Manassès, roi de Juda, succéda, en l'an 694 avant J.-C., à son père
Ezéchias. Il n'avait alors que douze ans ; et, s'étant laissé corrompre par les flatteurs, il s'écarta des voies qu'avait suivies son père. Il adora les
idoles des nations, et rebâtit les hauts lieux détruits par
Ezéchias. Il poussa l'
impiété au point de dresser des autels à Baal dans l'intérieur du temple ; et il fit passer son premier-né par les
flammes, à l'exemple des adorateurs de Moloch.
Le prophète Isaïe, dont on croit que Manassès
avait épousé la fille, fut envoyé par le Seigneur pour lui reprocher sa conduite ; mais au lieu d'écouter ses avertissements, Manassès le fit périr par le supplice cruel de la scie. Les livres saints nous aprennent qu'il répandit des ruisseaux de sang innocent, jusqu'à en remplir toute la ville de Jérusalem. Le Seigneur suscita enfin contre lui Assarhaddon, roi d'Assyrie, qui pénétra dans la Judée avec une puissante armée, la vingt-deuxième année du règne de Manassès, tailla en pièces ses soldats, et l'emmena captif à Babylone. Manassès rentra en lui-même, et s'humilia sous la main qui le châtiait ; le Seigneur, touché de son repentir, fléchit le cur de son
ennemi ; et l'infortuné monarque obtint la permission de revenir dans ses Etats. Il rétablit les autels du vrai
Dieu à Jérusalem, et fit disparaître toutes les traces de l'
idolâtrie.
Il mourut en l'an 640 avant J.-C., à l'âge de 67 ans, dont il avait passé cinquante-cinq sur le trône.
Son corps fut enseveli dans le
jardin de sa maison ; et Amon, son fils, régna en sa place. On a sous le nom de Manassès une
Prière, qu'on suppose composée pendant sa captivité ; elle est pleine des sentiments d'une
âme vraiment repentante, et elle a été citée plusieurs fois par les Pères ; mais l'
Eglise l'a rejetée du nombre des
livres canoniques.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 26 - Page 306)