LÉGENDES ATHÉNIENNES
Cécrops - Fondation d’Athènes
Cécrops, natif de Saïs en Égypte, et premier roi des Athéniens, bâtit, ou, selon
d'autres, embellit la ville d'Athènes. Il épousa Agraule, fille d'Actée, et donna le nom de Cécropie à la citadelle qu'il éleva. Il soumit les peuples par la douceur plus que par la
force, distribua
l'
Attique en douze cantons, constitua le tribunal de l'
Aréopage, établit le culte de Jupiter comme
dieu souverain, abolit l'usage de sacrifier des victimes humaines, etrégla par des lois l'institution des
mariages. Il fut surnommé Diphuès, c'est-à-dire Biformis, peut-être parce que, étant Egyptien d'origine, il était aussi Grec par son établissement dans l'
Attique.
On le représente comme moitié homme et moitié
serpent.
Il laissa trois filles : Aglaure, Hersé et Pandrose.
Hersé, revenant un
jour du temple de
Minerve, accompagnée des jeunes Athéniennes, attira les regards de
Mercure, qui vint la demander en
mariage. Aglaure, sa sur, jalouse de cette préférence, troubla les
amours du
dieu : celui-ci la frappa de son
caducée, et la changea en pierre. Hersé eut un temple à Atènes, et reçut les
honneurs héroïques. Aglaure, malgré sa jalouse méchanceté, eut aussi un temple à Salamine, après sa mort, et on établit en son honneur la barbare coutume d'
immoler une victime humaine.
On raconte d'une autre manière la
fable des filles de
Cécrops. Ce fut à ces trois surs que
Minerve confia la corbeille mystérieuse où était enfermé Erésichton, fils de
Vulcain, avec défense de l'ouvrir. La curiosité fut la plus forte ; elles ouvrirent la corbeille, y trouvèrent un monstre, et, agitées par les
furies, se précipitèrent du point le plus escarpé de la citadelle d'Athènes.
D'après une autre version, Pandrose, la plus jeune des filles de
Cécrops, fut la seule à se conformer aux recommandations de
Minerve, et, pour récompenser son obéissance, les Athéniens lui élevèrent, après sa mort, un temple auprès de celui de la déesse, et instituèrent une fête en son honneur. Elle avait eu, dit-on, de
Mercure, un fils nommé Céryx qui devint l’ancêtre d'une puissante famille athénienne.
Pandion
Pandion, fils d'Érichtonius et cinquième roi d'Athènes, fut malheureux père, car ses deux filles, toutes deux fort belles, Philomèle et Progné, furent, victimes de la brutalité de son
gendre,
Térée, roi de Thrace. Celui-ci, mari de Progné, ayant outragé sa belle-sur Philomèle, lui coupa la langue ; Progné, pour venger sa sur, servit à
Térée, dans un festin, les membres de leur fils,
Itys, dont la tête fut jetée sur la table à la fin du repas. A cette
vue,
Térée, transporté de rage, veut poursuivre les deux surs. Mais elles se sauvent métamorphosées, Progné en hirondelle, Philomèle en rossignol.
Térée
lui-même, changé en
épervier, ne peut les atteindre. Quant à
Itys, les
dieux, ayant eupitié de son sort, le métamorphosèrent
en chardonneret.
Erecthée
Erechthée, sixième roi d'Athènes, fils de Pandion, passait pour avoir établi le culte de
Cérès et les
mystères d'Éleusis. La
fable lui donne quatre filles, Procris, Créuse, Clithonie et Orithyie, qui s'aimaient si tendrement, qu'elles s'engagèrent par serment à ne pas survivre les unes aux autres.
Erechthée, étant en guerre avec les Eleusiens, apprit de l'oracle qu'il serait vainqueur, s'ilvoulait
immoler une de ses filles. Clithonie fut choisie pour victime, et ses surs furent fidèles à leur serment. Leur père repoussa
Eumolpe,
fils de Neptune, mais fut précipité tout vivant dans le sein de la terre que
Neptune entr'ouvrit d'un coup de son trident. Les Athéniens mirent Érechthée au nombre des
dieux, et lui bâtirent un temple dans la citadelle.
Selon une autre tradition, Procris devint
épouse de Céphale qui la tua à la chasse ; Créuse fut épousée par Xuthus, père adoptif d'Ion ; Clithonie par le
prêtre Butès, et Orithyie fut enlevée par
Borée.
