonne partie du temps par l'écrasant travail que lui imposait l'administration des paquebots Eclair.

      Après de longues hésitations, il avait été convenu que tout le monde irait passer un mois dans la propriété que William Dorgan venait d'acheter en Floride. Le milliardaire, tout joyeux que l'on eût enfin accepté son invitation, alla chercher lui-même les billets du pullman-car dans lequel toute la société devait prendre place.

      – Le rapide part à dix heures trente-cinq, dit-il gaiement. Nous serons à New York pour minuit et demi.

      Tous se disposaient à passer sur le quai, pendant qu'une escouade de domestiques, sous la direction de l'ex-clown nageur Bob Horwett, s'occupait de l'enregistrement des bagages, lorsqu'un cycliste mit pied à terre devant la gare et se dirigea vers le groupe que formaient la famille et les amis des deux milliardaires.

      M. Bondonnat eut un geste de surprise en reconnaissant dans ce cycliste le Peau-Rouge Kloum. Il était couvert de sueur et de poussière. Tout de suite, il s'approcha du vieux savant.

      – Qu'y a-t-il donc, mon brave Kloum ? lui dit-il. Te voilà tout époumoné !

      – Dépêche de lord Burydan ! répondit laconiquement l'Indien.

      – Pour moi ?

      – Oui, pour vous.

      Kloum tendit à M. Bondonnat une lettre que celui-ci décacheta fiévreusement. Voici quel en était le contenu :

      « Mon cher maître,

      Ne prenez pas le rapide de New York qui part de Rochester à dix heures trente-cinq, et faites en sorte que tous nos amis remettent leur voyage à demain. Insistez pour les retenir ; autrement, ils s'exposeraient à un terrible danger. J'ai des raisons de ne pas me montrer plus explicite.


Cordialement à vous,
Lord BURYDAN
»


      La signature de l'excentrique était accompagnée de l'X qui signifiait, comme il avait été convenu, que la recommandation contenue dans la lettre devait être exécutée à la lettre.

      M. Bondonnat se trouvait fort embarrassé. Il ne savait comment s'y prendre pour décider ses amis à ajourner leur départ ; d'un autre côté, il savait que l'excentrique devait avoir des raisons très graves pour agir comme il le faisait.

      Le vieux savant ne trouva rien de mieux – car le temps pressait – que de prendre à part Fred Jorgell, l'ingénieur Paganot et le naturaliste Ravenel, qui se rendirent sans peine à ses raisons et se chargèrent de persuader miss Isidora, Andrée et Frédérique de la nécessité qu'il y avait à reculer d'un jour leur départ. Quant à Oscar Tournesol, il connaissait trop bien lord Burydan pour ne pas savoir que ce dernier avait eu de graves motifs pour écrire une pareille lettre.

      Il ne restait donc plus à prévenir que William Dorgan. Mais celui-ci ne voulut rien entendre, même quand M. Bondonnat, après quelques hésitations, lui eut montré la lettre de lord Burydan. Il fut même un peu vexé que sa belle-fille, qui lui avait formellement promis de l'accompagner, ainsi que ses amis, changeât de décision si brusquement.

      – Chacun est libre de faire ce qu'il veut, déclara-t-il sèchement, mais j'ai décidé que je prendrais ce train, et je le prendrai. Ni lord Burydan ni personne ne me fera changer d'avis, je me demande vraiment quel danger je puis courir, confortablement installé dans un compartiment de luxe. Avec des raisonnements pareils, on ne monterait jamais en wagon. J'ai, demain matin, à New York, plusieurs rendez-vous sérieux, et ce n'est pas sous un prétexte aussi futile que je vais les contremander.

      – Ce n'est pas sous un prétexte futile, répliqua vivement Isidora. Qui sait si les bandits de la Main Rouge n'ont pas formé le projet d'attaquer le train ?

      – Mais non ! La Main Rouge n'a jamais été si terrible que cela. Tous ceux qui en font partie sont sous les verrous, d'ailleurs... Vous vous forgez des craintes chimériques...

      Tous les raisonnements, toutes les supplications même se heurtèrent à l'inébranlable entêtement du vieux gentleman.

      Lorsque le train parut en gare, il monta dans son compartiment et, se penchant à la portière, il donna à ses amis une dernière poignée de main.

      Mais il paraissait véritablement très contrarié de la défection de ses invités.

      – J'espère, lui dit mistress Isidora, que vous ne nous en voudrez pas ?

      – Nullement, répliqua le milliardaire qui avait repris toute sa bonne humeur. Je comprends très bien les raisons qui vous font agir, quoiqu'elles ne me paraissent pas suffisantes, à moi.

      – Vous avez tort, mon cher beau-père, et je vais toute la nuit être inquiète à votre sujet. Promettez-moi, du moins, de m'envoyer, dès votre arrivée à New York, un télégramme pour me rassurer.

      – C'est promis. Mais, j'y songe, quand nous reverrons-nous ? J'espère bien que votre départ, en dépit des mystérieux avertissements de lord Burydan, n'est pas définitivement ajourné ? Ah ! si vous saviez quel endroit délicieux que ce coin de la Floride, avec ses grands palmiers et ses lianes odorantes ! Quand vous l'aurez vu, vous ne voudrez plus le quitter.

      – Nous n'avons nullement envie de refuser votre invitation, répliqua la jeune femme avec vivacité. La preuve, c'est que demain, à midi sans faute, nous serons à New York, d'où nous partirons tous ensemble pour la Floride.

