Dictionnaire M. Bescherelle
Substantif féminin [Du latin parcæ, fait de parcere, épargner, par antiphrase, parce qu'elles n'épargnent personne] Mythologie
Chacune des trois déesses nommés Clotho,
Lachésis et Atropos, qui filaient, dévidaient et coupaient le fil de la vie des hommes. Maîtresses du sort des hommes, elles en réglaient les destinées ; tout ce qui arrivait dans le monde était soumis à leur empire, et ce pouvoir ne se bornait pas à filer nos
jours, car le mouvement des
sphères célestes et l'
harmonie des principes constitutifs du monde étaient aussi de leur ressort. La vie des hommes dont elles filent la trame est entre leurs mains. Les différentes soies qu'elles emploient dans leur ouvrage forment la différence des
jours heureux et malheureux. Clotho tient la quenouille,
Lachésis tourne le fuseau, Atropos coupe le fil. Les anciens confondaient souvent les
Parques et les Destinées.
Parques :
On compte quelquefois parmi les
Parques Ilithyie, et Pausanias appelle
Vénus la plus ancienne des
Parques.
Parques :
Chez les Romains, les
Parques sont quelquefois appelées Nona, Décima et Morta.
Parques :
Les
Parques scandinaves sont Urda, Véranda et Skulda, le passé, le présent et l'avenir.
Parque : Poétique
Les ciseaux de la
Parque. La
Parque a tranché le fil de ses
jours.
Un véritable
amour brave la main des
Parques. (Corneille)
Et qu'il reste à la
Parque encor de quoi filer. (Boileau)
S'affranchir de la main des
Parques. (Jean-Baptiste Rousseau)
Les dieux livrent enfin la Parque homicide
L'ami, le compagnon, le successeur d'Alcide.
(Racine)
La Parque, ravissant ou son fils ou sa fille,
A-t-elle moissonné l'espoir de sa famille ?
(Boileau)
C'est ainsi que la main des Parques,
Va nous filer ce siècle heureux.
(Jean-Baptiste Rousseau)
Hâtez-vous, le temps fuit, et la Parque ennemie
D'un coup de son ciseau va vous rendre au néant.
(Louis Racine)
Parque :
Se prend quelquefois pour la Mort.
La
Parque cruelle, impitoyable.
Parques : Iconologie
On représente les
Parques sous la figure de trois femmes accablées de vieillesse, avec des
couronnes faites de gros flocons de laine blanche entremêlés de
fleurs de narcisse, et portant dans leurs mains la quenouille et les ciseaux. D'autres leur donnent des
couronnes d'or quelquefois une simple bandelette leur entoure la tête. Rarement elles paraissent voilées.
Parques : Epithètes
Avares, jalouses, insatiables, pâles, livides, blêmes, ridées,
immuables, inflexibles, insensibles, impitoyables, inexorables, sourdes, inhumaines, sévères, terribles, barbares, cruelles, envieuses, rigoureuses,
ennemis, traîtresses, vengeresses, avides.
A : Périphrases
Les filles de la Nuit, les filles du
Destin, les filles de l'
Erèbe, les filles de l'Achéron, les trois surs.
Dans la
poésie familière, on les appelle les trois surs filandières.
Je vis de l'Achéron les filles inflexibles,
Les Parquet aux mortels si frêles, si terribles.
(La Grange-Chancel)
Parque : Ichthyologie
Substantif féminin
Poisson d'Amérique.
Parque : Relat.
Substantif masculin
Chemise ou blouse en fourrure des Kamtschadales.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 784.
Pierre Commelin

Les
Parques, divinités maîtresses du sort des hommes, étaient trois surs, filles de la Nuit ou de l'
Erèbe, ou bien de Jupiter et de
Thémis, ou, selon quelques poètes, filles de la Nécessité et du
Destin. L'obscurité de leur naissance indique qu'elles ont exercé leurs fatales fonctions dès l'origine des êtres et des choses ; elles sont aussi vieilles que la Nuit, que la
Terre et le
Ciel. Elles se nomment Clotho,
Lachésis et Atropos, et habitent un séjour voisin de celui des
Heures, dans les régions
olympiques, d'où elles veillent non seulement sur le sort des mortels, mais encore sur le mouvement des
sphères célestes, et l'
harmonie du monde. Elles ont un palais où les destinées des hommes sont gravées sur le fer et sur l'
airain, de sorte que rien ne peut les effacer.
Immuables dans leurs desseins, elles tiennent ce fil mystérieux,
symbole du cours de la vie, et rien ne peut les fléchir et les empêcher d'en
couper la trame. Une fois cependant, elles consolèrent
Proserpine de la violence qu'on lui avait faite, calmèrent la douleur de
Cérès affligée de la perte de sa fille ; et, lorsque cette déesse fut outragée par
Neptune, ce fut à leurs prières qu'elle consentit à sortir d'une caverne de
Sicile où
Pan la découvrit.
Clotho, ainsi nommée d'un mot grec qui signifie "
filer", paraît être la moins vieille, pour ne pas dire la plus jeune des
Parques. C'est elle qui tient le fil des destinées humaines. On la représente vêtue d'une longue robe de diverses
couleurs, portant une
couronne formée de sept étoiles, et tenant une quenouille qui descend du
ciel en terre. La
couleur qui domine dans ses draperies est le bleu clair.
Lachésis, nom qui en grec signifie "
sort" ou "
action de tirer au sort", est la
Parque qui met le fil sur le fuseau. Ses vêtements sont quelquefois parsemés d'étoiles, et on la reconnaît au grand nombre de fuseaux épars autour d'elle. Ses draperies sont
couleur de
rose.
Atropos, c'est-à-dire en grec "
inflexible", coupe impitoyablement le fil qui mesure la durée de la vie de chaque mortel. Elle est représentée comme la plus âgée des trois surs, avec un vêtement noir et lugubre ; près d'elle, on voit plusieurs pelotons de fil plus ou moins garnis, suivant la longueur ou la brièveté de la vie mortelle qu'ils mesurent.
Les anciens représentaient les
Parques sous la forme de trois femmes au visage sévère, accablées de vieillesse, avec des
couronnes faites de gros flocons de laine entremêlée de narcisse. D'autres leur donnent des
couronnes d'or ; quelquefois une simple bandelette leur entoure la tête ; rarement elles paraissent voilées.
Les Grecs et les Romains rendirent de grands honneurs aux
Parques, et les invoquaient ordinairement après
Apollon, parce que, comme ce
dieu, elles pénétraient l'avenir. On leur
immolait des brebis noires, comme aux
Furies.
Ces divines et infatigables filandières n'avaient pas seulement pour fonction de dérouler et de trancher le fil des destins. Elles présidaient aussi à la naissance des hommes. Enfin, elles étaient chargées de conduire à la lumière et de faire sortir du Tartare les héros qui avaient osé y pénétrer. C'est ainsi qu'elles servirent de guides à
Bacchus, à
Hercule, à
Thésée, à
Ulysse, à Orphée, etc. C'est à elles encore que
Pluton confiait son
épouse, lorsque, suivant l'ordre de Jupiter, elle retournait dans le
ciel pour y passer six mois auprès de sa mère.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 95-98.