LES DIEUX DE LA PATRIE, DE LA FAMILLE, DE LA VIE HUMAINE
Dieux autochtones ou indigètes
Chez les peuples de l'antiquité, certaines familles, certaines peuplades se considéraient comme issues du sol même, et, à ce titre, s'attribuaient une sorte de supériorité parmi toutes les autres. Des nations tout entières avaient même cette prétention parmi les peuples. Ainsi les Egyptiens
s'appelaient "la race par excellence", c'est-à-dire les "hommes vraiment hommes" et
enfants de la terre fécondée par le divin
fleuve du Nil. En Grèce, on comptait aussi des
autochtones, c'est-à-dire des habitants non venus d'ailleurs, mais descendants de ces familles originairement, à une époque préhistorique, sorties du sol national ; l'Italie enfin avait également ses indigènes, selon la tradition.
Le monde divin étant constitué ou imaginé d'après la société humaine prise pour modèle, on ne saurait s'étonner de trouver en Grèce des
dieux Autochtones ni, non plus, des
dieux Indigètes en Italie.
Ces
dieux étaient invoqués sous la dénomination de "dieux des pères ou de la patrie". Telle était
Minerve à Athènes ; tels étaient surtout, à Rome, Picus, Faunus,
Vesta,
Romulus.
Les Telchines
Les Telchines, fils du
Soleil et de
Minerve, habitèrent longtemps l'île de
Rhodes. Comme les
Cabires, avec lesquels ils ont plus d'un trait de ressemblance, ils se livraient à la métallurgie et à la magie. On
prétendait que ces magiciens, en arrosant la terre avec de l'
eau du
Styx, la frappaient de stérilité et provoquaient la peste. Pour cette raison, les Grecs les nommaient Destructeurs. Ovide raconte qu'à la fin Jupiter les ensevelit sous les flots, et les changea en rochers. Ils n'en étaient pas moins honorés dans l'île de
Rhodes où leur culte, d'un caractère mystérieux, devint célèbre.
Les
Dactyles idéens, c'est-à-dire du mont
Ida en
Crète, avaient, dit-on, enseigné les cérémonies
théurgiques des mystères à Orphée qui les porta en Grèce, ainsi que l'usage du fer. Comme les Telchines, ils étaient fils du
Soleil et de
Minerve selon les uns, de
Saturne et d'Alciope selon d'autres. On les dit même fils de Jupiter et de la nymphe
Ida, parce que, ce
dieu ayant ordonné à ses nourrices de jeter derrière elles un peu de poussière prise de la
montagne, il en résulta les
Dactyles. C'étaient des hommes industrieux ; en qualité de
prêtres, ils offraient à
Rhéa ou la
Terre des sacrifices dans lesquels ils portaient des
couronnes de chêne. Après leur mort, ils furent honorés comme des
dieux protecteurs ou
dieux Lares. On les appelait les Doigts du mont
Ida, parce que sans doute ils avaient leurs forges dans cette
montagne.
Les Cabires
Dans certaines îles de la
Grèce, le culte des divinités archaïques, antérieures
à la
religion nationale, s'était perpétué
et maintenu, pendant de longs siècles, à côté
du culte pour ainsi dire officiel. Jusqu'à la conquête
de la Grèce, et même jusqu'aux derniers
jours de la République
romaine, ces divinités préhistoriques avaient encore,
sinon des ministres, du moins un certain nombre de fidèles adorateurs.
L'
initiation aux mystères de ces divinités,
les plus anciennes du monde mythologique, était une faveur toujours
recherchée. La suprématie des
dieux de l'
Olympe n'avait
altéré ni le souvenir de ces puissances mystérieuses
ni le sentiment de leur grandeur.
Dans cette classe, on doit ranger les
Cabires de
Samothrace, les Telchines de
Rhodes, les
Dactyles, les
Curètes,
les
Corybantes de
Crète. Il est bien difficile,
sinon impossible,
de donner des détails précis sur l'origine, le caractère
et le culte de ces
dieux. Les auteurs ne sont pas d'accord entre eux
sur tous ces points. Du reste, les
initiés aux mystères
étant astreints à garder un silence absolu sur leurs croyances
et leurs pratiques
religieuses, on conçoit qu'il ne s'est commis
que de rares indiscrétions. Dans l'antiquité même,
on en était réduit sur ce sujet à de simples conjectures.
