HÉROS TROYENS DE LA GUERRE DE TROIE
Priam
Priam, fils de Laomédon, petit-fils d'Illus, arrière-petit-fils de Tros, ayant pris le parti d'
Hercule contre son père qui lui avait manqué de foi, reçut du héros la
couronne pour prix de son équité.
Ce prince rebâtit
Troie, qu'
Hercule avait ruinée, et étendit les limites de son royaume, qui devint très florissant. Mais sa vieillesse fut attristée par le siège de
Troie, la ruine de la ville et la perte de ses
enfants. Il fut tué dans son palais, au milieu de ses
dieux, par
Pyrrhus.
Il ne lui servit à rien d'embrasser l'
autel de Jupiter-protecteur : le fils d'
Achille l'en arracha brutalement, et lui passa son
épée au travers du
corps.
De plusieurs femmes, il eut un grand nombre d'
enfants ; d'
Hécube, il eut
Hector,
Pâris, Déiphobe,
Hélénus, Politès, Antiphus,
Hipponoüs, Polydore,
Troïle, Créuse, Laodice,
Polyxène et
Cassandre.
Homère le représente comme un prince équitable, mais d'une aveugle faiblesse pour son fils
Pâris, ravisseur d'
Hélène et cause de tous ses malheurs.
Hécube
Hécube, fille de Dymas ou de Cissée, roi de Thrace, sur de
Théano et
épouse de
Priam, eut, dit
Homère, cinquante fils. Elle eut la douleur de les voir presque tous périr pendant le siège ou après la ruine de
Troie. Elle n'évita elle-même la mort que pour devenir l'esclave du vainqueur. On la chercha longtemps sans la trouver ; mais enfin,
Ulysse la surprit parmi les tombeaux de ses
enfants, et en fit son esclave.
Avant de partir, elle avala les cendres d'
Hector pour les soustraire à ses
ennemis, et vit périr
Astyanax, son petit-fils, dont elle dut encore conduire les funérailles. Selon quelques poètes, elle vit aussi
immoler sa fille
Polyxène sur le tombeau d'
Achille.
Conduite chez Polymnestor, roi de Thrace, à qui
Priam avait confié Polydore, le plus jeune de ses fils, avec de grands trésors, elle trouve le
corps de son malheureux fils sur le rivage, s'introduit dans le palais du meurtrier, et l'attire au milieu des femmes troyennes, qui lui crèvent les yeux avec leurs aiguilles, tandis qu'elle-même tue les deux
enfants du roi. Les gardes et le peuple furieux poursuivent les Troyennes à coups de pierres.
Hécube mord de rage celles qu'on lui lance, et, métamorphosée en chienne, elle remplit la Thrace de hurlements qui touchent de
compassion non seulement les Grecs, mais
Junon elle-même, la plus cruelle ennemie des Troyens.
Théano
Théano, fille de Cissée, sur d'
Hécube et femme d'
Anténor, était grande-prêtresse de
Minerve à
Troie. Lorsque
Hécube et les femmes troyennes vinrent implorer le secours de la déesse, la belle
Théano, dit
Homère, mit les offrandes sur les genoux de
Minerve, et les accompagna de prières qui furent rejetées.
Suivant une tradition, ce fut elle qui livra le
Palladium aux Grecs.
Anténor
Anténor, prince troyen, mari de
Théano et beau-frère de
Priam, eut une florissante famille, dix-neuf fils, dit-on, parmi lesquels on compte : Archiloque, tué dans un combat par
Ajax, fils de Télamon ;
Anthée, que
Pâris tua par méprise ; Laodocus, sous la ressemblance duquel
Minerve conseilla à
Pandare de lancer une
flèche, pour empêcher le combat singulier de
Pâris et de
Ménélas ; enfin, Atamante, Achélaüs, etc...
Il fut accusé d'avoir trahi sa patrie, non seulement parce qu'il reçut chez lui les ambassadeurs venus pour redemander
Hélène, mais aussi parce que, ayant reconnu dans
Troie Ulysse déguisé, il ne le découvrit pas aux Troyens.
Après la prise de cette ville, il s'embarqua avec ceux de son parti, vint aborder en Italie sur les côtes des
Vénètes, et fonda une ville de son nom, qui depuis fut appelée
Padoue.
Hector
Hector, fils de
Priam et d'
Hécube,
époux
d'
Andromaque, père d'
Astyanax, le plus fort et le plus vaillant des Troyens,
défendit énergiquement sa patrie contre l'armée des Grecs. Il sortit avec gloire de plusieurs combats contre les plus redoutables guerriers, tels qu'
Ajax,
Diomède, etc...
