Pierre Commelin Ulysse, fils de Lærte, ou peut-être de
Sisyphe,
et d'Anticlée, mari de Pénélope, père de
Télémaque,
était roi de deux petites îles de la mer Ionienne, Ithaque et Dulichie.
C'était un prince éloquent, fin, rusé, artificieux ;
il contribua bien autant par ses artifices à la prise de
Troie que les
autres généraux grecs par leur valeur. Il n'y avait que peu de temps
qu'il était marié avec la belle et sage Pénélope,
lorsqu'il fut question de la
guerre de Troie. L'
amour qu'il avait pour sa jeune
épouse lui fit chercher plusieurs moyens pour ne pas l'abandonner, et pour
s'exempter d'aller à cette guerre.
Il imagina de contrefaire l'insensé ; et, pour
faire croire qu'il avait l'
esprit aliéné, il s'avisa de labourer
le sable sur le bord de la mer, avec deux bêtes de différente espèce,
et d'y semer du sel. Mais
Palamède,
disciple de
Chiron et fils de Nauplius,
roi de lîle d'Eubée, découvrit la feinte en mettant
le petit
Télémaque sur la ligne du sillon.
Ulysse, ne voulant pas
blesser son fils, leva le soc de la charrue, et fit connaître par là
que sa folie n'était que simulée.
A son tour,
Ulysse découvrit
Achille qui était déguisé
en jeune fille dans l'île de Scyros, et l'emmena combattre devant
Troie.
Au cours de cette guerre, il enleva le
Palladium, statue de
Minerve, protectrice
de la ville et enfermée dans la citadelle d'Ilion ; il tua Rhésus,
roi de Thrace, venu au secours des Troyens, et emmena ses
chevaux au camp des
Grecs ; il contraignit
Philoctète, quoique son
ennemi, à le suivre
au siège de
Troie avec les
flèches d'Hercule.
C'était à ces trois conditions seulement que la ville pouvait
être prise, selon l'ordre des destins.
Après la mort d'
Achille, les armes de ce héros
lui furent adjugées, de préférence à Ajax ; mais
les débats furent vifs, devant les chefs grecs pris pour juges ; et
il ne gagna sa cause que grâce à son éloquence.
A son retour de
Troie,
Ulysse eut de grandes aventures qui
sont le sujet de l'
Odyssée, d'
Homère.
Une tempête le jeta d'abord sur les côtes des Ciconiens, peuples de
Thrace, où il perdit plusieurs de ses compagnons ; de là il
fut porté au rivage des Lotophages, en Afrique, où quelques hommes
de sa flotte l'abandonnèrent. Les vents le conduisirent ensuite sur les
terres des
Cyclopes, en
Sicile, où il courut les plus grands dangers. De
Sicile il alla chez Eole, roi des Vents ; de là chez les Lestrigons,
où il vit périr onze de ses vaisseaux ; et, avec le seul qui
lui restait, il se rendit dans l'île d'Æa chez
Circé, où
il demeura un an ; de là il descendit aux Enfers pour y consulter
l'
âme de
Tirésias sur sa destinée. Il échappa aux charmes
de
Circé et des Sirènes, évita les
gouffres de Charybde et
de Scylla ; mais une nouvelle tempête fit périr son vaisseau
avec tous ses
compagnons, et il se sauva seul de l'île de
Calypso où
il demeura pendant sept années. Embarqué sur un radeau, il fit de
nouveau naufrage, et eut bien de la peine à gagner l'île des
Phéaciens.
Sur le rivage, il fut accueilli par la jeune et belle Nausicaa, fille d'Alcinoüs,
roi de cette île. La princesse le conduisit au palais de son père,
où il reçut une généreuse et brillante hospitalité.
Avec le secours du roi Alcinoüs, il aborda enfin à l'île d'Ithaque,
après une absence de vingt ans.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 372-375.