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Mythologie grecque et romaine

Pierre Commelin
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DIVINITÉS DE LA CAMPAGNE ET DE LA VILLE PARTICULIÈRES À ROME

Faunes - Sylvains

      Chez les Romains, les Faunes et les Sylvains étaient, à peu de différence près, ce qu'étaient les Egipans et les Satyres chez les Grecs. Dieux rustiques, on les représentait sous la même forme que les Satyres, mais sous des traits moins hideux, avec une figure plus joyeuse, et surtout avec moins de brutalité dans leurs amours. Le pin et l'olivier sauvage leur étaient consacrés.
      Les Faunes passaient pour être fils ou descendants de Faunus, troisième roi d'Italie, lequel était, disait-on, fils de Picus ou de Mars, et petit-fils de Saturne. On les distingue des Sylvains par le genre de leurs occupations qui se rapprochent davantage de l'agriculture. Cependant les poètes prétendent qu'on entendait souvent la voix des Faunes dans l'épaisseur des bois. Quoique demi-dieux, ils n'étaient pas immortels, mais ne mouraient qu'après une très longue existence.
      Sur les monuments on voit des Faunes qui ont toute la forme humaine, hors la queue et les oreilles ; quelques-uns paraissent avec un thyrse et un masque. Celui du palais Borghèse, ainsi désigné, est représenté jouant de la flûte.
      Les Sylvains demeuraient de préférence dans les vergers et les bois. Leur père était, paraît-il, un fils de Faunus, peut-être était-il le même dieu que le Pan des Grecs. D'ordinaire le dieu Sylvain est représenté tenant une serpe, avec une couronne de lierre ou de pin, son arbre favori. Quelquefois la branche de pin qui forme sa couronne est remplacée par une de cyprès, à cause de sa tendresse pour le jeune Cyparisse qui, selon certains auteurs, fut métamorphosé en cyprès, ou parce qu'il a le premier appris à cultiver cet arbre en Italie.
      Sylvain avait plusieurs temples à Rome, un en particulier sur le mont Aventin, et un autre dans la vallée du mont Viminal. Il en avait aussi sur le bord de la mer, d'où il était appelé Littoralis.
      Ce dieu était l'épouvantail des enfants qui se plaisent à casser des branches d'arbres. On en faisait une sorte de croquemitaine qui ne laissait pas gâter ou briser impunément les choses confiées à sa garde.


Vertumne

      Vertumne, dont le nom signifie tourner, changer, était sans doute un roi d'Étrurie qui, à cause du soin qu'il avait pris des fruits et de la culture des jardins, obtint, après sa mort, les honneurs de la divinité. Ce qu'il y a de certain, c'est que son culte passa de chez les Etrusques à Rome où on le considérait comme le dieu des jardins et des vergers. Ses attributions différaient de celles de Priape : il veillait surtout à la fécondité de la terre, à la germination des plantes, à leur floraison et à la maturation des fruits.
      Il avait le privilège de pouvoir changer de forme à son gré, et il eut recours à cet artifice pour se faire aimer de la nymphe Pomone qu'il choisit pour épouse. Ce couple heureux et immortel vieillit et se rajeunit périodiquement sans jamais mourir. Vertumne a donné sa foi à la nymphe et lui garde une inviolable fidélité.
      Dans cette fable l'allégorie est transparente ; il est clair qu'il s'agit de l'année et de la succession ininterrompue des saisons. Ovide semble appuyer cette conception de Vertumne, puisqu'il dit que ce dieu prit successivement la figure d'un laboureur, d'un moissonneur, d'un vigneron, enfin d'une vieille femme, désignant ainsi le printemps l'été, l'automne et l'hiver.
      Vertumne avait un temple à Rome, près du marché aux légumes et aux fruits dont il était le dieu tutélaire. Il était représenté sous la figure d'un jeune homme avec une couronne d'herbes de différentes espèces, tenant de la main gauche des fruits, et de la droite une corne d'abondance.


Flore

nbsp;     Flore était une nymphe des îles Fortunées, situées, croyait-on, à l'occident de l'Afrique : les Grecs l'appelaient Chloris. Zéphyre l'aima, la ravit et en fit son épouse, la conservant dans l'éclat de la jeunesse et lui donnant l'empire des fleurs. Leur hymen se célébra au mois de mai, et les poètes, en décrivant les saisons, n'oublient pas de donner une place à ces deux époux dans le cortège du Printemps. Flore était adorée chez les Sabins, qui transportèrent ce culte à Rome.


