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Mythologie grecque et romaine

Pierre Commelin
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EMIGRATION TROYENNE

Enée

      Enée, issu du sang des rois de Troie, fils d'Anchise et de Vénus, petit-fils d'Assaracus, fut élevé par le fameux Chiron, comme s'il eût été un prince de la Grèce. Il apprit de lui tous les exercices qui peuvent contribuer à former un héros. Après avoir pris les leçons de cet habile maître, il épousa Créuse, fille de Priam.

      Lorsque Pâris eut enlevé Hélène, Enée prévit les tristes suites de cette violation de l'hospitalité, et conseilla de rendre celle qui devait causer la perte de sa patrie. Quoiqu'il eût blâmé la guerre, il ne laissa pas de s'y conduire avec courage. Homère ne met qu'Hector au-dessus de lui, et, malgré sa prévention en faveur des Grecs, il ne fait céder Enée qu'à Achille et à Diomède ; encore Enée ne prend-il pas la fuite, mais est dérobé au combat, tantôt par Apollon, tantôt par Vénus.

      Dans la nuit où Troie succomba, il essaye vaillamment d'arrêter et de repousser les ennemis dans les rues de la ville ; mais, débordé par le nombre, et voyant que tout est perdu sans espoir, il charge sur son dos son père Anchise, avec ses dieux pénates, et, tenant son fils Ascagne par la main, il se retire sur le mont Ida avec ce qu'il a pu réunir de Troyens, entre autres le vieil Alétès, Ilionée, Abas, Oronte et un ami, le fidèle Achate.

      Dans cette fuite précipitée, il perdit sa femme Créuse. Il revint sur ses pas dans l'espérance de la retrouver ; mais elle lui apparut comme une ombre, et lui révéla qu'elle avait été enlevée par Cybèle.

      Après avoir construit une flotte de vingt vaisseaux et côtoyé la Thrace, une partie de la Grèce, il relâcha en Epire, où il trouva Hélénus qui lui prédit la suite de ses épreuves. Puis il remit à la voile, essuya plusieurs tempêtes, aborda en Afrique et fut reçu à Carthage par Didon, que Vénus disposa en sa faveur. Aimé de cette princesse, le héros s'oublia quelque temps dans les plaisirs de sa cour ; mais Mercure vint l'arracher à ce piège que la haine de Junon avait tendu à sa gloire ; et de la Sicile où l'appelait la célébration des jeux funèbres en l'honneur d'Anchise mort dans cette île l'année précédente, il arriva en Italie, consulta la sibylle de Cumes, descendit aux Enfers, vit dans les Champs-Elysées les héros troyens et son père dont il apprit sa destinée et celle de sa postérité.

      Revenu des Enfers, il vint camper sur les bords du Tibre où Cybèle changea ses vaisseaux en nymphes. Là l'accomplissement de plusieurs oracles l'avertit que ses courses étaient terminées. Latinus, roi du pays, l'accueillit favorablement ; mais la violence de Turnus rompit la paix qui venait d'être jurée, et entraîna le vieux monarque dans une guerre qui finit par la mort de Turnus. Enée, après l'avoir tué en combat singulier, épousa Lavinie, fille de Latinus, et fonda la ville de Lavinium, que les Romains regardaient comme le berceau de leur empire.

      Après quatre années d'un règne paisible, les Rutules, ligués avec les Etrusques, recommencèrent la guerre. Il se livra une sanglante bataille à la suite de laquelle Enée disparut, noyé, dit-on, dans le Numicius, cours d'eau qui se jette dans la mer Tyrrhénienne. Il avait trente-huit ans. Mais, cette fin ne paraissant pas digne d'un tel héros, on prétendit et l'on publia que Vénus, sa mère, l'avait enlevé au ciel, après avoir lavé son corps dans les eaux du petit fleuve. On lui éleva un monument sur les bords du Numicius, et les Romains l'honorèrent sous le nom de Jupiter Indigète.



Latinus

      Latinus, roi du Latium, était fils de Faunus et de la nymphe Marica. Il avait eu de son épouse Amate un fils mort à la fleur de l'âge. Il ne lui restait plus qu'une fille, Lavinie, jeune princesse recherchée en mariage par plusieurs princes d'Italie, et surtout par Turnus, roi des Rutules, qu'Amate, sa tante, favorisait. Mais d'effrayants prodiges avaient retardé cette union.

