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Mythologie grecque et romaine

Pierre Commelin
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LÉGENDES ARGIENNES

Bellérophon

      Bellérophon était fils de Glaucus, roi d'Ephyre ou de Corinthe, et d'Eprymède, fille de Sisyphe. Son véritable nom, Hipponoüs (rac. hippos, cheval, nous, intelligence), lui avait été donné parce que, le premier, il enseigna l'art de dresser le cheval et de le mener avec le secours de la bride. Selon certains mythologues, le nom sous lequel il est connu lui venait de Belléros qu'il avait tué (rac. phoneus ou phoneutès, meurtrier).

      Ayant donc eu le malheur de tuer à la chasse son frère Belléros ou Pyrène, il alla se réfugier à la cour de Prœtus ou Proclus, roi d'Argos. Antée ou Sténobée, femme de ce prince, s'étant éprise du jeune héros, et l’ayant trouvé insensible, l'accusa, devant son mari, d'avoir voulu la séduire. Le roi, pour ne point violer les droits de l'hospitalité, l'envoya en Lycie, avec des lettres adressées à Iobate, roi de cette contrée et père de Sténobée, par lesquelles il l'informait de l'injure qu'il avait reçue, et le priait d'en tirer vengeance.

      Le roi Iobate lui fit un accueil hospitalier ; les neuf premiers jours de son arrivée se passèrent en fêtes et en festins ; enfin le dixième, le roi de Lycie, ayant décacheté les lettres dont son hôte était porteur, lui ordonna d'aller combattre la Chimère, monstre né de Typhon et d'Echidna et élevé par Amisodar. Elle avait la tête d'un lion, la queue d'un dragon, et le corps d'une chèvre ; sa gueule béante vomissait des tourbillons de flamme et de feu. Bellérophon la vainquit et l'extermina.

      On lui suscita une infinité d'ennemis dont, il triompha, ainsi que de tous les dangers. Il vainquit le peuple des Solymes, les Amazones et les Lyciens. Ce fut alors que Iobate, reconnaissant l'innocence de Bellérophon et la protection spéciale dont le ciel l'honorait, lui donna sa fille en mariage, et le déclara son successeur.

      Sur la fin de sa vie, s'étant attiré la haine des dieux, il se livra à la mélancolie la plus sombre, errant seul dans les déserts et évitant la rencontre des hommes. C'est du moins le récit d'Homère.

      On raconte différemment l'histoire de ce héros. Minerve, dit-on, lui donna le cheval Pégase pour combattre la Chimère. Le prince monté sur ce coursier ailé, et le cœur enflé par ses succès, ayant voulu s'élever jusqu'aux cieux, un taon, envoyé par Jupiter, piqua le cheval et fit culbuter le cavalier qui se tua en tombant.

      On ajoute que Bellérophon, mécontent d'lobate qui l'avait exposé à tant de dangers, pria Neptune, son aïeul, de le venger. A sa prière, les flots de la mer le suivirent et inondèrent le pays. Les Lyciens, alarmés, le supplièrent d'apaiser Neptune, mais en vain. Les femmes lyciennes seules réussirent à le fléchir. Alors il se tourna vers la mer, et en fit retirer les flots.

      Bellérophon se trouve avec Pégase sur les monnaies antiques. Dans le faubourg de Corinthe, il y avait un bois de cyprès, nommé le Cranée, dont une partie était consacrée à ce héros. C'est là que les Corinthiens allaient solennellement lui rendre leurs hommages. Mais ils l'honoraient aussi sur les bords de leur fontaine de Pyrène, en mémoire du cheval ailé, Pégase, qui buvait à cette source fraîche quand Bellérophon se saisit de lui par surprise, et monta dessus pour aller combattre la terrible Chimère.



