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Mythologie grecque et romaine

Pierre Commelin
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LE MONDE INFERNAL

Les Enfers

      Dans la mythologie grecque et romaine, les Enfers sont les lieux souterrains où descendent les âmes après la mort pour y être jugées, et recevoir le châtiment de leurs fautes ou la récompense de leurs bonnes actions. « Toutes les routes conduisent aux Enfers, » a dit un poète de l'antiquité, c'est-à-dire à la mort et au jugement qui doit la suivre. Ces lieux souterrains, situés à une profondeur incommensurable au-dessous de la Grèce et de l'Italie, s'étendaient jusqu'aux extrêmes confins du monde alors connu ; et, de même que la terre était entourée par le fleuve Océan, ils étaient circonscrits et bornés par le royaume de la Nuit. Leur entrée, pour les Grecs, se trouvait dans les antres voisins du cap Ténare, au sud du Péloponnèse ; les Romains en supposaient d'autres plus rapprochés d'eux : par exemple, les gouffres du lac Averne, les grottes voisines de Cumes. Au reste, en Grèce ainsi qu'en Italie, il était admis et convenu que toutes les cavernes, toutes les anfractuosités, les crevasses du sol, dont personne n'avait sondé la profondeur, pouvaient être en communication avec les Enfers.
      Il serait superflu autant que puéril de tenter une description de cet empire souterrain où l'imagination des poètes, aidée de la crédulité des peuples, s'est plu à introduire des particularités divergentes et souvent contradictoires. Cependant, il est possible de se faire une idée générale de la carte géographique des Enfers telle que l'antiquité l'imaginait dans son ensemble. On y distinguait quatre régions principales.
      La première, la plus voisine de la terre, était l'Erèbe ; au-delà se trouvait l'Enfer des méchants ; dans la troisième région était le Tartare, et la quatrième comprenait les Champs-Elysées.
      Dans l'Erèbe, on voyait le palais de la Nuit, celui du Sommeil et des Songes : c'était le séjour de Cerbère, des Furies et de la Mort. C'est là qu'erraient pendant cent ans les ombres infortunées dont les corps n'avaient pas reçu de sépulture ; et, lorsque Ulysse évoqua les morts, ceux qui lui apparurent, dit Homère, ne sortirent que de l'Erèbe.
      L'Enfer des méchants était le lieu redoutable de toutes les expiations : c'est là que le crime subissait son juste châtiment, là que le remords rongeait ses victimes, là enfin que se faisaient entendre les lamentations et les cris aigus de la douleur. On y voyait tous les genres de torture. Cette région affreuse, dont les plaines n'étaient qu'aridité, les montagnes que roches et escarpements, renfermait des étangs glacés et des lacs de soufre et de poix bouillante, où les âmes étaient successivement plongées, et subissaient tour à tour les épreuves d'un froid ou d'une chaleur extrêmes. Elle était entourée de marécages bourbeux et fétides, de fleuves aux eaux croupissantes ou embrasées formant une barrière infranchissable, et ne laissant aux âmes aucun espoir de fuite, de consolation, ni de secours.
      Le Tartare proprement dit venait après cet Enfer : c'était la prison des dieux. Environné d'un triple mur d'airain, il soutenait les vastes fondements de la terre et des mers. Sa profondeur l'éloignait autant de la surface de la terre que celle-ci était éloignée du ciel. C'est là qu'étaient renfermés les Titans, les Géants et les dieux anciens chassés de l'Olympe par les dieux régnants et victorieux ; c'est là aussi que se trouvait le palais du roi des Enfers.
      Les Champs-Elysées formaient le séjour heureux des âmes vertueuses : il y régnait un éternel printemps ; la terre toujours riante se couvrait sans cesse de verdure, de feuillage, de fleurs et de fruits. A l'ombre des bosquets embaumés, des bois, des massifs de rosiers et de myrtes égayés par le chant et le ramage des oiseaux, arrosés par les eaux du Léthé au doux murmure, les âmes fortunées goûtaient le plus délicieux repos, et jouissaient d'une jeunesse perpétuelle, sans inquiétude et sans douleur. Etendus sur des lits d'asphodèle, plante au pâle feuillage, ou mollement assis sur le frais gazon, les héros se contaient mutuellement leurs exploits, ou écoutaient les poètes célébrer leur nom dans des vers d'une ravissante harmonie.
      Enfin, dans les Champs-Elysées, on avait réuni tous les charmes et les plaisirs, comme on avait accumulé dans l'Enfer des coupables toutes les sortes de tourment.
      Devant le vestibule des Enfers, dans l'étroit passage qui conduit au sombre séjour, habitent des spectres effrayants. C'est là que la Douleur, le Deuil, les cuisants Remords, les pâles Maladies, la triste Vieillesse, la Terreur, la Famine, mauvaise conseillère, la honteuse Indigence, la Fatigue, l'Epuisement, la Mort ont élu domicile. Là aussi, on peut voir le Sommeil, frère de la Mort, les Joies coupables et en face d'elles la Guerre meurtrière, les cages de fer des Euménides et l'aveugle Discorde dont la chevelure de serpents est enlacée de bandelettes ensanglantées. Au milieu du vestibule s'élève un orme touffu, de grandeur immense, où demeurent les Songes chimériques : on les voit qui adhèrent sous toutes les feuilles. En ce lieu se trouvent encore beaucoup d'autres spectres monstrueux de toute espèce et de toute conformation : ils représentent des centaures, des êtres hybrides, des géants aux cent bras, l'Hydre de Lerne, une Chimère qui vomit des flammes et poussent d'horribles sifflements, des Gorgones, des Harpyes, des hommes composés de trois corps réunis en un seul. C'est par cet épouvantable sentier qu'arrivent les ombres, et de là elles s'acheminent vers leurs juges, mais il faut que tout d'abord elles traversent les fleuves infernaux.