Les oracles avaient prédit que l'empire de
Priam ne pourrait être détruit tant que vivrait le courageux
Hector. Durant la retraite d'
Achille, il porta le
feu jusque dans les vaisseaux
ennemis et tua
Patrocle qui voulait s'opposer à ses progrès. Le désir de la vengeance rappelle
Achille au combat. A la
vue de ce terrible guerrier,
Hécube et
Priam tremblent pour les
jours de leur fils et lui font les plus vives instances pour le dissuader d'engager le combat ; mais il est inexorable, et, lié par son
destin, il attend son rival.
Apollon l'abandonne.
Minerve, sous la figure de son
frère Déiphobe, le trompe et le livre à la mort. Après lui avoir ôté la vie,
Achille l'expose à la lâche fureur des Grecs, attache à son char le cadavre du vaincu et le traîne indignement plusieurs fois autour de la ville. Enfin,
Apollon reproche aux
dieux leur injustice. Thétis et
Iris sont chargées par Jupiter, l'une de disposer
Achille à rendre le
corps, et l'autre d'ordonner à
Priam de lui porter des présents capables d'apaiser sa colère.
Priam vient en suppliant baiser la main sanglante du meurtrier de son fils, et s'humilier à ses genoux.
Le
corps est rendu ; et
Apollon, qui a protégé
Hector de son vivant, à la prière de
Vénus, prend le même soin de lui après sa mort, et empêche qu'il ne soit défiguré par les mauvais traitements d'
Achille.
Sur les médailles, on voit
Hector monté sur un char tiré par deux
chevaux ; d'une main, il tient une pique, et de l'autre le
Palladium.
Andromaque
Andromaque, fille d'Eétion, roi de
Cilicie, fut la femme
d'
Hector. Privée de son
époux, tué en combat singulier par
Achille, elle vit bientôt réduire en cendres la ville dont
Hector était le principal appui, et échut en partage au fils de son meurtrier, à
Pyrrhus, qui l'emmena en
Epire et l'épousa.
Enfin, elle eut pour troisième
époux Hélénus,
frère de son premier mari, et devenu roi d'
Epire. Bien que montée avec lui sur le trône, elle ne laissait pas de se livrer à la tristesse, ne pouvant oublier son cher
Hector auquel elle fit construire sur une terre étrangère un magnifique monument.
De son premier
époux, elle eut
Astyanax ; elle eut Molossus, Piélus et Pergamus du second, et
Cestrinus du dernier.
On cite
Andromaque comme le modèle des épouses et des mères.
Son caractère et ses malheurs ont inspiré de grands poètes, par exemple Euripide, Virgile, Racine, après
Homère, le plus grand de tous.
Pâris
Pâris, nommé aussi Alexandre, était fils de
Priam, roi de
Troie, et d'
Hécube. Avant sa naissance, les devins consultés annoncèrent que l'
enfant qu'on attendait causerait un
jour l'embrasement de
Troie. Sur cette prédiction, dès que
Pâris fut né,
Priam le donna à un de ses domestiques pour s'en défaire.
Hécube, plus tendre, le déroba, et le confia à des bergers du mont
Ida, en les priant d’en avoir soin.
Bientôt le jeune pasteur se distingua par sa bonne mine, par son
esprit et par son adresse, et se fit aimer de la nymphe none qu'il épousa.
Aux noces de Thétis et de
Pélée, la
Discorde ayant jeté sur la table la fatale pomme d'or, avec l'inscription, A la plus belle,
Junon,
Minerve et
Vénus la disputèrent et demandèrent des
juges. L'affaire était délicate, et Jupiter, craignant de compromettre son
jugement, envoya les trois déesses, sous la conduite de
Mercure, sur le mont
Ida, pour y subir le
jugement de
Pâris.
La pomme avant été adjugée à
Vénus,
Junon et
Minerve, confondant leur ressentiment, jurèrent de se venger, et travaillèrent de concert à la ruine des Troyens.
Sur ces entrefaites,
Pâris, à l'occasion de
jeux funèbres où il avait remporté le prix, se fit reconnaître de
Priam en lui montrant les langes avec lesquels il avait été exposé. Ce roi, ne croyant plus à l'oracle, le reçut avec joie, et le fit conduire au palais. Dans la suite, il l'envoya en Grèce, sous prétexte de sacrifier à
Apollon, mais, en réalité, pour recueillir la succession de sa tante
Hésione. Dans ce voyage, il devint amoureux d'
Hélène et l'enleva.
Durant la traversée de Grèce en Asie,
Nérée lui prédit les malheurs qui seraient la suite de cet enlèvement.
Pendant le siège de
Troie, il combattit contre
Ménélas, fut sauvé par
Vénus, et refusa de rendre
Hélène, aux termes de la convention qui avail précédé le combat, blessa
Diomède, Machaon, fils d'Esculape, Antiloque, fils de Nestor,
Palamède, et tua
Achille.