On connaît la
fable de
Borée.
Céphale, mari de Procris, était fils d'Eole.
Aurore, frappée de sa beauté l'enleva, mais inutilement ; ou, suivant d'autres, en eut
Phaéton, et le laissa retourner auprès de Procris qu'il aimait passionnément. Pour éprouver la
fidélité de son
épouse, il se déguisa en négociant et tenta de la séduire. Il lui offrit de si riches présents qu'elle était sur le point de se rendre à ses sollicitations, lorsque, se faisant reconnaître, il lui reprocha sa faiblesse. Procris, confuse, quitta son mari, et se retira dans les
bois.
Son absence ne fit que raviver l'
amour de Céphale. Il alla la chercher, se réconcilia avec elle, et reçut de ses mains deux présents qui devaient être funestes à l'un et à l'autre : c'était un
chien que
Minos lui avait donné, et un javelot qui ne manquait jamais son but. Ces présents augmentèrent la passion de Céphale pour la chasse.
Procris, inquiète de ses absences, et jalouse, s'avisa de le suivre secrètement, et s'embusqua sous un feuillage épais.
Son époux, excédé de fatigue, étant venu par hasard se reposer sous un
arbre voisin, invoqua, selon sa coutume, la douce
haleine du Zéphyr. Sa femme, qui l'entendait, supposant qu'il parlait à une rivale, fit un mouvement qui agita le feuillage : Céphale crut que c'était une bête fauve, lança le javelot qu'il avait reçu d'elle, et la tua.
Il reconnut son erreur, et se perça de désespoir avec le même javelot. Jupiter, touché du malheur des deux
époux, les changea en astres.
Butès, fils de Pandion et de Zeuxippe, mari de Clithonie,
prêtre de
Minerve et de
Neptune, obtint après sa mort les honneurs divins : il avait un
autel dans le temple d'Érechthée à Athènes.
Egée
Egée, neuvième roi d'Athènes, fils de
Pandion II, père de
Thésée, et
frère de
Nisus,
Pallas et Lycus, descendait d'Erechthée. Il passe pour avoir introduit à Athènes le culte de Vénus-Uranie. Lorsqu'il envoya
Thésée combattre le
Minotaure, il lui recommanda de hisser des voiles blanches à son
vaisseau, lors de son retour, s'il revenait vainqueur, recommandation que
Thésée oublia. Ayant aperçu du haut d'un rocher, où son impatience le conduisait tous les
jours, le vaisseau qui revenait avec des voiles noires, il crut que son fils était mort, et, n'écoutant que son désespoir, se précipita dans la mer qui depuis porte son nom.
Les Athéniens, pour consoler son fils, leur libérateur, élevèrent
Egée au rang des
dieux de la mer, et le
déclarèrent
fils de Neptune.
Nisus
Nisus,
frère d'Égée, régnait à Nisa, ville voisine d'Athènes. Lorsque
Minos, roi de
Crète, vint faire la guerre en
Attique, il assiégea tout d'abord la première de ces villes. Le sort de
Nisus dépendait d'un
cheveu de pourpre qu'il portait. Scylla, sa fille, amoureuse de
Minos qu'elle avait vu du haut des remparts, coupa ce
cheveu fatal à son père pendant qu'il dormait, et l'offrit au prince, objet de son
amour.
Minos eut horreur d'une action si noire, et, tout en profitant de la trahison, chassa de sa
présence la perfide princesse.
De désespoir elle voulut se jeter dans la mer, mais les
dieux la changèrent en alouette.
Nisus son père, métamorphosé en
épervier, ne cesse de la poursuivre dans les airs, et la déchire à coups de bec.
Thésée
Thésée fut le dixième roi d'Athènes ; il naquit à Trézène, et y fut élevé par les soins de sa mère Ethra, à la cour du sage Pitthée, son grand-père maternel. Les poètes désignent souvent
Thésée sous le nom d'Erechthide, parce qu'on le regardait comme un des plus
illustres descendants d'Erechthée, ou du moins de ses successeurs. Onle nomme aussi quelquefois
fils de Neptune. En effet, Pitthée, voulant cacher l'alliance qu'il avait faite avec
Egée, déclara, quand l'
enfant vint au monde, qu'il avait pour père
Neptune, la grande divinité des Trézéniens. Dans la suite,
Thésée se prévalut au moins une fois de cette naissance.