Le Styx - L’Achéron - Le Cocyte - Le Phlheacute;géthon

      Les principaux fleuves des Enfers étaient le Styx, l'Achéron, le Cocyte et le Phlégéton.
      Styx était une nymphe, fille de l'Océan et de Téthys ; et de tous les enfants à qui ils avaient donné le jour, dit Hésiode, elle fut la plus respectable. Pallas, fils de Créius et d'Eurybie, en devint amoureux, et la rendit mère de Zélus, de la Force et de Nicé ou la Victoire.
      Lorsque Jupiter, pour punir l'orgueil des Titans, appela tous les immortels à son secours, ce fut Styx qui accourut la première avec sa redoutable famille. Le maître des dieux sut reconnaître un tel empressement à le servir. Il admit à sa table les enfants de cette nymphe si dévouée ; et, par la distinction la plus flatteuse, il voulut qu'elle fût le lien sacré des promesses des dieux. Il établit les peines les plus graves contre ceux qui violeraient les serments faits en son nom. Quand Jupiter lui-même jure par le Styx, son serment est irrévocable.
      La nymphe Styx présidait à une fontaine d'Arcadie dont les eaux silencieuses formaient un ruisseau qui disparaissait sous terre, et par suite allait couler dans les régions infernales. Là, ce ruisseau devenait un fleuve fangeux qui débordait dans d'infectes marécages couverts d'une sombre nuit.
      Achéron, fils du Soleil et de la Terre, fut changé en fleuve, et précipité dans les Enfers, pour avoir fourni de l'eau aux Titans lorsqu'ils déclarèrent la guerre à Jupiter. Trois petits fleuves de ce nom coulaient en Grèce : en Epire, en Elide, et en Laconie. Celui-ci disparaissait aux environs du cap Ténare, ce qui explique la fable. L'Achéron, comme le Styx, était un fleuve que les ombres passaient sans retour. En grec, son nom exprime la Tristesse et l'Affliction.
      Il est représenté sous la figure d'un vieillard couvert d'un vêtement humide. Il se repose sur une urne noire, d'où sortent des ondes écumantes, parce que le cours de l'Achéron est si impétueux qu'il entraîne comme des grains de sable de gros blocs de rochers. Le hibou, oiseau lugubre, est un de ses attributs.
      Le Cocyte, aux Enfers, est un affluent de l'Achéron. En Epire, non loin du lac Achéruse, il y avait un cours d'eau de ce nom. C'est sur les bords du Cocyte infernal que les ombres des morts privés de sépulture étaient condamnées à errer pendant cent ans avant de comparaître devant le tribunal suprême et de connaître leur sort définitif. C'était le fleuve des gémissements ; il entourait la région du Tartare, et son cours n'était formé, dit-on, que par les abondantes larmes des méchants. On représentait sur son rivage des ifs, des cyprès et autres arbres au feuillage sombre. Dans son voisinage se trouvait une porte posée sur un seuil et des gonds d'airain, entrée des Enfers.
      Le Phlégéton, autre affluent de l'Achéron, roulait des torrents de flamme sulfureuse. On lui attribuait les qualités les plus nuisibles. Son cours assez long, en sens contraire du Cocyte, entourait la prison des méchants.


