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La vraie langue celtique et Le Cromleck de Rennes-les-Bains

Henri Boudet
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CHAPITRE IV
FAMILLE DE JAPHETH

V - Les Gascons - Les Occitani - Les Aquitains et leurs tribus - Auch - Bordeaux

      Les Celtes avaient imposé aux descendans de Tubal certaines dénominations dans lesquelles se révélaient des coutumes que les siècles n'ont pu effacer. Ainsi, le nom de Vardulles a été donné à une tribu ibérienne à cause de l'habitude de ces peuples de conserver sur leurs épaules, et le jour et la nuit, une espèce de manteau – to ward, garder, – hull, couverture extérieure, manteau, – et on sait que les fils des Vardulles ne dérogent point à cet usage.

      Il n'entre point dans notre pensée d'examiner tous les noms des tribus ibériennes ; il faut faire [138] néanmoins une exception bien méritée pour les Vascons ou Gascons.

      « D'après l'histoire, les Basques avaient le privilège de former l'avant-garde des armées carthaginoises, et de se mesurer les premiers avec l'ennemi. » Leur réputation de courage indomptable était si bien établie, que « César n'osant point traverser la Vasconie, tant il les redoutait, se rendit en Espagne, pour éviter leur rencontre, par la vallée d'Aspe, dans le Béarn. » (62)

      Les Gascons ont donné leur nom à notre Gascogne française. On ne peut guère dire que leur établissement dans l'Aquitaine ait été un envahissement, car les Aquitains étaient pour eux des frères, et les Gascons étaient venus à leur secours pour combattre le joug de la domination que Clovis cherchait à leur imposer. Nous les voyons d'abord sous les enfants de Clovis établis jusqu'à la rive droite de l'Adour, et plus tard, vers l'année 626 après Jésus-Christ, occupant la Novempopulanie tout entière qui désormais s'appelle Gascogne.

      Ils ont reçu leur nom étrange de la chaussure particulière qu'ils avaient adoptée et que leurs descendans n'ont point abandonnée. Gaskins, [139] en langue celtique, signifie une large chaussure à l'antique. C'est la sandale qu'en Languedoc on nomme spardillo, en Catalogne spadrilla, et que les Basques appellent spartinac. Il est loin de manquer de sens le mot spartinac : il est composé du verbe to spar, préluder au combat, et de l'adjectif thin (thinn), délié, clair-semé, peu nombreux.

      Cette chaussure légère permettait aux Basques de se livrer à la guerre d'embuscades : doués d'une agilité rare, et pour ainsi dire insaisissables, ils avançaient peu nombreux, préludant au combat par des coups sûrs et isolés qui devaient singulièrement étonner leurs ennemis. Ce terme spartinac nous montre dans son vrai jour le caractère du génie guerrier des Basques : ils étaient dans ces temps reculés ce qu'ils sont encore aujourd'hui, des guerrilleros.

      Après nous avoir donné la signification des noms des tribus ibériennes, la langue celtique nous expliquera avec la même facilité ceux des tribus vivant dans l'Aquitaine. Dans cette partie de la Gaule, la famille celtique a laissé les traces les plus grandes et les plus fortes de son mélange avec la famille ibérienne. Tous les auteurs ont reproduit les traits différents de caractère qui séparent les Ibères et les Celtes : ceux ci étaient gais, légers, ardents, aimant les combats [140] et prompts à l'attaque ; les Ibères au contraire étaient graves, sérieux, presque sombres, aimant aussi la guerre et la soutenant avec une opiniâtreté invincible. Lorsque les deux peuples se sont rencontrés, le choc a dû être terrible. Après avoir combattu pour la possession du pays, rapporte Diodore de Sicile, les Celtes et les Ibères l'ont habité en commun, en vertu d'un accord pacifique, et ils se sont mêlés par des alliances. De ce mélange est sortie la nation Celtibérienne, dans laquelle le sang ibère est resté prédominant.

      Les Aquitains qui, d'après leurs traditions, ne seraient pas issus des Celtes, appartiennent à la famille Celtibérienne, car s'ils se rapprochent fortement des Ibères par les traits et les mœurs, ils n'en ont pas moins adopté les habitudes et les institutions des Celtes. Nous en présenterons une preuve dans l'institution des soldures, qui nous paraît être absolument celtique quoiqu'on l'attribue généralement à la nation ibérienne.