Thésée, raconte Pausanias, étant allé en
Crète,
Minos l'outragea, en lui disant qu'il n'était pas
fils de Neptune, comme il le prétendait ; que, pour le défier de lui en donner une preuve, il jetterait sa bague dans la mer.
Thésée s'y jeta aussitôt après, dit-on, retrouva la bague, et la rapporta, avec une
couronne qu'Amphitrite lui avait mise sur la tête.
Cependant ce héros, dans le cours de son existence et de ses exploits, se donna généralement pour fils d'
Egée ; et le titre de
fils de Neptune ne lui est attribué que par quelques poètes, sans égard à la suite de son
histoire.
On rapporte plusieurs traits du courage et de la
force dont
Thésée fit preuve dès ses premières années. Les Trézéniens contaient qu'
Hercule, étant venu voir Pitthée, quitta sa peau de
lion pour se mettre à table. Plusieurs
enfants de la ville, entre autres
Thésée, qui n'avait que sept ans, attirés par la curiosité, étaient accourus chez Pitthée ; mais tous eurent grand'peur de la peau du
lion, à l'exception de
Thésée, qui, arrachant une
hache des mains d'un esclave, et croyant voir un
lion, vint pour l'attaquer.
Egée, avant de quitter Trézène, mit sa chaussure et son
épée sous une grosse roche, et ordonna à Ethra de ne pas lui envoyer son fils à Athènes, avant qu'il fût en état de lever cette pierre. A peine
Thésée eut-il atteint l'âge de seize ans, qu'il la remua, et prit l'espèce de dépôt qu'elle recouvrait, et au moyen duquel il devait se faire reconnaître pour le fils d'
Egée.
Il vint à Athènes ; mais, avant de se faire reconnaître pour héritier du trône, il résolut de s'en rendre digne par ses exploits, et d'imiter
Hercule, objet de son admiration. Il yavait du reste entre eux des liens de parenté : Pitthée, père d'Ethra, était
frère de Lysidice, mère d'
Alcmène.
Il commença par purger l'
Attique des brigands qui l'infestaient, et en particulier de Sinnis ou Cercyon. Ce brigand, doué d'une
force extraordinaire, obligeait les passants à lutter contre lui, et exterminait ceux qu'il avait vaincus. Il courbait les plus gros
arbres, en rapprochait la cime, y attachait ses victimes, et, les
arbres se relevant, celles-ci étaient mises en pièces.
Après s'être purifié à l'
autel de Jupiter, sur les bords du Céphise, pour avoir souillé ses mains du sang de tant de criminels, il rentra dans Athènes pour s'y faire reconnaître : il trouva celle ville cdans une étrange confusion. L'enchanteresse
Médée y gouvernait sous le nom d'
Egée ; et, ayant su l'arrivée d'un étranger qui faisait beaucoup parler de lui, elle tâcha de le rendre suspect au roi, et convint même de le faire empoisonner dans un repas, à la table du roi. Mais, au moment où
Thésée allait porter à ses lèvres la coupe de poison,
Egée reconnut son fils à la garde de son
épée, et chassa
Médée dont il découvrit les mauvais desseins.
Cependant les
Pallantides, ou fils de
Pallas,
frère d'
Egée,
voyant Th&eacue;sée reconnu, ne purent cacher leur ressentiment, et conspirèrent contre
Egée dont ils se croyaient les seuls héritiers. La conspiration fut découverte, et dissipée par la mort de
Pallas et de ses
enfants qui tombèrent sous les coups de
Thésée. Ces meurtres, quoique nécessaires, obligèrent le héros à se bannir d'Athènes pour un an, et, après ce temps,il fut absous au tribunal des
juges qui s'assemblaient dans le temple d'
Apollon Delphien.
Quelque temps après,
Thésée se proposa de délivrer sa patrie du honteux tribut qu'elle payait à
Minos, roi de
Crète.