Pluton ou Hadès

Pluton / Hadès       Pluton, ou le plus souvent en grec Hadès, frère de Jupiter et de Neptune, était le troisième fils de Saturne et de Rhéa. Arraché, grâce à Jupiter, du sein de son père qui l'avait dévoré, il se montra reconnaissant d'un tel bienfait et n'hésita pas à seconder son frère contre les Titans. Après la victoire, il obtint en partage le royaume des Enfers. A cause de sa laideur ou de la dureté de ses traits, aucune déesse ne consentit à partager sa couronne. C'est pourquoi il résolut d'enlever Proserpine, et il en fit son épouse.
      Son palais est établi au milieu du Tartare. C'est de là qu'il veille, en souverain, à l'administration de ses Etats, et dicte ses inflexibles lois. Ses sujets, ombres légères et presque toutes misérables, sont aussi nombreux que les vagues de la mer et les étoiles du firmament ; tout ce que la mort moissonne sur la terre retombe sous le sceptre de ce dieu, augmente sa richesse ou devient sa proie. Depuis le jour où il a inauguré son règne, pas un de ses ministres n'a enfreint ses ordres, pas un de ses sujets n'a tenté une rébellion. Des trois dieux souverains qui gouvernent le monde, il est le seul qui n'ait jamais à craindre l'insubordination ou la désobéissance, le seul dont l'autorité soit universellement reconnue.
      Mais, pour être obéi, il n'en est pas moins haï et redouté. Aussi n'avait-il sur la terre ni temple ni autel, et l'on ne composait point d'hymnes en son honneur. Le culte que les Grecs lui rendaient était distingué par des cérémonies particulières. Le prêtre faisait brûler de l'encens entre les cornes de la victime, la liait, et lui ouvrait le ventre avec un couteau dont le manche était rond et le pommeau d'ébène. Les cuisses de l'animal étaient tout particulièrement consacrées à ce dieu. On ne pouvait lui sacrifier que dans les ténèbres, et des victimes noires, dont les bandelettes étaient de la même couleur, et dont la tête devait être tournée vers la terre. Il était surtout honoré à Nysa, à Opunte, à Trézène, à Pylos, et chez les Eléens où il avait une sorte de sanctuaire qui n'était ouvert qu'un seul jour dans l'année ; encore n'était-il permis d'y pénétrer qu'aux sacrificateurs. Epiménide, dit Pausanias, avait fait placer sa statue dans les temples des Euménides, et, contre l'usage ordinaire, il y était représenté sous une forme et dans une attitude agréables.
      Les Romains avaient mis Pluton non seulement au nombre des douze grands dieux, mais parmi les huit dieux choisis, les seuls qu'il fût permis de représenter en or, en argent, en ivoire. Il y avait à Rome des prêtres victimaires uniquement consacrés à Pluton. On lui immolait, comme en Grèce, des victimes de couleur sombre, et toujours en nombre pair, tandis que l'on ne sacrifiait aux autres dieux que des victimes en nombre impair. Elles étaient entièrement réduites en cendres, et le prêtre n'en réservait rien, ni pour le peuple ni pour lui. Avant de les immoler, on creusait une fosse pour recevoir le sang, et on y répandait le vin des libations. Durant ces sacrifices, les prêtres avaient la tête découverte, et le silence absolu était recommandé aux assistants, moins encore par respect que par crainte du dieu.
      Pluton fut tellement redouté des peuples de l'Italie que le criminel condamné au supplice lui était d'abord dévoué. Après cet acte religieux, tout citoyen qui rencontrait le coupable pouvait impunément lui ôter la vie.
      Sur le mont Soracte, en Italie, Pluton partageait les honneurs d'un temple commun avec Apollon ; ainsi, les Falisques, habitants du pays, avaient cru devoir honorer à la fois et la chaleur souterraine et celle de l'astre du jour. Les peuples Latium et des environs de Crotone avaient consacré au roi des Enfers le nombre deux comme un nombre malheureux ; pour la même raison, les Romains lui consacrèrent le second mois de l'année, et, dans ce mois, le second jour fut encore plus particulièrement désigné pour lui offrir des sacrifices.
      Pluton est ordinairement représenté avec une barbe épaisse et un air sévère. Souvent, il porte son casque, présent des Cyclopes, et dont la propriété était de le rendre invisible ; parfois, il a le front ceint d'une couronne d'ébène, ou de capillaire, ou de narcisse. Lorsqu'il est assis sur son trône d'ébène ou de soufre, il tient de la main droite soit un sceptre noir, soit une fourche ou une pique. Quelquefois, il tient des clés dans ses mains, pour exprimer que les portes de la vie sont fermées sans retour à ceux qui parviennent dans son empire.
      On le représente aussi dans un char traîné par quatre chevaux noirs et fougueux.
      L'attribut qu'on voit le plus souvent auprès de lui, c'est le cyprès, dont le feuillage sombre exprime mélancolie et la douleur. Les prêtres de ce dieu s'en faisaient des couronnes et en parsemaient leurs vêtements dans les sacrifices.


