Pierre Commelin Les Athéniens avaient fait
de la
Calomnie une divinité. Le grand peintre Apelle, ayant été
calomnié par ses
envieux auprès de Ptolémée,
roi d'Egypte, éclaira l'
esprit de ce prince en lui offrant un
de ses chefs-d'uvre, admirable et saisissante
allégorie
dont voici la description :
La
Crédulité, avec les longues
oreilles de
Midas, est assise sur le trône ; l'
Ignorance
et le
Soupçon l'environnent. La
Crédulité
tend la main à la
Calomnie, qui s'avance vers elle, le
visage enflammé. Cette figure principale occupe le milieu du
tableau : elle secoue une torche d'une main, et de l'autre traîne
l'
Innocence par les
cheveux. Celle-ci est représentée
sous la forme d'un jeune et bel
enfant, qui lève les mains au
ciel, et le prend à témoin des injustes traitements qu'il
éprouve. Devant la
Calomnie marche l'
Envie,
dont le principal emploi est de lui servir de guide ; et elle emprunte
le secours de la
Fraude et de l'
Artifice, ce qui désigne
sa difformité. A une certaine distance, on distingue le
Repentir
sous la figure d'une femme en deuil, aux vêtements déchirés,
les yeux baignés de larmes, dans l'attitude du désespoir,
et tournant les regards vers la
Vérité, qu'on aperçoit
dans le lointain et qui s'avance lentement sur les pas de la
Calomnie.
Les peintres modernes ont représenté
la
Calomnie telle qu'une Furie, aux yeux étincelants, portant
une torche à la main et torturant l'Innocence sous les traits
d'un
éphèbe qui proteste en élevant les mains et
les yeux vers le
ciel.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 428-429.