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Mythologie grecque et romaine

Pierre Commelin
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LES TYNDARIDES

Tyndare et Léda

      Tyndare, fils d'Œbalus, roi de Sparte, et de Gorgophone, fille de Persée et d'Andromède, devait naturellement succéder à son père ; mais Hippocoon son frère lui disputa la couronne, et l'obligea à se retirer en Messénie jusqu'à ce qu'il fût rétabli sur le trône par Hercule. Il épousa Léda, fille de Thestius, roi d'Étolie. Cette princesse, aimée de Jupiter qui, pour réussir dans ses amours, prit la forme d'un cygne, eut quatre enfants, renfermés, dit la fable, dans deux œufs divins. L'un de ces œufs contenait Pollux et Hélène, considérés comme issus de Jupiter et par conséquent immortels ; dans l'autre se trouvaient Castor et Clytemnestre, tous deux mortels, comme étant issus de Tyndare.

      D'après une autre tradition, Léda n’était qu'un surnom de Némésis, l'implacable déesse de la vengeance et du châtiment. En donnant à Hélène cette déesse pour mère, les poètes voulurent sans doute exprimer et les chagrins que sa beauté lui causa et la vengeance cruelle qu'elle attira sur les Troyens et la famille de Priam.



Castor et Pollux

      Castor et Pollux sont souvent désignés sous la dénomination commune de Dioscures, c'est-à-dire Fils de Jupiter (rac. kouroi jeunes hommes, dios de Zeus). Dès qu'ils furent nés, Mercure les transporta à Pallène pour y être nourris et élevés. Les deux frères se lièrent d'une étroite amitié, et leur premier exploit fut de purger l'Archipel des pirates qui l'infestaient, ce qui les fit mettre au rang des dieux marins, et par la suite invoquer dans les tempêtes.

      Ils suivirent Jason dans la Colchide, et eurent beaucoup de part à la conquête de la Toison d'Or. De retour dans leur patrie, ils reprirent leur sœur Hélène, enlevée par Thésée, en s'emparant de la ville d'Aphidna, et épargnèrent les habitants, à l'exception d'Ethra, mère de ce héros, laquelle ils emmenèrent en captivité.

      Cependant l'amour les fit tomber dans la même faute qu'ils avaient voulu punir dans la personne de Thésée. Leucippe, frère de Tyndare, et Arsinoé avaient deux filles d'une rare beauté, nommées Phœbé et Ilaïre, fiancées à Lyncée et à Idas. Les deux frères se réunirent pour les enlever. Les prétendants poursuivirent et atteignirent les ravisseurs près du mont Taygète. Il s'ensuivit un combat opiniàtre où Castor fut tué par Lyncée, lequel à son tour tomba sous les coups de Pollux, blessé lui-même par Idas.

      Pollux, affligé de la mort de son frère, pria Jupiter de le rendre immortel. Cette prière ne pouvait être entièrement exaucée ; l'immortalité fut partagée entre eux de sorte qu'ils vivaient et mouraient alternativement ; chacun d'eux tour à tour passait six mois aux Enfers, six mois dans l'Olympe, et ainsi ils ne se trouvaient jamais ensemble dans la compagnie des dieux.

      Cette fiction est fondée sur ce que les deux princes ayant, après leur mort, formé dans le ciel le signe des Gémeaux, l'une des deux principales étoiles qui le composent se cache sous l'horizon, lorsque l'autre paraît.

      Les Dioscures étaient deux robustes athlètes ; cependant Pollux l'emportait sur son frère au pugilat ; Castor excellait dans l'art de dompter les chevaux. Pollux vainquit au combat du ceste Amycus, roi de Bébrycie et fils de Neptune, le plus redouté des athlètes, au temps des Argonautes.

      Ils furent comptés au nombre des grands dieux de la Grèce. On leur éleva un temple à Sparte, lieu de leur naissance et de leur sépulture, et à Athènes qu'ils avaient sauvée du pillage.

      Ces feux qui parfois brillent au bout des mâts par les temps d'orage, et que les marins appellent feux Saint-Elme, s'appelaient feux de Castor et de Pollux, parce que durant l'expédition des Argonautes, un jour d'orage, on vit des feux voltiger autour de la tête des Tyndarides.

      Les Romains avaient ces deux divinités en grande vénération, et juraient, les hommes par le nom de Pollux (Edepol), les femmes par celui de Castor (Ecastor). Les histoires grecque et romaine sont remplies d'apparitions miraculeuses de ces deux frères. Les Athéniens crurent les voir combattre avec eux contre les Perses, à Marathon ; les Romains ne doutèrent pas de les avoir eus pour auxiliaires au lac Régille contre les Latins. A Rome, on éleva même un temple en reconnaissance de cette heureuse intervention. Dans les sacrifices, on leur immolait des agneaux blancs.

      Sur les monuments et sur les médailles, les Dioscures sont ordinairement ensemble sous la figure de robustes adolescents d'une irréprochable beauté. ils sont assez souvent coiffés d'un bonnet ou d'un casque en forme de demi-coque d'œuf, rappelant leur origine. On les représente tantôt à pied, avec une pique à la main, et tenant un cheval par la bride, tantôt montés sur des chevaux blancs.