Proserpine, en grec Perséphonè ou Corè

Enlèvement de Proserpine      Fille de Cérès et de Jupiter, Proserpine fut enlevée par Pluton, un jour qu'elle cueillait des fleurs, et malgré la résistance opiniâtre de Cyané, sa compagne. Cérès, accablée de chagrin à la perte de sa fille, et revenue de ses longs voyages à travers le monde sans avoir de ses nouvelles, apprit enfin par Aréthuse, ou par la nymphe Cyané, le nom du ravisseur. Indignée, elle demanda que Jupiter la fît revenir des Enfers – ce que le dieu lui accorda, pourvu toutefois qu'elle n'y eût encore rien mangé. Ascalaphe, fils de l'Achéron et officier de Pluton, rapporta qu'il l'avait vue manger six pépins de grenade depuis son entrée dans les sombres demeures. En conséquence, Proserpine fut condamnée à rester dans les Enfers en qualité d'épouse de Pluton et de reine de l'empire des Ombres.
      Selon d'autres, Cérès obtint de Jupiter que Proserpine passerait six mois de l'année avec sa mère. La scène de l'enlèvement de cette déesse par Pluton est placée en divers lieux, par les uns en Sicile, au pied du mont Etna, par d'autres en Attique, en Thrace, en Ionie. Quelques-uns ont choisi pour le lieu de la scène une forêt près de Mégare, que la tradition fit regarder comme sacrée. Orphée dit, au contraire, que la déesse fut conduite sur la mer par son redoutable amant qui disparut au milieu des ondes. Dans cette fable, certains mythologues ont cru voir l'emblème de la germination.
      On croyait communément que personne ne pouvait mourir sans que Proserpine, par elle-même, ou par le ministère d'Atropos, lui eût coupé un cheveu fatal auquel la vie était attachée.
      C'est en Sicile que le culte de cette déesse était le plus solennel, et les Siciliens ne pouvaient assurer la fidélité de leurs promesses par un serment plus fort qu'en jurant par Proserpine. Dans les funérailles, on se frappait la poitrine en son honneur ; les amis, les serviteurs du mort se coupaient parfois les cheveux et les jetaient dans le bûcher funèbre pour fléchir cette divinité. On lui immolait des génisses stériles. Les Arcadiens lui avaient consacré un temple sous le nom de Conservatrice, parce qu'ils l'invoquaient pour retrouver les objets perdus.
      Cette déesse est ordinairement représentée à côté de son époux, sur un trône d'ébène, et portant un flambeau qui jette une flamme mêlée d'une fumée noirâtre. Dans la scène du rapt, elle paraît évanouie sur le char qui doit la transporter aux Enfers. Le pavot est son attribut ordinaire. Si parfois on lui met dans la main droite un bouquet de narcisse, c'est parce que, dit-on, elle était occupée à cueillir cette fleur printanière quand elle fut surprise et enlevée par Pluton.
      On lui donnait en grec le nom de Corè, c'est-à-dire "la jeune fille", parce qu'on supposait que la reine de l'empire des Morts ne devait pas avoir d'enfant, ou parce qu'elle n'était encore qu'une adolescente quand elle descendit aux Enfers. Elle eut cependant un fils de Jupiter qui se fit aimer d'elle sous la forme d'un serpent. Ce fils, nommé Sabasius, était d'une habileté remarquable ; ce fut lui qui sut coudre Bacchus dans la cuisse de son père.
      Proserpine et Pluton n'étaient pas toujours et partout considérés comme des divinités infernales. Certains peuples, qui se livraient surtout à l'agriculture, les honoraient comme les divinités mystérieuses de la fécondation de la terre, et ne commençaient les semailles qu'après leur avoir fait des sacrifices.


Charon

      Charon, fils de l’Erèbe et de la Nuit, était un dieu vieillard. Il avait pour fonction de transporter au delà du Styx et de l'Achéron les ombres des morts dans une barque étroite, chétive et de couleur funèbre. Il était non seulement vieux, mais avare ; il ne prenait dans sa barque que les ombres de ceux qui avaient reçu la sépulture, et qui lui payaient leur passage. La somme exigée ne pouvait être au-dessous d'une obole ni au-dessus de trois ; aussi avait-on soin de mettre dans la bouche du mort l'argent nécessaire pour payer le passage.
      Charon repoussait impitoyablement les ombres de ceux qui avaient été privés de sépulture, et les laissait errer pendant cent ans sur le bord du fleuve où elles tendaient vainement les bras vers l'autre rive.
      Nul mortel vivant ne pouvait entrer dans sa barque, à moins qu'un rameau d'or, consacré à Proserpine et détaché d'un arbre fatidique, ne lui servît de sauf-conduit. C'est ainsi que la Sibylle de Cumes dut en donner un au pieux Enée, lorsqu'il voulut descendre dans les Enfers. On prétend même que Charon avait été puni et exilé pendant un an dans les profondeurs obscures du Tartare pour avoir passé Hercule qui n'était pas muni de ce magnifique et précieux rameau.
      Ce nocher des Enfers est représenté comme un vieillard maigre, grand et robuste : ses yeux vifs, son visage majestueux, quoique sévère, ont une empreinte divine. Sa barbe est blanche, longue et touffue ; ses vêtements sont d'une teinte sombre et souillés du noir limon des fleuves infernaux. Il est ordinairement debout dans sa nacelle, et tient à deux mains son aviron.



