Pierre Commelin Oreste, fils d'
Agamemnon et de Clytemnestre, était
encore fort jeune lorsque son père, au retour de
Troie, fut assassiné
par Clytemnestre et par
Egisthe, son complice.
Electre, sa sur,
vint à bout de le soustraire à la fureur de ces meurtriers, en le
faisant retirer chez son oncle Strophius, roi de
Phocide,
époux d'Anaxabie,
sur d'
Agamemnon. Ce fut là qu'
Oreste contracta avec son cousin
Pylade,
fils de ce prince, cette amitié qui les rendit inséparables.
Oreste, devenu grand, forma le dessein de venger la mort de son père,
quitta la cour de Strophius avec
Pylade, entra secrètement dans
Mycènes,
et se cacha chez
Electre.
On convint d'abord de faire courir dans la ville le bruit de la mort d'
Oreste.
Egisthe et Clytemnestre en conçurent tant de joie, qu'ils se rendirent
aussitôt dans le temple d'
Apollon pour en rendre grâces aux
dieux.
Oreste y pénétra avec quelques soldats, dispersa les gardes, et
tua, de sa main, sa mère et l'usurpateur.
Dès ce moment, les
Furies ou
Erinnyes commencèrent à
le tourmenter. Il alla d'abord à Athènes, où l'
Aréopage
l'acquitta ou, pour employer l'expression consacrée, l'
expia de son crime.
Les voix des
juges s'étant trouvées égales de part et d'autres,
Minerve elle-même donna la sienne en sa faveur. Ce prince, en reconnaissance
de ce bienfait, fit élever un
autel à cette déesse, sous
le nom de
Minerve Guerrière.
Non content de ce
jugement,
Oreste alla chez les Trézéniens,
pour se soumettre à l'
expiation, et il fut contraint de loger dans un
lieu séparé, personne n'osant le recevoir. Enfin, touchés
de ses malheurs, les habitants de Trézène l'expièrent.
Longtemps on montra dans cette ville la pierre sur laquelle s'étaient
assis les neuf
juges qui procédèrent à cette
expiation,
on la nommait la Pierre Sacrée.
Oreste fut ensuite rétabli dans ses Etats par Démophoon, roi
d'Athènes. Cependant les
Furies vengeresses ne cessaient de le tourmenter.
Afin de goûter quelque repos, il consulta l'oracle de
Delphes, où
il apprit que, pour être délivré des
Furies, il devait aller
en Tauride enlever la statue de
Diane et
Iphigénie sa sur, que
Diane elle-même avait subrepticement emportée dans cette contrée
le
jour de son sacrifice, et dont elle avait fait sa
prêtresse.
Oreste s'y rendit avec Pylade ; mais, ayant été pris, il
fut sur le point d'être
immolé à la déesse, suivant
la coutume du pays. Une loi barbare, édictée par le roi Thoas,
prescrivait d'
immoler à
Diane tous les étrangers qui aborderaient
sur ces côtes. La
prêtresse offrit de renvoyer sain et sauf l'un
des deux
compagnons, un seul suffisant pour satisfaire à la loi :
Pylade fut celui qu'elle voulut retenir. Ce fut alors qu'on vit ce généreux
combat d'amitié qui a été si célébré
par les anciens, et dans lequel
Oreste et Pylade offraient leur vie l'un pour
l'autre.
Sur ces entrefaites,
Oreste est reconnu par sa sur qui fait adroitement
suspendre le sacrifice, en prétendant que les étrangers se sont
rendus coupables d'un meurtre et qu'on ne peut les
immoler qu'après une
expiation. La cérémonie devant, se faire sur mer, on embarque
la statue de
Diane.
Iphigénie, en qualité de
prêtresse,
monte à bord du navire, et s'éloigne de la Tauride avec son
frère
et
Pylade. Certains auteurs racontent que, avant de s'éloigner,
Oreste
avait tué Thoas, roi du pays.
De retour à
Mycènes,
Oreste fit
épouser
Electre à
Pylade. Il songea aussi à recouvrer
Hermione, fille de
son oncle
Ménélas et d'
Hélène, qui lui avait été
promise, et que
Pyrrhus, fils d'
Achille et roi d'
Epire, lui avait enlevée.
Ayant appris que son rival était allé à
Delphes, il ne manqua
pas de s'y rendre avec
Pylade, et causa par ses insinuations la mort de ce prince,
que massacrèrent les
Delphiens.
Oreste épousa ensuite
Hermione et
vécut depuis assez paisiblement dans ses Etats ; mais, ayant
un
jour passé en
Arcadie, il y fut mordu par un
serpent et y mourut. Il
était alors dans un âge très avancé, et avait joint
au royaume de
Mycènes celui de Sparte après la mort de
Ménélas.
Suivant une autre
légende,
Oreste épousa aussi
Erigone, fille d'
Egisthe et de Clytemnestre, et en eut un fils nommé Penthile
qui succéda à son père sur le trône de
Mycènes.
Quant à
Erigone, après la mort de son mari, elle se fit
prêtresse
et se consacra au culte de
Diane.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 361-364.