Pierre Commelin Tirésias, l'un des plus célèbres devins de la Mythologie, était fils d'Evère et de la nymphe Chariclo. Il rapportait son origine à Udée, l'un des héros qui étaient nés des
dents du serpent, semées en terre par
Cadmus. C'est à Thèbes surtout qu'il rendait des oracles. Non seulement il connaissait le passé, le présent et l'avenir, mais il interprétait encore le vol et même le langage des
oiseaux.
Jupiter lui accorda, dit-on, une vie sept fois plus longue que celle
des autres hommes. Il prédit aux Thébains et aux rois de Thèbes leur destinée ; enfin, même aux Enfers, après sa mort,
Pluton, par une
faveur particulière, lui laissa le pouvoir de rendre des oracles. Ainsi, dans
Homère,
Circé conseille à
Ulysse de descendre aux Enfers consulter
Tirésias ; et le héros, après avoir appris du devin ce qu'il désirait, promet de l'honorer comme un
dieu, dès qu'il sera de retour à Ithaque.
Cependant
Tirésias était aveugle, et les mythologues donnent plusieurs causes à cette triste infirmité. Selon les uns, les
dieux l'avaient rendu aveugle, parce qu'ils lui en voulaient de révéler aux
mortels des secrets qu'ils auraient voulu garder pour eux ; selon d'autres, cette cécité avait une bien plus extraordinaire origine.
Un
jour Tirésias ayant rencontré, sur le mont
Cyllène, deux
serpents entrelacés, les sépara avec son bâton ; et aussitôt il devint femme ; au bout d'un certain temps, il rencontra les deux mêmes
serpents encore entrelacés, et il reprit sa première forme. Or,
comme il avait connu les deux sexes, il fut choisi pour
juge d'un différend qui s'éleva plus tard entre Jupiter et
Junon.
Tirésias prononça contre la
déesse qui en fut si irritée, qu'elle le priva de la
vue ; mais il en fut dédommagé par le don de prophétie qu'il reçut de Jupiter. Du
reste,
Minerve lui donna un bâton avec lequel il se conduisait aussi facilement que s'il avait eu d'excellents yeux.
Tirésias trouva la mort au pied du mont Tilphuse, en
Béotie : il y avait là une fontaine dont l'
eau fut mortelle pour lui. Il fut enterré près de, cette fontaine et, à Thèbes, on lui rendit des honneurs divins.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine