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Mythologie grecque et romaine

Pierre Commelin
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LÉGENDES THÉBAINES - CROYANCES POPULAIRES

Enlèvement d’Europe

      Agénor, fils de Neptune et de l'Océanide Libye, roi de Phénicie, épousa Agriope ou Téléphassa, dont il eut une fille, Europe, et trois fils, Cadmus, Phénix et Cilix. Europe joignait à une incomparable beauté une blancheur si éclatante qu'on la soupçonnait d'avoir dérobé le fard de Junon. Un jour Jupiter, épris d'amour, la voyant jouer sur le bord de la mer avec ses compagnes, se change en taureau, s'approche de la princesse d'un air doux et caressant, se laisse orner de guirlandes, prend des herbes dans sa belle main, la reçoit sur son dos, s'élance dans la mer, et gagne à la nage l'île de Crète.
      Elle arriva dans l'île par l'embouchure du fleuve Léthé qui passait à Gortyne. Les Grecs, voyant sur cette rivière des platanes toujours verts, publièrent que ce fut sous ces arbres qu'eurent lieu les entrevues de Jupiter et d'Europe. Aussi a-t-on représenté Europe assez triste, assise sous un platane, au pied duquel est un aigle à qui elle tourne le dos. De ses trois fils, Minos, Rhadamanthe et Sarpédon, les deux premiers sont juges aux Enfers ; le troisième, ayant voulu ravir le trône à son frère aîné, fut obligé de sortir de Crète, et de s'enfuir en Asie Mineure où il fonda une colonie.
      Europe, après sa mort, fut considérée comme une divinité par les Crétois. Ils instituèrent même une fête en son honneur, nommée Hellotie, d'où on appela Europe Hellotès.
      Dès qu'Agénor eut appris l'enlèvement de sa fille, il la fit chercher de tous côtés, et ordonna à ses enfants de s'embarquer et de ne point revenir sans elle.
      Leurs recherches ayant été vaines, ils ne revinrent plus dans ses Etats.



Cadmus - Fondation de Thèbes

      Cadmus, l’ainé des fils d'Agénor, étant arrivé en Grèce, consulta l'oracle de Delphes pour savoir en quel lieu il pourrait s'établir, et reçut ordre de bâtir une ville à l'endroit où un bœuf le conduirait. Il suivit cet ordre, et rencontra dans la Phocide une génisse qui lui servit de guide, et qui s'arrêta dans l'emplacement où, depuis, fut bâtie la ville de Thèbes, sur le modèle de la Thèbes d'Egypte.
      Avant de jeter les fondements de la citadelle, qui de son nom fut appelée la Cadmée, il voulut offrir un sacrifice à Pallas. Dans cette intention, il envoya ses compagnons puiser de l'eau dans un bois voisin consacré à Mars : mais un dragon, fils de Mars et de Vénus, les dévora. Cadmus vengea leur mort en tuant le monstre, et en sema les dents, d'après le conseil de Minerve. Il en sortit des hommes tout armés qui l'assaillirent d'abord, mais tournèrent bientôt leur fureur contre eux-mêmes, et s'entretuèrent, à l'exception de cinq qui l'aidèrent à bâtir sa ville.
      Il épousa Harmonie ou Hermione, fille de Mars et de Vénus, ou, selon d'autres, fille de Jupiter et d'Electre, une des Atlantides. Tous les dieux, excepté Junon, avaient assisté à leurs noces, et leur avaient fait beaucoup de présents. Ce fut Harmonie qui porta en Grèce les premières connaissances de l'art qui a gardé son nom. On dit aussi que c'est Cadmus qui apprit aux Grecs l'usage des lettres, ou de l'alphabet, et leur apporta le culte de plusieurs divinités phéniciennes.
      Du mariage de Cadmus et d'Harmonie naquirent un fils nommé Polydore, et quatre filles, Ino, Agavé, Autonoé et Sémélé. Toute cette famille fut extrêmement malheureuse ; d'où l'on a imaginé cette fable : Vulcain, pour se venger de l'infidélité de Vénus, donna à sa fille Harmonie un habit teint de toutes sortes de crimes ; ce qui fit que tous leurs enfants furent des scélérats. Harmonie et Cadmus, après avoir éprouvé beaucoup de malheurs, par eux-mêmes et dans la personne de leurs enfants, furent changés en serpents.



Antiope

      Antiope, fille de Nyctéus, roi de Thèbes, fut célèbre dans toute la Grèce par sa beauté ; on la croyait même fille du fleuve Asopus qui arrose le territoire des Platéens et des Thébains. Elle fut séduite par Jupiter métamorphosé en satyre. Son père, s'en étant aperçu, résolut de la punir cruellement.
      Antiope, pour éviter sa colère, s'enfuit à la cour d'Epaphus ou Epopée, roi de Sicyone, qui l'épousa. Nyctéus fit la guerre à ce prince ; mais, ayant été blessé à mort, il chargea Lycus, son frère, de punir la faute de sa fille. La mort d'Epaphus, qui arriva bientôt après, mit fin à la guerre, et livra Antiope à Lycus qui la ramena à Thèbes. Ce fut en y allant qu'elle donna le jour à deux jumeaux, Amphion et Zéthus, sur le mont Cithéron.
      Epousée et bientôt répudiée par Lycus, son oncle, Antiope fut en butte à la persécution de Dircé, seconde femme de ce prince. Jetée en prison par cette princesse cruelle et jalouse, elle s'échappa, grâce à l'intervention de Jupiter, et alla rejoindre ses deux enfants. Par le récit de ses souffrances, elle les enflamma du désir de la venger. Ils se rendirent à main armée dans Thèbes, tuèrent Lycus et attachèrent Dircé à la queue d'un taureau indompté qui l'emporta sur des rochers où elle fut mise en pièces. Les dieux, touchés de son malheur, la changèrent en fontaine de son nom. On ajoute que, en punition du meurtre de Dircé, Bacchus, qu'elle honorait d'un culte particulier, frappa Antiope de démence. Hors d'elle-même, elle parcourait toute la Grèce, lorsque Phocas, petit-fils de Sisyphe et roi de Corinthe, l'ayant rencontrée par hasard, la guérit et l'épousa.