Io

      Suivant Ovide, Io était fille du fleuve Inachus ; selon d'autres, d'Inachus, premier roi d'Argos, ou même de Triopas, sixième successeur d'Inachus. Jupiter devint amoureux de cette princesse ; et, pour éviter la fureur de Junon, jalouse de cette intrigue, il la couvrit d'un nuage, et la changea en vache. Junon soupçonnant un mystère, fut frappée de la beauté de cet animal, et le demanda à Jupiter. Le dieu n'ayant osé le lui refuser de peur d'augmenter ses soupçons, elle le donna en garde à Argus aux cent yeux. Après que Mercure eut tué ce vigilant gardien et délivré Io, Junon irritée envoya une Furie, d'autres, disent un taon, persécuter cette malheureuse princesse. Io fut si agitée, qu'elle traversa la mer à la nage, alla dans l'Illyrie, passa le mont Hémus, arriva en Scythie et dans le pays des Cimmériens ; et, après avoir erré dans d'autres contrées, elle s'arrêta sur les bords du Nil où, Jupiter ayant apaisé Junon, sa première forme lui fut rendue. C'est là qu'elle mit au monde Epaphus, et elle y mourut peu de temps après.

      Quant à Epaphus, dès sa naissance il fut enlevé par la jalouse Junon qui le donna à garder aux Curètes ; ce qui étant venu à la connaissance de Jupiter fut cause qu'il les tua tous.



Prœtus et les Prœtides

      Prœtus, frère d'Acrisius, détrôné par son frère, se réfugia à la cour d'lobate, roi de Lycie, son beau-père, qui lui donna des secours avec lesquels il remonta sur le trône d'Argos. Ce prince avait épousé Sthénobée. Il fut tué par Persée, pour avoir usurpé le trône d'Argos sur Acrisius ; mais Mégapenthe son fils vengea sa mort sur Persée.

      Les Prœtides, ou filles de Prœtus, ayant osé comparer leur beauté à celle de Junon, en furent punies par une folie qui leur fit croire qu'elles étaient changées en vaches, et elles parcouraient les campagnes en poussant des beuglements ; Mélampe, fils d'Amithaon et neveu de Jason, médecin très habile, les guérit avec de l'ellébore noir, appelé plus tard de son nom Mélampodion, et épousa l'une d'elles. Les trois Prœtides se nommaient Iphianasse, Iphione et Lysippe. Cette cure eut lieu sur la place publique où Prœtus, leur père, fit bâtir un temple dédié à la Persuasion, preuve que les discours de Mélampe avaient eu au moins autant de part à leur guérison que les secours de la médecine. – L'ellébore, plante qui abonde sur l'Hélicon, était préparé surtout à Anticyre, ville de Phocide. Sur Mélampe on raconte une singulière histoire. Un jour, comme il s'était endormi, des serpents apprivoisés vinrent, pendant son sommeil, lui nettoyer les oreilles avec leurs langues, et, à son réveil, il ne fut pas peu étonné d'entendre et de comprendre le langage de tous les animaux.



Persée, fils de Danaé

      Danaé, fille d'Acrisius, roi d'Argos, fut enfermée fort jeune dans une tour d'airain par son père, sur la foi d'un oracle qui lui annonçait que son petit-fils devait un jour lui ravir la couronne et la vie ; mais Jupiter se changea en pluie d'or, et, s'étant intro­duit dans la tour, rendit Danaé mère de Persée. Acrisius, ayant appris la naissance de l'enfant, fit exposer la mère et son fils sur la mer dans une méchante barque ou dans un coffre que les flots jetèrent heureusement sur les côtes de l'ile de Sériphe. Un pêcheur, qui l'aperçut, ouvrit le coffre, trouva les deux infortunés encore vivants, et les conduisit sur-le-champ au roi Polydecte qui les reçut favorablement, et prit soin de l'éducation du jeune prince.

