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La vraie langue celtique et Le Cromleck de Rennes-les-Bains

Henri Boudet
© France-Spiritualités™






CHAPITRE VII
CROMLECK DE RENNES-LES-BAINS

III - Les sacrifices humains dans la Gaule

      César, dans ses commentaires, (93) affirme, sans détermination d'époque, que les sacrifices humains avaient lieu dans la Gaule. « Les Druides, dit-il, président aux choses sacrées, offrent les sacrifices publics et particuliers, ils interprètent les doctrines religieuses..., ils décernent les récompenses et infligent les peines ; ils excluent de la participation à leurs sacrifices ceux qui, simples particuliers ou hommes publics, refusent de se soumettre à leurs décisions judiciaires. Cette peine est pour les Gaulois la plus grave de toutes : ceux à qui elle est infligée, sont rangés au nombre des impies et des souillés : on évite leur conversation et leur présence : on les met en dehors des droits de la justice commune, et ils ne reçoivent plus aucun honneur. » [250]

      Dans ces paroles, rien ne dévoile encore la pratique des sacrifices humains, et on comprend tout d'abord qu'il est question des sacrifices d'animaux en usage dans le monde entier. César fait suivre ce récit, de la description du système d'enseignement oral des Druides, puis il rapporte que l'ordre des seigneurs ou chevaliers celtes était entièrement adonné à la guerre, et que le nombre de leurs vassaux était en rapport avec les richesses plus ou moins considérables des seigneurs. Alors seulement il ajoute : « La nation gauloise en entier est fort superstitieuse : et pour ce motif, ceux qui sont atteints de graves maladies, exposés aux hasards des combats et à d'autres périls, ou immolent des hommes comme victimes, ou font vœu d'en immoler : ils se servent du ministère des Druides pour ces sacrifices ; ils estiment qu'on ne peut se rendre favorables les dieux immortels, qu'en donnant la vie d'un homme pour la vie d'un homme ; et ils ont publiquement institué des sacrifices de ce genre. Ils remplissent d'hommes vivants des statues énormes de leurs dieux, fabriquées au moyen des branches flexibles de l'osier : on y met le feu et les hommes périssent environnés par les flammes. Ils pensent que les supplices de ceux qui sont surpris dans le vol, le brigandage ou dans quelque autre crime, sont fort agré- [251] ables aux immortels : mais lorsque les coupables manquent, ils en viennent aussi aux supplices des innocents. » (94)

      Deux pensées bien différentes se dégagent des écrits de César. Les Gaulois offraient des sacrifices d'animaux, sacrifices entourés d'un tel respect, que l'interdiction d'assister à ces cérémonies religieuses était la plus grave de toutes les peines. C'était là le vrai sacrifice public, semblable à la pratique traditionnelle et universelle des nations, et offert au Dieu unique que reconnaissaient les Druides et les Gaulois. L'autorité du Neimheid ayant beaucoup faibli dans les derniers temps, la superstition populaire aura, peut-être, fait instituer des sacrifices où les criminels étaient immolés comme victimes. Dans cette période d'affaiblissement, l'ordre druidique, ne voulant pas exposer les derniers restes de son influence, n'aura point osé résister aux idées insensées de la nation, tombée peu à peu dans le polythéisme par le commerce des Grecs et des Romains. On aura sacrifié les malfaiteurs dont la punition était un hommage rendu à la vraie justice, et puis, les malades, les timides, naturellement égoïstes, auront abusé de ces exécutions de coupables, pour faire vœu d'immoler des victimes humaines, [252] lorsque la justice publique n'aura pu, faute de criminels, mettre elle-même en pratique cette immolation. Ces derniers sacrifices, nés de l'ignorance du peuple, de l'affaiblissement de l'autorité du Neimheid et de la fréquentation des étrangers, auront formé sans doute les sacrifices particuliers.