Amphion

      Les fils de Jupiter et d'Antiope, Amphion et Zéthus, furent élevés par des bergers sur le Cithéron et les autres montagnes de la Béotie. Leurs inclinations furent différentes : Zéthus s'adonna aux soins des troupeaux, et Amphion rechercha le doux commerce des Muses. Il se passionna pour la musique, et Mercure, dont il fut le disciple, lui donna une lyre merveilleuse.
      Après le meurtre de Lycus et de Dircé, il se rendit maître du royaume de Thèbes, avec Zéthus, son frère. Cette ville déjà avait bien une citadelle, la Cadmée, mais elle était dépourvue de remparts. Amphion lui en donna ; et c'est au son de sa lyre qu'il les construisit. Les pierres, sensibles à la douceur de ses accents, venaient d'elles-mêmes se placer les unes sur les autres. « Aux accords d'Amphion, dit Boileau,
                                              les pierres se mouvaient
                    Et sur les murs thébains en ordre s'élevaient.
                    L'harmonie en naissant produisit ces miracles »

ingénieux emblème du pouvoir de l'éloquence et de la poésie sur les hommes primitifs, épars dans les bois.



Niobé

      Fille de Tantale et sœur de Pélops, Niobé épousa Amphion, roi de Thèbes, et en eut un grand nombre d'enfants. Homère lui en donne douze, Hésiode vingt et Apollodore quatorze, autant de filles que de garçons. Les noms des garçons étaient Sipylus, Agénor, Phaédimus, Isménus, Ulynitus, Tantalus, Damasichton. Les filles s'appelaient Ethoséa ou Théra, Cléodosa, Astioché, Phthia, Pélopia, Astycratéa, ou Mélibée, Ogygia.
      Niobé, mère de tant d'enfants, s'en glorifiait, et méprisait Latone qui n'en avait eu que deux. Elle allait jusqu'à lui en faire des reproches, et, à s'opposer au culte religieux qu'on lui rendait, prétendant qu'elle-même méritait, à bien plus juste titre, d'avoir des autels. Latone, offensée de l'orgueil de Niobé, eut recours à ses enfants pour s'en venger. Apollon et Diane voyant un jour, dans les plaines voisines de Thèbes, les fils de Niobé qui y faisaient leurs exercices, les tuèrent à coups de flèches. Au bruit de cette funeste exécution, les sœurs de ces infortunés princes accourent sur les remparts, et, dans le moment même, elles se sentent frappées, et tombent sous les traits invisibles de Diane. Enfin la mère arrive, outrée de douleur et de désespoir ; elle demeure assise auprès du corps de ses chers enfants elle les arrose de ses larmes. Sa douleur la rend immobile ; elle ne donne plus aucun signe de vie ; la voilà changée en rocher. Un tourbillon de vent l'emporte en Lydie sur le sommet d'une montagne, oü elle continue de répandre des larmes qu'on voit couler d'un bloc de marbre.
      Suivant quelques auteurs, Chloris, la plus jeune des enfants de Niobé, échappa seule à la vengeance de Latone, et épousa plus tard Nélée, père de Nestor. Le premier nom de cette orpheline était Mélibée : elle eut le nom de Chloris, "pâle", parce que, ne s'étant jamais remise de la frayeur que lui avait causée la mort tragique de ses frères et sœurs, elle, demeura toute sa vie d'une pâleur extrême.
      Cette fable est devenue célèbre dans les temps modernes, surtout par le groupe de Niobé et ses enfants, aujourd'hui exposé à Florence, et qui fut découvert à Rome en 1583. Cette œuvre est attribuée à Praxitèle ou à Scopas. Il existe encore trois groupes remarquables de Niobé : à la villa Borghèse, au Vatican et à la villa Albani.



Hercule, en grec Héraclès

      Homère donne le nom de héros aux hommes qui se distinguent par leur force, leur courage et leurs exploits ; Hésiode désigne spécialement par ce mot les enfants d'un dieu et d'une mortelle. Le type d'Hercule répond à la fois à l'une et à l'autre de ces conceptions.
      La légende d'Hercule avec des variantes, des amplifications, se retrouve chez presque tous les peuples de l'antiquité, en Egypte, en Crète, en Phénicie, aux Indes et même en Gaule. Cicéron compte six héros du nom d'Hercule, Varron en compte quarante-trois. Le plus connu, celui qu'honoraient les Grecs et les Romains, et auquel se rapportent presque tous les monuments, est incontestablement l'Hercule Thébain, fils de Jupiter et d'Alcmène, femme d'Amphitryon.
      Thébain par sa naissance, il est cependant Argien d'origine. Par Alcmène et Amphitryon, il appartenait à la famille de Persée, et, du nom de son grand-père paternel Alcée, il est très souvent désigné sous celui d'Alcide.
      Amphitryon, fils d'Alcée et petit-fils de Persée, ayant tué, par mégarde, Electryon, roi de Mycènes, son oncle, père d'Alcmène, s'éloigna d'Argus, sa patrie, et se retira à Thèbes où il épousa sa cousine. Celle-ci mit à ce mariage une condition, c'est qu'Amphitryon irait venger la mort de son frère tué par les Téléboens, habitants de petites îles de la mer Ionienne, voisines d'Ithaque. Ce fut pendant cette expédition que Jupiter vint trouver Alcmène sous les traits d'Amphitryon, et la rendit mère d'Hercule, nom qui signifie : Gloire d'Hèra ou de Junon.
      En même temps qu'Hercule Alcmène mit au monde Iphiclus. Amphitryon, voulant savoir lequel des deux jumeaux était son fils, dit Apollodore, envoya auprès de leur berceau deux serpents : Iphiclus parut saisi de frayeur et voulut s'enfuir ; quant à Hercule, il étrangla les deux serpents, et montra, dès sa naissance, qu'il était digne d'avoir Jupiter pour père.
      Mais la plupart des mythologues disent que ce fut Junon qui, dès les premiers jours d'Hercule, donna des preuves éclatantes de la haine qu'elle lui portait à cause de sa mère, en envoyant deux horribles dragons dans son berceau pour le faire dévorer ; mais l'enfant, sans s'émouvoir, les prit à belles mains et les mit en pièces. La déesse se radoucit, et, à la prière de Pallas, consentit même à lui donner de son lait pour le rendre immortel. C’est alors que le lait de la déesse, attiré fortement par Hercule, rejaillit dans le ciel et forma la Voie lactée.
      Le jeune héros eut plusieurs maîtres : il apprit à tirer de l'arc de Rhadamanthe, de Castor à combattre tout armé ; le centaure Chiron fut son maître en astronomie et en médecine ; Linus, fils d'Isménius, petit-fils d'Apollon, lui enseigna à jouer d'un instrument qui se touchait avec l'archet, et, comme Hercule détonnait en touchant, Linus l'en reprit avec quelque sévérité ; Hercule, peu docile, ne put souffrir la réprimande, lui jeta son instrument à la tête, et le tua du coup.
      Il devint d'une taille extraordinaire et d'une force de corps incroyable. C'était aussi un grand mangeur et un grand buveur. Un jour, ayant faim, il tua un bœuf et le mangea. Pour boire il avait un gobelet énorme ; il fallait deux hommes pour le porter ; quant à lui, il n'avait besoin que d'une main pour s'en servir lorsqu'il le vidait.
      L'apologue de Prodicus, reproduit par Xénophon, mérite d'être ici raconté :

