Biographie universelle ancienne et moderne Macédonius Ier, patriarche de Constantinople et chef d'une secte à laquelle il donna son nom, vivait au IVème siècle.
Saint Jérôme dit qu'il avait été brodeur,
artis plumariæ (1). C'étaít un homme adroit, intrigant et d'un
esprit ambitieux : du reste, il était entendu dans les affaires et savait s'insinuer dans l'
esprit des grands.
Lorsque saint Alexandre,
patriarche de Constantinople, mourut,
Macédonius était déjà âgé, et depuis
longtemps diacre de cette
Eglise, peut-être même
prêtre. Il ambitionnait ce siège. Attaché au parti des demi-ariens, il aurait eu leurs suffrages ; mais les
catholiques prévalurent dans l'élection. Paul, ecclésiastique d'une vie sainte, quoique jeune encore, lui fut préféré. Cette élection ayant déplu à Constantin, Paul fut chassé et relégué dans le
Pont. Il est vraisemblable que Macédonius ne fut point étranger à l'intrigue qui causa cet exil, ayant intenté une accusation contre Paul. Cependant ils se réconcilièrent, lorsque Paul, après la mort de Constantin, en 336, fut rappelé avec les autres
évêques exilés.
Saint Athanase rapporte que, passant par Constantinople pour s'en retourner en Egypte, il trouva Paul en possession de son
Eglise, et Macédonius qui l'avait accusé, faisant sous lui les fonctions de
prêtre. Paul éprouva bientôt après une nouvelle disgrâce. Constance, qui favorisait le parti
arien, étant venu à Constantinople, le chassa de nouveau, et fit installer à sa place Eusèbe de
Nicomédie ; mais celui-ci étant mort, vers 341, les
évêques ariens ordonnèrent Macédonius, quoique les
catholiques eussent rappelé Paul. Il en résulta entre les
catholiques et les
ariens une rixe sanglante dans laquelle périt un grand nombre de personnes. La consécration de Macédonius ne le mit pas sur-le-champ en possession du siège
patriarcal. Borné à une seule
église qu'il avait bâtie, il y rassemblait tous ses partisans, et il n'y avait qu'eux.
Ce ne fut que vers l'an 351 que l'empereur Constance donna ordre à Philippe, préfet du prétoire, de l'installer. Ce magistrat, qui connaissait l'éloignement du peuple pour Macédonius, craignit d'éprouver de l'opposition. Il usa de ruse, et fit si bien qu'il parvint à conduire Macédonius à l'
église patriarcale : mais le peuple, dès qu'il s'en aperçut, s'y porta ; et comme les soldats voulaient l'écarter, les
esprits s'échauffèrent. On se battit, et plus de trois mille personnes périrent. Intronisé contre le vu public et surtout contre celui des
catholiques, Macédonius ne tarda pas à chercher les moyens de se venger de ceux-ci. Il obtint de l'empereur un édit qui expulsait non seulement des
églises, mais encore des villes, tous ceux qui étaient attachés à la foi de
Nicée. L'ordre fut exécuté avec rigueur, et l'on exerça contre eux des cruautés horribles : les choses furent portées si loin, que Constance lui-même en fut mécontent. Un autre événement acheva de l'irriter. L'
église des Apôtres, à Constantinople, où Constantin avait été inhumé, menaçant ruine, Macédonius entreprit d'en faire enlever le
corps de ce prince pour le transporter dans une autre
église. Le peuple, qui ne crut voir en cela qu'un outrage fait à d'augustes dépouilles, s'y opposa. On en vint aux mains, et le massacre fut tel, que des ruisseaux de sang inondèrent l'
église, un portique adjacent et même la place voisine.
Tant de meurtres dont Macédonius avait été
l'auteur ou l'occasion le perdirent entièrement dans l'
esprit du prince. On voit ce
patriarche intrus assister, en 359, à un
concile de
Séleucie,
composé de beaucoup d'
ariens et de quelques
catholiques, et, en 360 à un
concile de Constantinople, où lui et beaucoup d'autres
évêques furent déposés par les
purs ariens. Jusqu'à sa déposition,
il n'avait, au moins publiquement, professé que le demi-arianisme, c'est-à-dire qu'admettant que le Fils était semblable au Père en substance, il rejetait le mot de
consubstantialité, qu'il aurait même admis avec quelque atténuation.
Retiré dans une terre voisine de Constantinople, après
qu'il eut été déposé, il devint le père d'une
hérésie nouvelle. Il nia la divinité du
Saint-Esprit, et soutint qu'il n'était qu'une simple créature semblable aux
anges, quoique d'une nature supérieure. Plusieurs
évêques embrassèrent cette erreur ; mais deux surtout contribuèrent à la propager. L'un était Eleusius de Cyzique, l'autre Marathonius de
Nicomédie, tous deux ordonnés par Macédonius. Le dernier s'était enrichi dans la place de
numéraire ou payeur des officiers du prétoire. Il avait ensuite embrassé la vie
ascétique, fondé un
monastère, et faisait profession d'une grande austérité de murs et d'une grande
charité envers les hôpitaux et les pauvres. Ses vertus apparentes, et surtout son or, gagnaient beaucoup de partisans à la secte nouvelle. Macédonius eut à peine le temps d'en voir les progrès. On ne peut reculer sa mort au delà de l'année 361.
Après lui, Eleusius de Cyzique devint le chef de la nouvelle hérésie ; et ceux qui la suivaient furent nommés
macédoniens ou
pneumatomaques, c'est-à-dire
ennemis du
Saint-Esprit. Ils se répandirent principalement dans la Thrace, dans la Bithynie, dans l'Asie, et furent réfutés par saint Athanase, Didyme l'Aveugle, saint Grégoire de Nazianze,
saint Ambroise, etc. Le
concile général de Constantinople, en 381, sous Théodose, les condamna, et ajouta au
symbole de
Nicée des paroles explicatives qui confondent cette erreur. Un deuxième
concile de Constantinople en 383, établit la même doctrine. La secte s'affaiblit insensiblement : en 410, plusieurs de ses partisans se réunirent aux
catholiques ; d'autres suivirent cet exemple en 428, et cette hérésie s'éteignit tout à fait peu de temps après.
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(1) Scaliger prétend que saint Jérôme a été induit en erreur par le sens qu'il a donné à un mot grec qui, au lieu de
brodeur, signifie
rusé,
artificieux.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 25 - Pages 619-620)