      « Une institution qui lui est particulière (à l'Aquitaine), et qui est étrangère aux Gaulois, dit le très estimable auteur de l'Histoire de la Gascogne, l'abbé Monlezun, est celle des solduriens, ou plutôt saldunes (de l'Escualdunal, zaldi ou saldi, cheval ; salduna, qui a un cheval, cavalier, l'eques romain) ; [141] on nommait ainsi des soldats qui se vouaient à un chef, partageaient à jamais sa destinée ou plutôt s'identifiaient tellement avec lui qu'il n'est pas d'exemple qu'un seul lui ait jamais survécu. (63) Dès que le chef succombait, on les voyait chercher dans la mêlée un mort glorieuse, et s'ils ne pouvaient l'y trouver, ils revenaient se percer sur le corps de celui qui avait leur foi. »

      On peut observer que dans le récit de la guerre contre les Aquitains, César parle seulement de l'institution des soldurii, sans affirmer d'ailleurs que les soldures n'existassent point dans les autres parties de la Gaule. Ce terme de soldures, qui dans la langue basque n'offre aucune idée à l'esprit, présente, au contraire, dans la langue des Tectosages, un sens parfaitement en rapport avec l'institution elle-même. C'est le soldat dévoué à son chef, à la vie, à la mort ; il vivra ou mourra avec lui, et les accidents de la guerre ne les sépareront pas ; la vie du soldure ne durera pas plus que la vie de son chef. – Soul (sôl), vie, âme. – to dure (dioure), durer. –

      De nos jours encore, le soldat ne se nomme-t-il pas soldier, dans l'anglo-saxon ? D'où provient ce soldier, sinon de soldure (soldioure), et com- [142 - 11] ment ce terme existerait-il dans l'anglo-saxon, si l'institution des soldurii eût été particulière aux Ibères ? Cette institution, qui, nous semble-t-il, est commune aux Celtes et aux Celtibères, nous indique comment, sur le sol aquitain, s'était opérée la fusion des deux familles.

      Le nom d'Occitania a été employé pour désigner l'Aquitaine. « Charles VII, dans l'ordonnance portant érection du Parlement de Tolose, la nomme Patria Occitania : ce qui a donné sujet au pape Innocent VI, dans son registre, d'appeler ce païs Occitania. Mais communément et le plus souvent il est nommé dans les anciens actes patria linguae Occitaniae. » (64).

      L'auteur des Mémoires de l'Histoire du Languedoc voudrait, à cause de la première syllabe d'Occitania, appliquer ce terme au languedoc, mais cette expression, désassemblée et interprétée par la langue celtique nous montre avec la dernière évidence que les Occitani étaient les habitants des côtes maritimes qui enserrent le golfe de Gascogne, c'est-à-dire, les Aquitains et les Cantabres.

      La réputation des Basques et des Cantabres comme intrépides marins n'a jamais été contestée, et ce n'est pas sans raison qu'ils s'attribuent [143] l'honneur d'avoir, les premiers, donné la chasse à la baleine. Du reste, si les baleines tombaient peut-être rarement sous leurs coups, il n'en était pas de même des marsouins, et cette chasse habituelle aux marsouins leur a valu le nom d'Occitani – hog-sea (hogsi), marsouin, – to hit, frapper, – hand, la main – hogsihithand. – Le terme Occitani était donc un nom général désignant les pêcheurs du golfe de Gascogne. Les Celtibères de l'intérieur du pays compris entre l'Océan, les Pyrénées et la Garonne, avaient reçu une autre dénomination, générale aussi, celle d'Aquitani. Les Basques appellent, dit-on, leur langue, l'Escualdunac : c'est le langage des dompteurs de chevaux, dompteurs au visage sombre et refrogné – scowl (skaoul), air sombre et refrogné, – to down (daoun), dompter, – hack, cheval. – Le titre de dompteurs de chevaux n'appartient pas aux seuls Basques, il doit être partagé par les Aquitani, et cette communauté de goûts et de mœurs nous semble un trait remarquable d'affinité, qu'il ne faut point négliger.

      Il eut été difficile aux Aquitains d'être de mauvais cavaliers, car leur pays était fécond en chevaux renommés.