Androgée, fils de
Minos, venu pour assister aux Panathénées, combattit avec tant d'adresse et de bonheur qu'il obtint tous les prix. La
jeunesse de
Mégare et d'Athènes, blessée de ses succès, ou les Athéniens eux-mêmes, inquiets de ses liaisons avec les
Pallantides, lui ôtèrent la vie. Pour venger ce meurtre,
Minos assiégea, prit Athènes et
Mégare, et imposa aux vaincus les plus dures conditions. Les Athéniens furent obligés d’envoyer tous les sept ans, en
Crète, sept jeunes garçons et autant de jeunes filles, désignés par le sort, pour servir de pâture au
Minotaure dans le fameux
labyrinthe. Le tribut avait été payé trois fois quand
Thésée s'offrit pour délivrer ses concitoyens.
«
Ariane, fille de
Minos, éprise d'
amour pour
Thésée, lui facilita son entreprise. Elle lui donna un peloton de fil à la faveur duquel il put sortir du
labyrinthe où il tua le
Minotaure. »
Avant de partir, il s'efforça de se rendre les
dieux favorables par un grand nombre de sacrifices. Il consulta aussi l'oracle de
Delphes, qui lui promit un heureux succès dans son expédition, si l'
Amour lui servait de guide. En effet,
Ariane, fille de
Minos, éprise d'
amour pour le héros, lui facilita son entreprise. Elle lui donna un peloton de fil à la faveur duquel il put sortir du
labyrinthe où il tua le
Minotaure.
En quittant la
Crète,
Thésée emmena sa libératrice, mais la délaissa dans l’île de Naxos, où
Bacchus la consola et l'épousa.
A son retour à Athènes, il apprit la mort de son père
Egée, lui fit rendre les derniers devoirs, et fit exécuter le vu qu'il avait fait à
Apollon, en partant, d'envoyer tous les ans à
Délos offrir des sacrifices en actions de grâces. En conséquence, on ne manqua jamais d'y envoyer des députés couronnés de branches d'olivier. Pour cette députation, ou théorie, on se servait même du vaisseau qu'avait monté
Thésée, et qu'on entretenait avec soin, afin qu'il fût toujours prêt à servir : ce qui a fait dire aux poètes qu'il était immortel.
Paisible possesseur du trône des Athéniens, il réunit en une cité les habitants de l'
Attique jusqu'alors dispersés dans différentes bourgades, institua un gouvernement, promulgua des lois, et, laissant le peuple sous la conduite de sa législation, reprit le cours de ses aventures et de ses exploits. Il se trouva à la guerre des
Centaures, à la conquête de la Toison d'Or, à la chasse de Calydon, et, selon quelques-uns, aux deux guerres de Thèbes.
Il alla vers la Thrace chercher les
Amazones, et, comme
Hercule, il eut la gloire de les combattre et de les vaincre. Il épousa leur reine Hippolyte ou
Antiope, faite prisonnière, dont il eut un fils, le malheureux Hippolyte.
« Il alla vers la Thrace chercher les
Amazones, et, comme
Hercule, il eut la gloire de les combattre et de les vaincre. Il épousa leur reine Hippolyte ou
Antiope, faite prisonnière, dont il eut un fils, le malheureux Hippolyte. »
On dit que, âgé de plus de cinquante ans, il lui prit
envie d'enlever la belle
Hélène alors à peine sortie de l'enfance. Mais les Tyndarides ses
frères la reprirent et enlevèrent à leur tour la mère de
Thésée, Ethra, qu’ils firent esclave d'
Hélène.
Enfin, s'étant engagé, avec
Pirithoüs son ami, à enlever la femme d'Aïdonée, roi d'E;pire, ou, selon la
fable,
Proserpine, femme de
Pluton, il fut retenu prisonnier jusqu'à ce qu'
Hercule vint l'en délivrer : c'est la descente de
Thésée aux Enfers.
La
fable dit que ces deux héros étant descendus aux Enfers, et fatigués de la longue route qu'ils avaient dû parcourir pour y arriver, s'assirent sur une pierre où ils demeurèrent pour ainsi dire collés, sans pouvoir s'en relever. Il n'y eut qu'
Hercule qui obtint de
Pluton la délivrance de
Thésée.