Pomone

      Pomone, nymphe d'une remarquable beauté, fut recherchée en mariage par tous les dieux champêtres. Elle donna la préférence à Vertumne, à cause de la conformité de leurs goûts. Aucune nymphe ne connaissait comme elle l'art de cultiver les jardins et surtout les arbres fruitiers. Son culte passa de chez les Etrusques à Rome où elle avait un temple et des autels.
      On la représentait ordinairement assise sur un grand panier plein de fleurs et de fruits, tenant de la main gauche quelques pommes, et de la droite un rameau. Les poètes l'ont dépeinte couronnée de feuilles de vigne et de grappes de raisin, tenant dans ses mains une corne d'abondance ou une corbeille remplie de fruits.


Palès

      Palès, quelquefois confondue avec Cérès ou même Cybèle, était la déesse des bergers, chez les Romains ; mais elle ne se bornait pas à prendre sous sa protection les troupeaux ; elle présidait généralement à l'économie rurale : les cultivateurs, aussi bien que les bergers, sont appelés par les poètes les élèves, les favoris de Palès.
      La fête que les Romains célébraient tous les ans en l'honneur de cette déesse se nommait les Palilies. Elle avait lieu le 21 avril. C'était proprement la fête des bergers qui la solennisaient pour chasser les loups et les écarter de leurs troupeaux. Dès le matin de ce jour, le peuple procédait à sa purification avec différents parfums ; on purifiait aussi le bercail et les troupeaux avec de l'eau, du soufre, du pin, du laurier et du romarin dont la fumée se répandait dans la bergerie. Ensuite on faisait un sacrifice non sanglant à la déesse ; on lui offrait du lait, du vin cuit et du millet, puis suivait un festin. Ces cérémonies étaient accompagnées d'instruments de musique, tels que flûtes, cymbales et tambours. Les Palilies coïncidaient avec le jour anniversaire de la fondation de Rome par Romulus.


Le dieu Terme

      Le dieu Terme, de la famille des Faunes et des Sylvains, était le protecteur des bornes que l'on met dans les champs, et le vengeur des usurpations. C'était, aussi un dieu exclusivement romain. Le culte de cette divinité avait été établi par Numa, après la répartition des terres entre les citoyens. Son petit temple s'élevait sur la roche Tarpéienne. Dans la suite, Tarquin le Superbe ayant voulu bâtir un temple à Jupiter sur le Capitole, il fallut déranger les statues et même les sanctuaires qui y étaient déjà. Tous les dieux cédèrent sans résistance la place qu'ils occupaient : le dieu Terme tint bon contre tous les efforts qu'on fit pour l'enlever, et il fallut le laisser en place. Ainsi il resta dans le temple même qu'on éleva en cet endroit. Le peuple romain crut voir dans ce tait une garantie de la durée éternelle de son empire ; de plus, il se persuada qu'il n'y a rien de plus sacré que les limites d'un champ.
      Le dieu Terme fut d'abord représenté sous la figure d'une grosse pierre quadrangulaire ou d'une souche ; plus tard on lui donna une tête humaine placée sur une borne pyramidale ; mais il était toujours sans bras et sans pieds, afin, dit-on, qu'il ne pût changer de place.
      Le jour de sa fête, on lui offrait du lait, du miel, des fruits, rarement de petites victimes ; ce jour-là aussi on ornait de guirlandes les bornes des champs et même des grands chemins.