Cerbère

Cerbère et Pluton      Cerbère, chien à trois têtes, au cou hérissé de serpents, issu du géant Typhon et du monstre Echidma, était le frère d'Orthus, de la Chimère, du Sphinx, de l'Hydre de Lerne et du Lion de Némée. Ses dents noires, tranchantes, pénétraient jusqu'à la moelle des os, et injectaient dans leur morsure un poison mortel. Couché dans un antre, sur la rive du Styx, où il était attaché avec des liens de serpents, il gardait la porte des Enfers et du palais de Pluton. Il caressait les ombres qui entraient, et menaçait de ses aboiements et des trois gueules béantes celles qui voulaient en sortir. Hercule l'enchaîna lorsqu'il retira Alceste des Enfers, et l'arracha du trône de Pluton sous lequel il s'était réfugié.
      En Thessalie, et dans différents pays de la Grèce, on montrait des cavernes par où, disait-on, Hercule avait amené sur la terre ce monstre infernal. Mais, selon la croyance ou la légende populaire la plus répandue, c'était par la caverne du cap Ténare, en Laconie, que Cerbère, enchaîné et têtes basses, était venu à la suite de son vainqueur. En ce lieu, et en souvenir de cette victoire, on avait élevé un temple à Hercule, après avoir comblé le souterrain.
      Orphée endormit Cerbère au son de sa lyre lorsqu'il alla chercher Eurydice ; la Sibylle de Cumes l'endormit aussi avec une pâte assaisonnée de miel et d'opium lorsqu'elle conduisit Enée aux Enfers.
      Sur les médailles, les monnaies et les vases antiques, Cerbère accompagne toujours Pluton ; mais c'est dans les liens ou entre les mains d'Hercule que les peintres et les sculpteurs l'ont le plus souvent représenté.



Les Juges des Enfers

      Après avoir reçu les honneurs de la sépulture, et franchi le Styx et l'Achéron, les âmes comparaissent devant leurs juges. Là les princes dépouillés de leur puissance, les riches privés de leurs trésors sont mis au rang des humbles et des pauvres : les coupables ne peuvent compter sur aucun appui, aucune protection ; la calomnie ne peut non plus noircir ni même atteindre les gens de bien. Le tribunal est placé dans un endroit appelé le Champ de la Vérité, parce que ni le mensonge ni la médisance n'en peuvent approcher : d'un côté il aboutit au Tartare, de l'autre aux Champs-Elysées.
      Les juges sont au nombre de trois : Rhadamanthe, Eaque et Minos. Les deux premiers instruisent la cause, et prononcent ordinairement la sentence ; en cas d'incertitude ou d'indécision, Minos, qui occupe le siège le plus élevé entre les deux autres juges, intervient comme arbitre, et son verdict est sans appel. Peines et récompenses sont proportionnées aux crimes et aux vertus. Il y a des fautes inexpiables qui entraînent des condamnations à perpétuité ; il y a d'autres fautes moins graves qui permettent la délivrance du coupable après expiation.
      Si les trois juges des Enfers ont été investis de si importantes fonctions, c'est qu'ils furent sur la terre des modèles d'équité.
      Rhadamanthe, fils de Jupiter et d'Europe, était frère de Minos. Venu d'abord en Béotie où il épousa Alcmène, veuve d'Amphitryon, il alla ensuite s'établir en Lycie, et partout il acquit la réputation d'un prince juste, mais sévère ; aussi les jugements qu'il rend aux Enfers sont-ils empreints non seulement de justice, mais d'une rigoureuse sévérité. Il est désigné pour juger particulièrement les habitants de l'Afrique et de l'Asie. Ce fut lui qui apprit à Hercule à tirer de l'arc. Il est ordinairement représenté tenant un sceptre et assis sur un trône près de Saturne, à la porte des Champs-Élysées.
      Eaque, fils de Jupiter et d'Egine, naquit dans l'île qui porte le nom de sa mère, et dont il fut roi. Il est chargé aux Enfers de juger les Européens. La peste ayant dépeuplé son petit royaume, il obtint de son père que les fourmis fussent changées en hommes, et appela ses nouveaux sujets Myrmidons (du mot grec murmex, fourmi). Il fut le père de Pélée et le grand-père d'Achille.
      Minos, frère de Rhadamanthe, et, comme lui, fils de Jupiter et d'Europe, gouverna l'île de Crète avec beaucoup de sagesse et de douceur. Pour donner à ses lois plus d'autorité, il se retirait tous les neuf ans dans un antre, où il prétendait que Jupiter les lui dictait. Il fonda en Crète plusieurs villes, entre autres Gnosse et Phestus. Président de la cour infernale, il scrute attentivement la vie des mortels, et soumet toutes leurs actions au plus sévère examen. On le représente avec un sceptre à la main, citant les morts à son tribunal, ou assis au milieu des ombres dont on plaide les causes en sa présence.