      Mais dans la suite, Polydecte, devenu amoureux de Danaé et voulant l'épouser, chercha à éloigner son fils. C'est pourquoi il lui ordonna d'aller combattre les Gorgones, et de lui apporter la tête de Méduse. Persée, aimé des dieux, reçut pour le succès de cette expédition, de Minerve son bouclier et son miroir, de Pluton son casque, et de Mercure ses ailes et ses talonnières. Gràce à son armure divine et aussi à sa vaillance, il vainquit les Gorgones, et coupa la tête de Méduse.

      De crainte d'être pétrifié par les yeux de Méduse, il disposa devant lui le miroir de la déesse, et sa main, conduite par Minerve, fit tomber la tête de la Gorgone qu'il porta depuis avec lui dans toutes ses expéditions. Il s'en servit pour pétrifier ses ennemis.

      Du sang qui sortit de la plaie de Méduse, quand sa tête fut coupée, naquirent Pégase et Chrysaor ; et, lorsque Persée eut pris son vol par-dessus la Libye, toutes les gouttes de sang qui découlèrent de cette fatale tête se changèrent en autant de serpents.

      Dès que Pégase, cheval ailé, eut vu la lumière, il s'envola au séjour des immortels, dans le palais même de Jupiter dont il porta la foudre et les éclairs. Il fut dompté par Minerve. Depuis lors, il obéit à cette déesse qui parfois le met au service de ses favoris.

      Chrysaor, au moment de sa naissance, tenait une épée d'or à la main, ce qui lui a valu son nom (rac. Chrysos, or, et aor, épée). Il épousa Callirhoé, fille de l'Océan et de Téthys, et de leur union naquirent Echidna, moitié serpent et moitié nymphe, la Chimère, autre monstre, et le géant Géryon. C'est à cette monstrueuse famille qu'appartenaient Typhon, autre géant, le chien Cerbère, le Sphinx, l'Hydre de Lerne, etc.

      Persée, monté sur Pégase que Minerve lui avait prêté, se transporta à travers les airs dans la Mauritanie, où régnait le célèbre Atlas. Ce prince, qui avait été averti par un oracle de se tenir en garde contre un fils de Jupiter, refusa à ce héros les droits de l'hospitalité. Mais il en fut puni sur l'heure : la tête de Méduse, que Persée lui montra, le pétrifia et le changea en cette chaîne de montagnes qui porte aujourd'hui son nom.

      On lui attribue comme à Hercule l'honneur d'avoir enlevé les pommes d'or du jardin des Hespérides.

      De la Mauritanie il passa en Ethiopie. Là Andromède, fille du roi Céphée et de Cassiopée, avait eu la témérité de disputer le prix de la beauté à Junon et aux Néréides. Neptune, pour venger la déesse, suscita un monstre marin qui désolait le pays. L'oracle d'Ammon, consulté sur les moyens d'apaiser les dieux, répondit qu'il fallait exposer Andromède à la fureur du monstre. La jeune princesse fut liée sur un rocher par les Néréides ; et le monstre, sortant de la mer, était prêt à la dévorer, lorsque Persée, monté sur Pégase, tua ou pétrifia le monstre, brisa les chaînes d'Andromède, la rendit à son père, et devint son époux. Cependant la cérémonie de leurs noces fut troublée par la jalousie de Phinée, frère de Céphée. Ce prince, à qui Andromède avait été promise en mariage, rassembla tous ses amis, entra avec eux dans la salle du festin, et y porta le carnage et l'horreur. Persée aurait succombé sous le nombre, s'il n'eût eu recours à la tête de Méduse dont la vue pétrifia Phinée et ses compagnons.

      Il revint ensuite en Grèce avec la jeune princesse. Quoiqu'il eût à se plaindre de son grand-père Acrisius qui avait voulu le faire périr dès sa naissance, il ne laissa pas de le rétablir sur le trône d'Argos, d'où Prœtus l'avait chassé, et il tua l'usurpateur. Mais, bientôt après, il eut le malheur de tuer lui-même Acrisius, d'un coup de palet, dans les jeux qu'on célébrait pour les funérailles de Polydecte. Il eut tant de douleur de cet accident, qu'il abandonna le séjour d'Argos, et s'en alla bâtir une nouvelle ville dont il fit la capitale de ses Etats, et qui fut nommée Mycènes, à cinquante stades au nord d'Argos.