      « Hercule, étant devenu grand, se retira en un lieu à l'écart, pour penser à quel genre de vie il se donnerait : alors lui apparurent deux femmes de grande stature, dont l'une fort belle, qui était la Vertu, avait un visage majestueux et plein de dignité, la pudeur dans les yeux, la modestie dans tous ses gestes, et la robe blanche. L'autre, qu'on appelle la Mollesse ou la Volupté, était dans un grand embonpoint et d'une couleur plus relevée : ses regards libres et ses habits magnifiques la faisaient connaître pour ce qu'elle était. Chacune des deux tâcha de le gagner par ses promesses. Il se détermina enfin à suivre le parti de la Vertu, qui se prend ici pour la Valeur. » On voit, sur une médaille, Hercule assis entre Minerve et Vénus ; l'une, reconnaissable à son casque et à sa pique, est l'image de la Vertu ; l'autre, précédée de Cupidon, est le symbole de la Volupté.
      Ayant donc embrassé, de son propre choix, un genre de vie dur et laborieux, il alla se présenter à Eurysthée, roi de Mycènes, sous les ordres de qui il devait entreprendre ses combats et ses travaux, par le sort de sa naissance.
      Eurysthée était le fils de Sthénélus et de Micippe, fille de Pélops. Jupiter ayant juré que, de deux garçons qui allaient naître, l'un fils de Sthénélus, l'autre d'Alcmène, celui qui le premier verrait le jour obtiendrait l'empire sur l'autre, Junon, qui était irritée contre Alcmène, se vengea sur son fils, avança la naissance d'Eurysthée, et lui procura la supériorité sur son concurrent. Ce prince politique, jaloux de la réputation d'Hercule, et craignant d'être un jour détrôné, le persécuta sans relâche, et eut soin de lui donner assez d'occupations hors de ses États pour lui ôter le moyen de troubler son gouvernement. Il exerça son grand courage et ses forces dans des entreprises également délicates et dangereuses ; c'est ce qu'on appelle les Travaux d'Hercule. Ils sont au nombre de douze.
      Le premier est le combat contre le lion de Némée.
      Dans une forêt voisine de Némée, ville de l'Argolide, était un lion d'une taille énorme qui dévastait le pays. Hercule, à l'âge de seize ans, attaqua ce monstre, épuisa son carquois contre sa peau impénétrable aux traits, et brisa sur lui sa massue de fer. Enfin, après beaucoup d'efforts inutiles, il saisit le lion, le déchira de ses mains, et avec ses ongles lui enleva la peau qui depuis lui servit de bouclier et de vêtement.
      Le second est le combat contre l'hydre de Lerne.
      Sur le territoire d'Argos se trouvait le lac de Lerne, dont le circuit, dit Pausanias, n'avait guère plus d'un tiers de stade. C'était donc une grande mare profonde, d'environ 62 mètres de tour. Dans cette sorte de cloaque marécageux, vivait une hydre redoutable, monstre à plusieurs têtes. Les uns lui en donnent sept, d'autres neuf, d'autres cinquante. Quand on en coupait une, on en voyait renaître autant qu'il en restait après celle-là, à moins qu'on n'appliquât le feu à la plaie. Le venin de ce monstre était si subtil, qu'une flèche qui en était frottée donnait infailliblement la mort. Cette hydre ravageait les campagnes et les troupeaux.
      Pour la combattre, Hercule monta sur son char. Iotas, son neveu, fils d'Iphiclus, lui servit de cocher. Junon, voyant Hercule près de triompher du monstre, avait envoyé au secours de l'hydre un cancre marin, qui le piqua au pied. Hercule l'ayant aussitôt écrasé, la déesse le plaça parmi les astres, où il forme le signe de l'Écrevisse. L'hydre fut tuée ensuite sans obstacle : Hercule lui abattit toutes ses têtes d'un seul coup.
      Le troisième consistait à tuer le sanglier d'Érymanthe.
      Erymanthe est une montagne d'Arcadie, célèbre par un sanglier qui en ravageait les environs. Hercule prit ce terrible animal vivant ; et Eurysthée, voyant le héros porter ce sanglier sur ses épaules, fut saisi de frayeur, et alla se cacher sous une cuve d'airain.
      Le quatrième lui assura sa victoire sur la biche aux pieds d'airain.
      Sur les pentes et dans les vallées du mont Ménale, en Arcadie, se trouvait une biche aux pieds d'airain et aux cornes d'or, si rapide à la course, que personne n'avait pu l'atteindre. Elle donna au héros beaucoup de peine, parce que, sachant qu'elle était consacrée à Diane, il ne voulait pas la percer de ses flèches. Il la poursuivit donc ardemment, et finit par la prendre au moment où elle traversait le Ladon.
      Le cinquième fut l'extermination des oiseaux du lac Stymphale.
      En Arcadie, sur le lac Stymphale, il y avait des oiseaux monstrueux, dont les ailes, la tête et le bec étaient de fer, les ongles crochus et acérés. Ils lançaient des dards de fer contre ceux qui les attaquaient ; le dieu Mars les avait lui-même dressés au combat. Ils étaient en si grand nombre, et d'une grosseur si extraordinaire que, lorsqu'ils volaient, leurs ailes interceptaient la clarté du soleil. Hercule, ayant reçu de Minerve des cymbales d'airain propres à épouvanter ces oiseaux, s'en servit pour les attirer hors du bois où ils se retiraient, et les extermina à coup de flèches.
      Dans le sixième, il dompta le taureau de l’île de Crète envoyé par Neptune contre Minos, et l'amena à Eurysthée. Celui-ci laissa échapper ce redoutable animal qui alla ravager la plaine de Marathon. Hercule dut entreprendre une nouvelle lutte contre ce taureau, et le mit finalement, à mort.
      Dans le septième, il enleva les cavales de Diomède.
