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Les Enfants du Capitaine Grant

Jules Verne
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DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE PREMIER : LE RETOUR À BORD

      Les premiers instants furent consacrés au bonheur de se revoir. Lord Glenarvan n'avait pas voulu que l'insuccès des recherches refroidît la joie dans le cœur de ses amis. Aussi ses premières paroles furent-elles celles-ci : « Confiance, mes amis, confiance ! Le capitaine Grant n'est pas avec nous, mais nous avons la certitude de le retrouver. »

      Il ne fallait rien de moins qu'une telle assurance pour rendre l'espoir aux passagères du Duncan.

      En effet, lady Helena et Mary Grant, pendant que l'embarcation ralliait le yacht, avaient éprouvé les mille angoisses de l'attente. Du haut de la dunette, elles essayaient de compter ceux qui revenaient à bord. Tantôt la jeune fille se désespérait ; tantôt, au contraire, elle s'imaginait voir Harry Grant. Son cœur palpitait ; elle ne pouvait parler, elle se soutenait à peine. Lady Helena l'entourait de ses bras. John Mangles, en observation près d'elle, se taisait ; ses yeux de marin, si habitués à distinguer les objets éloignés, ne voyaient pas le capitaine.

      « Il est là ! il vient ! mon père ! » murmurait la jeune fille.

      Mais, la chaloupe se rapprochant peu à peu, l'illusion devint impossible. Les voyageurs n'étaient pas à cent brasses du bord, que non seulement lady Helena et John Mangles, mais Mary elle-même, les yeux baignés de larmes, avaient perdu tout espoir. Il était temps que lord Glenarvan arrivât et fît entendre ses rassurantes paroles.

      Après les premiers embrassements, lady Helena, Mary Grant et John Mangles furent instruits des principaux incidents de l'expédition, et, avant tout, Glenarvan leur fit connaître cette nouvelle interprétation du document due à la sagacité de Jacques Paganel. Il fit aussi l'éloge de Robert, dont Mary devait être fière à bon droit. Son courage, son dévouement, les dangers qu'il avait courus, tout fut mis en relief par Glenarvan, au point que le jeune garçon n'aurait su où se cacher, si les bras de sa sœur ne lui eussent offert un refuge.

      « Il ne faut pas rougir, Robert, dit John Mangles, tu t'es conduit en digne fils du capitaine Grant ! »

      Il tendit ses bras au frère de Mary, et appuya ses lèvres sur ses joues encore humides des larmes de la jeune fille.

      On ne parle ici que pour mémoire de l'accueil que reçurent le major et le géographe, et du souvenir dont fut honoré le généreux Thalcave. Lady Helena regretta de ne pouvoir presser la main du brave Indien. Mac Nabbs, après les premiers épanchements, avait gagné sa cabine, où il se faisait la barbe d'une main calme et assurée. Quant à Paganel, il voltigeait de l'un à l'autre, comme une abeille, butinant le suc des compliments et des sourires. Il voulut embrasser tout l'équipage du Duncan, et, soutenant que lady Helena en faisait partie aussi bien que Mary Grant, il commença sa distribution par elles pour finir à Mr. Olbinett.

      Le stewart ne crut pouvoir mieux reconnaître une telle politesse, qu'en annonçant le déjeuner.

      « Le déjeuner ? s'écria Paganel.

      – Oui, monsieur Paganel, répondit Mr. Olbinett.

      – Un vrai déjeuner, sur une vraie table, avec un couvert et des serviettes ?

      – Sans doute, monsieur Paganel.

      – Et on ne mangera ni charqui, ni œufs durs, ni filets d'autruche ?

      – Oh ! monsieur ! répondit le maître d'hôtel, humilié dans son art.

      – Je n'ai pas voulu vous blesser, mon ami, dit le savant avec un sourire. Mais, depuis un mois, tel était notre ordinaire, et nous dînions, non pas assis à table, mais étendus sur le sol, à moins que nous ne fussions à califourchon sur des arbres. Ce déjeuner que vous venez d'annoncer a donc pu me paraître un rêve, une fiction, une chimère !