Les Furies, ou Euménides, ou Erinnyes

      Les Furies ou, par antiphrase, les Euménides, c'est-à-dire en grec les Bienveillantes, sont appelées aussi lesEÉrinnyes. Ce sont les divinités infernales chargées d'exécuter sur les coupables la sentence des juges. Elles doivent leur nom à la fureur qu'elles inspirent.
      Ministres de la vengeance des dieux, elles ont dû exister dès l'origine du monde : elles sont vieilles comme le crime qu'elles persécutent, comme l'innocence qu'elles s'efforcent de venger. Selon les uns, elles ont été formées dans la mer par le sang de Cælus, lorsque ce dieu antique fut outragé et blessé par Saturne. Selon Hésiode, qui les fait plus jeunes d'une génération, elles naquirent de la Terre qui les avait conçues du sang de Saturne blessé par Jupiter. Ailleurs ce poète les dit filles de la Discorde. Eschyle prétend qu'elles ont été engendrées par la Nuit et l'Achéron. Enfin Sophocle les fait sortir de la Terre et des Ténèbres, et Epiménide les suppose filles de Saturne et d'Évonyme, sœurs de Vénus et des Parques. Leur pouvoir s'exerce non seulement aux Enfers, mais encore sur la terre et même dans le ciel.
      Les plus connues des Furies, les plus souvent citées par les poètes sont Tisiphone, Mégère et Alecton.
      Tisiphone, vêtue d'une robe ensanglantée, est assise, et veille nuit et jour à la porte du Tartare. Dès que l'arrêt est prononcé aux criminels, elle s'arme de son fouet vengeur, les frappe impitoyablement, et insulte à leurs lamentations ; de la main gauche elle leur présente des serpents horribles, et appelle ses barbares sœurs pour la seconder. C'est elle qui, pour punir les mortels, répandait la peste et les fléaux contagieux ; c'est encore elle qui poursuivit Etéocle et Polynice, et fit naître en eux cette haine insurmontable qui survécut même au trépas. Cette furie avait sur le mont Cithéron un temple environné de cyprès, où Œdipe, aveugle et banni, vint chercher un asile.
      Mégère, sa sœur, a pour mission de semer parmi les hommes les querelles et les disputes. C'est elle aussi qui poursuit les coupables avec le plus d'acharnement.
      Alecton, la troisième furie, ne laisse aux criminels aucun repos ; elle les tourmente sans relâche. Odieuse à Pluton même, elle ne respire que la vengeance, et il n'est point de forme qu'elle n'emprunte pour trahir ou satisfaire sa rage. Elle est représentée armée de vipères, de torches et de fouets, avec la chevelure entortillée de serpents.
      On appelle parfois Erinnyes la première des Furies, et son nom est devenu un terme générique employé pour les désigner toutes ensemble. Les Erinnyes avaient un temple près de l'Aréopage, à Athènes. Ce temple servait d'asile inviolable aux criminels. C'est là que tous ceux qui comparaissaient devant le tribunal de l'Aréopage étaient obligés d'offrir un sacrifice et de jurer sur les autels qu'ils étaient prêts à dire la vérité.
      Dans les sacrifices offerts aux Erinnyes, Euménides ou Furies, on employait le narcisse, le safran, le genièvre, l'aubépine, le chardon, le sureau ou l'hièble, et l'on brûlait des bois de cèdre, d'aune et de cyprès. On leur immolait des brebis pleines, des béliers et des tourterelles.
      Ces déesses redoutables étaient partout l'objet d'hommages particuliers : c'est avec respect que l'on prononçait leur nom, et c'est à peine si l'on osait jeter les yeux sur leurs statues et les sanctuaires qui leur étaient consacrés.
      Quelques auteurs ont confondu Erinnyes avec Némésis et par suite les Erinnyes avec les Némèses, Celles-ci, selon Hésiode, n'étaient qu'au nombre de deux. L'une, la Pudeur, retourna dans le ciel après l'Age d'or ; l'autre, la véritable Némèse ou Némésis, fille de l'Erèbe et de la Nuit, resta sur la terre et dans les Enfers, pour veiller à la punition des fautes et à l'exécution des règles imprescriptibles de la Justice. Elle avait une inspection spéciale sur les offenses faites aux pères par les enfants. Elle était invoquée dans les traités de paix, et en assurait la stricte observation. C'est elle qui maintenait la foi jurée, vengeait l'infidélité des serments, recevait les vœux secrets, courbait les têtes orgueilleuses, rassurait les humbles, et consolait les amantes abandonnées. Sur une mosaïque d'Herculanum, on voit la malheureuse Ariane consolée par Némésis : le vaisseau de Thésée fend les mers et s'éloigne, tandis que, près d'Ariane, l'Amour se cache et verse des larmes.
      En résumé, Furies et Némèses avaient pour devoir le maintien de l'ordre et de l'harmonie dans la famille, la société et le monde moral. Elles inspiraient la crainte des remords, des châtiments inévitables, et par là même faisaient comprendre aux hommes les douceurs d'une honnête conscience et les avantages de la vertu. Ce n'est pas en vain que l'on voyait Némésis, un doigt sur la bouche, et tenant un frein ou un aiguillon ; il était facile d'en déduire qu'elle recommandait la discrétion, la prudence, la modération dans la conduite, en même temps qu'elle excitait au bien.



