Dictionnaire M. Bescherelle
Mythologie grecque
Fille du
Ciel et de la
Terre, et sur de
Cybèle, femme de
Saturne, mère de Jupiter.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 1195.
Dom Antoine-Joseph Pernéty Mère des
Dieux et des
Hommes. Hésiode la fait fille du
Ciel et de la
Terre, et femme de
Saturne. Cette Déesse avait plusieurs noms; on l'appelait
Ops,
Proserpine,
Cérès,
Isis,
Rhée. On la représentait ayant une
couronne sur la tête,
formée de plusieurs tours, et une
clef à la main, assise dans un char traîné par quatre
lions. Voyez
Isis,
Cérès,
Rhée, dans les
Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, livre 1, chap. 4 ; livre 4, chap 2 et 3 ; livre 3, chap. 4.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.
Pierre Commelin
Saturne, quoique père des trois principaux
dieux, Jupiter,
Neptune et
Pluton, n'a point eu le titre de père des
dieux chez les poètes, peut-être à cause de la cruauté qu'il exerça envers ses
enfants ; au lieu que
Rhéa, son
épouse, était appelée la mère des
dieux, la Grande Mère, et était honorée sous ce nom.
Les différents noms par lesquels on désigne la mère de Jupiter exprimaient sans doute des attributs différents de la même personne. En réalité, cette déesse, de quelque nom qu'on la désigne, c'est toujours la
Terre, mère commune de tous les êtres.
Rhéa ou
Cybèle était fille de
Titée et du
Ciel, s'ur des
Titans, femme de
Saturne.
Les
fables de
Rhéa et de
Cybèle se confondent. Dans les poètes, il y a même souvent confusion entre ces deux déesses et l'antique
Vesta, femme d'Uranus. Cependant, cest le nom de
Cybèle qui, dans les cérémonies du culte et les croyances
religieuses des peuples, semble avoir été le plus généralement en honneur. Voici ce qu'on racontait de
Cybèle.
Fille du
Ciel et de la
Terre et, par suite, la
Terre elle-même,
Cybèle, femme de
Saturne, était appelée la
Bonne déesse, la Mère des
dieux, comme étant mère de Jupiter, de
Junon, de
Neptune, de
Pluton et de la plupart des
dieux du premier ordre. Aussitôt après sa naissance, sa mère l'exposa dans une
forêt où des bêtes sauvages prirent soin d'elle et la nourrirent. Elle s'éprit damour pour
Atys,
jeune et beau
Phrygien auquel elle confia le soin de son culte,
à condition quil ne violerait pas son vu de
chasteté.
Atys oublia son serment en épousant la nymphe Sangaride,
et
Cybèle len punit dans la personne de sa rivale quelle
fit périr.
Atys en éprouva un violent chagrin. Dans
un accès de frénésie, linfortuné
se mutila lui même ; et il était sur le point
de se pendre, lorsque, touchée dune
compassion tardive,
elle le changea en pin.
Le culte de
Cybèle devint célèbre
dans la
Phrygie, doù il fut porté en
Crète.
Il fut introduit à Rome à lépoque de
la deuxième guerre punique. Le simulacre de la
Bonne déesse,
grosse pierre longtemps conservée à Pessinunte, fut
placé dans le temple de la Victoire sur le mont
Palatin.
Il devint un des gages de la stabilité de lempire,
et une fête fut instituée, avec des combats simulés,
en lhonneur de
Cybèle. Ses mystères, aussi licencieux
que ceux de
Bacchus, étaient célébrés
avec un bruit confus de hautbois et de cymbales : les sacrificateurs
poussaient des hurlements.
On lui offrait en sacrifice une truie, à
cause de sa fertilité, un taureau ou une chèvre, et
les
prêtres sacrifiaient ces victimes, assis, touchant la
terre avec la main. Le buis et le pin lui étaient consacrés,
le premier parce que cétait le
bois dont on faisait
les flûtes, instruments employés dans ses fêtes,
et le second à cause du malheureux
Atys quelle avait
passionnément aimé. Ses
prêtres étaient
les
Cabires, les
Corybantes, les
Curètes, les
Dactyles du
mont
Ida, les Galles, les Semivirs et les Telchines, qui, tous,
en général, étaient
eunuques, en souvenir dAtys.
On représentait
Cybèle sous les
traits et avec la prestance dune femme robuste. Elle portait
une
couronne de chêne,
arbre qui avait nourri les premiers
hommes. Les tours dont sa tête est ceinte indiquent les villes
qui sont sous sa protection ; et la
clé quelle
tient à la main désigne les trésors que le
sein de la terre renferme en
hiver, et quil donne en été.
Elle est portée sur un char traîné par des
lions.
Son char est le
symbole de la terre qui se balance et roule dans
lespace ; les
lions indiquent quil ny a rien
de si farouche qui ne soit apprivoisé par la tendresse maternelle,
ou plutôt quil ny a pas de sol si rebelle qui
ne soit fécondé par lindustrie. Ses vêtements
sont bigarrés, mais surtout verts, allusion à la parure
de la terre. Le tambour près delle figure le globe du monde ; les cymbales, les gestes violents de ses
prêtres indiquent l'activité des laboureurs et le bruit des instruments de l'agriculture.
Quelques poètes ont supposé que
Cybèle était la fille de
Méon et de Dindyme, l'un roi, l'autre reine de
Phrygie.
Son père, s'étant aperçu qu'elle aimait
Atys, fit mourir son amant et ses femmes, et jeter leurs
corps à la voirie.
Cybèle en resta inconsolable.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 9-12.