      – Eh bien, allons constater sa réalité, monsieur Paganel, répondit lady Helena, qui ne se retenait pas de rire.

      – Voici mon bras, dit le galant géographe.

      – Votre Honneur n'a pas d'ordres à me donner pour le Duncan ? demanda John Mangles.

      – Après déjeuner, mon cher John, répondit Glenarvan, nous discuterons en famille le programme de notre nouvelle expédition. »

      Les passagers du yacht et le jeune capitaine descendirent dans le carré. Ordre fut donné à l'ingénieur de se maintenir en pression, afin de partir au premier signal. Le major, rasé de frais, et les voyageurs, après une rapide toilette, prirent place à la table.

      On fit fête au déjeuner de Mr. Olbinett. Il fut déclaré excellent, et même supérieur aux splendides festins de la Pampa, Paganel revint deux fois à chacun des plats, « par distraction », dit-il.

      Ce mot malencontreux amena lady Glenarvan à demander si l'aimable Français était quelquefois retombé dans son péché habituel. Le major et lord Glenarvan se regardèrent en souriant. Quant à Paganel, il éclata de rire, franchement, et s'engagea « sur l'honneur » à ne plus commettre une seule distraction pendant tout le voyage ; puis il fit d'une très plaisante façon le récit de sa déconvenue et de ses profondes études sur l'œuvre de Camoëns.

      « Après tout, ajouta-t-il en terminant, à quelque chose malheur est bon, et je ne regrette pas mon erreur.

      – Et pourquoi, mon digne ami ? demanda le major.

      – Parce que non seulement je sais l'espagnol, mais aussi le portugais. Je parle deux langues au lieu d'une !

      – Par ma foi, je n'y avais pas songé, répondit Mac Nabbs. Mes compliments, Paganel, mes sincères compliments ! »

      On applaudit Paganel, qui ne perdait pas un coup de dent. Il mangeait et causait tout ensemble. Mais il ne remarqua pas une particularité qui ne put échapper à Glenarvan : ce furent les attentions de John Mangles pour sa voisine Mary Grant. Un léger signe de lady Helena à son mari lui apprit que c'était « comme cela ! » Glenarvan regarda les deux jeunes gens avec une affectueuse sympathie, et il interpella John Mangles, mais à un tout autre propos.

      « Et votre voyage, John, lui demanda-t-il, comment s'est-il accompli ?

      – Dans les meilleures conditions, répondit le capitaine. Seulement j'apprendrai à Votre Honneur que nous n'avons pas repris la route du détroit de Magellan.

      – Bon ! s'écria Paganel, vous avez doublé le cap Horn, et je n'étais pas là !

      – Pendez-vous ! dit le major.

      – Egoïste ! C'est pour avoir de ma corde, que vous me donnez ce conseil ! répliqua le géographe.

      – Voyons, mon cher Paganel, répondit Glenarvan, à moins d'être doué du don d'ubiquité, on ne saurait être partout. Or, puisque vous couriez la plaine des Pampas, vous ne pouviez pas en même temps doubler le cap Horn.

      – Cela ne m'empêche pas de le regretter », répliqua le savant.

      Mais on ne le poussa pas davantage, et on le laissa sur cette réponse. John Mangles reprit alors la parole, et fit le récit de sa traversée. En prolongeant la côte américaine, il avait observé tous les archipels occidentaux sans trouver aucune trace du Britannia. arrivé au cap Pilares, à l'entrée du détroit, et trouvant les vents debout, il donna dans le sud ; le Duncan longea les îles de la Désolation, s'éleva jusqu'au soixante-septième degré de latitude australe, doubla le cap Horn, rangea la Terre-de-Feu, et, passant le détroit de Lemaire, il suivit les côtes de la Patagonie. Là, il éprouva des coups de vent terribles à la hauteur du cap Corrientes, ceux-là mêmes qui assaillirent si violemment les voyageurs pendant l'orage. Mais le yacht se comporta bien, et depuis trois jours John Mangles courait des bordées au large, lorsque les détonations de la carabine lui signalèrent l'arrivée des voyageurs si impatiemment attendus. Quant à lady Glenarvan et à miss Grant, le capitaine du Duncan serait injuste en méconnaissant leur rare intrépidité. La tempête ne les effraya pas, et si elles manifestèrent quelques craintes, ce fut en songeant à leurs amis, qui erraient alors dans les plaines de la République argentine.