C'est à cette
fable que Virgile fait allusion, quand il représente
Thésée dans le Tartare, éternellement assis sur une pierre dont il ne peut se détacher, et criant sans cesse aux habitants de ces sombres lieux : « Apprenez, par mon exemple, à ne point être injustes et à ne pas mépriser les
dieux. »
Le reste de la vie de
Thésée ne fut qu'un enchaînement de malheurs. La fin tragique de son fils Hippolyte et de Phèdre sa femme a inspiré les poètes tragiques, surtout Euripide et Racine, et fourni au peintre français, P.
Guérin, le sujet d'un admirable tableau.
A son retour dans Athènes, il trouva ses sujets révoltés contre lui. Indigné, il fit passer sa famille dans l'île d'Eubée, chargea Athènes de malédictions, et se retira dans l’île de Scyros, pour y achever ses
jours en paix dans une vie privée. Mais Lycomède, roi de Scyros, jaloux de sa réputation, ou excité par ses
ennemis, le fit précipiter du haut d'un rocher, où il l'avait attiré sous prétexte de lui montrer la campagne.
Il avait eu trois femmes :
Antiope, la mère d'Hippolyte ;
Ariane, fille de
Minos, dont il eut nopion et Staphylus ; et Phèdre qui laissa un fils nommé Démophoon.
Les Athéniens, plusieurs siècles plus tard, tâchèrent de réparer leur ingratitude envers
Thésée. Sur un conseil de l'oracle d'
Apollon, ils allèrent chercher ses cendres à Scyros, les rapportèrent solennellement à Athènes, et les placèrent dans un superbe tombeau au milieu de la ville. Ensuite on lui bâtit un temple où il reçut des sacrifices.
Pirithoüs
Pirithoüs, fils d'Ixion, était roi des Lapithes, peuples de Thessalie, fameux non seulement par leur habileté à manier les
chevaux, mais encore par leurs guerres contre les
Centaures, habitants de la même contrée. Ce roi, ayant demandé et obtenu la main d'
Hippodamie, fille
d'
Adraste, roi d'
Argos, invita les
Centaures à la lennité du
mariage. Ceux-ci, échauffés par le vin, insultèrent les femmes ; l'un d'eux, Euryte, voulut même enlever la jeune
épouse. Mais
Hercule,
Thésée et les Lapithes s'y opposèrent. Ils en tuèrent un
grand nombre, et mirent les autres en fuite. Ceux-ci se retirèrent, dit-on, aux îles des Sirènes où ils moururent tous.
Cependant
Pirithoüs, frappé du récit des grandes actions de
Thésée, voulut mesurer ses
forces avec lui, et chercha l'occasion de lui faire querelle mais, quand ces deux héros furent en présence, une secrète et mutuelle admiration s'empara de leur
esprit ; leur cur se découvrit sans feinte ; ils s'embrassèrent au lieu de se
battre, et se jurèrent une amitié éternelle.
Pirithoüs devint le fidèle
compagnon de voyage de
Thésée. Ayant formé ensemble le projet d'enlever la jeune et belle
Hélène, et en étant venus à boire, ils la tirèrent au sort, à condition que celui à qui elle resterait serait obligé de procurer une autre femme à son ami.
Hélène, échut à
Thésée qui s'engagea à descendre aux Enfers avec son ami pour enlever
Proserpine. Mais là,
Cerbère se jeta sur
Pirithoüs et l'étrangla. On sait ce qui advint à
Thésée et à qui il fut redevable de sa délivrance.
Hippolyte
Hippolyte, fils de
Thésée et de la reine des
Amazones, Hippolyte ou
Antiope, était élevé à Trézène
sous les yeux du sage Pitthée , son aïeul. Le jeune prince, uniquement occupé de l'étude et de la sagesse, et des amusements de la chasse, s'attira l'indignation de
Vénus qui, pour se venger de ses dédains,
inspira à Phèdre une violente passion. La reine fit un voyage à Trézène, sous prétexte d'y faire élever un temple à
Vénus, et, en réalité, pour voir le jeune prince, et lui déclarer son
amour.
Dédaignée et furieuse, elle accuse Hippolyte dans une lettre, et se donne la mort.
Thésée, de retour, abusé par cet écrit imposteur, livre son fils à la vengeance de
Neptune, qui lui a promis d'exaucer trois de ses vux. Le malheureux père n'est que trop écouté ; un monstre affreux, suscité par les
dieux des mers, effarouche les
chevaux ; Hippolyte est renversé de son char, et périt victime des fureurs d'une marâtre et de la crédulité d'un père.
