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Saturne / Cronos

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Albert Poisson

Symbole du plomb. Figure aussi la couleur noire, la putréfaction.  Albert Poisson, Théories et symboles des alchimistes (1891) - Dictionnaire des symboles hermétiques



Pierre Commelin

      Fils puîné d'Uranus et de l'antique Vesta, ou du Ciel et de la Terre, Saturne, après avoir détrôné son père, obtint de son frère aîné Titan la faveur de régner à sa place. Titan toutefois y mit une condition, c'est que Saturne ferait périr toute sa postérité mâle, afin que la succession au trône fût réservée aux propres fils de Titan. Saturne épousa Rhéa, dont il eut plusieurs fils qu'il dévora avidement, ainsi qu'il en était convenu avec son frère. Sachant d'ailleurs qu'un jour, il serait lui aussi renversé du trône par un de ses fils, il exigeait de son épouse qu'elle lui livrât les nouveau-nés. Cependant, Rhéa parvint à sauver Jupiter. Celui-ci, étant devenu grand, fit la guerre à son père, le vainquit, et, après l'avoir traité comme Uranus avait été traité par ses fils, il le chassa du ciel. Ainsi la dynastie de Saturne se continua au détriment de celle de Titan.

      Saturne eut trois fils de Rhéa, qui parvint à les sauver avec la même adresse : Jupiter, Neptune et Pluton, et une fille, Junon, sœur jumelle et épouse de Jupiter. Quelques-uns y ajoutent Vesta, déesse du feu, et Cérès, déesse des moissons. Il eut en outre un grand nombre d'enfants de plusieurs autres femmes, comme le centaure Chiron de la nymphe Philyre, etc.

      On dit que Saturne, détrôné par son fils Jupiter, et réduit à la condition de simple mortel, vint se réfugier en Italie, dans le Latium, y rassembla les hommes féroces, épars dans les montagnes, et leur donna des lois. Son règne fut l'âge d'or, ses paisibles sujets étant gouvernés avec douceur. L'égalité des conditions fut rétablie ; aucun homme n'était au service d'un autre ; personne ne possédait rien en propre ; toutes choses étaient communes, comme si tous n'eussent eu qu'un même héritage. C'était pour rappeler la mémoire de cet âge heureux qu'on célébrait à Rome les Saturnales.

      Ces fêtes, dont l'institution remontait dans le passé bien au-delà de la fondation de la ville, consistaient principalement à représenter l'égalité qui régnait primitivement parmi les hommes. Elles commençaient le 16 décembre de chaque année : d'abord elles ne durèrent qu'un jour, mais l'empereur Auguste ordonna qu'elles se célèbrent pendant trois jours, auxquels plus tard Caligula ajouta un quatrième. Pendant ces fêtes, on suspendait la puissance des maîtres sur leurs esclaves, et ceux-ci avaient le droit de parler et d'agir en toute liberté. Tout ne respirait alors que le plaisir et la joie : les tribunaux et les écoles étaient en vacances ; il n'était permis ni d'entreprendre aucune guerre, ni d'exécuter un criminel, ni d'exercer d'autre art que celui de la cuisine ; on s'envoyait des présents, et l'on se donnait de somptueux repas. De plus, tous les habitants de la ville cessaient leurs travaux : la population se portait en masse vers le mont Aventin, comme pour y prendre l'air de la campagne. Les esclaves pouvaient critiquer les défauts de leurs maîtres, jouer contre eux, et ceux-ci les servaient à table, sans compter les plats et les morceaux.

      En grec, Saturne est désigné sous le nom de Cronos, c'est-à-dire le Temps. L'allégorie est transparente dans cette fable de Saturne. Ce dieu qui dévore ses enfants n'est, dit Cicéron, que le Temps lui-même, le Temps insatiable d'années, et qui consume toutes celles qui s'écoulent. Afin de le contenir, Jupiter l'a enchaîné, c'est-à-dire l'a soumis au cours des astres qui sont comme ses liens.

      Les Carthaginois offraient à Saturne des sacrifices humains : ses victimes étaient des enfants nouveau-nés. A ces sacrifices, le jeu des flûtes et des tympanons ou tambours faisait un si grand bruit que les cris de l'enfant immolé ne pouvaient être entendus.

      A Rome, le temple que ce dieu avait sur le penchant du Capitole fut dépositaire du trésor public, par la raison que, du temps de Saturne, c'est-à-dire durant l'âge d'or, il ne se commettait aucun vol. Sa statue était attachée avec des chaînes qu'on ne lui ôtait qu'au mois de décembre, époque des Saturnales.

      Saturne était communément représenté comme un vieillard courbé sous le poids des années, tenant une faux à la main pour marquer qu'il préside au temps. Sur beaucoup de monuments, il est représenté avec un voile, sans doute parce que les temps sont obscurs et couverts d'un voile impénétrable.

      Saturne ayant le globe sur la tête est considéré comme étant la planète de ce nom. Une gravure, dite étrusque, le représente ailé, avec sa faux posée sur un globe ; c'est ainsi que nous représentons toujours le Temps.

      Le jour de Saturne est celui que nous nommons samedi (Saturni dies).  Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 429-430.




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