Janus

      Janus est une divinité romaine sur l'origine de laquelle les mythologues ne sont pas d'accord. Les uns le font Scythe ; les autres, originaire du pays des Perrhèbes, peuple de Thessalie ; enfin, d'autres en font un fils d'Apollon et de Créuse, fille d'Erechtée, roi d'Athènes. Devenu grand, Janus, ayant équipé une flotte, aborda en Italie, y fit des conquêtes et bâtit une ville qu'il appela de son nom Janicule. Toutes ces origines sont obscures et confondues. Mais la légende le fait régner, dès les premiers âges, dans le Latium. Saturne, chassé du ciel, se réfugia dans ce pays, et fut accueilli par Janus qui même l'associa à sa royauté. Par reconnaissance, le dieu détrôné le doua d'une rare prudence qui rendait le passé et l'avenir toujours présents à ses yeux, ce qu'on a exprimé en le représentant avec deux visages tournés en sens contraires.
      Le règne de Janus fut pacifique. C'est à ce titre qu'on le considéra comme le dieu de la paix. Le roi Numa lui fit bâtir à Rome un temple qui restait ouvert en temps de guerre, et qu'on fermait en temps de paix. Ce temple fut fermé une fois sous le règne de Numa ; la seconde fois après la deuxième guerre punique, et trois fois, à divers intervalles, sous le règne d'Auguste.
      Ovide dit que Janus a un double visage parce qu'il exerce son pouvoir sur le ciel, sur la mer comme sur la terre ; il est aussi ancien que le monde ; tout s'ouvre ou se ferme à sa volonté. Lui seul gouverne la vaste étendue de l'univers. Il préside aux portes du ciel, et les garde de concert avec les Heures. Il observe en même temps l'orient et l'occident.
      On le représente tenant d'une main une clé, et de l'autre une verge, pour marquer qu'il est le gardien des portes (januæ) et qu'il préside aux chemins. Ses statues marquent souvent de la main droite le nombre de trois cents, et de la gauche celui de soixante-cinq, pour exprimer la mesure de l'année. Il était invoqué le premier lorsqu'on faisait un sacrifice à quelque autre dieu.
      Il y avait à Rome plusieurs temples de Janus, les uns de Janus Bifrons, les autres de Janus Quadrifrons. Au-delà de la porte du Janicule on avait élevé, en dehors des murs de Rome, douze autels à Janus, par rapport aux douze mois de l'année.
      Sur le revers de ses médailles on voyait un navire ou simplement une proue, en mémoire de l'arrivée de Saturne en Italie sur un vaisseau.
      Le mois de janvier (januarius), auquel le roi Numa donna son nom, lui était consacré.


Postérité de Janus

      Les Latins donnaient à Saturne un fils né dans le Latium, Picus, époux de la belle Canente, fille de Janus. Par ce mariage furent réunies deux familles de dieux aborigènes. Picus, amateur de chevaux, s'occupa surtout des pâturages ; et, malgré sa métamorphose en pivert, il garda toujours dans l'opinion des villageois l'importance et le prestige d'une divinité agreste.
      Son fils Faunus se consacra plus particulièrement à la viticulture avec Fauna, sa femme, qui, malgré son intempérance, fut placée comme lui au rang des immortels.
      A ces divinités, objets de vénération dans les campagnes, on sacrifiait parfois une brebis, un chevreau ; mais le plus souvent on se contentait de leur offrir un peu d'encens, du lait et du miel.
      On peut rapprocher de ce culte celui de Picumnus et de Pilumnus, deux frères, fils de Jupiter et de la nymphe Garamantide. L'un, surnommé Sterquilinius, avait imaginé de fumer les terres ; l'autre avait inventé l'art de moudre le blé. Les meuniers tenaient celui-ci en haute vénération.


Juturne

      Juturne, déesse des Romains, était particulièrement révérée des jeunes filles et des femmes ; des unes pour obtenir d'elle un prompt mariage, des autres pour échapper aux angoisses et aux douleurs de la maternité.
      Juturne, disait-on, était d'une rare beauté ; elle fut aimée de Jupiter, qui en fit une nymphe immortelle et la changea en fontaine intarissable. Cette source était près de Rome, et l'on se servait de ses eaux dans les sacrifices, surtout ceux de Vesta pour lesquels il était défendu d'en employer d'autres : on l'appelait "source virginale".


Carmenta

      Carmenta, divinité romaine, et en même temps prophétesse d'Arcadie, eut de Mercure Evandre avec lequel elle passa en Italie, où Faunus, roi du Latium, les accueillit favorablement. Après sa mort, elle fut admise parmi les dieux Indigètes de Rome. Elle avait un autel près de la porte Carmentale, et un temple dans la ville. On la représente sous les traits d'une jeune fille dont les cheveux, qui frisent naturellement, retombent par anneaux sur les épaules ; elle porte une couronne de fèves, et près d'elle se trouve une harpe, symbole de son caractère prophétique.




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