      Ainsi se termina le récit de John Mangles ; il fut suivi des félicitations de lord Glenarvan. Puis, celui-ci, s'adressant à Mary Grant :

      « Ma chère miss, dit-il, je vois que le capitaine John rend hommage à vos grandes qualités, et je suis heureux de penser que vous ne vous déplaisez point à bord de son navire !

      – Comment pourrait-il en être autrement ? répondit Mary, en regardant lady Helena, et peut-être aussi le jeune capitaine.

      – Oh ! ma sœur vous aime bien, monsieur John, s'écria Robert, et moi, je vous aime aussi !

      – Et je te le rends, mon cher enfant », répondit John Mangles, un peu déconcerté des paroles de Robert, qui amenèrent une légère rougeur au front de Mary Grant. Puis, mettant la conversation sur un terrain moins brûlant, John Mangles ajouta :

      « Puisque j'ai fini de raconter le voyage du Duncan, Votre Honneur voudra-t-il nous donner quelques détails sur sa traversée de l'Amérique et sur les exploits de notre jeune héros ? »

      Nul récit ne pouvait être plus agréable à lady Helena et à miss Grant. Aussi lord Glenarvan se hâta de satisfaire leur curiosité. Il reprit, incident par incident, tout son voyage d'un océan à l'autre. Le passage de la Cordillère des Andes, le tremblement de terre, la disparition de Robert, l'enlèvement du condor, le coup de fusil de Thalcave, l'épisode des loups rouges, le dévouement du jeune garçon, le sergent Manuel, l'inondation, le refuge sur l'ombu, la foudre, l'incendie, les caïmans, la trombe, la nuit au bord de l'Atlantique, ces divers détails, gais ou terribles, vinrent tour à tour exciter la joie et l'effroi de ses auditeurs. Mainte circonstance fut rapportée, qui valut à Robert les caresses de sa sœur et de lady Helena. Jamais enfant ne se vit si bien embrassé, et par des amies plus enthousiastes.

      Lorsque lord Glenarvan eut terminé son histoire, il ajouta ces paroles :

      « Maintenant, mes amis, songeons au présent ; le passé est passé, mais l'avenir est à nous ; revenons au capitaine Harry Grant. »

      Le déjeuner était terminé ; les convives rentrèrent dans le salon particulier de lady Glenarvan ; ils prirent place autour d'une table chargée de cartes et de plans, et la conversation s'engagea aussitôt.

      « Ma chère Helena, dit lord Glenarvan, en montant à bord, je vous ai annoncé que si les naufragés du Britannia ne revenaient pas avec nous, nous avions plus que jamais l'espoir de les retrouver. De notre passage à travers l'Amérique est résultée cette conviction, je dirai mieux, cette certitude : que la catastrophe n'a eu lieu ni sur les côtes du Pacifique, ni sur les côtes de l'Atlantique. De là cette conséquence naturelle, que l'interprétation tirée du document était erronée en ce qui touche la Patagonie. Fort heureusement, notre ami Paganel, illuminé par une soudaine inspiration, a découvert l'erreur. Il a démontré que nous suivions une voie fausse, et il a nterprété le document de manière à ne plus laisser aucune hésitation dans notre esprit. Il s'agit du document écrit en français, et je prierai Paganel de l'expliquer ici, afin que personne ne conserve le moindre doute à cet égard. »

      Le savant, mis en demeure de parler, s'exécuta aussitôt ; il disserta sur les mots gonie et indi de la façon la plus convaincante ; il fit sortir rigoureusement du mot austral le mot Australie ; il démontra que le capitaine Grant, en quittant la côte du Pérou pour revenir en Europe, avait pu, sur un navire désemparé, être entraîné par les courants méridionaux du Pacifique jusqu'aux rivages australiens ; enfin, ses ingénieuses hypothèses, ses plus fines déductions, obtinrent l'approbation complète de John Mangles lui-même, juge difficile en pareille matière, et qui ne se laissait pas entraîner à des écarts d'imagination.