Suivant Ovide, Esculape lui rend la vie, et
Diane se couvre d'un nuage pour le faire sortir des Enfers. Les Trézéniens lui rendirent les honneurs divins dans un temple que
Diomède lui fit élever.
Phèdre
Phèdre, fille de
Pasiphaé et de
Minos, roi de
Crète, sur d'
Ariane et de
Deucalion, deuxième du nom, épousa
Thésée, roi d'Athènes, ou, selon d'autres, fut enlevée par
lui.
Son amour coupable pour Hippolyte causa à la fois sa perte et celle du jeune héros. Méprisée de lui et d'elle-même, elle se pendit de désespoir. Elle eut sa sépulture à Trézène près d'un
myrte dont les feuilles étaient toutes criblées : ce
myrte, disait-on, n'était pas venu ainsi ; mais dans le temps que Phèdre était possédée de sa passion, ne trouvant aucun soulagement, elle trompait son ennui, elle s'amusait à percer les feuilles de ce
myrte avec une aiguille à
cheveux.
Cette
fable et la précédente ont inspiré à Euripide et à Racine deux tragédies célèbres. Dans la pièce grecque (Hippolyte porte-couronne), Hippolyte est le principal personnage ; dans le poète français tout l'intérêt se concentre sur l'
épouse de
Thésée, sur « Phèdre, malgré soi, perfide,
incestueuse ».
Minos
Minos, deuxième du nom, fils de Lycaste et petit-fils du
premier
Minos, le
juge aux Enfers, se rendit redoutable à ses voisins, soumit plusieurs îles voisines, et se rendit le maître de la mer. Ses deux
frères ayant voulu lui disputer la
couronne, il pria les
dieux de lui donner une marque de leur approbation ; et
Neptune, l'exauçant, fit sortir de la mer un taureau d'une
blancheur éclatante. C'est à ce dernier
Minos qu'il faut rapporter les
fables de
Pasiphaé, du
Minotaure, de la guerre contre les Athéniens, et de
Dédale. Il périt en poursuivant cet artiste jusqu'en
Sicile, où le roi Cocalus le fit étouffer dans un
bain.
Son corps rendu à ses soldats fut enterré par eux en
Sicile ; et, afin de cacher ou de faire respecter ses restes, ils élevèrent un temple à
Vénus à l'endroit même de sa sépulture. Plus tard, quand on construisit les murs d'Agrigente, on découvrit son tombeau, et ses cendres recueillies furent solennellement portées en
Crète.
Pasiphaé
Pasiphaé, fille du
Soleil et de
Crète, ou, selon
d'autres, de Perséis, épousa le deuxième
Minos dont elle eut plusieurs
enfants, entre autres un fils appelé
Deucalion, un autre Androgée, et trois filles : Astrée,
Ariane et Phèdre.
Vénus, pour se venger du
Soleil, qui avait éclairé de trop près son intrigue avec
Mars,
inspira à sa fille un
amour désordonné pour un taureau blanc que
Neptune avait fait sortir de la mer. Selon d'autres mythologues, cette passion fut un effet de la vengeance de
Neptune contre
Minos, qui, ayant coutume de lui sacrifier tous les ans le plus beau de ses taureaux, en trouva un si beau, qu'il voulut le conserver, et en
immola un de moindre valeur.
Neptune, irrité, rendit
Pasiphaé amoureuse du taureau conservé.
Dédale, alors au service de
Minos, fabriqua, pour favoriser
Pasiphaé, une vache d'
airain.
Cette
fable a son explication dans la haine des Grecs, et en particulier des Athéniens, pour
Minos. Elle a pour origine vraisemblable une
équivoque du mot Taurus, nom d'un amiral crétois dont la reine, négligée par
Minos, amoureux de Procris, ou durant une longue maladie de ce prince, était devenue follement éprise.
Dédale fut probablement le confident de cette intrigue.
Pasiphaé eut deux jumeaux, dont l'un ressemblait à
Minos, l'autre à Taurus, ce qui donna lieu à la
fable du
Minotaure, monstre moitié taureau, moitié homme.
