CHAPITRE VII
CROMLECK DE RENNES-LES-BAINS
VIII - La rivière salée et les mollusques fossiles
Les fontaines enfermées dans le
cromleck des
Redones ne pouvaient aspirer, comme celle de Marceille, à l'honneur de voir un
sanctuaire élevé auprès d'elles ; la vertu curative de leurs
eaux était tout à fait naturelle. Leur
réputation devait cependant être fort étendue, puisque les géographes grecs et latins, en parlant de la [281] Gaule Narbonnaise, ne manquent pas de remarquer dans cette région une fontaine très salée.
Guillaume de Catel, dans ses
Mémoires, se demande si cette fontaine est bien celle qui se déverse dans l'étang de
Leucate. « De
Leucate, dit-il, viennent grande quantité de grosses anguilles que l'on vend par tout le
Languedoc, qu'on nomme anguilles de
Leucate ; je ne pense pas pourtant qu'en cet endroit on trouve dans les champs en fouillant la terre, des poissons que les anciens nomment
pisces fossiles ; ce que toutefois plusieurs auteurs ont remarqué comme
Mela, Strabon, Athénée au livre huitième ; car m'en étant informé avec ceux du pays, ils m'ont dit ne l'avoir vu, la terre s'étant desséchée à cause des grandes chaleurs. »
L'hésitation de Guillaume de Catel est fort légitime, puisque ce n'est point à la fontaine de Salses, voisine de l'étang de
Leucate, que se doit appliquer l'observation des anciens géographes, mais à la
Sals, rivière salée qui traverse le
cromleck de
Rennes-les-Bains. La vallée de la Sals renferme en effet des mollusques et des polypiers fossiles en nombre prodigieux, et par là, nous pouvons comprendre que le fontaine salée citée par les géographes dans la région des pisces fossiles, est bien la rivière de Sals courant dans le
cromleck qui entoure de ses ménirs et dolmens [282] les
eaux thermales et minérales de
Rennes-les-Bains.
A l'époque où Strabon (20 ans après Jésus-Christ) et Pomponius
Mela (43 ans après Jésus-Christ), écrivaient leurs traités de
géographie, le midi de la Gaule faisait partie de l'empire
Romain sous le nom de Provincia, et les
eaux minérales des
Redones étaient très fréquentées par les conquérants ; ceci explique, comment ces géographes ont parlé de fossiles reconnus sur les bords de la rivière salée.