      Le savant Bénédictin, Dom Martin, à qui les auteurs modernes ont emprunté les détails les [144] plus curieux sur les mœurs, le gouvernement et la religion des Celtes, comprenait que cette production de magnifiques chevaux avait eu une grande influence sur le nom donné à l'Aquitaine. Aussi avance-t-il que ce pays s'était d'abord appelé Equitaine, du latin, equus, cheval. La sagacité remarquable du docte religieux n'était guère en défaut, car c'étaient encore de hardis dompteurs de chevaux, que ces Aquitani – hack, cheval, – to cow (kaou) intimider, – to hit, frapper, – hand, main, – hackcowhithand. –

      La passion du cheval est-elle disparue du cœur des Aquitains modernes ? Il est certain qu'elle possède encore le même degré de vivacité, malgré les changements apportés par les siècle dans les habitudes : les exercices équestres d'un cirque quelconque suffisent, en effet, pour exciter dans l'âme des Aquitains et des Gascons un intérêt et un enthousiasme qui ne saurait être contenus.

      Les tribus qui vivaient dans l'Aquitaine étaient au nombre de quarante environ, parmi lesquelles neuf principales ont fait donner par les Romains à ce pays le nom de Novempopulanie. Nous examinerons les nom de quelques-unes de ces tribus avec ceux de plusieurs villes, et nous constaterons qu'ils appartiennent tous à la langue celtique.

      Les Tarbelli occupaient les côtes de l'Océan, et [145] Ausone n'hésite pas à appeler le golfe de Gascogne, l'Océan Tarbellien. Strabon prétend que leur pays était riche d'un or excellent : cependant les mines d'or de la contrée n'étaient pour rien dans le nom qu'ils portaient. Marins soigneux et prévoyants, ils savaient goudronner leurs barques légères pour lutter contre l'action destructive des eaux de la mer – to tar, goudronner, – to belly, bomber. – A l'extrémité de leur territoire, du côté de l'Espagne, les Tarbelli possédaient une ville, Lapurdum, dont le nom a servi plus tard à désigner le pays de Labour ou Labourdan. On croit que c'est Bayonne. (65) Lapurdum, l'ancien Bayonne, devait être placé sur les bords de la mer, puisque les flots de l'Océan Tarbellien arrivaient jusqu'à lui, – to lap, lécher, – ord, bord, – Lapord. –

      Les Bigerriones dont parle César, occupaient le pays dont Tarbes est aujourd'hui le chef lieu.

      Strabon prétend que leur pays était riche d'un or excellent : cependant les mines d'or de la contrée n'étaient pour rien dans le nom qu'ils portaient. Marins soigneux et prévoyants, ils savaient goudronner leurs barques légères pour lutter contre l'action destructive des eaux de la mer – to tar, goudronner, – to belly, bomber. – A l'extrémité de leur territoire, du côté de l'Espagne, les Tarbelli possédaient une ville, Lapurdum, dont le nom a servi plus tard à désigner le pays de Labour ou Labourdan. On croit que c'est Bayonne. (1) Lapurdum, l'ancien Bayonne, devait être placé sur les bords de la mer, puisque les flots de l'Océan Tarbellien arrivaient jusqu'à lui, – to lap, lécher, – ord, bord, – Lapord. –

      Les Bigerriones dont parle César, occupaient le pays dont Tarbes est aujourd'hui le chef lieu.

      « De Bigerriones est venu le nom de Bigorre qui désignait anciennement un château fort défendant la ville de Tarbes. Deux de ses premiers pasteurs, Aper, dans le concile d'Agde, et saint Julien dans le quatrième concile d'Orléans, s'intitulent, l'un, évêque de la cité de Bigorre, civatis Bigorritanæ, et l'autre, évêque [146] de la cité Bigerricæ. Grégoire de Tours ne la nomme jamais autrement. » (66)

      Quelques auteurs ont cru pouvoir faire dériver Bigorre de deux mots basques, bis, deux, gora, hauteur ; mais cette interprétation par le basque n'offre aucun sens précis.

      Ausone appelle ce petit peuple Bigerri, et il paraît bien qu'il nous a transmis avec le véritable nom, la prononciation la plus exacte. Ces montagnards étaient des dévastateurs, des pillards dont l'intrépidité n'avait jamais fléchi. C'est là le trait de mœurs retracé dans les Bigerri d'Ausone – big, courageux, to harry (herri), piller, dévaster –.