Les
Cabires étaient fils de
Vulcain : c'était
là l'opinion la plus générale, bien que quelques
auteurs les disent fils de Jupiter ou de
Proserpine. Ils exploitaient
les mines de fer, et en particulier celles de
Samothrace, mais travaillaient
tous les métaux. Peut-être leur culte était-il venu
d'Egypte, puisque, à Memphis, ils avaient un temple ; cependant,
on le fait venir plutôt de
Phrygie. En
Samothrace, ils établirent
ces mystères fameux dont la connaissance était l'objet
des vux de quiconque s'était distingué par son courage
et ses vertus.
Cadmus, Orphée,
Hercule,
Castor,
Pollux,
Ulysse,
Agamemnon,
Enée, si l'on en croit la
fable, s'y firent
initier
; du moins, dans les temps historiques, Philippe, père d'Alexandre,
aspira et parvint à l'honneur de cette
initiation.
Les
Pélasges, à l'époque de
leur migration en Grèce, apportèrent ces fêtes mystérieuses
à Athènes. Lycus, sorti de cette dernière ville,
et devenu plus tard roi de Messénie, les établit à
Thèbes ; ses successeurs les firent célébrer dans
leurs Etats.
Enée fit connaître à l'Italie
le culte des
Cabires ; Albe le reçut, et Rome éleva dans
le Cirque trois autels à ces
dieux qu'on invoquait dans les infortunes
domestiques, dans les tempêtes et surtout dans les funérailles,
sans jamais les désigner par leur propre nom. On les appelait
seulement d'un terme général : "
Dieux puissants"
ou "
Dieux associés". Quelques auteurs ont prétendu,
mais sans preuve, que c'étaient
Pluton,
Proserpine et
Mercure,
divinités infernales ou présidant à la mort. Le
culte des
Cabires étant bien antérieur à celui
de ces
dieux, on ne doit retenir de cette supposition que le caractère
funèbre de ces puissances mystérieuses et divines. Dans
les
initiations, le postulant était soumis à des épreuves
effrayantes mais non dangereuses ; puis on le revêtait d'habits
magnifiques, on le faisait asseoir sur un trône éclairé
de mille lumières ; on lui mettait sur le front une
couronne
d'olivier, une ceinture de pourpre autour des reins, et les autres
initiés exécutaient des danses
symboliques sous ses yeux.
D'autres auteurs ont prétendu que les
Cabires, à l'origine, n'étaient que d'habiles magiciens qui se chargeaient d'
expier les crimes des hommes au moyen de certaines formalités ou cérémonies. Ils voyaient venir à eux les grands coupables, et les renvoyaient absous et rassurés. Ces
Cabires morts, on en aurait fait des
dieux, et leurs cérémonies d'
expiation seraient devenues le fond de leurs mystères.
Sur une médaille de Trajan, un
dieu Cabire
est représenté : il a la tête couverte d'un bonnet
qui se termine en pointe ; d'une main, il tient une branche de cyprès,
et de l'autre une
équerre. Il porte un manteau déployé
sur ses épaules, et il est chaussé du cothurne.
A Thèbes, à Lemnos, et surtout à
Samothrace, les Cabiries, ou fêtes solennelles en l'honneur des
Cabires, se célébraient la nuit.br>
Corybantes - Curètes - Galles
Les
Corybantes et les
Curètes, issus de la
Phrygie, établirent et pratiquèrent en
Crète le culte de
Cybèle. Ayant concouru à sauver Jupiter de la gloutonnerie de
Saturne et à l'élever, ils reçurent les honneurs divins. Ils avaient même une sorte de suprématie sur les
Dactyles et autres divinités secondaires de la
Crète. Eux aussi étaient considérés comme des puissances tutélaires.
Leurs successeurs qu'on appelait, comme eux,
Corybantes,
Curètes, Galles, étaient les
prêtres spécialement chargés du culte de
Cybèle. Ils s'abstenaient de manger du pain, solennisaient leurs fêtes avec un grand tumulte et des danses frénétiques ; au son de la flûte, au bruit des tambours, ils tombaient dans un délire que l'on considérait comme prophétique ou inspiré.
Les Dieux pénates
Les peuples, dans leurs migrations, n'oubliaient pas d'apporter avec eux, non seulement le culte de leur pays d'origine, mais surtout les statues antiques, vénérées par leurs ancêtres. Ces
idoles devenaient une sorte de talisman dans les nouveaux Etats ou les nouvelles cités, et c'est ce qu'on appelait les
dieux Pénates. Les petites bourgades, les simples hameaux, les humbles maisons avaient les leurs, comme les grandes villes et les vastes Etats.
Troie eut son
Palladium, statue de
Minerve, protectrice et gardienne de ses destinées
; Rome eut ses
Pénates.