      Lorsque Paganel eut achevé sa dissertation, Glenarvan annonça que le Duncan allait faire immédiatement route pour l'Australie.

      Cependant le major, avant que l'ordre ne fût donné de mettre cap à l'est, demanda à faire une simple observation.

      « Parlez, Mac Nabbs, répondit Glenarvan.

      – Mon but, dit le major, n'est point d'affaiblir les arguments de mon ami Paganel, encore moins de les réfuter ; je les trouve sérieux, sagaces, dignes de toute notre attention, et ils doivent à juste titre former la base de nos recherches futures. Mais je désire qu'ils soient soumis à un dernier examen afin que leur valeur soit incontestable et incontestée. »

      On ne savait où voulait en venir le prudent Mac Nabbs, et ses auditeurs l'écoutaient avec une certaine anxiété.

      « Continuez, major, dit Paganel. Je suis prêt à répondre à toutes vos questions.

      – Rien ne sera plus simple, dit le major. Quand, il y a cinq mois, dans le golfe de la Clyde, nous avons étudié les trois documents, leur interprétation nous a paru évidente. Nulle autre côte que la côte occidentale de la Patagonie ne pouvait avoir été le théâtre du naufrage. Nous n'avions même pas à ce sujet l'ombre d'un doute.

      – Réflexion fort juste, répondit Glenarvan.

      – Plus tard, reprit le major, lorsque Paganel, dans un moment de providentielle distraction, s'embarqua à notre bord, les documents lui furent soumis, et il approuva sans réserve nos recherches sur la côte américaine.

      – J'en conviens, répondit le géographe.

      – Et cependant, nous nous sommes trompés, dit le major.

      – Nous nous sommes trompés, répéta Paganel. Mais pour se tromper, Mac Nabbs, il ne faut qu'être homme, tandis qu'il est fou celui qui persiste dans son erreur.

      – Attendez, Paganel, répondit le major, ne vous animez pas. Je ne veux point dire que nos recherches doivent se prolonger en Amérique.

      – Alors que demandez-vous ? dit Glenarvan.

      – Un aveu, rien de plus, l'aveu que l'Australie paraît être maintenant le théâtre du naufrage du Britannia aussi évidemment que l'Amérique le semblait naguère.

      – Nous l'avouons volontiers, répondit Paganel.

      – J'en prends acte, reprit le major, et j'en profite pour engager votre imagination à se défier de ces évidences successives et contradictoires. Qui sait si, après l'Australie, un autre pays ne nous offrira pas les mêmes certitudes, et si, ces nouvelles recherches vainement faites, il ne semblera pas « évident » qu'elles doivent être recommencées ailleurs ? »

      Glenarvan et Paganel se regardèrent. Les observations du major les frappaient par leur justesse.

      « Je désire donc, reprit Mac Nabbs, qu'une dernière épreuve soit faite avant de faire route pour l'Australie. Voici les documents, voici des cartes. Examinons successivement tous les points par lesquels passe le trente-septième parallèle, et voyons si quelque autre pays ne se rencontrerait pas, dont le document donnerait l'indication précise.

      – Rien de plus facile et de moins long, répondit Paganel, car, heureusement, les terres n'abondent pas sous cette latitude.

      – Voyons, » dit le major, en déployant un planisphère anglais, dressé suivant la projection de Mercator, et qui offrait à l'œil tout l'ensemble du globe terrestre.

      La carte fut placée devant lady Helena, et chacun se plaça de façon à suivre la démonstration de Paganel.

      « Ainsi que je vous l'ai déjà appris, dit le géographe, après avoir traversé l'Amérique du Sud, le trente-septième degré de latitude rencontre les îles Tristan d'Acunha. Or, je soutiens que pas un des mots du document ne peut se rapporter à ces îles. »

      Les documents scrupuleusement examinés, on dut reconnaître que Paganel avait raison. Tristan D'Acunha fut rejeté à l'unanimité.