      Un jour que la princesse brûlait des parfums sur l'autel, le feu prit à sa chevelure, s'attacha à ses vêtements, répandit autour d'elle des tourbillons de flamme et de fumée, sans qu'elle en éprouvât aucun mal. Les devins consultés augurèrent que sa destinée serait brillante, mais fatale à son peuple ; et Faunus défendit à Latinus de marier sa fille à un prince du Latium, annonçant un étranger dont le sang mélé avec le sien devait élever jusqu'au ciel la gloire du nom latin.

      Ce fut alors qu'Enée aborda en Italie, et vint demander un asile à Latinus. Le roi le reçut bien, et, se rappelant l'oracle de Faunus, il fit alliance avec Enée, et lui offrit sa fille en mariage. Les Latins s'y opposèrent et forcèrent leur prince à la guerre. Le Troyen ayant eu l'avantage devint possesseur de la princesse et héritier de Latinus.

      Veuve d'Enée, et voyant son trône occupé par Ascagne, Lavinie ne fut pas sans crainte pour ses jours. Elle alla se cacher dans les forêts où elle mit au monde un fils qui prit le nom de Silvius. L'absence de cette princesse fit murmurer le peuple ; Ascagne fut obligé de la faire chercher et de lui céder la ville de Lavinium.



Evandre

      Evandre fut le chef d'une colonie d'Arcadiens qui vint s'établir dans l'Italie, aux environs du mont Aventin. Ce prince y apporta, avec l'agriculture, l'usage des lettres, et s'attira par là, et plus encore par sa sagesse, l'estime et le respect des aborigènes qui, sans l'avoir pris pour roi, lui obéirent comme à un ami des dieux.

      Evandre reçut chez lui Hercule, et voulut être le premier à l'honorer comme une divinité, même de son vivant ; on éleva à la hâte un autel devant Hercule, et Evandre immola, en son honneur, un jeune taureau. Dans la suite ce sacrifice fut renouvelé tous les ans sur le mont Aventin.

      On prétend que c'est Evandre qui apporta en Italie le culte de la plupart des divinités des Grecs, qui institua les premiers Saliens, les Luperques et les Lupercales. Il bâtit à Cérès le premier temple sur le mont Palatin.

      Virgile suppose qu'il vivait encore du temps d'Enée, avec qui il fit alliance et qu'il aida de ses troupes. D'après le même poète, Evandre envoya son propre fils Pallas secourir les Troyens d'Enée. Ce jeune et beau guerrier, après s'être signalé par ses exploits, meurt sur le champ de bataille. Sa mort et ses funérailles, décrites dans L’Enéide, forment deux tableaux du plus pathétique intérêt.

      Evandre, après sa mort, fut placé, par la reconnaissance de ses sujets, au rang des immortels : il reçut tous les honneurs divins. Quelques mythologues sont persuadés que c'était Evandre qu'on honorait dans Saturne, et que son règne fut l'âge d'or de l'Italie.



Ascagne ou Iule

      Ascagne ou Iule était le fils unique d'Enée et de Créuse, fille de Priam. La nuit de la prise de Troie, Enée et Anchise étant indécis sur le parti qu'ils devaient prendre, une flamme légère qu'ils virent tout à coup voltiger autour de la tête d'Ascagne, sans brûler ses cheveux, leur parut un présage favorable, qui les décida à chercher un nouvel établissement dans les pays étrangers.

      En Italie, Ascagne succéda à son père et bâtit Albe-la-Longue dont il fit la capitale de son royaume.



Nisus et Euryale

      Deux jeunes guerriers troyens, Nisus, fils d'Hyrtacus, et Euryale, fils d'Opheltès, avaient suivi Enée en Italie. Ils étaient liés d'une amitié indissoluble. Un soir, en l'absence d'Enée, Nisus le plus âgé des deux, étant de garde à la porte du Camp investi par les Rutules, conçoit le projet de franchir les lignes ennemies pour aller chercher le héros, leur chef. Euryale approuve son ami, et, malgré son âge, ne veut pas le laisser partir seul : il recommande sa mère à Iule, et les deux jeunes guerriers partent ensemble. Après avoir massacré un grand nombre de Rutules endormis, ils rencontrent un détachement latin conduit par Volcens. Nisus échappe, Euryale est pris, et va périr ; Nisus revient sur ses pas et demande inutilement à mourir à la place de son jeune ami. Euryale est égorgé, et Nisus ne succombe qu'après avoir vengé sa mort par celle de Volcens.

      Tel est le résumé de l'admirable récit de Virgile, au neuvième livre de L’Enéide.




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