Le culte de ces
dieux est originaire de
Phrygie et de
Samothrace.
Tarquin l'Ancien, instruit dans la
religion des
Cabires, éleva un temple unique à trois divinités
samothraciennes qui plus tard s'appelèrent les
Pénates des Romains.
Les familles se choisissaient librement leurs
Pénates, parmi les grands
dieux ou les grands hommes déifiés. Ces
dieux, qu'il importe de ne pas confondre avec les
dieux Lares, se transmettaient comme un héritage, de père en fils. Dans chaque habitation, on leur réservait une place, au moins un réduit, souvent un
autel et parfois un
sanctuaire.
Les Dieux Lares
En général, tous les
dieux qui étaient choisis pour patrons et protecteurs d'un lieu public ou particulier, tous les
dieux dont les Etats, les cités, les maisons éprouvaient la protection, en quelque genre que ce fût, étaient appelés "
Lares". On distinguait donc plusieurs sortes de
dieux Lares, outre ceux des maisons qu'on appelait domestiques ou familiers. Ceux-ci, gardiens de la famille, avaient leurs statues en petit modèle auprès
du foyer ; on en prenait un soin extrême ; certains
jours,
on les entourait de
fleurs, on leur mettait des
couronnes et on
leur adressait de fréquentes prières. Cependant, il
arrivait quelquefois qu'on perdait tout respect à leur égard,
comme, par exemple, à la mort de quelques personnes chères
: alors, on les accusait de n'avoir pas veillé à leur
conservation, de s'être laissé surprendre par les génies malfaisants.
Les
Lares publics présidaient aux édifices, aux carrefours, aux places de la ville, aux chemins, aux champs : ils étaient même chargés d'éloigner les
ennemis. A Rome, les
Lares avaient leur temple dans le Champ-de-Mars.
Janus,
Apollon,
Diane,
Mercure étaient réputés
dieux Lares des Romains. Le culte des
dieux Lares est venu, paraît-il, de ce que l'on avait coutume primitivement d'enterrer les
corps dans les maisons. Le peuple crédule s'imagina que leurs
âmes y demeuraient aussi, et il les honora bientôt comme des génies favorables et propices. Plus tard, quand la coutume se fut introduite d'enterrer les morts le long des grands chemins, on regarda aussi les
Lares comme
dieux protecteurs des routes.
Il convient d'
ajouter que les
Lares ne pouvaient être que les
âmes des bons ; on donnait le nom de "
Lémures" aux
âmes des méchants. Les
Lémures, génies malfaisants et inquiets, apparaissaient, disait-on, sous la forme de fantômes, et se faisaient un malin plaisir d'effrayer et de tourmenter les vivants. On les appelait aussi "
Larves".
Les Génies
Outre les divinités tutélaires, désignées par les noms de "
Pénates" et de "
Lares", les empires, les provinces, les villes, les campagnes, tous les lieux en un mot avaient leur génie protecteur, et chaque homme avait le sien. Chacun, le
jour anniversaire de sa naissance, sacrifiait à son génie. On lui offrait du vin, des
fleurs, de l'encens ; mais on n'égorgeait pas de victime dans ces sortes de sacrifices.
Les
Lares et les
Pénates étaient des divinités spécialement honorées par les Romains, bien que les Grecs invoquent souvent aussi les
dieux du foyer domestique. Mais ces deux peuples croyaient également aux
Génies, aux bons qui protègent et portent au bien, ainsi qu'aux mauvais qui nuisent et portent au mal.
Le bon Génie est représenté sous la figure d'un beau jeune homme, couronné de
fleurs ou d'épis de blé ; le mauvais Génie sous les traits d'un vieillard à la barbe longue, aux
cheveux courts, et portant sur la main un hibou,
oiseau de mauvais augure.
La Fortune
Une autre divinité qui préside à tous les événements, à la vie des hommes et à celle des peuples, c'est la Fortune. Elle distribue les biens et les maux suivant son caprice. Les poètes se sont plu à la dépeindre chauve, aveugle, debout, avec des ailes aux deux pieds, l'un sur une roue qui tourne, et l'autre en l'
air. On l'a représentée encore avec un
soleil et un croissant sur la tête parce qu'elle préside, comme ces deux astres, à tout ce qui se passe sur la terre.
On lui a donné parfois un gouvernail pour exprimer l'empire du hasard. Elle est suivie de la Puissance et de
Plutus,
dieu aveugle de la Richesse, mais aussi de la Servitude et de la Pauvreté.