      « Continuons, reprit le géographe. En sortant de l'Atlantique, nous passons à deux degrés au-dessous du cap de Bonne-Espérance, et nous pénétrons dans la mer des Indes. Un seul groupe d'îles se trouve sur notre route, le groupe des îles Amsterdam. Soumettons-les au même examen que Tristan d'Acunha. »

      Après un contrôle attentif, les îles Amsterdam furent évincées à leur tour. Aucun mot, entier ou non, français, anglais ou allemand, ne s'appliquait à ce groupe de l'océan Indien.

      « Nous arrivons maintenant à l'Australie, reprit Paganel ; le trente-septième parallèle rencontre ce continent au cap Bernouilli ; il en sort par la baie Twofold. Vous conviendrez comme moi, et sans forcer les textes, que le mot anglais stra et le mot français austral peuvent s'appliquer à l'Australie. La chose est assez évidente pour que je n'insiste pas. »

      Chacun approuva la conclusion de Paganel. Ce système réunissait toutes les probabilités en sa faveur.

      « Allons au delà, dit le major.

      – Allons, répondit le géographe, le voyage est facile. En quittant la baie Twofold, on traverse le bras de mer qui s'étend à l'est de l'Australie et on rencontre la Nouvelle-Zélande. Tout d'abord, je vous rappellerai que le mot contin du document français indique un « continent » d'une façon irréfragable. Le capitaine Grant ne peut donc avoir trouvé refuge sur la Nouvelle-Zélande qui n'est qu'une île. Quoi qu'il en soit, examinez, comparez, retournez les mots, et voyez si, par impossible, ils pourraient convenir à cette nouvelle contrée.

      – En aucune façon, répondit John Mangles, qui fit une minutieuse observation des documents et du planisphère.

      – Non, dirent les auditeurs de Paganel et le major lui-même, non, il ne peut s'agir de la Nouvelle-Zélande.

      – Maintenant, reprit le géographe, sur tout cet immense espace qui sépare cette grande île de la côte américaine, le trente-septième parallèle ne traverse qu'un îlot aride et désert.

      – Qui se nomme ?... demanda le major.

      – Voyez la carte. C'est Maria-Thérésa, nom dont je ne trouve aucune trace dans les trois documents.

      – Aucune, répondit Glenarvan.

      – Je vous laisse donc, mes amis, à décider si toutes les probabilités, pour ne pas dire les certitudes, ne sont point en faveur du continent australien ?

      – Evidemment, répondirent à l'unanimité les passagers et le capitaine du Duncan.

      – John, dit alors Glenarvan, vous avez des vivres et du charbon en suffisante quantité ?

      – Oui, Votre Honneur, je me suis amplement approvisionné à Talcahuano, et, d'ailleurs, la ville du Cap nous permettra de renouveler très facilement notre combustible.

      – Eh bien, alors, donnez la route...

      – Encore une observation, dit le major, interrompant son ami.

      – Faites, Mac Nabbs.

      – Quelles que soient les garanties de succès que nous offre l'Australie, ne serait-il pas à propos de relâcher un jour ou deux aux îles Tristan d'Acunha et Amsterdam ? Elles sont situées sur notre parcours, et ne s'éloignent aucunement de notre route. Nous saurons alors si le Britannia n'y a pas laissé trace de son naufrage.

      – L'incrédule major, s'écria Paganel, il y tient !

      – Je tiens surtout à ne pas revenir sur nos pas, si l'Australie, par hasard, ne réalise pas les espérances qu'elle fait concevoir.

      – La précaution me paraît bonne, répondit Glenarvan.

      – Et ce n'est pas moi qui vous dissuaderai de la prendre, répliqua Paganel. Au contraire.

      – Alors, John, dit Glenarvan, faites mettre le cap sur Tristan d'Acunha.

      – A l'instant, Votre Honneur », répondit le capitaine, et il remonta sur le pont, tandis que Robert et Mary Grant adressaient les plus vives paroles de reconnaissance à lord Glenarvan.

      Bientôt le Duncan, s'éloignant de la côte américaine et courant dans l'est, fendit de sa rapide étrave les flots de l'océan Atlantique.




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