Le dieu Thanatos, ou la Mort

      Thanatos, ou la Mort, est un nom grec du masculin. Fils de la Nuit qui l'avait conçu sans le secours d'aucun autre dieu, frère du Sommeil (Hypnos), ennemi implacable du genre humain, odieux même aux Immortels, il a fixé son séjour dans le Tartare, selon Hésiode, devant la porte des Enfers, selon d'autres poètes. C'est en ces lieux qu'Hercule l'enchaîna avec des liens de diamant, lorsqu'il vint délivrer Alceste. Thanatos était rarement nommé en Grèce, parce que la superstition craignait de réveiller une idée fâcheuse, en rappelant à l'esprit l'image de notre destruction.
      Les Eléens et les Lacédémoniens l'honoraient d'un culte particulier, mais on ne sait rien touchant le culte qu'ils lui rendaient. Les Romains lui élevèrent aussi des autels.
      Thanatos avait un cœur de fer et des entrailles d'airain. Les Grecs le représentaient sous la figure d'un enfant noir avec des pieds tordus, et caressé par la Nuit, sa mère. Quelquefois ses pieds, sans être difformes, sont seulement croisés, symbole de la gêne où les corps se trouvent dans la tombe.
      Cette divinité paraît aussi sur les sculptures anciennes avec un visage défait et amaigri, les yeux fermés, couverte d'un voile, et tenant, comme le Temps, une faux à la main. Cet attribut semble signifier que les hommes sont moissonnés en foule comme les fleurs et les herbes éphémères.
      Les sculpteurs et les peintres ont conservé cette faux à la Mort, et se sont plu à lui donner les traits les plus hideux. C'est, le plus souvent sous la forme d'un squelette qu'ils la représentent.
      Les attributs communs à Thanatos et à la Nuit sont les ailes et le flambeau renversé ; mais Thanatos est encore distingué par une urne et un papillon. L'urne est censée contenir des cendres, et le papillon prenant son essor est l'emblème de l'espoir d'une autre vie.
      Hypnos, sur les tombeaux, désigne l'éternel Sommeil.