      Diomède, roi de Thrace, fils de Mars et de Cyrène, avait des chevaux furieux qui vomissaient feu et flamme. Il les nourrissait, dit-on, de chair humaine et leur donnait à dévorer tous les étrangers qui avaient le malheur de tomber entre ses mains. Hercule prit Diomède, le fit dévorer par ses propres chevaux, les amena ensuite à Eurysthée, et les lâcha sur le mont Olympe où ils furent dévorés par les bêtes sauvages.
      Ce fut dans cette expédition qu'Hercule bâtit en Thrace la ville d' Abdère, en mémoire de son ami Abdérus que les chevaux de Diomède avaient dévoré.
      Le huitième des travaux d'Hercule est sa victoire sur les Amazones.
      La nation des Amazones, établie sur les bords et dans le voisinage du Pont Euxin, en Asie et en Europe, était devenue redoutable. Ces femmes guerrières ne vivaient que de pillage et des produits de leur chasse. Elles étaient vêtues de peaux de bêtes sauvages ; leur vêtement, agrafé sur l'épaule gauche et retombant jusqu'au genou, laissait à découvert toute la partie droite du corps. Leur armure se composait d'un arc, d'un carquois garni de flèches ou javelines, et d'une hache. Leur bouclier avait la forme d'un croissant, et environ un pied et demi de diamètre. En guerre, leur reine portait un corselet formé de petites écailles de fer, attaché avec une ceinture ; toutes portaient un casque orné de plumes, plus ou moins brillantes, insignes de leur rang ou de leur dignité. Souvent elles étaient à cheval ; mais elles combattaient aussi à pied. Avec leur reine Penthésilée, elles étaient allées au secours de Troie ; une de leurs reines, Harpalyce, célèbre par la légèreté de sa course, réduisit en son pouvoir toute la Thrace. Au temps d'Hercule, elles obéissaient à la reine Hippolyte.
      Eurysthée ayant commandé au héros de lui apporter la ceinture de cette princesse, Hercule alla chercher ces guerrières, tua Mygdon et Arnycus, frères d'Hippolyte, qui lui disputaient le passage, défit les Amazones, et enleva leur reine qu'il fit épouser à son ami Thésée.
      Dans le neuvième de ses travaux, il nettoya les écuries d'Augias.
      Roi d'Elide et fils du Soleil, Augias, un des Argonautes, avait des étables qui contenaient trois mille bœufs, et qui n'avaient point été nettoyées depuis trente ans. Ayant appris l'arrivée d'Hercule dans ses États, il lui proposa de les nettoyer, sous la promesse du dixième de son troupeau. Le héros détourna le fleuve Alphée, et le fit passer à travers les étables. Le fumier emporté, et l'air nettoyé, Hercule se présenta pour recevoir le prix de son travail. Augias hésitant, et n'osant le refuser ouvertement, le renvoya au jugement de son fils Philée. Celui-ci décida en faveur d'Hercule. Son père le chassa de sa présence, et l'obligea de se réfugier dans l'île de Dulichie. Hercule, indigné de ce procédé, pilla la ville d'Elis, tua Augias, rappela Philée, et lui donna les États de son père.
      Dans le dixième, il combattit Géryon, et emmena ses bœufs. Géryon, fils de Chrysaor et de Callirhoé était, suivant Hésiode, le plus fort de tous les hommes et roi d'Érythie, contrée d'Espagne, voisine de l'Océan. Les poètes venus après Hésiode en ont fait un géant à trois corps, qui avait, pour garder ses troupeaux, un chien à deux têtes et un dragon à sept. Hercule le tua avec ses gardiens, et emmena ses bœufs.
      Dans le onzième, il enleva les pommes d'or du jardin des Hespérides, filles d'Atlas.
      Dans le douzième, il retira Thésée des Enfers.
      On lui attribua bien d'autres actions mémorables ; chaque pays et presque toutes les villes de la Grèce se faisaient honneur d'avoir été le théâtre de quelque fait merveilleux de ce héros. Ainsi il extermina les Centaures, tua Busiris, Antée, Hippocoon, Eurytus, Périclymène, Eryx, Lycus, Cacus, Laomédon, etc... ; il arracha Cerbère des enfers ; il en retira Alceste ; il délivra Hésione du monstre qui allait la dévorer, et Prométhée de l'aigle qui lui mangeait le foie ; il soulagea Atlas, qui pliait sous le poids du ciel dont ses épaules étaient chargées ; il sépara ces deux montagnes depuis appelées les Colonnes d'Hercule ; il combattit contre le fleuve Achéloüs à qui il enleva une de ses cornes ; enfin il alla jusqu'à combattre contre les dieux mêmes.
Homère dit que ce héros, pour se venger des persécutions que Junon lui avait suscitées, tira contre cette déesse une flèche à trois pointes qui la blessa grièvement. Le même poète ajoute que Pluton fut aussi blessé d'un coup de flèche à l'épaule, dans la sombre demeure des morts, et qu'il fut obligé de monter au ciel pour se faire guérir par le médecin des dieux. Un jour qu'il se trouvait incommodé des ardeurs du soleil, il se mit en colère contre cet astre, et tendit son arc pour tirer contre lui. Le Soleil, admirant son grand courage, lui fit présent d'un gobelet d'or sur lequel, dit Phérécide, il s'embarqua. (Le mot grec Scaphos signifie à la fois une barque ou un gobelet.)
      Enfin, Hercule s'étant présenté aux jeux olympiques pour disputer le prix, et personne n'osant concourir avec lui, Jupiter lui-même voulut lutter contre son fils, sous la figure d'un athlète ; et, comme, après un long combat, l'avantage fut égal des deux côtés, le dieu se fit connaître, et félicita son fils sur sa force et sa valeur.
      Hercule eut plusieurs femmes : les plus connues sont Mégare, Omphale, Iole, Epicaste, Parthénope, Augé, Astiochée, Astydamie, Déjanire, et la jeune Hébé qu'il épousa dans le ciel, sans compter les cinquante filles de Thespius, roi d'Étolie. Combien d'enfants laissa-t-il après lui ? La Mythologie ne les a pas énumérés. On lui en supposa un grand nombre. Et, dans la suite, beaucoup de grandes familles se firent un honneur de descendre de ce héros.
