Pierre Commelin Après un grand nombre de siècles
passés aux Enfers, les
âmes des justes et celles des
méchants qui avaient expié leurs fautes aspiraient
à une vie nouvelle, et obtenaient la faveur de revenir sur
la terre habiter un
corps et s'associer à sa destinée.
Mais, avant de sortir des demeures infernales, elles devaient perdre
le souvenir de leur vie antérieure, et à cet effet
boire les
eaux du
Léthé,
fleuve de l'Oubli.
La porte du Tartare qui ouvrait sur
ce
fleuve était opposée à celle qui donnait sur le
Cocyte.
Là, les
âmes pures, subtiles et légères, buvaient avec
avidité ces
eaux dont la propriété était d'effacer
de la mémoire toute trace du passé, ou de n'y laisser du moins que
de vagues et obscures réminiscences. Devenues aptes à rentrer dans
la vie et à en supporter les épreuves, elles étaient appelées
par les
dieux à leur nouvelle incarnation.
Le
Léthé coulait avec lenteur
et silence : c'était, disent les poètes, le
fleuve
d'huile dont le cours paisible ne faisait entendre aucun murmure.
Il séparait les Enfers de ce monde extérieur du côté
de la Vie, de même que le
Styx et l'Achéron les en
séparaient du côté de la Mort.
Il est ordinairement représenté sous la figure d'un vieillard qui
d'une main tient une urne, et de l'autre la coupe de l'Oubli.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, p. 241.