Hélène

      Hélène, fille de Jupiter et de Léda, la femme de Tyndare, et sœur de Pollux, Castor et Clytemnestre, fut cause de tant de malheurs par sa fatale beauté, que beaucoup de poètes, ainsi qu'on l'a dit plus haut, n'ont voulu voir en elle que la fille de la terrible et implacable Némésis, et ainsi Léda n'aurait été que sa nourrice, sa mère par adoption. Quoi qu'il en soit, dès ses premières années, sa beauté fit tant de bruit que Thésée l'enleva du temple de Diane où elle dansait. Délivrée par ses frères, elle fut ramenée à Sparte et recherchée en mariage par un grand nombre de princes. Tyndare, craignant d'irriter ceux qu'il refuserait, suivit le conseil d'Ulysse, et fit jurer à tous les prétendants que, lorsque son choix serait tombé sur l'un d'eux, ils se réuniraient tous pour le défendre contre quiconque voudrait la lui disputer. Alors il se détermina en faveur de Ménélas.

      Les premières années de cette union furent heureuses ; mais durant une absence de Ménélas, le Troyen Pâris, fils de Priam, vint en Grèce, sous prétexte de faire un sacrifice à Apollon Daphnéen, se fit aimer d'Hélène, l'enleva, et attira sur sa patrie cette guerre longue et sanglante qui fait le sujet de l'Iliade.

      Cet événement n'éteignit pas la passion de Ménélas, puisque, après la ruine de Troie, cette perfide lui ayant livré Déiphobe, fils de Priam, qu'elle avait épousé après la mort de Pâris, il massacra indignement ce héros, se réconcilia avec elle, et la ramena à Sparte. Il eut d'elle une fille, Hermione.

      Après la mort de Ménélas, Mégapenthe et Nicostrate, ses fils naturels, la chassèrent, et la forcèrent de se retirer à Rhodes. Là, Polyxo, femme de Tlépolème, pour venger la mort de son mari tué au siège de Troie, lui envoya, au moment où elle prenait un bain, deux femmes qui la pendirent à un arbre. Plus tard Hélène fut adorée, dans l'île de Rhodes, sous le nom de Dendritis (rac. dendron, arbre). Auprès de l'arbre où elle fut pendue poussait une plante appelée hélénion, née, disait-on, des larmes d'Hélène. Cette plante avait la vertu de rendre aux femmes leur beauté.

      Hérodote et Euripide, en racontant la vie d'Hélène, ont suivi une tradition un peu différente de la légende ordinaire. Le premier fait aborder Pâris avec sa conquête sur la côte d'Egypte. Protée le chasse de ses Etats, et retient Hélène avec toutes ses richesses pour les restituer à leur légitime possesseur. Cependant les Grecs, avant de commencer les hostilités, envoient des ambassadeurs redemander Hélène. Les Troyens répondent qu'elle est en Egypte : cette réponse leur paraît une moquerie ; mais, après le siège, ils sont convaincus de la vérité, et Ménélas se transporte à Memphis où Hélène lui est rendue.

      Euripide la représente comme vertueuse. A l'entendre, c'est un fantôme que Junon a substitué à sa place, par ressentiment contre Vénus, qui a remporté sur elle le prix de beauté. La véritable Hélène, enlevée par elle, pendant qu'elle cueillait des roses, est transportée dans l'île de Pharos. Lorsque, après la ruine de Troie, la tempête jette Ménélas en Egypte, le fantôme disparaît, en rendant témoignage à l'innocence d'Hélène, et Ménélas rentre à Sparte avec sa vertueuse épouse.



Clytemnestre

      Clytemnestre, sœur d'Hélène, fille de Jupiter ou de Tyndare et de Léda, épousa en premières noces un fils de Thyeste, Tantale, dont elle eut un fils. Agamemnon tua le père et le fils, et enleva Clytemnestre contre son gré. Castor et Pollux, pour venger cet affront, lui déclarèrent la guerre ; mais Tyndare, qui avait conseillé l'enlèvement, réconcilia les Dioscures avec Agamemnon devenu son gendre.

      Celui-ci, avant de partir pour le siège de Troie, confia le soin de son épouse et de ses Etats à Egisthe, mais chargea en même temps un poète et musicien affidé de surveiller la conduite de son lieutenant et de sa femme. Tous deux furent infidèles : Egisthe s'éprit d'amour pour Clytemnestre, et concerta avec elle la mort de son mari. Lorsque Agamemnon fut de retour, l'épouse adultère le fit assassiner. Après ce meurtre, et celui de Cassandre et de ses enfants, Clytemnestre épousa publiquement Egisthe, son complice, et lui mit la couronne sur la tête.

      Après quelques années de tranquillité, Egisthe et Clytemnestre furent tués à leur tour par Oreste, fils de Clytemnestre et d'Agamemnon.

      Dans l'Electre, de Sophocle, Clytemnestre prend pour prétexte de l'assassinat de son mari la mort d'Iphigénie à laquelle Agamemnon avait consenti.

      Le meurtre d'Agamemnon a inspiré, outre Sophocle et Euripide, Alfiéri, Lemercier, Soumet et aussi le célèbre peintre Guérin dont le tableau est au musée du Louvre. Cette composition si dramatique est considérée comme un des plus beaux ouvrages de l'Ecole française.




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