      Les Auscii formaient dans l'Aquitaine la tribu la plus puissante. Les anciens géographes donnent à leur ville principale le nom de Climberris. Nous croyons bien à une erreur de leur part ; ils n'ont point saisi le sens exact de ce terme, distinctif d'une contrée entière, car Auch n'a jamais pu voir varier son nom qu'il a emprunté aux Auscii. Du reste, il nous semble qu'on peut découvrir la vérité par la signification de Climberris qui devait s'appliquer à toute la contrée comprenant aussi bien la ville d'Auch que celle d'Eluse. Tout ce pays produisait des baies et des grains – [147] clime, région, pays, – berry, baie, grain, – Climeberry –. Pourquoi aurait-on attribué à une seule ville la production des grains et des baies de raisins, dès lors que c'était là une production générale de la région ? Et qu'on ne soit pas étonné de voir les baies de la vigne, les raisins entrer dans la composition de Climberris, car la vigne existait dans les Gaules à l'état sauvage. Un temps considérable s'était écoulé peut-être sans qu'on ait songé à sa culture, et l'histoire semble faire honneur aux Grecs d'avoir enseigné aux Celtes à faire le vin, ce qui nous paraît d'ailleurs fort douteux, les Gaulois étant aussi avancés que les Grecs dans la civilisation matérielle, et supérieurs aux fils de Javan dans la sciences philosophique et religieuse.

      Nous avons déjà dit qu'Auch avait emprunté son nom aux Auscii et était leur ville principale. En cherchant à donner à Auch une prononciation celtique, on est forcé de dire Aouch et c'est probablement l'appellation véritable de cette ville, s'écrivant en anglo-saxon Ouch, et se prononçant Aoutch.

      Ouch signifie collier d'or, enchâssure d'une pierre précieuse, et Auscii désigne les ouvriers habiles, appliqués au travail des métaux précieux et fabriquant ces magnifiques colliers d'or dont les guerriers ornaient leur poitrine dans les [148] grands jours de joie qui, pour eux, étaient les jours de combat – ouch (aoutch), collier d'or, – hew (hiou), tailler –.

      Les Auscii pouvaient aisément se rendre habiles dans les ouvrages d'or ; ce métal était presque à fleur de terre dans leur région, et divers historiens prétendent que les avides marchands Grecs et Phéniciens, revenant dans leur pays, donnaient pour lest à leur vaisseaux l'or recueilli dans les Pyrénées.

      La richesse de l'Aquitaine en chevaux avait séduit une fraction des Bituriges-Cubes (du Berry), et ils se détachèrent du gros de la tribu pour se fixer à l'embouchure de la Gironde. Les Bituriges-Cubes avaient les mêmes goûts que les Aquitains. Comme eux, ils étaient éleveurs de chevaux, prompts à bondir sur leurs coursiers et habiles à se servir du frein, – bit, frein, mors, – ure, usage, – itch, désir démangeaison, – to cub, mettre bas, produire –.

      Cette partie de la tribu des Bituriges-Cubes, établie sur les deux rives de la Gironde prit le nom de Bituriges-Vivisci. Le mot Vivisci, en celtique vives (vaïvz), se rapporte à une maladie des chevaux, maladie que les Bituriges traitaient sans doute avec grand succès. Ils avaient pour cité principale Burdigala (Bordeaux). Cette ville devait être alors comme de nos jours le principal [149] entrepôt du commerce entre l'Océan et la Méditerranée. Il est tout à fait instructif de voir Burdigala exprimer l'idée d'une marine marchande et commerçante dans ces temps si éloignés de nous, – board (bord) le pont d'un vaisseau, – to higgle, revendre.

      Au-dessous de la rive gauche de la gironde, et tout à côté des Bituriges-Vivisci, le littoral du golfe de Gascogne était occupé par les Boii, – bow (), arc, – to hew (hiou), tailler –.

      Ces archers, placés par des circonstances imprévues sur les bords de la mer, devinrent d'excellents marins, et c'est probablement ce qui, plus tard, les fit appeler Boates, – boat (bôte), bateau, chaloupe.


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(62)  Guide Français-basque, par M. L. Fabre.

(63)  Jules César, de bell. gall., lib. III, 22.

(64)  Mémoires de l'Histoire du Languedoc, par G. de Catel.
(65)  Histoire de la Gascogne, par l'abbé Monlezun.

(66)  Histoire de la Gascogne, par l'abbé Monlezun. Notes.




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