Pâris était remarquable par sa beauté ; mais il ne laissait pas d'être prompt, hardi et vaillant, si du moins on s'en rapporle à
Homère. Cependant son
frère Hector et les capitaines grecs lui reprochent parfois sa beauté, et lui disent qu'il est plus propre aux
jeux de l'
Amour qu'à ceux de
Mars.
Polyxène
Polyxène, fille de
Priam et d'
Hécube, fut aimée
d'
Achille qui la vit pendant une trève. Il la fit demander en
mariage à
Hector. Le prince troyen la lui promit, s'il voulait trahir le parti des Grecs ; mais une condition si honteuse ne put qu'exciter l'indignation d'
Achille, sans cependant diminuer son
amour. Lorsque
Priam alla réclamer le
corps de son fils, il mena avec lui la princesse, pour être plus favorablemeut reçu.
En effet, on dit que le prince grec renouvela sa demande, et consentit même à aller secrètement
épouser Polyxène, en présence de sa famille, dans un temple d’Apollon qui était entre la ville et le camp des Grecs.
Pâris et Déiphobe, son
frère, s'y rendirent avec
Priam, et, dans le moment où Déiphobe tenait
Achille embrassé,
Paris lui porta un coup mortel.
Polyxène, au désespoir de la mort d'un prince qu'elle aimait, et d'en être la cause innocente, se retira au camp des Grecs où elle fut reçue avec honneur par
Agamemnon.
Sur la fin malheureuse de cette princesse, il y a deux versions bien différentes. Selon les uns, s’étant dérobée pendant la nuit, elle se rendit sur le tombeau de son
époux et se perça le sein.
Une autre tradition plus connue rapporte que
Polyxène fut
immolée par les Grecs sur le tombeau d'
Achille. C’est celle qu'ont suivie Euripide dans sa tragédie d'
Hécube, et Ovide dans ses
Métamorphoses.
Laocoon
Laocoon, fils de
Priam et d'
Hécube, selon les uns, ou
frère d’Anchise, selon les autres, exerçait dans la ville de
Troie les fonctions de
prêtre de
Neptune et d'
Apollon.
Fatigués d'un siège et d’une suite de combats qui duraient depuis dix ans, les Grecs eurent recours à un stratagème pour pénétrer dans
Troie, si bien défendue. Ils construisirent, suivant les leçons de Pallas-Minerve, un
cheval énorme, avec des planches de sapin, artistement jointes ensemble, et ils publièrent que c'était une offrande qu'ils consacraient à cette déesse, pour obtenir un heureux retour dans leur pays. Ils remplirent de soldats les flancs de cet énorme
cheval, et feignirent de s'éloigner. Les Troyens,
voyant ce colosse sous leurs murs, se proposèrent de le faire entrer dans leur ville et de le placer dans leur citadelle.
En apprenant ce dessein,
Laocoon accourt presque en fureur, s'efforce de dissuader ses concitoyens, leur représente comme une ruse ou une machine de guerre ce colosse abandonné par les Grecs, et lance un javelot contre les flancs du
cheval. Les Troyens, dans leur aveugle confiance, regardèrent cette action comme une
impiété. Ils en furent plus persuadés encore lorsque deux affreux
serpents, venus de la rner, allèrent droit à l'
autel ou sacrifiait
Laocoon, se jetèrent sur ses deux fils, Antiphate et Tymbræus, les enveloppèrent de leurs anneaux, saisirent
Laocoon lui-même qui venait au secours de ses
enfants, et ne lachèrent leurs trois victimes qu'après les avoir étoufféees et lacérées de leurs morsures
immondes.
Les Troyens donc font entrer dans leur ville le colosse fatal, et le placent dans le temple de
Minerve. La nuit suivante, pendant que la ville entière était plongée dans un profond sommeil, un traître, transfuge de l'armée grecque, nommé
Sinon, ouvre les flancs du
cheval, en fait sortir les soldats, et alors
Troie est prise et livrée aux
flammes.
L'épisode de
Laocoon, un des plus beaux passages de
L'Enéide, de Virgile, a inspiré le chef-d'uvre de sculpture bien connu dont le Louvre possède une reproduction. Il est attribué à trois excellents artistes de
Rhodes : Polydore, Athénodore et Agésandre, qui le taillèrent, de concert, dans un seul bloc de marbre. Il fut trouvé à Rome dans les
bains de Titus, en 1506.
Hélénus
Hélénus, fils de
Priam et d'
Hécube, le plus
éclairé des devins de la Troade, et le seul des fils de ce roi qui survécut à la ruine de sa patrie, formé dans l'art de la divination par
Cassandre, sa sur, prédisait l'avenir par le trépied, par le laurier jeté dans le
feu, par l'astrologie, et enfin par l'inspection du vol des
oiseaux et l'intelligence de leur langage.