La déesse Fortune avait un temple à
Antium, Beaucoup de médailles la montrent avec des attributs divers et appropriés aux surnoms qu'on lui donne, tels que Fortune dorée, permanente, complaisante, victorieuse. A
Egine, elle avait une statue tenant dans ses mains une corne d'abondance ;
auprès d'elle était un
Cupidon ailé.
La Mauvaise Fortune est exprimée sous la figure d'une femme
exposée sur un navire sans mât et sans gouvernail, et dont les voiles sont déchirées par la violence des vents.
Tous les efforts, tous les vux, toutes les prières de
l'homme ne tendaient qu'à conjurer les traits de la Fortune ; et, dans chaque condition, chaque circonstance de la vie, il trouve près de lui quelque divinité qui se fait son auxiliaire.
Au moment où sa mère le met au monde, elle est assistée et secourue par
Junon ou sa fille Ilithyie, la belle fileuse. Il grandit, se développe, mais il lui faut de la santé. C'est d'abord Esculape et ensuite
Hygiée qui la lui procureront.
Esculape, en grec Asclépios

Esculape, fils d'
Apollon et de
Coronis, fille unique de Phlégyas, roi de
Béotie, naquit sur le mont Titthion,
du côté d'
Epidaure, dans le
Péloponèse.
Comme le mot "
coronis" en grec veut dire "
corneille", on publia qu'Esculape était né d'un uf de cet
oiseau, sous la figure d'un
serpent. On ajoute que Phlégyas, irrité contre
Apollon qui avait rendu sa fille mère d'Esculape, mit le
feu au temple de
Delphes et qu'il en est éternellement puni dans la Tartare où un gros rocher, suspendu au-dessus
de sa tête, menace à chaque instant de l'écraser
dans sa chute.
Selon d'autres,
Coronis fut tuée par
Diane, ou par
Apollon dans un accès de jalousie, et son
corps
était déjà placé sur le bûcher
funèbre, quand
Mercure ou
Apollon lui-même vint mettre
Esculape au
jour. L'
enfant, confié d'abord à une nourrice
nommée Trygone, passa bientôt à l'école
du centaure
Chiron où il fit des progrès rapides dans
la connaissance des simples et dans la
composition des remèdes
; il pratiqua avec tant d'habileté et de succès l'art
de guérir les blessures et les maladies qu'il fut considéré
comme le
dieu de la chirurgie et de la médecine.
Il accompagna
Hercule et
Jason dans l'expédition
de la
Colchide, et rendit de grands services aux
Argonautes. Peu
content de guérir les malades, il ressuscita même les
morts. On a vu, dans la
fable d'
Apollon, comment fut punie cette
témérité. Esculape semblant usurper ainsi les
droits de la divinité suprême, maîtresse de la
vie des hommes, Jupiter l'extermina d'un coup de foudre. Mais, après
sa mort, on ne laissa pas de lui rendre les honneurs divins.
Certain auteur prétend qu'il formait dans
le
ciel la constellation qu'on appelait "
le Serpentaire".
Suivant Pausanias, ses descendants régnèrent dans une
partie de la Messénie, et ce fut de là que Machaon et
Podalire, ses deux fils, partirent pour la
guerre de Troie.
Son culte fut établi d'abord à
Epidaure,
lieu de sa naissance ; de là, il se répandit bientôt
dans toute la Grèce. On l'honorait à
Epidaure sous la
forme d'un
serpent.
Une statue d'or et d'ivoire, ouvrage de Trasymède de Paros, le représentait sous la figure d'un homme assis sur un trône, ayant un bâton d'une main, et appuyant l'autre sur la tête d'un
serpent, avec un
chien couché près de lui.
Le
coq, le
serpent, la tortue,
symboles de la vigilance
et de la prudence nécessaires aux médecins, lui étaient
spécialement consacrés. On nourrissait des
couleuvres
privées dans le temple d'
Epidaure, et l'on prétendait
même que c'était sous cette figure qu'il se laissait voir
; du moins, les Romains crurent qu'il était venu chez eux sous
cette forme, lorsqu'ils envoyèrent une ambassade à
Epidaure
pour implorer la protection du
dieu contre la peste qui désolait
leur ville.
Athènes et Rome célébraient solennellement les fêtes appelées "
Epidauries" ou "
Esculapies" en l'honneur de ce
dieu. Dans ses statues, Esculape est le plus souvent représenté sous les traits d'un homme grave, avec de la barbe, et portant une
couronne de laurier ; il tient d'une main une
patère, de l'autre un bâton entortillé d'un
serpent.