      La mort d’Hercule fut un effet de la vengeance du Centaure Nessus et de la jalousie de Déjanire.
      Cette princesse, fille d'Œnée, roi de Calydon en Etolie, fut d'abord fiancée à Achéloüs, ce qui excita une querelle entre ce fleuve et le héros. Achéloüs ayant été vaincu dans un combat singulier, bien qu'il eût pris la forme d'un serpent, Déjanire fut le prix du vainqueur qui l'emmenait dans sa patrie, lorsqu'il fut arrêté par le fleuve Evenus dont les eaux étaient extrêmement grossies. Comme il délibérait s'il retournerait sur ses pas, le Centaure Nessus vint s'offrir de lui-même pour passer Déjanire sur son dos. Hercule, y ayant consenti, traversa le fleuve le premier : arrivé à l'autre bord, il aperçut le Centaure qui, loin de passer Déjanire, se disposait à l'enlever de vive force. Alors le héros, indigné de son audace, lui décocha une flèche trempée dans le sang de l'hydre de Lerne, et le perça. Nessus, se sentant mourir, donna à Déjanire sa tunique ensanglantée, en lui disant que, si elle pouvait persuader à son mari de la porter, ce serait un moyen sûr de se l'attacher pour toujours. La jeune épouse, trop crédule, accepta ce présent, à dessein de s'en servir à l'occasion. Peu de temps après, ayant appris qu'Hercule était retenu en Eubée par les charmes d'Iole, fille d'Eurytus, elle lui envoya la tunique de Nessus par un jeune esclave appelé Lychas, à qui elle recommanda de dire à son mari les choses les plus tendres et les plus touchantes.
      Hercule, qui ne soupçonnait rien du dessein de sa femme, reçut avec joie ce fatal présent ; mais il n'en fut pas plutôt revêtu, que le venin dont la tunique était infectée fit sentir son funeste effet. En un instant il se glissa dans les veines, et bientôt pénétra jusqu'à la mœlle des os. En vain le héros essaya de se débarrasser de cette tunique ; elle s'était collée sur sa peau et comme incorporée à ses membres. À mesure qu'il la déchirait, il se déchirait aussi la peau et la chair. Dans cet état, il pousse des cris effroyables, et fait les plus terribles imprécations contre sa perfide épouse. Dans sa fureur, il saisit Lychas, et le lance à la mer où il est changé en rocher.
      Voyant tous ses membres desséchés et sa fin prochaine, il élève un bûcher sur le mont Œta, y étend sa peau de lion, se couche dessus, met sa massue sous sa tête, et ordonne ensuite à Philoctète, son ami, d'y mettre le feu et de prendre soin de ses cendres.
      Dès que le bûcher fut allumé, la foudre, dit-on, vint le frapper, et consuma le tout en un instant, pour purifier ce qu'il y avait de mortel dans Hercule. Jupiter l'enleva alors dans le ciel, et le plaça au rang des demi-dieux.
      Quand Déjanire eut appris la mort d'Hercule, elle en conçut tant de regret, qu'elle se tua elle-même. Les poètes disent que de son sang sortit une plante appelée nymphée ou héracléon.
      Philoctète, ayant élevé un tombeau sur les cendres de son ami, y vit bientôt offrir des sacrifices au nouveau dieu. Les Thébains et les autres peuples de la Grèce, témoins de ses belles actions, lui érigèrent des temples et des autels. Son culte fut porté plus tard à Rome, en Gaule, en Espagne et jusque dans l'île de Taprobane, aujourd'hui Ceylan.
      A Rome, Hercule avait plusieurs temples ; à Cadix, il en avait un très célèbre, dans lequel on voyait les fameuses colonnes.
      Ce héros a été peint avec une puissante musculature, des épaules carrées, un teint noir ou bronzé, un nez aquilin, de gros yeux, la barbe épaisse, les cheveux crépus et horriblement négligés. Sur les monuments, il paraît ordinairement sous les traits d'un homme robuste, la massue à la main, et portant la dépouille du lion de Némée, quelquefois sur le bras, quelquefois sur la tête. On le trouve aussi représenté tenant l'arc et le carquois ; souvent barbu, il est assez fréquemment sans barbe.
      La plus belle de toutes les statues de ce demi-dieu, que l'antiquité nous ait transmises, est l'Hercule Farnèse, chef-d'œuvre de l'art, dû à l'Athénien Glycon, et découvert au seizième siècle à Rome dans les bains de Caracalla. Hercule y est représenté reposant sur sa massue recouverte en partie de la peau du lion, et tient à la main les pommes du jardin des Hespérides.
      Le peuplier blanc lui était consacré.
      Eurysthée, non content de voir son ennemi mort, voulut exterminer les restes d'un nom si odieux pour lui. Il poursuivit les Héraclides, ou descendants d'Hercule, de climats en climats jusqu'au sein de la Grèce. Ceux-ci s'étant réfugiés à Athènes auprès d'un autel de Jupiter pour contre-balancer Junon qui animait Eurysthée contre eux, Thésée prit leur défense, et refusa de les livrer à leur persécuteur venu les redemander les armes à la main, et qui périt avec toute sa famille dans un combat.
      Alcmène eut la douleur de survivre à son fils Hercule ; mais elle eut aussi la cruelle satisfaction de tenir entre ses mains la tête d'Eurysthée et de lui arracher les yeux. Après la mort de son premier époux, elle avait épousé Rhadamanthe qu'elle rejoignit plus tard aux Enfers. On raconte que, pendant que les Héraclides étaient occupés de ses funérailles, Jupiter ordonna à Mercure d'enlever son corps et de le transporter aux Champs-Élysées. A Thèbes, elle était associée à la gloire de son fils, et on lui rendit des honneurs divins.
      Tous les cinq ans, les Athéniens célébraient les Héraclées, grandes fêtes en l'honneur d'Hercule. Les mêmes fêtes se célébraient aussi à Sicyone où elles duraient deux jours.
      On désigne parfois Hercule sous le nom de héros de Tirynthe, ville d'Argolide, où, dit-on, il fut élevé.



