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La vraie langue celtique et Le Cromleck de Rennes-les-Bains

Henri Boudet
© France-Spiritualités™






CHAPITRE VIII
VILLAGE CELTIQUE DE RENNES-LES-BAINS

III - La ghasse au sanglier

      La chasse était pour les celtes une distraction en rapport avec leur activité corporelle, plutôt qu'une occupation nécessaire pour subvenir d'une manière absolue à leur subsistance. Les Gaulois se servaient dans leurs chasses d'excellents chiens courants, indispensables pour suivre et harceler les fauves de leurs forêts. La Coume das hounshound (haound) chien de chasse, chien courant, – et la fontaine das houns, garants de cette assertion, sont situées au nord de l'Haum moor, fort près des deux roulers du cromleck de Rennes-les-Bains. [299] Les habitants du pays, quelque peu celtibériens, n'avaient point perdu l'habitude de la chasse à l'ours, comme l'indique le clot das hourcés, fort rapproché de la Borde-Neuve, et appelé aujourd'hui la Loubatière. Cependant, cette bête sauvage devenue assez rare, ne faisait point l'objet de la chasse favorite des celtes. Les préférences gauloises étaient réservées au sanglier, très répandu dans tout le pays celtique et dont la chasse présentait de sérieux dangers.

      Le sanglier, inoffensif lorsqu'on ne l'attaque point, devient redoutable dès qu'il reconnaît l'agresseur, et se retourne contre lui avec furie. Le sentiment de sa force le rend confiant, et il fait face hardiment au péril. Il prend la fuite cependant lorsqu'il sent l'impossibilité d'une résistance victorieuse, réservant sa vengeance pour le moment où, serré de près par une meute vigoureuse, il lui tient tête, perce ses rangs pour se précipiter vers le chasseur et le frapper de son terrible boutoir. Malgré le nombre des chasseurs, et les meutes aguerries employées à la chasse de cet animal, les accidents ont toujours été fréquents. L'arme celtique de la chasse au sanglier était l'épieu, et cette arme, assez courte, mettant le chasseur face à face avec la bête fauve, devait l'exposer à toute sa rage.

      « Jacques du Fouilloux, qui écrivait au seizième [300] siècle et qui était un brave chasseur, ne paraît pas trop rassuré quand il traite des sangliers. Il assure en avoir chassé un qui à lui seul massacra, en quelques instants, quarante chiens sur cinquante. » En somme, il ne conseille pas de faire courir à une bonne meute de « telles sortes de bestes ; car, dit-il, si les autres espèces esgratignent ou mordent, il y a toujours moyen de remédier à leur morsure ; mais au sanglier, s'il blesse un chien de la dent au coffre du corps, il n'en cuidera jamais eschapper. » Et néanmoins il ajoute plus loin : « Si une meute de chiens est une fois dressée pour le sanglier, ils ne veulent plus courir les bestes légères, parce qu'ils ont accoustumé de chasser de près, et avoir grand sentiment de leur beste. » (108).

      La prédilection des Gaulois pour la chasse au sanglier était connue des anciens Grecs, et, suivant leur habitude de personnifier les qualités de la nation gauloise dans Hercule, ils ont inscrit, parmi les douze travaux de ce héros, son combat contre le sanglier d'Erymante. Ce que rapporte la mythologie grecque au sujet d'Hercule est trop instructif pour n'en pas citer quelques traits. On y peut remarquer la terreur indicible que la nation celtique inspirait à la Grèce. [301]

      « Eurysthée, roi de Mycènes, jaloux de la réputation d'Hercule, le persécuta sans relâche, et eut soin de lui donner assez d'occupation hors de ses états pour lui ôter le moyen de troubler son gouvernement. Il exerça son grand courage dans des entreprises également délicates et dangereuses : c'est ce qu'on appelle les travaux d'Hercule. On dit qu'Hercule devint si redoutable à Eurysthée, que, malgré l'empire qu'il avait sur ce héros, il n'osait paraître devant lui, et qu'il avait préparé un tonneau d'airain pour s'y aller cacher en cas de besoin. Il ne faisait point entrer Hercule dans la ville : les monstres qu'il apportait étaient laissés hors des murs, et Eurysthée lui envoyait ses ordres par un héraut. » (109).