Supplices des grands criminels

      Les criminels les plus connus par leur genre de supplice aux Enfers sont Tityus, Tantale, Sisyphe et Ixion.
      Tityus, fils de la Terre, dont le corps étendu couvrait neuf arpents, avait eu l'insolence de vouloir attenter à l'honneur de Latone, un jour qu'elle traversait les délicieuses campagnes de Panope, en Phocide, pour se rendre à Pytho ou Delphes. Il fut tué par Apollon et par Diane, à coups de flèches, et précipité dans le Tartare : là un insatiable vautour, attaché à sa poitrine, lui dévore le foie et les entrailles qu'il déchire sans cesse, et qui renaissent éternellement pour son supplice.
      Tantale, fils de Jupiter et de la nymphe Plota, et roi de Lydie, enleva Ganymède, pour se venger de Tros qui ne l'avait pas invité à la première solennité qu'on fit à Troie. Les anciens ne sont pas plus d'accord sur la nature de son crime que sur celle de son châtiment. Les uns l'accusent d'avoir fait servir aux dieux les membres de son propre fils. D'autres lui reprochent d'avoir révélé les secrets des dieux dont il était le grand-prêtre, c'est-à-dire d'avoir découvert les mystères de leur culte. Selon Pindare, il mérita son supplice parce que, ayant été admis à la table des dieux, il déroba le nectar et l'ambroisie pour en faire part aux mortels ; ou enfin, selon Lucien, parce qu'il avait volé un chien que Jupiter lui avait confié pour garder son temple dans l'île de Crète, et avait répondu au dieu qu'il ignorait ce que l'animal était devenu.
      Quant au supplice qu'il endure aux Enfers, Homère, Ovide et Virgile le représentent consumé d'une soif brûlante, au milieu d'un cours d'eau frais et limpide qui sans cesse se dérobe à ses lèvres desséchées, et dévoré par la faim, sous des arbres dont un vent jaloux élève bien haut les fruits chaque fois que sa main tente de les cueillir.
      Une autre tradition représente ce criminel au-dessous d'un rocher dont la chute menace à chaque instant sa tête ; mais ce supplice était plutôt, dit-on, celui de Phlégyas, grand-père d'Esculape.
      Sisyphe, fils d'Eole et petit-fils d'Hellen, était le frère de ce Salmonée qui, ayant conquis toute l'Elide, fut foudroyé et précipité dans le Tartare par Jupiter, parce que, voulant se faire passer pour un dieu, il imitait le bruit du tonnerre en poussant un chariot sur un pont d'airain, et en lançant sur quelques malheureux des torches allumées. Il régna à Corinthe, après que Médée se fut retirée. On dit qu'il avait enchaîné la Mort, et qu'il la retint jusqu'à ce que Mars la délivra, à la prière de Pluton, dont l'empire était désert. Homère explique comment Sisyphe avait lié la Mort : c'est parce qu'il évitait la guerre et travaillait même à maintenir la paix entre ses voisins. C'était aussi, dit Homère, le plus sage et le plus prudent des mortels.
      Cependant les poètes unanimement le mettent dans les Enfers, et prétendent qu'il est condamné à rouler incessamment une grosse roche jusqu'au haut d'une montagne ; parvenue au sommet, la roche descend aussitôt par son propre poids, et il est obligé sur-le-champ de la remonter par un travail qui ne lui donne aucun relâche.
      Comment a-t-il mérité ce supplice ? On allègue plusieurs raisons. Il aurait, comme Tantale, révélé les secrets des dieux. Jupiter ayant enlevé Egine, fille du fleuve Asopus, celui-ci s'adressa à Sisyphe pour savoir ce qu'était devenue sa fille ; Sisyphe, qui avait connaissance de l'enlèvement, promit à Asopus de l'en instruire, à condition qu'il donnerait de l'eau à la citadelle de Corinthe. Sisyphe, à ce prix, révéla son secret et en fut puni dans les Enfers. Selon d'autres, ce fut pour avoir détourné de ses devoirs Tyro, sa nièce, fille de Salmonée. D'autres enfin, sans avoir égard au portrait avantageux qu'Homère fait de Sisyphe, ont dit qu'il exerçait toutes sortes de brigandages dans l'Attique, et qu'il faisait mourir tous les étrangers qui tombaient entre ses mains ; que Thésée, roi d'Athènes, lui fit la guerre, le tua dans un combat, et qu'il est puni pour tous les crimes qu'il commit sur la terre. Ce rocher qu'on lui fait rouler sans cesse peut bien être l'emblème d'un prince ambitieux qui roula longtemps dans sa tête des desseins sans exécution.
      Ixion, fils d'Antion, roi des Lapithes, en Thessalie, épousa Clia, fille de Déionée, et refusa les présents qu'il lui avait promis pour épouser sa fille, ce qui obligea Déionée à lui enlever ses chevaux. Ixion, dissimulant son ressentiment, attira chez lui son beau-père, et le fit tomber dans une fosse ardente où il perdit la vie. Ce crime fit horreur ; Ixion ne trouva personne qui voulût l'expier, et fut obligé de fuir tous les regards. Abandonné de tout le monde, il eut recours à Jupiter qui eut pitié de ses remords, le reçut dans le ciel, et l'admit à la table des dieux. Ebloui des charmes de Junon, l'ingrat Ixion eut l'insolence de lui déclarer son amour. Offensée de sa témérité, la sévère déesse alla se plaindre à Jupiter qui forma d'une nuée un fantôme semblable à son épouse. Ixion tomba dans le piège, et cette union imaginaire donna le jour aux Centaures, monstres demi-hommes, demi-chevaux.
      Jupiter, le regardant comme un fou dont le nectar avait troublé la raison, se contenta de le bannir ; mais, voyant qu'il se vantait de l'avoir déshonoré, il le précipita d'un coup de foudre dans le Tartare, où Mercure, par son ordre, alla l'attacher par les quatre membres à une roue environnée de serpents et qui tourne sans s'arrêter jamais.



Le Léthé

      Après un grand nombre de siècles passés aux Enfers, les âmes des justes et celles des méchants qui avaient expié leurs fautes aspiraient à une vie nouvelle, et obtenaient la faveur de revenir sur la terre habiter un corps et s'associer à sa destinée. Mais, avant de sortir des demeures infernales, elles devaient perdre le souvenir de leur vie antérieure, et à cet effet boire les eaux du Léthé, fleuve de l'Oubli.
      La porte du Tartare qui ouvrait sur ce fleuve était opposée à celle qui donnait sur le Cocyte. Là, les âmes pures, subtiles et légères, buvaient avec avidité ces eaux dont la propriété était d'effacer de la mémoire toute trace du passé, ou de n'y laisser du moins que de vagues et obscures réminiscences. Devenues aptes à rentrer dans la vie et à en supporter les épreuves, elles étaient appelées par les dieux à leur nouvelle incarnation.
      Le Léthé coulait avec lenteur et silence : c'était, disent les poètes, le fleuve d'huile dont le cours paisible ne faisait entendre aucun murmure. Il séparait les Enfers de ce monde extérieur du côté de la Vie, de même que le Styx et l'Achéron les en séparaient du côté de la Mort.
      Il est ordinairement représenté sous la figure d'un vieillard qui d'une main tient une urne, et de l'autre la coupe de l'Oubli.




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