Divers personnages ou héros secondaires
dont la fable est étroitement liée à celle d’Hercule

Iphiclus

      Iphiclus ou Iphiclès, frère d'Hercule, fils d'Alcmène et d'Amphitryon, fut pendant quelque temps le compagnon du héros. Il fut blessé dès la première expédition de son frère contre Argée, roi des Eléens, et mourut à Phénée en Arcadie. Les Phénéates lui rendaient tous les ans, sur son tombeau, les honneurs héroïques.



Hyllus

      Hyllus, fils d'Hercule et de Déjanire, fut élevé chez Céyx, roi de Trachine en Thessalie, à qui le héros avait confié sa femme et ses enfants, pendant qu'il était occupé à ses fameux travaux. Envoyé par Déjanire à la recherche de son père, il a le chagrin de le rencontrer au moment où il vient de revêtir la tunique de Nessus. Sentant qu'il va succomber, Hercule lui recommande de le placer sur le mont Œta, de le porter sur un bûcher, d'y mettre le feu de ses mains, et enfin d'épouser Iole.
      Ce fut Hyllus qui tua Eurysthée dans son combat contre les Héraclides. Mais plus tard, ayant défié Atrée, chef des Pélopides, à la condition que, s'il était vaincu, les Héraclides ne pourraient entrer dans le Péloponèse que cent ans après sa mort, il périt dans le combat, et ses descendants furent obligés d'observer le traité.



Céyx et Alcyone

      Céyx, roi de Trachine, fils de Lucifer et ami d'Hercule, périt dans un naufrage, en allant à Claros consulter l'oracle d'Apollon. Son épouse Alcyone, fille d'Eole, de la race de Deucalion, prise de désespoir, se précipita dans la mer. Les dieux récom­pensèrent leur fidélité conjugale en les métamorphosant tous deux en alcyons, et voulurent que la mer fut tranquille tout le temps que ces oiseaux feraient leurs nids. L'alcyon était consacré à Thétis, parce que, dit-on, cet oiseau couve sur l'eau et parmi les roseaux. On le regardait comme un symbole de paix et de tranquillité. A Rome, les jours où l'on ne plaidait pas s'appelaient communément jours d'Alcyon.



Iolas

      Iolas, fils d'Iphiclus et neveu d'Hercule, fut le compagnon de ses travaux, prit part avec lui à l'expédition des Argonautes, épousa Mégare, répudiée par le héros, se mit à la tête des Héraclides avec Hyllus, et l'aida à vaincre Eurysthée. Il conduisit une colonie de Thespiades en Sardaigne, passa en Sicile, et revint en Grèce, où, après sa mort, on lui dédia des monuments héroïques. Hercule avait donné l'exemple, car il avait, en Sicile, dédié un bois à Iolas, et institué des sacrifices en son honneur. Les habitants d'Agyre, en Sicile, lui vouaient leur chevelure.



Pholus

      Hercule, allant à la chasse du sanglier d'Erymanthe, logea chez le Centaure Pholus, qui le reçut très bien, et le traita de même. Au milieu du festin, Hercule voulut entamer un muid de vin qui appartenait aux autres Centaures, mais que Bacchus ne leur avait donné qu'à la condition d'en régaler Hercule quand il passerait chez eux ; ceux-ci le lui refusèrent, et une lutte vive s'engagea. Le héros les écarta à coups de flèches, et en tua plusieurs de sa massue. Pholus ne prit aucune part à ce combat, il se borna à rendre aux morts les devoirs de la sépulture ; mais par malheur, une flèche qu'il arracha du corps d'un de ces Centaures le blessa à la main, et quelques jours après, il mourut de sa blessure. Hercule lui fit de magnifiques funérailles, et l'enterra sur la montagne appelée depuis Pholoé, du nom de Pholus.



Busiris

      Busiris, roi ou plutôt tyran d'Espagne, était fameux par ses cruautés. Il immolait à Jupiter tous les étrangers qui avaient le malheur d'aborder dans ses Etats. On dit que, ayant entendu vanter la sagesse et la beauté des filles d'Atlas, il les fit enlever par des pirates ; mais Hercule poursuivit les ravisseurs, les tua tous, délivra les Atlantides, et alla en Espagne tuer Busiris. – D'autres prétendent que ce tyran était roi d'Egypte.