      – A moins, toutefois, répliqua malicieusement le milliardaire, que vous ne receviez de l'excentrique lord un nouvel avertissement mystérieux.

      – Cela n'est pas probable.

      – Qui sait ! murmura M. Bondonnat qui, depuis qu'il avait lu la lettre apportée par Kloum, était en proie à mille inquiétudes.

      A ce moment, l'énorme locomotive du rapide fit entendre un sifflement déchirant ; la cheminée lançait des torrents de fumée noire mélangée à des flocons de vapeur ; les essieux grincèrent ; le train s'ébranlait.

      Mistress Isidora, qui était montée sur le marchepied du wagon, n'eut que le temps de sauter à terre.

      Le lourd convoi s'était mis lentement en marche, gravissant avec effort la pente de la voie, très raide en cet endroit, et à l'extrémité de laquelle se trouvait le signal rouge placé à l'entrée du pont de bois.

      Les hôtes de Fred Jorgell remontèrent dans les autos qui les avaient amenés et reprirent assez tristement le chemin du château. Tous étaient péniblement impressionnés, surtout mistress Isidora et ses deux amies. Fred Jorgell essaya, mais bien inutilement, de les rassurer.

      – Je ne sais vraiment pas, fit-il, quelle sorte de péril peut courir William Dorgan. Son train le dépose à la gare de New York, où il trouve son chauffeur qui l'attend et qui le conduit directement à son palais. Admettons même qu'il soit attaqué par la Main Rouge – si cela arrive, il ne devra s'en prendre qu'à son propre entêtement –, il est quand même prévenu. Il est armé. Puis, je le répète, je ne vois pas trop à quel moment il pourrait être attaqué. A l'heure où il arrivera, beaucoup de quartiers de la ville sont encore pleins d'animation.

      – Vous avez sans doute raison, murmura Andrée de Maubreuil. Et pourtant, si lord Burydan nous a prévenus, ce n'est certainement pas sans motif, croyez-le bien.

      – Je voudrais bien être à demain matin, dit mistress Isidora.

      Personne n'essaya de continuer la conversation et le voyage se poursuivit dans un profond silence.

      Fred Jorgell et ses amis venaient à peine de quitter la gare qu'une auto, couverte d'une couche de poussière qui attestait une longue route, vint stopper en face de la porte de l'embarcadère. Deux hommes en descendirent. C'étaient lord Astor Burydan et son ami Agénor.

      Tous deux paraissaient en proie à une vive surexcitation.

      Lord Burydan traversa les salles en quelques enjambées, se rua sur le quai, et apercevant le chef de gare, il se précipita vers lui.

      – Sir, lui dit-il d'une voix pleine d'angoisse, le train de New York est-il parti ?

      Le fonctionnaire crut se trouver, comme cela lui arrivait souvent, en présence d'un voyageur qui venait de manquer son train.

      – Vous n'avez pas de chance, répondit-il flegmatiquement, il y a quelques minutes à peine que le train a quitté la gare. Tenez, en regardant bien, on le distingue encore. Il va franchir le signal qui se trouve en tête du pont de l'Estacade.

      Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase : une gerbe de flammes livides monta dans le ciel, montrant, pendant l'espace d'un éclair, la ville, les campagnes et le double ruban d'acier de la voie ferrée. Puis une détonation formidable retentit.

      Le signal rouge avait disparu, comme éteint par un souffle invisible, et, à la place du pont et du train, il n'y avait plus qu'un grand nuage blanchâtre qui montait en tourbillonnant vers le ciel où resplendissait la pleine lune.

      Le chef de gare était devenu blême.

      – On a fait sauter le pont de l'Estacade ! s'écria-t-il avec désespoir.

      Il ajouta, songeant tout de suite aux responsabilités qui pouvaient peser sur lui :

      – Ce n'est pourtant pas ma faute !

      – On ne peut vous accuser de rien, vous. Mais il faut aller tout de suite au secours de tous ces malheureux qui, là-bas, agonisent au fond du ravin... Un mot encore, ajouta-t-il en prenant la main du chef de gare, qui allait et venait sur le quai, à demi affolé. Je vous en supplie, dites-moi si le milliardaire Fred Jorgell – que vous connaissez sans doute – est monté dans le train avec ses amis ?

      – Non, répondit le chef de gare machinalement. Ils avaient pris leurs billets ; mais, au dernier moment, il est venu un Peau-Rouge leur apporter une dépêche, et ils sont restés. Un seul d'entre eux est parti.

      – Lequel ?

      – C'est un milliardaire de New York... Ma foi, je n'ai pas retenu son nom...

      – Ne serait-ce pas William Dorgan ?

      – Oui, c'est cela.

      Lord Burydan n'en entendit pas davantage. Il remonta en auto, en compagnie d'Agénor, et fila dans la direction du pont de l'Estacade de toute la vitesse que pouvait donner son moteur.

      Pendant ce temps, les secours s'organisaient à la gare de Rochester. Le fameux docteur Cornélius et son frère Fritz, qui se trouvaient par hasard de passage dans la ville, furent les premiers à se mettre à la disposition des autorités et à se transporter sur le lieu de la catastrophe.


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(2)  A l'heure qu'il est, cette estacade a été remplacée par un pont monumental en granit et en fer.




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