Dom Antoine-Joseph Pernéty Fille de
Saturne et d'
Ops, épousa Jupiter son propre
frère jumeau. Elle fut nourrie par les Nymphes, filles de l'Océan. Jupiter, avant de l'
épouser, la trompa sous la forme du coucou. Elle devint mère de
Mars, d'Argé, d'Illithie et d'
Hébé. Elle eut aussi
Vulcain, mais sans avoir eu affaire à aucun homme. Elle fit toujours un fort mauvais ménage avec Jupiter, qui, à la vérité, lui fournissait sans cesse des sujets de jalousie, par la quantité de Nymphes avec lesquelles il s'amusait. Jupiter perdit un
jour patience, et irrité des mauvaises façons de
Junon, il la suspendit avec une chaîne d'or, et lui attacha une enclume de fer à chaque pied. Les
Dieux et Déesses intercédèrent pour elle, et Jupiter se laissa fléchir. Elle fut une des trois Déesses qui disputèrent la pomme d'or ; elle promettait à
Pâris de grands et riches royaumes pour se la faire adjuger : ces belles propositions ne lui firent pas la même impression que les promesses de
Vénus, à laquelle il l'adjugea. Elle conçut de là une haine implacable contre les Troyens, et engagea la guerre qui fit périr
Pâris et la ville de
Troie. Toute cette fiction se trouve expliquée dans le chapitre 5 du livre 3 des
Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.
Pierre Commelin
Junon était fille de
Saturne et de
Rhéa,
sur de Jupiter, de
Neptune, de
Pluton, de
Cérès
et de
Vesta. Elle fut nourrie, selon
Homère, par l'Océan
et par Thétis ; d'autres disent que ce furent les
Heures
qui prirent soin de son éducation. Elle épousa Jupiter,
son
frère jumeau. Leurs noces furent célébrées
en
Crète, sur la territoire des Gnossiens, près du
fleuve Thérène. Pour rendre ces noces plus solennelles,
Jupiter ordonna à
Mercure d'y inviter tous les
dieux, tous
les hommes et tous les
animaux. Tous s'y rendirent, excepté
la nymphe Chéloné, assez téméraire pour
se moquer de ce
mariage, et qui fut changée en tortue.
Jupiter et
Junon ne vivaient pas en bonne intelligence
: des querelles éclataient continuellement entre eux.
Junon
fut plus d'une fois battue et maltraitée par son
époux,
à cause de son humeur acariâtre. Une fois Jupiter alla
jusqu'à la suspendre entre le
ciel et la terre avec une chaîne
d'or, et lui mettre une enclume à chaque pied.
Vulcain, son
fils, ayant voulu la dégager de là, fut culbuté,
d'un coup de pied, de
ciel sur terre.
Les infidélités de Jupiter en
faveur des belles mortelles excitèrent et justifièrent
souvent la jalousie et la haine de
Junon. De son côté,
cette déesse irascible eut des intrigues amoureuses, notamment
avec le
géant Eurymédon. Elle conspira avec
Neptune
et
Minerve pour détrôner Jupiter, et le chargea de
liens. Mais Thétis, la Néréide, amena au secours
de Jupiter le formidable
Briarée, dont la seule présence
arrêta les desseins des conspirateurs.
Junon persécuta
toutes les concubines de Jupiter et tous les
enfants issus de ses illégitimes
amours,
Hercule,
Io,
Europe,
Sémélé, Platée, etc.
On dit qu'elle éprouvait pour les femmes inconstantes et coupables une
profonde aversion.
Elle eut plusieurs
enfants :
Hébé,
Vulcain,
Mars,
Typhon, Ilithyie, Argé.
Dans la
guerre de Troie, elle prit fait et cause avec
Minerve pour les Grecs contre les
Troyens qu'elle ne cessa de poursuivre de sa haine, même après la
destruction de leur ville. Dans
L'Iliade, elle
prend la ressemblance de
Stentor, un des chefs grecs dont la voix plus éclatante
que l'
airain, plus forte que celle de cinquante hommes robustes réunis,
servait de trompette à l'armée.
Comme on
donnait à chaque
dieu quelque attribution particulière,
Junon avait
en partage les royaumes, les empires et les richesses ; c'est aussi ce qu'elle
offrit au berger
Pâris, s'il voulait lui adjuger le prix de la beauté.
Elle prenait, disait-on, un soin particulier des parures et des ornements des
femmes : c'est pour cela que, dans ses statues, ses
cheveux paraissaient élégamment
ajustés. Elle présidait aux
mariages, aux noces, aux accouchements.
Alors, et selon le cas, on l'invoquait sous les noms de
Juga,
Pronuba, Lucine,
etc. Elle présidait aussi à la monnaie, d'où son surnom de
Moneta.
Le culte de
Junon était presque aussi
solennel et aussi répandu que celui de Jupiter. Elle inspirait une vénération
mêlée de crainte. C'est à
Argos,
Samos et Carthage qu'elle
était principalement honorée.
A
Argos, on voyait sur un trône la statue
de cette déesse, d'une grandeur extraordinaire, toute d'or
et d'ivoire : elle avait sur la tête une
couronne au-dessus
de laquelle étaient les
Grâces et les
Heures. Elle
tenait d'une main une
grenade, et de l'autre un sceptre, au bout
duquel était un coucou,
oiseau aimé de la déesse.
A
Samos, la statue de
Junon portait aussi une
couronne : on l'appelait même
Junon la reine ; du reste, elle était couverte d'un grand voile de la tête
aux pieds.
A Lanuvium, en Italie, la
Junon tutélaire
portait une peau de chèvre, une javeline, un petit
bouclier et des escarpins
recourbés en pointe sur le devant.
Ordinairement, elle est représentée
en matrone majestueuse, quelquefois un sceptre à la main,
ou une
couronne radiale sur la tête ; elle a auprès
d'elle un paon, son
oiseau favori.
L'
épervier
et l'oison lui étaient aussi consacrés : ils accompagnent quelquefois
ses statues.
On ne lui sacrifiait pas de vaches, parce
que, durant la guerre des
géants et des
dieux, elle s'était cachée
sous cette forme en Egypte. Le dictame, le pavot, la
grenade lui étaient
donnés en offrande ; ces plantes ornaient ses autels et ses images. La
victime
immolée ordinairement en son honneur était une toute jeune
brebis ; cependant, le premier
jour de chaque mois, on lui
immolait une truie.
Les
prêtresses de
Junon étaient universellement respectées.
Les querelles de
Junon et de Jupiter ne sont, dit-on, qu'une
allégorie : elles représentent les troubles, les perturbations de
l'
air ou du
ciel. Ainsi,
Junon serait l'image de l'atmosphère si souvent
agitée, obscure et menaçante. Quant à Jupiter, il semblerait
personnifier l'éther pur, la sérénité du
firmament
par delà les nuages et les astres. Du reste, une expression de la langue
latine paraît justifier cette
conception. De même que nous disons
"passer la nuit à la belle étoile", c'est-à-dire
en plein
air, les Latins disaient "passer la nuit sous Jupiter". Dans
la même langue, le nom de ce
dieu est employé poétiquement
dans le sens de
pluie, phénomène aussi inexplicable que la foudre
pour les anciens.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 24-29.