Antée

      Antée, géant, fils de Neptune et de la Terre, à qui la fable donne soixante-quatre coudées de hauteur, arrêtait tous les passants dans les sables de la Libye, les forçait à lutter contre lui, et les écrasait de son poids, parce qu'il avait fait vœu d'élever un temple à Neptune avec des crânes d'hommes.
      Hercule, qu'il avait provoqué, le terrassa trois fois, mais en vain, car la Terre, sa mère, lui rendait des forces nouvelles chaque fois qu'il la touchait. Le héros s'en aperçut ; alors, il le souleva en l'air, et l'étouffa dans ses bras. Cet Antée avait bâti la ville de Tingis (aujourd'hui Tanger) sur le détroit de Gibraltar, où il fut enterré.



Hippocoon

      Hippocoon, Fils d’Œbalus, roi de Sparte, et de Gorgophone, fille de Persée, disputa la couronne à son frère Tyndare, et le chassa de son royaume. Hercule intevint, tua Hippocoon et rétablit Tyndare sur le trône.



Eurytus

      Eurytus, roi d'Œchalie, ville de l'Etolie septentrionale, était célèbre par son adresse à tirer à l'arc. Il avait promis sa fille Iole à celui qui le surpasserait. Hercule le vainquit. Mais Eurytus refusa de tenir sa promesse et fut tué par le héros.



Eryx

      Eryx, fils de Vénus et de Butés, fut roi d'un canton de Sicile, appelé Erycie. Fier de sa force prodigieuse et de sa réputation au pugilat, il défiait au combat ceux qui se présentaient chez lui, et tuait le vaincu. Il osa même s'attaquer à Hercule, qui venait d'arriver en Sicile. Le prix du combat fut d'un côté les bœufs de Géryon, et de l'autre le royaume d'Éryx, qui fut d'abord choqué de la comparaison, mais qui accepta l'offre, lorsqu'il sut qu'Hercule perdrait, avec ses bœufs, l'espérance de l'immortalité. Il fut vaincu, et enterré dans le temple dédié à Vénus.



Achénon et Passalus

      Achénon et Passalus, son frère, étaient deux Cercopes, c'est-à-dire originaires de Pithécuse, île voisine de la Sicile, dont les habitants, à cause de leur insolence et de leur méchanceté, avaient été changés en singes par Jupiter. Le mot cercops, en grec, désigne une sorte de singe.
      Ces deux frères, par leur malice, ne démentaient pas leur origine. Querelleurs incorrigibles, ils provoquaient quiconque se trouvait sur leur passage. Sennon, leur mère, les avertit de prendre garde de tomber entre les mains du Mélampyge, c'est-à-dire de l'homme aux cuisses noires.
      Un jour ils rencontrèrent Hercule endormi sous un arbre, et l'insultèrent. Hercule les lia par les pieds, les attacha à sa massue, la tête en bas, et les porta sur son épaule, comme les chasseurs portent le gibier. Ce fut en cette plaisante posture qu'ils dirent : « Voilà le Mélampyge que nous devions craindre. » Hercule se mit à rire, et leur rendit la liberté.
      C'est ce qui a donné lieu au proverbe grec : « Prends garde au Mélampyge ».



Cacus

      Cacus ou en grec Cacos, Méchant, fils de Vulcain, demi-homme et demi-satyre, était d'une taille colossale, et vomissait des tourbillons de flamme et de fumée. Des têtes sanglantes étaient sans cesse suspendues à la porte de sa caverne située en Italie, dans le Latium, au pied du mot Aventin.
      Hercule, après la défaite de Géryon, conduisit ses troupeaux de bœufs sur les bords du Tibre, et s'endormit pendant qu'ils paissaient. Cacus en vola quatre paires, et, pour n'être pas trahi par les traces de leurs pas, les traîna dans son antre à reculons, par la queue. Le héros se disposait à quitter ces pâturages. lorsque les bœufs qui lui restaient se mirent à mugir : les vaches enfermées dans l'antre répondirent par des beuglements. Hercule, furieux, court vers la caverne ; mais l'ouverture en était fermée avec un rocher énorme que tenaient suspendu des chaînes forgées par Vulcain. Il ébranle les rochers, se fraye un passage, s'élance dans la caverne à travers les tourbillons de flamme et de fumée que le monstre vomit ; il le saisit, l'étreint de ses mains robustes, et l'étrangle. Ovide le lui fait tuer à coups de massue.
      En mémoire de cette victoire, les habitants du voisinage célébrèrent, tous les ans, une fête en l'honneur d'Hercule. – Des pierres gravées antiques représentent Cacus dans l'instant du vol ; et, sur le revers d'une médaille d'Antonin le Pieux, on voit ce monstre renversé, sans vie, aux pieds du héros, autour duquel se presse un peuple reconnaissant. Dans les plafonds peints à Bologne, au palais Zampiéri, par les Carrache, Cacus a une tête de bête sur un corps humain.



Laomédon et Hésione

      Laomédon, fils d'Ilus, et père de Priam, régna à Troie vingt-neuf ans. Il fit entourer sa capitale de si fortes murailles, qu'on attribua cet ouvrage à Apollon. Les fortes digues qu'il fit faire aussi contre les vagues de la mer passèrent pour l'ouvrage de Neptune. Plus tard des inondations renversèrent en partie ces digues, et l'on publia que Neptune, frustré de la récompense promise, s'était vengé par là de la perfidie du roi. Apollon, de son côté, se vengea par la peste. On recourut à l'oracle pour faire cesser ces deux fléaux, et la réponse fut que le dieu de la mer ne serait apaisé que lorsque les Troyens auraient exposé à un monstre marin celui de leurs enfants que le sort aurait désigné. Ce fut Hésione, fille de Laomédon, que le sort désigna.
      Le roi fut obligé de livrer sa fille, qui venait d'être enchaînée sur le bord de la mer, lorsque Hercule descendit à terre avec les autres Argonautes. Dès que cette jeune princesse lui eut appris son infortune. il rompit les chaînes qui la tenaient attachée, et, entrant dans la ville, il promit au roi de tuer le monstre. Charmé de cette offre généreuse, Laomédon lui promit, de son côté, pour sa récompense, ses chevaux invincibles, et si légers qu'ils couraient sur les eaux.
      Hercule ayant achevé cet exploit, on donna à Hésione la liberté de suivre son libérateur, ou de demeurer dans sa patrie et dans sa famille. Hésione préféra son bienfaiteur à ses parents et à ses concitoyens, et consentit à suivre les étrangers. Mais Hercule laissa en garde à Laomédon Hésione et les chevaux qu'il lui avait promis, à condition qu'il les lui rendrait à son retour de la Colchide.
      Après l'expédition des Argonautes, Hercule envoya son ami Télamon à Troie sommer le roi de tenir sa parole ; mais Laomédon fit mettre en prison le député et dresser des embûches aux autres Argonautes. Hercule vint assiéger la ville, la saccagea, tua Laomédon, enleva Hésione, et la fit épouser à Télamon. L'enlèvement d'Hésione par les Grecs fut dans la suite la cause ou le prétexte de l'enlèvement d'Hélène par un prince troyen.