      Toutefois il ne faudrait point penser que tous les malfaiteurs périssaient ainsi dans les flammes, et même Strabon nous dit que les criminels ordinaires étaient précipités du haut des rochers. L'assertion de ce géographe écrivant après César, témoigne de la rareté, ou plutôt de la non-existence des sacrifices humains. Nous pouvons remarquer, à ce sujet, que les Tectosages du Rhin, les Tectosages du Danube, les Gaulois Sordiques et les Galates d'Asie n'ont jamais sacrifié de victimes humaines.

      César indique la croyance dont la fausse interprétation aurait provoqué ces abominables pratiques : « Ils estiment, dit-il, qu'on ne peut se rendre favorables les dieux immortels qu'en donnant la vie d'un homme pour la vie d'un homme. » Le général romain, plus préoccupé de lui-même et de sa gloire militaire que des enseignements religieux des Druides, rapporte, sans la remarquer autrement, une croyance dont il ne comprend pas la profondeur. Nous-mêmes, [253] habitués à regarder nos aïeux comme des sauvages ignorants, parce que nous n'avons pas su encore interroger les monnments qu'ils nous ont laissés, nous sommes étonnés de cette parole de César et de cette doctrine mystérieuse des Gaulois, affirmant que la vie d'un homme doit racheter la vie de l'homme pour satisfaire pleinement la justice divine. Le monde entier a toujours été cependant pénétré de ces vérités, « que l'homme est dégradé et coupable », qu'une satisaction de l'humanité à la justice divine étant absolument nécessaire, « un homme reverserait les mérites de son expiation sur la tête de ses frères. » C'est la vie de l'humanité rachetée par la vie d'un homme, et entendues dans ce sens, les paroles de César expriment la tradition séculaire de la rédemption des hommes par le sang, tradition que les Celtes avaient apportée de l'Orient. « Le genre humain ne pouvait deviner par lui-même que le sang dont il avait besoin, était celui d'un Dien Sauveur, parce qu'il ne soupçonnait pas l'immensité de la chute et l'immensité de l'amour réparateur. » Le véritable « autel a été dressé à Jérusalem, et le sang de la victime a baigné l'univers » (95)

      La doctrine des Druides sur la rédemption de l'humanité par le sang, faussée par César, n'a- [254] vait pas cependant souffert d'altération dans les enseignements du Neimheid ; il est certain que si l'erreur était venue du corps druidique, la pratique des sacrifices humains aurait été gravée dans les noms celtiques comme les autres croyances reçues. Même au temps de la décadence, le Neimheid ne discontinuait pas son œuvre, en imposant des dénominations nouvelles en rapport avec les connaissances ou les erreurs apportées par les étrangers, et néanmoins la savante société, s'inspirant des véritables traditions, s'est refusée à écrire ces abominations sacrilèges sur la terre gauloise. Nous avons vainement recherché dans la composition de tous les mots celtiques qu'il nous a été possible de connaître, une preuve vraisemblable, une probabilité quelconque de la vérité des récits de César sur les sacrifices humains dans les Gaules ; mais nos tentatives infructueuses nous persuadent que le Neimheid n'a point laissé à a la postérité le souvenir de ces odieuses pratiques qui n'existaient peut-être pas, ou qui étaient fondées sur l'erreur populaire et non point sur les vérités possédées et transmises dans leur intégrité.

Le supplice ordinaire réservé aux criminels, est écrit sur le sol celtique, et nous le retrouvons dans le terme Fangallots, désignant un terrain situé à Rennes-les-Bains, dans la pente abrupte [255] au bas de laquelle est bâti l'établissement thermal du Bain-Doux. Fangallots, signifie, disparaître par la potence, – to faint (fént), disparaître, – gallows (galleuce), potence, gibet. – Les descendans des Tectosages, conservant les usages gaulois, ont toujours employé la potence contre les criminels, et de nos jours encore, la pendaison est, chez les Anglo-Saxons, le seul mode pratiqué pour la punition des malfaiteurs condamnés par les tribunaux à la peine de mort.


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(93)  De bell. gall., lib. VI. 13.

(94)  De bell. gall. lib., VI. 16.

(95)  Eclaircissements sur les sacrifices, par J. de Maistre, passim.




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