Tout n'est que prodige dans cette
fable. Si, par exemple,
Apollon perça de ses
flèches la mère d'Esculape, c'est que le
corbeau avait faussement incriminé
Coronis d'avoir d'autres
amours. Bientôt, le
dieu se reprocha d'avoir prêté l'oreille à cette calomnie, et se vengea du
corbeau en changeant en noir son plumage blanc jusqu'alors.
Hygiée
Hygiée, nom qui en grec signifie "
santé", appartenait doublement à la famille d'
Apollon, et par son père Esculape, et par sa mère Lampétie, fille d'
Apollon et de Clymène.
Les Grecs l'honoraient comme une déesse puissante, chargée de veiller sur la santé des êtres vivants. Non seulement les hommes, mais tous les
animaux étaient l'objet de ses soins attentifs et de ses salutaires inspirations. C'est elle qui suggérait mystérieusement aux uns et aux autres le choix des aliments nécessaires à leur existence, les remèdes appropriés à leurs maux ; elle personnifiait en quelque sorte l'instinct de la vie, et, en soutenant les
forces des mortels, en prévenant même la maladie, évitait à son père la peine d'intervenir continuellement par sa science toute-puissante, afin d'alléger ou de guérir la douleur.
Dans un temple d'Esculape, à
Sicyone, elle avait une statue couverte d'un voile, à laquelle les femmes de cette ville dédiaient leur chevelure. D'anciens monuments la représentent couronnée de laurier, et tenant un sceptre de la main droite, comme reine de la médecine. Sur son sein est un
dragon à plusieurs replis, qui avance la tête pour boire dans une coupe qu'elle tient de la main gauche.
Hymen ou Hyménée
Le
dieu Hymen ou
Hyménée, fils de
Bacchus et de
Vénus, présidait au
mariage. Certains poètes le font naître de la muse Uranie, d'autres de la muse
Calliope et d'
Apollon. Quelle que soit sa généalogie, ce
dieu joue un grand rôle dans la vie humaine, et son culte était partout en honneur. Les Athéniens l'invoquaient toujours dans les cérémonies du
mariage, et, dans des fêtes solennelles, ils l'appelaient par un chant de triomphe : «
Hyménée, Hymen ! Ô Hymen, Hyménée ! »
On le représentait sous la figure d'un jeune homme blond couronné de
fleurs, surtout de marjolaine, tenant de la main droite un flambeau, et de la gauche un voile de
couleur jaune,
cette
couleur étant même, à Rome, particulièrement
affectée aux noces. Ainsi, dans les
mariages romains, le voile
de la jeune épousée était d'un jaune éclatant.
Parfois ce
dieu, couronné de
roses, porte un vêtement blanc
et brodé de
fleurs ; certains mythologues lui donnent un anneau
d'or, un joug et des entraves aux pieds,
allégorie rendue plus
transparente encore par deux flambeaux qui n'ont qu'une même
flamme
et que l'on place dans ses mains ou auprès de lui.
Comus et Momus
Comus,
dieu de la joie et de la bonne chère, présidait aux festins, aux danses nocturnes, au libertinage. On le représentait jeune, ayant de l'embonpoint, la face illuminée par le vin, la tête couronnée de
roses, tenant un flambeau de la main droite et s'appuyant de la gauche sur un pieu. Il était assez souvent accompagné de
Momus,
dieu de la raillerie, des malicieuses critiques et des bons mots. Ce
dieu est représenté levant son masque, et tenant à la main une marotte,
symbole de la folie.
Morphée
Si, après ses travaux auxquels les grands
dieux président, l'homme voulait se livrer au repos,
Morphée, fils du Sommeil et de la Nuit, une plante de pavot à la main, arrivait porté sur ses ailes de papillon : il le touchait à peine de la tige de cette plante et cela suffisait pour l'endormir.
Le Sommeil, père des Songes et
frère de la Mort, avait
sa demeure paisible dans l'île de Lemnos, selon
Homère, ou, selon
Ovide, dans le pays des
Cimmériens. Ce
dieu qui se glisse si mystérieusement dans notre être, nous faisant oublier nos chagrins, nos fatigues, et réparant nos
forces, reposait lui-même, sous les traits d'un
enfant ou d'un
éphèbe, au fond d'une grotte silencieuse et impénétrable à la lumière du
jour. D'une main il tenait une dent, de l'autre une corne d'abondance ; et les Songes, ses
enfants, dormaient dispersés çà et là sur des pavots autour de son
lit.
Nuit et
jour, la vie humaine tout entière se passait donc dans la société et sous les regards des
dieux. Après la mort, on se retrouvait aux Enfers parmi d'autres divinités.