Alceste

      Alceste, fille de Pélias et d'Anaxabie, étant recherchée en mariage par un grand nombre de prétendants, son père dit qu'il ne la donnerait qu'à celui qui pourrait, atteler à son char des bêtes féroces de différente espèce.
      Admète, roi de Thessalie, eut recours à Apollon. Ce dieu, reconnaissant de l'accueil qu'il avait reçu de ce roi, lui donna un lion et un sanglier apprivoisés qui traînèrent le char de la princesse. Alceste, accusée d'avoir eu part au meurtre de Pélias, fut poursuivie par Acaste, son frère, qui déclara la guerre à Admète, le fit prisonnier, et allait venger sur lui le crime des filles de Pélias, lorsque la généreuse Alceste alla s'offrir volontairement au vainqueur pour sauver son époux.
      Acaste emmenait déjà à Iolchos la reine de Thessalie, dans le dessein de l'immoler aux mânes de son père, lorsque Hercule, à la prière d'Admète, ayant poursuivi Acaste, l'atteignit au-delà du fleuve Achéron, et lui enleva Alceste, pour la rendre à son mari.
      De là la fable qui représente Alceste mourant effectivement pour son mari, et Hercule combattant la Mort, et la liant avec des chaînes de diamant jusqu'à ce qu'elle eût consenti à rendre Alceste à la lumière. Cette tradition a été adoptée par Euripide dans sa tragédie d'Alceste.



Mégare

      Mégare, fille de Créon, roi de Thèbes, et femme d'Hercule, avait été accordée à ce héros en récompense du secours qu'il avait porté à Créon contre Erginus, roi d'Orchomène. Pendant la descente d'Hercule aux Enfers, Lycus voulut s'emparer de Thèbes, et forcer Mégare à l'épouser. Hercule revint à propos, tua Lycus et rétablit Créon. Junon, indignée de la mort de Lycus, inspira à Hercule une violente fureur dans un accès de laquelle il tua Mégare et les enfants qu'il avait eus d'elle.
      Suivant une autre tradition, il ne tua que ses enfants, répudia, dans la suite, Mégare, dont la vue lui rappelait sans cesse le souvenir de sa fureur, et la fit épouser à son neveu Iolas. – La démence du héros a fourni à Euripide le sujet de sa tragédie d'Hercule furieux.



Omphale

      Omphale était reine de Lydie, dans l'Asie Mineure. Hercule, en voyageant, s'arrêta chez cette princesse, et fut si épris de sa beauté qu'il oublia sa valeur et ses exploits pour se livrer aux plaisirs de l'amour. « Tandis qu'Omphale, dit agréablement Lucien, couverte de la peau du lion de Némée, tenait la massue, Hercule, habillé en femme, vêtu d'une robe de pourpre, travaillait à des ouvrages de laine, et souffrait qu'Omphale lui donnât quelquefois de petits soufflets avec sa pantoufle. » On le trouve ainsi représenté sur d'anciens monuments. Hercule eut d'Omphale un fils nommé Agésilas, d'où l'on fait descendre Crésus. – MALIS fut aussi aimée d'Hercule durant l'esclavage de ce héros à la cour d'Omphale. C'était l'une des suivantes de cette princesse.



Iole

      Iole, fille d'Eurytus, roi d'Œchalie, pressée par Hercule qui ravageait les Etats de son père, se précipita du haut des remparts ; mais le vent, enflant sa robe, la soutint dans l'air et la descendit sans qu'elle eût aucun mal. Selon d'autres, Eurytus refusa sa fille au héros, ce qui fut cause de sa perte et de celle de son fils Iphitus. Ce fut l'amour d'Hercule pour Iole qui causa la jalousie de Déjanire et l'envoi de la fatale tunique de Nessus.



Autres femmes d’Hercule

      Epicaste, fille d'Egée, eut d'Hercule une fille nommée Thessala.
      Parthénope, fille de Stymphale, eut de lui un fils, Éverrès.
      Augé, femme d'Hercule et fille d'Aléus, roi d'Arcadie. fut la mère de Télèphe dont les malheurs firent le sujet de plusieurs tragédies sur le théâtre ancien.
      Astyachée, fille de Philanthe, ayant été faite captive par Hercule dans la ville d'Ephine en Elide, eut de lui un fils nommé Tlépolème.
      Astydamie, fille d'Amyntor, roi des Dolopes et mère de Lépréas, fut aimée d'Hercule et réconcilia son fils avec lui. Elle eut de ce héros un autre fils nommé, selon les uns, Tlépoléme, el, selon d'autres, Etésipe. – Lépréas, fils d'Astydamie et de Glaucon, avait comploté, avec Augias, roi des Éléens, de lier Hercule, lorsqu'il demanderait la récompense de son travail, selon la promesse faite par ce roi. Depuis ce temps, Hercule cherchait l'occasion de se venger.
      Grâce à Astydamie les deux ennemis se réconcilièrent ; mais ensuite Lépréas disputa contre Hercule à qui lancerait mieux le disque, puiserait plus d'eau en un certain temps, aurait plus tôt mangé un taureau d'égal poids et boirait le plus. Hercule fut toujours vainqueur. Enfin Lépréas, dans un accès de colère et d'ivresse, ayant défié Hercule au combat, fut tué par le héros.




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