Dédale et Icare
Dédale, fils d'Hymétion, petit-fils d'
Eumolpe, et
arrière-petit-fils d'Érechthée, roi d'Athènes,
disciple de
Mercure, artiste incomparable, architecte, statuaire, inventeur de la cognée, du niveau, du vilebrequin, etc., substitua l'usage des voiles à celui des rames, et fit des statues qui d'elles-mêmes se mettaient en marche et paraissaient animées. Ayant tué son neveu dont il était jaloux, il fut condamné à mort par l'
Aréopage. Il s'enfuit alors d'Athènes et se réfugia en
Crète, à la cour de
Minos.
Là il construisit le fameux
labyrinthe, enclos rempli de
bois et de bâtiments disposés de manière que, quand on y était une fois entré, on n'en pouvait trouver l'issue.
Dédale fut la première victime de son invention.
Minos, irrité contre lui parce qu'il avait favorisé les
amours de
Pasiphaé, l'y fit enfermer avec son fils
Icare et
le
Minotaure.
Alors
Dédale fabriqua des ailes artificielles qu'il adapta avec de la
cire à ses épaules et à celles de son fils, à qui il recommanda de ne pas s'approcher trop du
soleil. Puis ils prirent ensemble leur essor, et partirent à travers les airs.
Icare, oubliant ses instructions , s'éleva trop haut : le
soleil fit
fondre la
cire de ses ailes, et il tomba et se noya dans la mer
Egée qui, de cette chute, prit le nom d'Icarienne.
Le malheureux père continua sa route, et aborda en
Sicile, auprès du roi Cocalus, qui d'abord lui donna un asile, et finit par le faire étouffer dans une étuve, comme
Minos lui-même, pour prévenir l'effet des menaces du roi de
Crète. Selon d'autres, il aurait abordé en Egypte où il aurait enrichi Memphis de quelques chefs-d'uvre de ses mains. Après sa mort, les habitants de cette ville l'honorèrent comme un
dieu.
D'après Virgile,
Dédale fit sa première descente en Italie, à Cumes, colonie de Chalcis, ville d'Eubée. Là il consacra ses deux ailes à
Apollon, et lui éleva un temple magnifique sur la porte duquel il grava ou sculpta toute l'
histoire de
Minos et de sa famille. Deux fois il tenta d'y représenter aussi la chute d'
Icare, deux fois ses mains défaillirent, au souvenir de sa douleur.
Démophoon et Phyllis
Démophoon, fils de
Thésée et de Phèdre, accompagna, comme un simple particulier, Elpénor à la
guerre de Troie. Après la prise de la ville, il retrouva auprès d'
Hélène sa grand-mère Ethra, mère de
Thésée, et la ramena avec lui.
A son retour, il s'arrêta à Daulis, ville de
Phocide, où il fut bien accueilli par la jeune reine, Phyllis, qui venait de succéder à
Lycurgue son père. Il se fit aimer de cette princesse. Après quelques mois de la plus tendre union, le prince, obligé de retourner à Athènes pour les affaires du royaume, promit à Phyllis de revenir bientôt, mais laissa passer le
jour fixé pour son retour. Se croyant délaissée, elle s'abandonna au désespoir, et, dans un accès de délire, se jeta dans la mer.
On ajoute que les
dieux, prenant en pitié cette reine si jeune et si tendre, la changèrent en amandier. Quelques
jours plus tard, Démophoon étant revenu, l'amandier fleurit, comme si Phyllis eût été sensible au retour de celui qu'elle avait si ardemment aimé.
Dans une certaine saison, les feuilles de cet
arbre paraissaient humides, et l'on disait alors qu'elles étaient trempées des larmes de Phyllis.
Démophoon, paisible héritier du trône d'Athènes, après la mort de l'usurpateur Mnesthée, accorda généreusement l'hospitalité aux
Héraclides persécutés par Eurysthée, et fit même périr leur
ennemi. Il accueillit également bien chez lui
Oreste, après le meurtre d'
Egisthe et de
Clytemnestre.
Cependant il eut un
scrupule, et ne voulut pas admettre tout d'abord ce
parricide à sa table. Il s'avisa de le faire servir séparément ; et, pour
adoucir cette espèce d'affront, il ordonna qu'on servit à chaque convive une coupe particulière, contre l'usage d'alors. En mémoire de cet événement, les Athéniens instituèrent une fête où, dans les repas, il y avait autant de coupes que de convives. Elle s'appelait la fête des Coupes.