Vers la fin du siège de
Troie, outré de n'avoir pu obtenir
Hélène en
mariage, il se retira sur le mont
Ida.
Ulysse, de l'avis de
Calchas, le surprit de nuit et l'emmena prisonnier au camp des Grecs. C'est alors que ce devin leur apprit que jamais ils ne détruiraient la ville de
Troie sans la présence et le concours de
Philoctète.
Etant devenu esclave de
Pyrrhus, fils d'
Achille, il sut gagner son amitié par des prédictions utiles à ce prince. En reconnaissance,
Pyrrhus non seulement céda à
Hélénus la veuve d'
Hector pour
épouse, mais encore le laissa pour son successeur au royaume d'
Epire. Le propre fils de
Pyrrhus, Molossus, ne régna qu'après la mort d'
Hélénus, et en partageant encore ses Etats avec
Cestrinus, fils de ce prince.
Cassandre
Cassandre, fille de
Priam et d'
Hécube, fut aimée
d'
Apollon, qui lui accorda le don de prophétie. Ensuite, le
dieu s'en repentit, et, ne pouvant lui ôter le don de prédire, décrédita ses prédictions, et la fit passer pour folle. Ses pronostics, ses avertissements ne firent que la rendre odieuse.
Ayant prédit des revers à
Priam, à
Pâris, à toute la ville, elle fut enfermée dans une tour où elle ne cessait de déplorer les malheurs de sa patrie. Ses cris et ses larmes redoublèrent lorsqu'elle apprit le départ de
Pâris pour la Grèce, mais on ne fit que rire de ses menaces. Elle s'opposa, mais sans succès, à l'entrée du
cheval de
bois dans la ville.
La nuit de la prise de
Troie,
Cassandre se réfugia dans le temple de Pallas-Minerve, où
Ajax, fils d'Oïlée, se porta envers elle aux derniers outrages.
Agamemnon, à qui elle échut en partage, touché de son mérite et de sa beauté, l'emmena en Grèce. En vain prévint-elle ce prince du sort qui lui était réservé ; sa prédiction eut l'effet accoutumé, et
Clytemnestre la fit massacrer avec les deux jumeaux que
Cassandre avait eus de son mari.
Mycènes et
Amyclée prétendirent chacune avoir son tombeau. Leuctres lui bâtit un temple et lui consacra une statue sous le nom d'Alexandra.
Anchise
Anchise, descendant de Tros, le fondateur de
Troie, par Assacarus et
Capys, eut la rare fortune de plaire à une déesse, et
Vénus lui annonça qu'elle lui donnerait un fils qui serait élevé par les nymphes jusqu'à l'âge de 5 ans, âge auquel elle le remettrait entre ses mains. Ce fils devait être
Enée.
Anchise ne put taire son bonheur ; Jupiter, pour le punir de son indiscrétion, le frappa de la foudre, qui cependant ne lui fit qu'une insignifiante blessure. Après la prise de
Troie, il eut de la peine à se décider à quitter la ville. Un coup de tonnerre, qu'il prit pour un augure favorable, le détermina.
Enée le porta jusqu'aux vaisseaux, où il s'embarqua avec ses
dieux pénates et ce qu'il avait de plus précieux. Il vécut jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans, et fut enterré sur le mont
Ida selon
Homère, et, suivant Virgile, à Drépane, en
Sicile, où il
mourut et où son fils lui éleva un tombeau.
Sarpédon
Fils de Jupiter et de Laodamie, fille de
Bellérophon,
Sarpédon règnait dans cette partie de la
Lycie que le Xanthe arrose, et rendait ses Etats florissants par sa justice autant que par sa valeur. Il vint au secours de
Priam avec de nombreuses troupes, et fut un des plus intrépides défenseurs de
Troie.
Il était d’une taille gigantesque. Un
jour il s'avance contre
Patrocle qui faisait fuir les Troyens, et veut le combattre. Jupiter,
voyant son fils près de succomber sous les efforts de son adversaire, est touché de
compassion : il sait que la destinée a condamné
Sarpédon à mourir en ce moment ; il délibère pourtant s'il ne l'arrachera pas à la mort, éludant, pour cette fois, les décrets du
Destin. Sur les remontrances de
Junon, il se détermine à céder ; mais, en même temps, il fait tomber sur la terre une
pluie de sang, pour honorer la mort d'un fils aussi cher.
Après que
Sarpédon eut été tué, les Grecs ne purent emporter que ses armes sur leurs vaisseaux.
Apollon, par l'ordre de Jupiter, vint lui-même enlever le
corps du guerrier sur le champ de bataille, le lava dans les
eaux du
Scamandre, le parfuma d'
ambroisie, le revêtit d'habits immortels, et le remit entre les mains du Sommeil et de la Mort qui le portèrent promptement en
Lycie, au milieu de son peuple.