      Erymanthe, montagne d'Arcadie, était l'asile d'un sanglier dont la fureur remplissait d'effroi la contrée entière. Eurysthée demande à Hercule de délivrer le pays de cet hôte redouté. Hercule poursuit le sanglier, le prend vivant, et le charge sur ses épaules pour le porter à Eurysthée. Celui-ci est saisi d'une telle frayeur, qu'il va se cacher sous sa fameuse cuve d'airain.

      L'histoire du sanglier d'Erymanthe est la peinture fabuleuse des chasses au sanglier si chères aux Gaulois. [302]

      Le Neimheid n'a pas laissé dans l'ombre le souvenir de ces chasses dangereuses, et dans toutes les montagnes couvertes de bois profonds, pouvant servir de retraite sûre aux sangliers, on trouvera des terrains appelés pijole ou pijoulet, – pig, porc, – to jole, heurter avec la tête –. Le Pijole de Rennes-les-Bains a sa place au Serbaïrou, au sud des deux roulers ou roches tremblantes.

      Malgré la vigueur des Gaulois, la lassitude et l'abattement envahissaient leurs membres robustes, surtout lorsque les accidents multipliés du sol, dans un pays montagneux, ajoutaient leurs difficultés aux fatigues d'une chasse pénible par elle-même.

      De retour au foyer domestique, ils prenaient un repos tout à fait indispensable sur un tas de feuilles desséchées qui leur servait de lit. D'après les assertions ordinaires des historiens, ce tas de feuilles sèches aurait été la seule couchette des Celtes. Nous n'osons pas croire toutefois que les Gaulois aient poussé jusque là leur indifférence pour la santé et la vigueur du corps. Nous connaissons dans le canton de Limoux, une montagne cultivée en partie, et traversée par un chemin conduisant du village de Saint-André à Chalabre, montagne décorée du nom de Mataline, – to mat, couvrir de nattes, – hall, salle, – to inn, loger dans une auberge –. Le sol de l'appar- [303] tement où les voyageurs s'installaient pour prendre du repos dans l'hôtellerie de la Mataline, était donc couvert de nattes. Peut-on imaginer que ce fut là un fait isolé et particulier à une maison bâtie sur une montagne, dans un pays d'ailleurs fort pauvre et peu fréquenté des voyageurs ? C'est plutôt l'indication exacte de l'usage des nattes et des paillassons pour le repos de la nuit dans les demeures de nos ancêtres, les bancs et les sièges adossés aux murailles servant seulement pour les repas.

      Les Celtes, doués d'une nature généreuse, n'étaient point enclins au vol et au brigandage, et ils étaient peu nombreux ceux qui se rendaient coupables de pareils méfaits. Du reste, la justice était prompte et sévère, et le Fangallots des Redonesto faint (fént) disparaître, – Gallows (Galleuce), potence, gibet, – rappelait aux habitants de la région, que la pendaison était la juste punition des criminels.

      Les noms des divers terrains, dans le cromleck de Rennes-les-Bains, n'évoquent point le souvenir des funérailles celtiques, parce qu'elles sont déjà écrites dans le pays des Sordes, à Caucoliberis et Illiberis. Jules César en loue la magnificence extrême. La croyance inaltérée à la vérité de l'immortalité de l'âme, conduisait les Celtes à déployer une grande pompe religieuse dans les [304] derniers devoirs rendus à leurs parents et à leurs amis. Ils ensevelissaient les morts dans des tombeaux formés de terre et de pierres, élevés en cône et connus sous le nom de barrow, – barrow (barrô), tombe, tertre –.


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(108)  Magasin PittoresqueAnnée 1834

(109)  Dictionnaire de la Fable, par Fr. NoëlParis, 1803.




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