      On dit qu'il fut aussi cause de la mort de Polydecte. Un jour que celui-ci voulut dans un festin faire outrage à Danaé, Persée ne trouva pas de plus court moyen de défendre sa mère que de présenter la tête de Méduse au roi qui fut pétrifié.

      En se retirant à Mycènes, il avait cédé généreusement le trône d'Argos à Mégapenthe, fils de Prœtus, espérant ainsi faire la paix avec lui. Mais ce prince fut insensible à ses bienfaits ; il lui dressa des embûches, et le fit périr par ressentiment de ce qu'il avait tué Prœtus son père.

      Honoré à Argos, à Mycènes, à Sériphe, en Egypte même, où il eut un temple, ce héros fut placé dans le ciel parmi les constellations septentrionales, avec Andromède, son épouse, Cassiopée et Céphée.



Danaüs et les Danaïdes

      Danaüs, prince égyptien, ayant tenté de ravir la couronne à son frère Egyptus, fut contraint de s'enfuir d'Egypte. Il se réfugia dans le Péloponèse, chassa d'Argos le roi Sthénélus, fils de Persée et d'Andromède, et s'empara de son royaume. Danaüs avait cinquante filles, et son frère Egyptus cinquante fils. Celui-ci, jaloux de la puissance de son frère, et craignant de la voir grandir encore si, par le mariage de ses filles, il contractait de nombreuses alliances avec les princes de la Grèce, voulut donner pour épouses à ses fils leurs cousines germaines. Il les envoya donc à Argos, à la tête d'une armée, pour appuyer sa demande.

      Danaüs, trop faible pour leur résister, consentit au mariage de ses cinquante filles avec ses cinquante neveux, mais sous condition secrète que les Danaïdes, armées d'un poignard caché sous leurs robes, massacreraient leurs maris la première nuit de leurs noces. Ce projet s'exécuta, et la seule Hypermnestre épargna Lyncée son époux.

      Jupiter, pour punir ces filles cruelles, les condamna à remplir éternellement dans le Tartare un tonneau percé.

      Hypermnestre, qui avait eu horreur d'exécuter l'ordre de son père, bien qu'elle en eût fait le serment, fut jetée en prison par Danaüs qui voulait la faire mourir comme coupable de trahison. Il la cita en justice, mais elle fut absoute par les Argiens. En mémoire de ce jugement, elle consacra à Vénus une statue sous le nom de Nicéphore (qui donne la victoire). Plus tard, Lyncée devint le successeur de Danaüs.

      Tel est le fond de la légende des Danaïdes, mais il s'en faut de beaucoup que les poètes soient unanimes à l'accepter. D'après une croyance ancienne, Argos était en quelque sorte la mère-patrie des rois d'Egypte, puisque la maison de Danaüs était issue d'Io, qui était Argienne. S'étant sauvées d'Egypte avec leur père pour se dérober au mariage que désirait Egyptus, elles furent favorablement accueillies par Pélasgus, roi d'Argos. Cette arrivée des Danaïdes à Argos fait le sujet de la tragédie d'Eschyle, intitulée Les Suppliantes.

      D'après Strabon, le châtiment fabuleux infligé aux Danaïdes dans les Enfers n'est qu'une allégorie purement historique. Ces princesses, venues d'Egypte à Argos, y apportèrent l'usage de canaliser l'eau des rivières et des fontaines, comme dans leur pays. On creusa un grand nombre de citernes ou de puits, et, grâce à l'invention des pompes, qui leur est attribuée, les Argiens eurent des sources intarissables, versées, pour ainsi dire, par les Danaïdes.




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